Le musée des Beaux-Arts de Chartres, dans le département français d'Eure-et-Loir, est le principal musée de la ville. Il bénéficie du label Musée de France. Situé dans l'ancien palais épiscopal classé monument historique en 1906[2] avec un ensemble des XIIIe, XVIIe et XVIIIe siècles, à côté de la célèbre cathédrale, il abrite une collection d'œuvres d'art variée : peintures, dessins, sculptures, objets d'arts, archéologie, mobilier, etc.
Le musée a été fermé durant le premier semestre 2017[3], puis rouvert le , avec un accès gratuit, excepté lors des expositions temporaires.
Historique
Quelques dates permettent de retracer un bref historique du musée :
1833 : création le et installation dans une salle de l'hôtel de ville. L'ouverture au public a lieu le ;
1874 : construction d'une aile annexe de l'hôtel de ville ;
1939 : installation des collections dans les bâtiments de l'ancien évêché et inauguration le par Georges Huisman, directeur général des Beaux-Arts. Les dons se poursuivent, notamment celui des collections de la Société archéologique d'Eure-et-Loir ;
2012 : le musée risque cependant de ne plus exister d'ici quelque temps. La municipalité n'est pas propriétaire des lieux, qui ont été affectés en 1905 au conseil général d'Eure-et-Loir, et se verra peut-être obligée de répartir toutes les œuvres d'art dans divers lieux chartrains, abandonnant à la fois un lieu imprégné d'histoire et une collection d'une grande richesse[4].
2013 : un projet de rénovation du conseil général conduirait à transformer la salle à l'italienne et la chapelle de cet ancien palais épiscopal en salons de réception de la Cosmetic Valley[5].
2015 : le muséum des sciences naturelles et de préhistoire est fermé et ses collections réintègrent le musée des Beaux-Arts, réduisant d'autant l'espace d'exposition : seules 1 % des œuvres sont exposées.
2017 :
Le 1er janvier, sur décision du maire Jean-Pierre Gorges, le musée ferme, en raison de la vétusté des bâtiments à la suite du non-entretien par la municipalité. Les collections seront déplacées et le personnel redéployé[6].
Le 1er juillet, après le rachat au département par la ville pour un euro symbolique[7], le musée est à nouveau ouvert.
L'ancien palais épiscopal
Grille d'entrée.
Façade principale du palais épiscopal, actuel musée des Beaux-Arts.
Façade côté jardin. Construction : XIIIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Pavillon d'entrée.
Entrée et accueil du musée.
La salle à l'italienne.
La chapelle.
Aigle-lutrin.
Galerie des illustres, fin XVIe-début XVIIe siècle.
La collection de peintures (peinture ancienne et moderne) est la plus riche :
Renaissance
La Renaissance italienne est notamment illustrée par une Vierge à l'Enfant de Benvenuto Tisi[8], provenant des collections du cabinet du roi Louis XIV (petite galerie, Versailles). Sont également présents Mariotto Albertinelli (Glorification de la Vierge, triptyque, huile et feuille d'or sur bois) et Orazio Sammachini (La Vierge et l'Enfant, Sainte Barbe, Saint Raymond de Penyafort et un ange, huile sur cuivre).
La Renaissance flamande et le Maniérisme hollandais sont illustrés par Quentin Metsys (La Vierge, Marie-Madeleine et saint Jean au pied de la Croix, huile sur bois), Gillis van Coninxloo (Siège d'une ville par Henri IV (Chartres ?, Rouen ?), huile sur bois, vers 1594) et Roelandt Savery (Paysage de neige au moulin à vent (attribution), huile sur toile, Pays-Bas, vers 1600).
Les écoles étrangères sont par exemple représentées par un portrait équestre de Catherine II, en uniforme d'officier, du peintre danois Vigilius Erichsen[8].
Une salle est consacrée à l'œuvre de Vlaminck, ainsi qu'à sa collection personnelle d'art africain, avec une vingtaine d'œuvres présentées, dont Nature morte au panier de fruits, Nature morte au pichet et à l'orange (1910)[11], Bords de Seine (1912), Bouquets de pavots (1914), Effet de neige à Beauche (1932), Les bottes de navets (1933), L'incendie (1945), Les meules de blé (1950), Vue de Saint-Maurice-lès-Charencey sous la neige (1950), La baie des Trépassés (1952)[a], Bouquet d'anémones (1955), Marine (1956)[12].
La série des douze apôtres de Léonard Limosin - 1547
Saint Jean.
La série des 12 apôtres : Pierre, Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques le Mineur
La série des 12 apôtres : Philippe, Barthélemy, Mathieu, Simon, Mathias
Saint Mathias.
Sculpture
En sculpture, il faut remarquer le bas-relief intitulé Tuerie d'Auguste Préault (bronze de 1851 réalisé à partir du plâtre original de 1834), considéré comme le manifeste du romantisme en sculpture.
Sont également exposées des œuvres du sculpteur souabe Ivo Strigel (Sainte Catherine, Saint Nicolas, vers 1490), de François Marchand (Saint Paul captif, 1543, Classé MH (1949)[15]), de Charles-Antoine Bridan (La Fidélité, la paire Jeune garçon tenant un oiseau et Jeune fille tenant un nid, Enfants à la chèvre daté de 1768[16] et deux bas-reliefs provenant de l'ancien jubé de la cathédrale, Le signe donné à Achaz et L'Immaculée Conception), de Gabriel Jules Thomas (maquette en plâtre de la statue de Marceau afin d'orner la façade du Louvre), de Paul Richer (Faucheur, Salon de 1889, Forgerons, années 1890 et Travaux de la moisson, bas-relief de 1895[17]).
L'essentiel de la collection provient du legs en 1970 de Louis Joseph Bouge par sa veuve, Emma Bouge, des relations amicales ayant été tissées avec René Gobillot, conservateur du musée de 1937 à 1967.
Gouverneur de la Polynésie française de 1928 à1930, membre de la Société des océanistes, collectionneur et bibliophile averti, la collection de Louis Bouge réunit presque 500 objets ethnographiques, une abondante documentation, ainsi qu'environ 53 000 coquillages provenant du Pacifique et des Antilles, certains étant la référence de l'espèce[18].
Aujourd'hui, la collection, enrichie d'acquisitions postérieures, comprend notamment des pièces originaires des territoires suivants :
La collection de tapisseries provient du chapitre de la cathédrale Notre-Dame, commandée puis offerte par l'évêque de Chartres Nicolas de Thou en 1578. Ces tapisseries parent l'intérieur de l'édifice lors du sacre d'Henri IV en 1594, ainsi que pour les cérémonies d'importance. Les tapisseries du trésor de Chartres achetées par l'évêque comportent 11 pièces. Dix d'entre elles, faites en laine et en soie et dont la longueur est de 40 aunes, représentent des scènes de l'histoire de Moïse, d'après des tableaux de Raphaël, et ont été tissées dans l'atelier bruxellois de Martin Reymbouts II. Seules cinq d'entre elles nous sont parvenues, Classé MH (1939)[19] :
Tapisseries représentant des scènes de l'histoire de Moïse (XVIe siècle)
Moïse devant le buisson ardent.
Moïse et Aaron se rendant chez le pharaon.
Le passage de la mer Rouge.
Les hébreux ramassant la manne.
Moïse frappant le rocher.
Tenture Les Chasses de Maximilien : quatre pièces murales de 1723, représentant les mois de janvier, février, octobre et décembre de la huitième tenture des chasses de Maximilien, Classé MH (1941)[20] :
Janvier (Verseau) : Chasse au sanglier, flambée du sanglier au château de Tervueren et curée ;
Février (Poissons) : Hommage des chasseurs au roi Modus et à la reine Ratio ;
Octobre (Scorpion) : Chasse au cerf, la curée sur le vallon de Boendael ;
Décembre (Capricorne) : Chasse au sanglier, prise de la bête aux abords du château des Trois Fontaines.
Tenture des amours des dieux : 3 pièces murales du XVIIIe siècle réalisées par la manufacture de Beauvais à partir d'un carton de François Boucher ; sont représentés Ariane et Bacchus, Borée et Orythie et l'enlèvement de Prospérine, Classé MH (1941)[21].
Autres collections
Le musée présente également plusieurs collections à découvrir :
Une salle regroupant les œuvres de Maurice de Vlaminck, ainsi que sa collection personnelle d'art africain ;
Un ensemble de clavecins des XVIIe et XVIIIe siècles, accompagné d'une collection d'instruments anciens, l'instrumentarium, dont les représentations dans la cathédrale Notre-Dame sont au nombre de 320 pour 26 instruments différents. La pratique de ces instruments a donné lieu à l'enregistrement de deux albums[22],[23],[24] ;
Deux globes, terrestre et céleste, rares témoins de l'édition de 1751 du géographe Didier Robert de Vaugondy, provenant du château de Crécy de Madame de Pompadour (bois, papier et cuivre) : les trépieds supportant ces globes sont ornés d'une tour rappelant les trois tours du blason de cette dernière ;
Outre les émaux[14],[13], sculptures[15] et tentures[19],[20],[21] mentionnés ci-dessus, sont également recensés dans la base Palissy les objets suivants, datés du XIIe au XIVe siècle :
Hanap ou verre à pied du XIIe siècle, dit verre de Charlemagne[26] ; le cartel indique la présence, en haut du verre, de l'inscription suivante en arabe : « Que sa gloire soit éternelle et sa vie longue et saine, que son sort soit heureux, son siècle favorable et sa fortune parfaite » ;
Crosse d'Henri de Grez, évêque de Chartres de 1244 à 1246, émail champlevé du début du XIIIe siècle, provenant de l'abbaye de Tiron[27],[b] ;
Croix aux moines de Thiron (croix de carrefour), moines entourant Saint-François d'Assises sur son lit de mort, pierre taillée, décor en haut-relief, 1er quart du XIVe siècle ; jusqu'à la Révolution, cette croix est dressée à Chartres au carrefour des rues du Bois-Merrain, Marceau et de la Tonnellerie, où se trouvait un prieuré de l'ordre de Tiron[31],[c].
L'art ancestral de l'Afrique occidentale au temps de Noël Ballay, du 29 mai au 26 septembre 2010[44] ;
L'art ancestral des Kanak, du 6 juin au 27 septembre 2009[45] ;
L'art ancestral des Îles Marquises - Te haa tupuna kakiu no te henua enana, du 21 juin au 28 septembre 2008[46] ;
Kannibals et vahinés : les sources de l'imaginaire, du 24 octobre au 18 février 2002[47] ;
Uvea-Wallis : une île pêchée par les dieux, en 2000[48] ;
Avant Après, restaurations récentes dans les collections du musée : Hervé Joubeaux (conservateur du musée de Chartres) et Claude Stéfani (attaché de conservation) (préf. Georges Lemoine), exposition du 3 juillet au 29 septembre 1997, Chartres, musée des Beaux-Arts, , 131 p. (ISBN2-902549-17-2) ;
L'Art des Incas dans les collections des musées de Cusco, du 1er juin au 5 octobre 1992[49] ;
Rétrospective Antoon Kruysen du 6 décembre 1991 au 2 mars 1992 ;
Maïté Vallès-Bled, Catalogue de l'exposition « Soutine », musée des Beaux-Arts de Chartres, , 356 p. (présentation en ligne) ;
Vlaminck : le peintre et la critique, du 26 juin au 28 octobre 1987[50] ;
Le Pacifique : collection Bouge Musée de Chartres, du 1er juillet au 30 septembre 1980[51] ;
Guy Houdouin, métissages, du 9 février au 9 avril 1996[52].
↑Nadine Berthelier, Philippe Bihouée, Nolwenn Blanchard et Musée des beaux-arts de Chartres, L'art ancestral de l'Afrique occidentale au temps de Noël Ballay, [Ville de Chartres], (ISBN978-2-902549-44-3 et 2-902549-44-X, OCLC804036191, lire en ligne).
↑Musée des beaux-arts et Impr. La Fertoise), L'art ancestral des Kanak [exposition, Chartres, Musée des beaux-arts], du 6 juin au 27 septembre 2009, [Musée des beaux-arts de Chartres], (ISBN978-2-902549-40-5 et 2-902549-40-7, OCLC495290224, lire en ligne).
↑Musée des beaux-arts de Chartres, Te haa tupuna kakiu no te henua enana = L'art ancestral des îles Marquises : Musée des beaux-arts de Chartres., Musée des beaux-arts de Chartres, (ISBN978-2-902549-39-9 et 2-902549-39-3, OCLC260221768, lire en ligne).
↑Musée des beaux-arts de Chartres, Kannibals et vahinés : les sources de l'imaginaire : [exposition], Musée des beaux-arts de Chartres, 24 octobre [2001]-18 février 2002, Musée des Beaux-Arts, (ISBN2-902549-29-6 et 978-2-902549-29-0, OCLC52813197, lire en ligne).
↑Musée de Chartres, L'art des Incas dans les collections des musées de Cusco, Chartres, Musée de Chartres, .
↑Vlaminck : le peintre et la critique, Chartres, Milano, Musée des beaux-arts, Fabbri, .
↑Musée de Chartres, Le Pacifique : collection Bouge Musée de Chartres, Chartres, Musée de Chartres, .
↑Musée des beaux-arts, Guy Houdouin : métissages [exposition], Musée des beaux-arts, Chartres, 9 février-9 avril 1996, Musée des beaux-arts, (ISBN978-2-902549-09-2, lire en ligne)
Musée des beaux-arts (Chartres). Éditeur scientifique, Notice des peintures, dessins, sculptures, antiquités et curiosités qui composent le musée de Chartres (3e édition), Chartres, imprimerie Édouard Garnier, , 172 p. (BNF40372226), lire en ligne sur Gallica ;
P. Bellier de La Chavignerie, Notice des peintures, dessins, sculptures, antiquités et curiosités exposés dans le musée de Chartres. 4e édition, Chartres, impr. de Garnier, , 212 p. (BNF30080668, lire en ligne) ;
Marcel Langlois, Le Musée de Chartres - 28 gravures : Antiquité, moyen âge, renaissance, temps modernes ; peinture, sculpture, dessin, histoire naturelle, Chartres, Société archéologique d'Eure-et-Loir, , 122 p. (BNF30735918, lire en ligne) ;
Marie Truffreau-Libre, Bulletin « La céramique commune gallo-romaine du musée de Chartres », Chartres, Société archéologique d'Eure-et-Loir, , 56 p. (ISSN0222-8955), lire en ligne sur Gallica ;
Maïthé Vallès-Bled (conservateur du musée de Chartres) et Claude Stéfani (attaché de conservation) (préf. Georges Lemoine), Guide du Musée, Chartres, musée de Chartres, , 157 p. (ISBN2-902549-08-3).
Articles connexes
Camille Marcille (1816-1875), conservateur du musée, qui posséda plusieurs tableaux des collections ;