À la fermeture en 1957, le site est démantelé et partiellement démoli. Des vestiges des installations (ruines) et deux grands terrils marquant le paysage subsistent au début du XXIe siècle, envahi par une végétation particulière étudiée pour sa biodiversité. Les Télots sont reconnues comme zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Le bassin est divisé en deux strates, elles-mêmes subdivisées en deux assises. La mine des Télots exploite un gisement appartenant à l'Autunien supérieur et à l'assise de Millery qui mesure 250 mètres d'épaisseur de schiste, traversée par de la roche détritique. Elle possède dix couches bitumineuses, la couche supérieure est composée de boghead, un type de charbon bitumineux[4].
Au début des années 1980, des études sont menées par Pascal Martaud, pour le BRGM, qui révèlent des réserves importantes[5] (20 à 30 millions de tonnes). Le gisement s'étend sur une surface de 240 km2[o 1].
Histoire
Généralités
Le gisement est découvert en 1813 à Igornay et l’extraction commence en 1824 sur cette commune. De l'huile de schiste est produite de façon industrielle dès 1837 pour l'éclairage public de plusieurs grandes villes comme Paris, Lyon, Dijon ou Strasbourg[6],[i 1],[o 2],[i 2]. Pour cela, le schiste est concassé puis chauffé à une température comprise entre 450 et 500 °C dans un espace confiné, privé d'air. La vapeur qui s'en échappe est alors condensée pour obtenir de la matière liquide proche du pétrole[i 3]. En 1847, l'huile lampante autunoise est confrontée à la concurrence du gaz de houille mais la production repart rapidement à la hausse[o 1].
À la fin du XIXe siècle, le schiste est extrait jusqu’à 300 mètres sous terre, les actionnaires obtiennent un bénéfice de 30 % et l'apogée en 1864 et 1865 (6 700 tonnes d'huiles extraites à partir des schistes bitumineux en 1865[o 3]). Avec l'arrivée de la concurrence du pétrole américain et russe en 1870, plusieurs concessions disparaissent. En 1881, la Société lyonnaise des schistes bitumineux (SLSB) rachète plusieurs concessions subsistantes pour relancer la production avec de nouveaux capitaux privés et l'aide de l'État, elle obtient le monopole en 1891. Les installations de surface se complètent progressivement de 1840 à 1870 notamment pour produire de l'huile, de la paraffine, des sulfates et de l'ammoniaque. Ces derniers produits sont abandonnés après la Première Guerre mondiale[6],[i 1],[o 2],[o 1],[i 4].
En 1892, l'État diminue les taxes douanières sur les pétroles étrangers ce qui augmente leur compétitivité face au pétrole de schiste autunois. Pour compenser, des primes sont mises en place, ce qui permet de moderniser les installations, en augmentant de 30 % le rendement de l'huile brute. À la suite de la mobilisation de 1914, les mines et usines de Ravelon (Dracy-Saint-Loup) et de la Margenne (Monthelon) sont contraintes de fermer. L'exploitation est alors concentrée aux Télots et à Surmoulin (Dracy-Saint-Loup). En 1933, une loi permet l'exonération fiscale des essences issues de l'huile de schiste, ce qui ouvre de nouvelles perspectives. Les réformes sociales mises en place par le Front populaire en 1936 diminuent la rentabilité de la SLSB. Une nouvelle compagnie, la Société Minière des Schistes Bitumineux (SMSB) est créée avec l'appui financier de Pechelbronn SAEM[7].
La concession des Télots, d'une superficie de 126 hectares, est accordée le [8]. Les installations minières et l'usine de traitement sont développées par la SLSB après 1881. En 1911, le matériel français est remplacé par un système écossais, notamment des cornues Pumpherston plus performantes[o 2].
Une raffinerie avec unités de craquage est ouverte en 1936 pour compléter l'usine de distillation du pétrole et l’entreprise se spécialise dans les carburantsautomobiles. La société change de nom à la suite d'un changement de propriétaire et devient la Société minière des schistes bitumineux (SMSB)[i 2],[o 2]. Le personnel se compose alors de 600 employés dont une centaine de mineurs qui extraient quotidiennement près de 1 000 tonnes de schiste assurant une production de 70 millions de litres d'essence par an[i 4].
Le , les concessions de charbon de Saint-Léger-du-Bois et de Moloy à Épinac sont reprises par les mines des Télots qui ont besoin de combustible[i 2]. Dans les années 1950, la production s'élève à 22 000 tonnes de produits traités malgré la baisse progressive des effectifs[10], grâce à l'utilisation de haveuses, de pelleteuses et de bandes transporteuses qui modifient la méthode d'exploitation et remplacent celle de l'extraction par piliers. Cette méthode permet de récupérer 95 % des couches visitées contre 60 % au maximum avant la Seconde Guerre mondiale[o 2]. L'activité cesse le à cause de la concurrence du pétrole liquide, plus facile à exploiter, alors que 340 ouvriers y travaillent encore[i 1],[i 3].
Le puits des Télots vers 1880.
Le puits d'extraction vers 1900.
La préparation du schiste.
Le concassage-stockage.
Personnel
Le personnel est essentiellement composé d'agriculteurs de la région ; des mineurs polonais sont recrutés au début des années 1930. Le nombre maximum d’employés est de 1 420 personnes. Les salaires sont inférieurs à ceux des Houillères d'Épinac. Les mineurs de fond y travaillent 46 h 30 par semaine, tandis que les ouvriers de surface travaillent entre 44 et 48 heures par semaine selon le poste. La mine des Télots ne connaît pas de grande catastrophe minière, mais une dizaine de mineurs meurent dans des accidents techniques entre 1914 et 1957. Une chambre syndicale s'occupe de la protection sociale des ouvriers des Télots à partir de 1872. Elle est remplacée par une société de secours en 1936. En 1946, les travailleurs du fond bénéficient d'un statut de mineur identique à celui des Charbonnages de France[o 2].
Après-mine
Reconversion
La reconversion est assurée par Électricité de France (EDF)[o 2]. Après la fermeture, les entrées de mines sont remblayées, les installations sont démantelées et en grande partie démolies par la société Pigeat. Une unité de craquage Dubbs est démontée pour être remontée sur le site de Pechelbronn en Alsace[9].
En , un bâtiment en béton est démolis pour permettre la construction d'une centrale solaire photovoltaïque par la société Luxel. Au mois de septembre suivant, la cheminée d'usine en brique est détruite puisque la structure a été jugée trop fragile et dangereuse dans un rapport daté d'[i 6].
Vestiges
Des ruines de la recette du plan incliné, le bâtiment de concassage-stockage, deux châteaux d'eau et subsistent au début du XXIe siècle et sont envahis par la végétation, tout comme les deux grands terrils[i 2],[i 3],[11] culminant à 386 et 397 mètres d’altitude, soit une élévation d'une centaine de mètres par rapport à la plaine, marquant ainsi le paysage[9],[i 7].
Les vestiges de surface en 2021.
Vue générale aérienne.
Perspective, cheminée, deux châteaux d'eau et deux terrils.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
[PDF] R. Feys, Puits et sondage dans le bassin d'Autun et Epinac, des origines à nos jours, BRGM, (lire en ligne).
Dominique Chabard et Jean-Philippe Passaqui, L'essence autunoise, un carburant national : Patrimoine industriel, scientifique et technique, Autun, Muséum d'histoire naturelle d'Autun, , 99 p.
[PDF] Jean-Philippe Passaqui et Sylvain Bellenfant, Les Télots : une usine devenue friche industrielle aux portes d’Autun, Bourgogne-Nature, (lire en ligne).
[PDF] Georges Gand, Reprise de fouilles paléontologiques dans un gîte bourguignon célèbre : les « schistes bitumineux » de l’Autunien de Muse (Bassin d’Autun) : Bilan 2010 et perspectives, Bourgogne-Nature, (lire en ligne).
[PDF] J. Le Goff, Etude des aléas miniers dans le bassin d'Autun, Bourgogne (71) (exploitations de houille, schistes bitumineux et fluorine) : Communes de Autun, Barnay, Cordesse, Curgy, Dracy-Saint-Loup, Igornay, La Celle en Morvan, Monthelon, La Grande Verrière, La Petite Verrière, Reclesne, Saint Forgeot, Saint Léger du Bois, Sully et Tavernay, vol. 1, Géoderis, (lire en ligne).
[PDF] S.H.N.A. (Bellenfant S., Balay G.), Les Télots à Saint-Forgeot, INPN, (lire en ligne).
[PDF] J. Le Goff, Etude des aléas miniers dans le bassin d'Autun, Bourgogne (71) (exploitations de houille, schistes bitumineux et fluorine) : Communes de Autun, Barnay, Cordesse, Curgy, Dracy-Saint-Loup, Igornay, La Celle en Morvan, Monthelon, La Grande Verrière, La Petite Verrière, Reclesne, Saint Forgeot, Saint Léger du Bois, Sully et Tavernay, vol. 4, Géoderis, 2013 (4) (lire en ligne).
La version du 16 mai 2021 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.