Les Pieux est une commune française, située dans le département de la Manche en régionNormandie, peuplée de 3 253 habitants[1]. Chef-lieu du canton parfois appelé « Hague-Sud », Les Pieux a connu ces trente dernières années, en raison de la présence de la centrale nucléaire de Flamanville, à cinq kilomètres, une poussée démographique remarquable (+ 185,7 % entre 1975 et 2006). De ce fait, la commune s'est progressivement transformée en petite ville. La manne financière de l'industrie nucléaire permet aujourd'hui aux Pieux de disposer d'infrastructures (sportives, sociales, routières) largement supérieures à celles des villes de même taille.
Géographie
Les Pieux présente différents visages. L'un, rural et typique du bocage normand, occupe la majeure partie de son espace. Sur la « hauteur » se situe le centre-ville, plus communément appelé le Bourg, ainsi que la majeure partie des lotissements, des espaces d'activités (zone artisanale des hauts-vents, parc d'activités en bordure de la route de Cherbourg…), mais aussi les équipements sportifs (haras, piscine couverte, stades, gymnases, tennis…) et commerciaux. Plusieurs dizaines de commerces se situent dans la rue Centrale, et trois supermarchés sont implantés : deux en entrée de ville, le troisième à proximité de la place de la Lande. Le dernier visage des Pieux, plus estival, est celui de la plage de Sciotot. Le développement plus ou moins homogène des constructions nouvelles, très nombreuses, n'altère en rien la beauté de la plage de sable. Depuis celle-ci, très prisée de surfeurs et des baigneurs en été, existe un beau point de vue sur les îles anglo-normandes. La plage, de cinq kilomètres, est délimitée au sud par le cap du Rozel, et au nord par les premiers escarpements de falaises du cap de Flamanville. Par ailleurs, cette plage sert de terrain (à marée basse, quand le terrain est favorable et le vent suffisant) à un club de char à voile implanté localement et ouvert toute l'année.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[2]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Normandie (Cotentin, Orne), caractérisée par une pluviométrie relativement élevée (850 mm/a) et un été frais (15,5 °C) et venté[3]. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Cotentin et à l'ouest du département de la Manche, frais, humide et pluvieux, où les contrastes pluviométrique et thermique sont parfois très prononcés en quelques kilomètres quand le relief est marqué[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,9 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 10,9 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 913 mm, avec 14,9 jours de précipitations en janvier et 8,5 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de La Hague à 17 km à vol d'oiseau[5], est de 13,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 480,0 mm[6]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[7].
Urbanisme
Typologie
Au , Les Pieux est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[8].
Elle appartient à l'unité urbaine de Les Pieux[Note 1], une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[9],[10]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Cherbourg-en-Cotentin, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[10]. Cette aire, qui regroupe 77 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[11],[12].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[13]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[14].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (86,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (90,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (46,3 %), zones agricoles hétérogènes (23,4 %), prairies (16,9 %), zones urbanisées (10,4 %), forêts (2,1 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (0,6 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,3 %), zones humides côtières (0,1 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Toponymie
Le toponyme Pieux (de Podiis 1093, de Poiis v. 1190) est issu du vieux français qui procède lui-même du latinpodium[16]. Il signifie « la hauteur ». Il a donné les oronymes en Puy au centre et dans le Sud de la France (Puech et Pech en Occitan). Ce toponyme est moins répandu en Normandie que Hougue(t), Hogue, d'origine norroise (haugr). Cela correspond à la topographie, en effet, Les Pieux est l'une des plus hautes communes du Cotentin.
Sciotot est un toponyme d'origine anglo-scandinave composé de l'élément -tot, issu de l'ancien scandinave topt, toft « emplacement bâti, ferme » et un élément Scio- qui représente sans doute un anthroponyme, à savoir Siwold / Sæwold forme anglo-saxonne[17] ou anglo-scandinave correspondant au nom de personne scandinave Sævaldi, peut-être le même personnage qui a donné son nom à Siouville (Seolvilla vers 1200, Syovilla vers 1280) à 10 km. Il existe cependant le nom de personne scandinave SǽulfR / Siólfr[18] qui colle mieux aux formes peu anciennes dont on dispose pour Siouville. Cependant, il n'est pas sûr que ces deux lieux distincts contiennent le nom du même personnage, c'est pourquoi le simple appellatif sær / sjór a été proposé : Sciotot serait « le site, la ferme près de la mer »[19].
Héraldique
Blason
Coupé : au 1) d'azur aux deux jumelles d'argent surmontées d'un lion léopardé du même armé et lampassé et couronné d'or, le fouet de la queue de même, au 2) parti au I d'azur aux trois fasces d'argent, au chevron de gueules brochant sur le tout, au II de gueules aux trois croissants d'argent.
Détails
Le statut officiel du blason reste à déterminer.
Histoire
En 1974, fut découvert sur un plateau rocheux de la plage de Sciotot les restes d'un site paléolithique[20].
À la période gauloise, le territoire de la commune est vraisemblablement sous le contrôle du peuple des Unelles. En 2019, un habitat gaulois, village[21] ou exploitation agricole d'importance[22], a été mis au jour lors d'une fouille préventive. L'ensemble date des alentours du Ve siècle av. J.-C.
À noter que c'est l'abbaye de Saint-Sauveur qui est à l'origine des quatre foires annuelles des Pieux et du marché du vendredi dont les moines percevaient les redevances[24].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[28]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[29].
En 2021, la commune comptait 3 253 habitants[Note 3], en évolution de +3,37 % par rapport à 2015 (Manche : −0,76 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Un gisement de kaolin fut exploité de la fin du XVIIIe au premier quart du XXe siècle[32]. Il alimentait les manufactures de porcelaine de Valognes, d'Isigny et de Bayeux.
Des structures culturelles existent sur le territoire de la commune :
l'espace culturel, zone de la Fosse[38] : salle de 550 m2 à géométrie variable avec scène de 149 m2 et gradins mobiles. Elle peut accueillir 550 personnes assises ou 700 personnes debout en concert, ou 300 personnes en congrès suivi de repas. Son acoustique la destine plutôt à accueillir la musique amplifiée. La salle est gérée par la commune ;
la médiathèque Victor-Hugo est un établissement de lecture publique de 700 m2 gérée par la commune des Pieux. Elle propose le prêt de livres, CD, DVD et magazines. En partenariat avec la bibliothèque départementale de la Manche, elle propose également un abonnement à des ressources en ligne[réf. nécessaire] ;
l'école de musique, rue des Écoles : trois salles de cours collectifs, une salle de percussions / studio, une salle de MAO, six salles de cours instrumentaux, un studio pour les élèves constituent la partie école. L'auditorium Jacques-Prévert, inclus dans le bâtiment, est une salle en gradins fixes avec banquettes pour 200 personnes assises et une scène de 144 m2. Elle peut accueillir des spectacles de danse, musique, théâtre, mais aussi du cinéma ou des conférences. Son acoustique est idéale pour la musique classique. L'école de musique est gérée par la communauté de communes des Pieux. Son directeur actuel est Donatien Prévot.
La direction de la Culture de la communauté de communes des Pieux édite chaque année Art'Scène, un fascicule regroupant toutes les animations et manifestations culturelles de son territoire[39].
Activités et manifestations
La fête de la Saint-Clair a lieu les trois jours du week-end du dimanche le plus proche du . Elle consiste en une petite fête foraine, un marché, une braderie, un feu d'artifice, des concerts et une messe[40].
Le site de Sciotot (plage) possède notamment un centre de char à voile.
Personnalités liées à la commune
Georges Leduc (1906-1968), artiste peintre né dans la commune.
Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN978-2-9159-0709-4), p. 169-170.
René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 364.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
↑François de Beaurepaire (préf. Yves Nédélec), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, A. et J. Picard, , 253 p. (ISBN2-7084-0299-4, OCLC15314425), p. 176.
↑Jean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie. Dictionnaire des toponymes d'origine scandinave en Normandie, éditions OREP, 2009 (ISBN978-2-915762-89-1).
↑André Hamel, Le Canton des Pieux : 2000 ans de vie, Les Pieux, André Hamel, , 446 p., p. 9.
↑Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècles) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 181-182.
↑Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN2-7134-0053-8), p. 33.
↑Annuaire du département de la Manche, 12e année, 1840, p. 223.
↑Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN2-86535-070-3, OCLC1078727877), p. 901 (cf. Pieux (les).
↑« Espace culturel - Mairie Les Pieux », Mairie Les Pieux, (lire en ligne, consulté le ).