Quelques mois plus tard, Jean-Marie Le Pen lui propose de s’occuper de la stratégie internet du FN ; pendant sept ans, il contribue ainsi à dynamiser l’image de son parti politique, réalisant également des entretiens, reportages, émissions et suivant les principaux dirigeants du mouvement dans leurs déplacements. Il anime également pendant plusieurs années le blog hebdomadaire de Jean-Marie Le Pen[6]. Qualifié de « communicant très habile » au sein du parti[7], il travaille au total pendant dix ans au service communication du FN[8].
Lors de la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen lui confie une partie de ses relations presse puis les actions catégorielles du FN. Il continue en même temps à travailler pour Jean-Marie Le Pen, qu'il persiste à considérer comme un « modèle » après l'exclusion de celui-ci du parti[9].
Il adopte plusieurs prises de position qui rencontrent un certain écho en Île-de-France. Ainsi, en , il monte une polémique pour faire croire à un souhait du maire PS de Chelles, Jean-Paul Planchou, d'implanter une école islamique sur un terrain public[12].
Il est condamné en février 2013 par le tribunal correctionnel de Nîmes en tant que directeur de publication à 4000 euros d’amende de dommages et intérêts, dont 1000 avec sursis pour provocation à la discrimination raciale pour avoir laissé en pleine campagne électorale des utilisateurs poster publiquement sur son mur Facebook des commentaires à caractère raciste. Ces posts visaient notamment les musulmans et la compagne de Franck Proust, Leila Tella[17]. Julien Sanchez interjette alors appel. La décision est confirmée en appel en octobre 2013 avec une amende réduite à 3000 euros puis un pourvoi en cassation est rejeté en mars 2015. Julien Sanchez dépose alors une requête à la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui la rejette en septembre 2021 estimant qu’il n’y a pas eu d’atteinte à la liberté d’expression[18]. Il fait une nouvelle fois appel auprès de cette instance européenne, appel rejeté en mai 2023 pour les mêmes raisons[19].
En vue des élections régionales de 2021, Jean-Paul Garraud, ancien élu Les Républicains soutenu par Louis Aliot, est choisi comme tête de liste du Rassemblement national en Occitanie au détriment de Julien Sanchez, pourtant président du groupe au conseil régional[23]. Cette décision suscite la désapprobation d’élus du parti, qui écrivent à Marine Le Pen pour lui demander de revenir sur ce choix s'inscrivant dans sa stratégie de « recentrage »[24]. Alors que le RN obtient au second tour douze points de moins qu’en 2015, Julien Sanchez, tête de liste dans le Gard, est réélu à l’assemblée régionale et prend la première vice-présidence du groupe Rassemblement national[25]. Il retrouve la tête du groupe en 2022.
En , après son élection au Parlement européen, il remet son mandat et se voit remplacé par une ancienne adjointe à la mairie de Beaucaire, Viviane Tisseur[26].
Maire de Beaucaire
Lors des élections municipales de 2014 à Beaucaire, la liste qu'il conduit arrive en tête du second tour dans le cadre d'une quadrangulaire, avec 39,8 % des voix exprimées[27]. Il est élu maire de Beaucaire par le nouveau conseil municipal[28] et devient vice-président de la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence. Il démissionne quelques semaines plus tard de toute fonction professionnelle rémunérée pour se consacrer à ses mandats électifs, comme il s’y était engagé au cours de la campagne.
Il prend comme directeur de cabinet Yoann Gillet, autre responsable du FN dans le Gard[29]. Après avoir gelé les embauches à la mairie dans le but de réaliser des économies, il recrute des contractuels, dont Damien Rieu, porte-parole du mouvement d'extrême droite Génération identitaire, au poste nouvellement créé de directeur adjoint de la communication de la ville[4],[30]. Il augmente les effectifs de la police municipale[31], prive de subventions un foyer socio-culturel (la « Maison du vivre ensemble »), stoppe les impayés dans les cantines scolaires de la ville[32], augmente la durée hebdomadaire de travail pour les agents municipaux à 36 heures et 36 minutes[a] et réduit à un euro la prime de fin d'année pour les agents municipaux absents plus de vingt jours par an[34]. Un audit de 2020 sur la gestion sociale de la municipalité pointe des « comportements brutaux ou destructeurs », un « sous-effectif », un « manque de moyens humains » et une « surcharge de temps de travail », mal-être entraînant des départs en cascades et une explosion des jours d'absences (+150 %) ; des employés auraient été injuriés, y compris par des membres de l'entourage du maire[9],[35].
Dans son rapport de 2020 sur le premier mandat de Julien Sanchez, la chambre régionale des comptes d'Occitanie note globalement une bonne situation financière (augmentation de la capacité d’autofinancement)[36] mais pointe, d'après les termes de Libération, des « défaillances en série », une « gestion hasardeuse », des « recrutements irréguliers », des « rémunérations anormales en heures supplémentaires », une « absence de stratégie RH » et un « budget en communication disproportionné »[9]. Libération indique en 2023 que « la mairie accumule les factures impayées, parfois pour des sommes modiques » et que « des prestataires et des fournisseurs s'impatientent »[9]. De son côté, le maire fait état d'une situation budgétaire rétablie, de la rénovation d'écoles et du projet Sud Canal prévoyant 300 logements neufs[37].
Il multiplie les recours juridiques durant ses mandats. En 2023, les frais de contentieux bondissent de 50 % depuis que Julien Sanchez est maire de la ville, soit 253 000 euros en total de frais d'avocat[9]. Il est notamment en conflit avec la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, pour obtenir la rénovation de la gare de Beaucaire et l'ouverture d'un lycée général dans la commune[38].
En 2015, il débaptise la rue du 19-Mars-1962 en la remplaçant par la rue du 5-Juillet-1962, en référence au massacre d'Oran[39]. En 2016, il lui est reproché d'avoir pris des « mesures discriminatoires » en interdisant l'ouverture de magasins la nuit[40], mais la justice le relaxe l'année suivante de faits de discrimination[41]. Toujours en 2016, il choisit de nommer une rue circulaire de la commune « rue du Brexit »[42],[43]. En 2018, il annonce que les cantines scolaires municipales des écoles primaires serviront du porc tous les lundis sans menu de substitution[44].
Candidat à un second mandat, la liste qu'il conduit l’emporte au premier tour de scrutin avec 59,5 % des voix, face à trois autres listes, le [45].
Julien Sanchez est membre du comité central du Front national puis du Rassemblent national depuis 2007, délégué national et présentateur des grandes manifestations du Front national (congrès, conventions, universités d’été, 1er mai).
En 2016, Marine Le Pen le nomme membre de son conseil stratégique pour l'élection présidentielle aux côtés d'une trentaine de cadres nationaux du Front national[49]. Il est ensuite porte-parole de la campagne du FN aux élections législatives de 2017[50]. Après le départ de Florian Philippot du FN, en , il est nommé porte-parole du parti, aux côtés de Sébastien Chenu et Jordan Bardella[51].
À l'occasion du XVIe congrès du Front national en 2018, Julien Sanchez, déjà membre du bureau national du Front national[52], est réélu par les adhérents au conseil national (ex-comité central), passant de la 15e (en 2014) à la 6e position[53].
Il soutient la candidature de Jordan Bardella au congrès de 2022, qui vise à désigner le successeur de Marine Le Pen à la tête du parti. Après la victoire de Bardella, Julien Sanchez devient vice-président du RN chargé des élus[55].
– : porte-parole du Front national (FN) puis du Rassemblement national (RN)
Depuis le : membre du bureau national du FN puis du RN
Depuis le : vice-président du RN, chargé des élus
Notes et références
Notes
↑Cette décision est contestée par les syndicats, qui estiment que le maire « impose ainsi au personnel un volant d’heures supplémentaires, gratuites et obligatoires […], bafouant au passage la loi sur les 35 heures »[33].
↑Mathilde Siraud, « Soutien scolaire, cantines : les mesures choc du maire FN de Beaucaire », Le Figaro, (ISSN0182-5852, lire en ligne, consulté le ).