Jocelyn Bell Burnell, née Susan Jocelyn Bell le [1], est une astrophysiciennebritannique. Elle est connue pour sa découverte du premier pulsar, pour laquelle son directeur de thèse Antony Hewish obtient le prix Nobel, ce qui déclenche une très vive controverse[2],[3],[4].
Biographie
Enfance et vie familiale
Susan Jocelyn Bell est née à Belfast en Irlande du Nord le . Elle est l'aînée d’une fratrie de quatre composée d'un garçon et de trois filles[5]. Son père, George Philip Bell, est architecte et aide à concevoir le planétarium d’Armagh(en)[6]. Elle grandit dans une famille aisée, qu’elle qualifie comme appartenant à la « gentry[5] » ; ainsi plusieurs employés de maison aident sa mère, Margaret Allison Bell, née Kennedy, à tenir la maison. Elle s'intéresse très jeune à l'astronomie[7] ; elle accompagne son père à l’Observatoire d’Armagh et y rencontre le personnel de l’observatoire qui nourrit sa curiosité. Elle vit à Lurgan et étudie au Lurgan College(en) entre 1948 et 1956[8].
À onze ans, elle échoue à l’examen 11+, utilisé pour orienter les enfants vers des études générales ou professionnelles[5]. Entre 1956 et 1961, ses parents l’envoient à la Mount School(en) de York, un pensionnat de filles de la Société religieuse des Amis[9],[10]. Là-bas, elle est marquée par un professeur à qui elle attribue une grande partie de sa vocation pour la physique[11].
Jocelyn Bell est Bachelor of Science de l'université de Glasgow en 1965 puis obtient son Ph.D. à l'université de Cambridge en 1969. À Cambridge, elle travaille avec Antony Hewish et quelques autres à la fabrication d’un radiotélescope destiné à l’étude des quasars, récemment découverts à l’époque, en utilisant la scintillation interplanétaire qui permet de distinguer les sources compactes de celles plus étendues. En 1967, examinant les enregistrements du radio-télescope, Bell remarque un signal différent des signaux radioastronomiques connus, dont la position, sur la sphère céleste, semble constante et dont les pulsations, environ une par seconde, sont régulières. Temporairement baptisée « Little Green Men 1 » (« Petits Hommes verts no 1 »), la source est par la suite identifiée comme étant une étoile à neutrons.
Elle met en évidence ainsi le premier pulsar, découverte pour laquelle son directeur de thèse Antony Hewish obtient le prix Nobel en 1974, ce qui déclenche une très vive controverse[14] initiée par Fred Hoyle et relayée par d’autres confrères, scandalisés de voir ce prix prestigieux remis à un directeur de thèse, au lieu d’être remis à la personne ayant fait la découverte au motif qu’elle était simplement étudiante ou parce que c’était une femme. Elle déclarera en 1977 : « Je pense que les prix Nobel seraient dévalorisés s'ils étaient attribués à des étudiants en recherche, sauf dans des cas très exceptionnels, et je ne pense pas que ce soit le cas ici »[15].
Bien que n'ayant pas partagé le prix Nobel de physique remis en 1974 à Antony Hewish pour leur découverte, elle fut honorée par un certain nombre d'autres organisations.
2018 : Prix de physique fondamentale, d'une valeur de 3 millions de dollars[24]. Elle lègue cet argent à l'Institut de physique de l'Université d'Oxford pour que soit créée une bourse en son nom pour aider les étudiants de catégories sous-représentées en physique. Selon elle, « l'histoire du pulsar est en partie arrivée parce que j'étais une minorité et une étudiante. Augmenter la diversité dans la physique ne peut amener que de bonnes choses »[25].
L'observatoire Jocelyn Bell de Toulouse (OJBT), de l'association d'astronomie étudiante UPS in Space[46] de l'université Toulouse-III-Paul-Sabatier, a été nommé en son honneur. En effet, l'OJBT est un observatoire à la gestion innovante ; le premier observatoire astronomique 100 % étudiant de France[47]. Ce concept novateur positionne également la France en pionnière de l'astronomie étudiante. Après des années de travail par une équipe d'étudiants motivés, passionnés d'astronomie et inspirés par le parcours de Jocelyn Bell, l'OJBT voit symboliquement le jour en mai 2023 avec la pose de la coupole sur le campus[48].
Jocelyn Bell Burnell a été l’objet de la première partie de la série en trois parties Beautiful Minds de BBC Four, réalisée par Jacqui Farnham, dans laquelle sa carrière et ses contributions à l’astronomie sont exposées[54]. En 2015, elle a reçu en Angleterre le prix Women of the Year Prudential Award dans la catégorie Lifetime Achievement[55]. À cette occasion, elle dira : « On peut actuellement s’en tirer extrêmement bien sans avoir obtenu de prix Nobel, et j’ai eu de nombreux autres prix, et tellement de récompenses et d’honneur que, en réalité, je pense que je me suis bien plus amusée que si j’avais eu le prix Nobel. C’est un feu de paille en quelque sorte : vous l’avez, vous êtes heureux le temps d’une semaine , et tout est terminé, plus personne ne vous remet quoi que ce soit après, parce qu’il y a le sentiment que rien ne peut être au même niveau »[56].
Documentaire en deux parties Einstein-Hawking, l'Univers dévoilé : Jocelyn Bell Burnell explique la genèse de sa découverte des pulsars dans la toute fin de la première partie de ce documentaire. Réalisation : Michael Lachmann. Pays : Royaume-Uni. Année : 2019. Diffusion sur la chaine franco-allemande Arte le 6 août 2022.
Société des Amis
Depuis ses études dans une école quaker, Jocelyn Bell est active dans la Société des Amis. Elle est secrétaire (clerk) de l’Assemblée britannique de 1995 à 1997 et secrétaire (clerk) du comité exécutif du Friends World Committee for Consultation en 2008-2012. Elle témoigne de son itinéraire religieux et de ses croyances dans un entretien avec Joan Bakewell en 2006[57].
Hommage dans les arts
Au théâtre: Les Fabuleuses, au théâtre de la Reine Blanche à Paris, texte d'Élisabeth Bouchaud (27 mars-25 avril 2024)[58].
— Le dernier chapitre du livre L'astronomie au féminin, de l'astrophysicienne belge Yaël Nazé, est consacré à la découverte de Jocelyn Bell et à la controverse qui s'ensuivit. Un résumé de cet ouvrage peut être trouvé sur J.-P. Maratray, « Astronomie au féminin », sur astrosurf.com
« Une petite guerre des étoiles », Le Devoir, (lire en ligne) — Une interview de Jocelyn Bell en 2007 où elle relate son sentiment mitigé 33 ans plus tard.
↑(en) S. Jocelyn Bell Burnell, « Little Green Men, White Dwarfs or Pulsars? », Issue 01 Page 16, sur Bigear.org, Cosmic Search, (consulté le ) : « I believe it would demean Nobel Prizes if they were awarded to research students, except in very exceptional cases, and I do not believe this is one of them. »