Izmaïl ou Ismail (en ukrainien : Ізмаїл ; en russe : Измаил ; en roumain : Smelu puis Ismail[1] et en turc : İşmasıl ou Hacidar) est l'un des principaux ports fluviaux d'Ukraine, sur le Danube, à 192 km au sud-ouest d'Odessa.
Lors de la guerre russo-turque de 1768-1774, Catherine II de Russie espère concrétiser son « projet grec » : rétablir dans les Balkans un nouvel Empire byzantin chrétien qui reviendrait à son petit-fils Constantin, et rejeter les Ottomans en Anatolie[5]. Les armées russes de Grigori Potemkine assiègent la ville dont la population chrétienne est alors massacrée par la garnison ottomane. Les Russes investissent la place, massacrant à leur tour la population musulmane. Au traité de paix de 1774, Izmaïl ruinée et dépeuplée est rendue à l'Empire ottoman qui reconstruit et agrandit la forteresse. En 1790, au nouveau siège d'İşmasıl, le commandant turc de la place affirme qu' « İşmasıl tombera lorsque les eaux du Danube couleront à rebours ». Le lendemain, le général Souvorov prend la ville, qui comptait alors une population de 35 000 Turcs, Tatars, Moldaves, Grecs et Lipovènes. Les Turcs et Tatars furent soit massacrés, soit chassés de la ville, et leurs 17 mosquées furent réduites en cendres. Ils se réfugièrent à Isaccea, un gros bourg dobrogéen sur la rive sud du Danube, près duquel ils construisirent plus tard une forteresse qui domine le Danube. À leur retour deux ans plus tard, ce fut au tour des habitants chrétiens de la ville, qui avaient accueilli Souvorov en libérateur, d'être chassés de la ville pour se réfugier à Galați.
Après la Seconde Guerre mondiale, Izmaïl s'industrialise, s'agrandit et est peuplée de nombreux ouvriers ukrainiens, qui représentent plus de 30 % de la population.
Prise d'İşmasıl par les armées de Souvorov en 1790.
Monument à Alexandre Souvorov.
XXIe siècle
À la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, le monument à la mémoire d'Alexandre Souvorov, situé dans le centre-ville d'Izmaïl, a été placé dans un entrepôt provisoire le , en attendant que les membres du conseil municipal décident de son emplacement définitif[6]. Le 24 juillet 2023, le port céréalier d'Izmaïl est touché par des drones russes « Shahed » de fabrication iranienne : un hangar à grains est détruit sans faire de victimes[7]. Pour la Russie, il s'agit d'une part d'empêcher l'Ukraine d'exporter son blé par le Danube et la Roumanie, et d'autre part de montrer à l'OTAN qu'elle a les moyens d'atteindre des objectifs précis sur la frontière orientale de l'Union européenne[8].
Économie
Izmaïl est un petit centre d'industries agroalimentaires et une destination touristique régionale. C'est surtout depuis des siècles une ville de garnison et un arsenal naval. Au XXIe siècle, c'est l'une des bases de la marine fluviale ukrainienne, dont les forces patrouillent sur le Danube.
↑A.P. Koval (uk) Знайомі незнайомці: Походження назв поселень України, Kiev-Lviv 2001.
↑Piero Boccardo, Clario Di Fabio (dir.), Il secolo dei genovesi, ed. Electa, Milan 1999, 472 p., (ISBN9788843572700) ; G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p. et le Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940.
↑(ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor, Bucarest, éd. Ştiinţifică şi Enciclopedică, 1976-77.
↑Agence France-Presse relayée par Le Parisien le 2 août 2023 à 12h15 : « Des attaques de drones russes « Shahed » de fabrication iranienne ont provoqué mercredi à l’aube d’importants dégâts sur les infrastructures portuaires ukrainiennes du Danube, des installations devenues cruciales pour les exportations de céréales. La capitale Kiev a également été visée par des appareils explosifs, mais les engins ont tous été abattus, selon les autorités ukrainiennes. Deux ports fluviaux ukrainiens frontaliers de la Roumanie, Reni et Izmaïl, dans la région d’Odessa, sont devenus la principale voie de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que la Russie a mis fin mi-juillet à un accord qui permettait à Kiev d’exporter ses céréales en dépit de la guerre. Depuis, Moscou multiplie les frappes contre l’infrastructure portuaire ukrainienne, encore touchée tôt mercredi matin. […] » -
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