L'hydrure d'aluminium, ou alane, est un composé chimique de formule AlH3. Il se présente sous la forme d'une poudre blanche tirant sur le gris lorsque la taille des grains diminue ainsi que lorsque le taux d'impuretés croît. Il est soluble dans le tétrahydrofurane (THF) et dans l'éther diéthylique ; le taux de précipitation d'alane solide depuis une solution d'éther dépend de la méthode de préparation. Très sensible à l'humidité et à l'oxydation, la surface des grains peut être passivée par une fine couche d'alumine Al2O3 ou d'hydroxyde d'aluminium Al(OH)3. Il se décompose en ses constituants lorsqu'il est chauffé au-dessus de 100 °C.
L'alane brûle de manière explosive dans l'air. On connaît plusieurs polymorphescristallins d'hydrure d'aluminium, notés α, α’, β, γ, δ, ε, ζ, etc. Les phases α et α’ sont les plus étudiées. L'alane α cristallise dans le système cubique ou dans le système trigonal à réseau rhomboédrique tandis que l'alane α’ forme des cristaux en forme d'aiguilles et l'alane γ forme des faisceaux d'aiguilles.
La molécule AlH3 seule a été isolée dans une matrice de gaz noble à basse température et s'est révélée être plane[7].
Préparation
Les hydrures d'aluminium et leurs complexes sont connus de longue date[8], une publication de 1947 rapportant déjà la synthèse de tels composés[9]. On obtient de l'hydrure d'aluminium en traitant de l'aluminohydrure de lithium LiAlH4 avec du chlorure d'aluminium AlCl3 en éliminant soigneusement le chlorure de lithium LiCl :
Les solutions d'hydrure d'aluminium dans l'éther diéthylique doivent être utilisées rapidement car l'alane tend à précipiter rapidement et ces solutions se dégradent généralement après trois jours ; AlH3 est plus réactif que LiAlH4.
Il existe plusieurs autres voies de synthèse pour la préparation de l'hydrure d'aluminium :
Plusieurs équipes ont obtenu de l'hydrure d'aluminium par voie élecrochimique[10],[11],[12],[13], et plusieurs méthodes de production électrochimique d'hydrure d'aluminium ont été brevetées[14],[15]. L'intérêt de ces procédés est qu'ils permettent d'obtenir de l'hydrure d'aluminium sans impuretés de chlorure. Deux réactions se produisent dans la pile électrochimique de Clasen, constituée de THF comme solvant, d'aluminohydrure de sodium NaAlH4 comme électrolyte, d'une anode en aluminium et d'un fil de fer immergé dans du mercure comme cathode. Le sodium forme un amalgame avec le mercure de la cathode, ce qui évite les réactions parasites, tandis que l'hydrogène produit par la première réaction est piégé et réagit avec l'amalgame de mercure et de sodium pour produire de l'hydrure de sodium NaH. Ce système permet de ne pas perdre de matière initiale. La réaction (1) se produit avec les anodes insolubles, tandis que la dissolution anodique de la réaction (2) se produit pour les anodes solubles :
L'anode en aluminium est progressivement dissoute au cours de la réaction (2), ce qui limite la production d'hydrure d'aluminium pour une cellule électrochimique donnée.
La cristallisation et la récupération d'hydrure d'aluminium généré par voie électrochimique a été démontrée par l'équipe de R. Zidan[12],[13], à l'origine du brevet US[15].
Hydrogénation de l'aluminium à haute pression
Il est également possible de produire de l'hydrure d'aluminium α par hydrogénation directe d'aluminium à 600 °C sous 10 GPa, ce qui donne de l'AlH3 α pouvant être récupéré à température ambiante[16].
L'hydrure d'aluminium permet l'hydroxyméthylation de certaines cétones, c'est-à-dire le remplacement d'un C–H par un groupe C–CH2OH au niveau du carbone α[22]. La cétone elle-même n'est pas réduite car protégée sous forme d'énolate.
L'hydrure d'aluminium peut réduire lentement des halocarbures. Les groupes fonctionnels réactifs comme les acides carboxyliques peuvent être réduits en présence d'halogénures[23] :
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