Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il est l'un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV. Figure populaire, stratège de grand talent, gloire militaire du Grand Siècle par excellence, il reste un maître incontestable de l'art de la guerre. De son vivant, il fut considérablement admiré et de ses soldats et des grands maréchaux de l'Europe ; lorsqu'il apprend la mort de Turenne à la bataille de Salzbach, Montecuccoli s'exclame : « Aujourd'hui est mort un homme qui faisait honneur à l'Homme. » Napoléon, lui-même, admirait son génie militaire, et affirma qu'il était « le plus grand commandant de l'ère moderne ».
La même année, il fait ses premières armes dans l'armée hollandaise en tant que simple soldat, sous les ordres de son oncle, le stathouderFrédéric-Henri d'Orange-Nassau, qui lui offre un commandement en 1626. Le régiment qu'il avait créé en France est licencié en . En 1627 et 1628, il participe aux sièges de Klundert, de Willemstad et dans la plupart des expéditions contre Spinola. Il s'illustre notamment dans l'armée hollandaise, aux côtés de Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, au siège de Bois-le-Duc en 1629, contre les Espagnols.
Cependant, il choisit l'année suivante de passer au service, plus prestigieux, de la France et son régiment d'infanterie est rétabli, le , sous le nom de régiment d'Eu[6].
Un temps passé du côté des Frondeurs, il échappe à l'arrestation dont sont victimes d'autres princes (dont Condé) et cherche l'aide des Espagnols. Il connaît à cette occasion un revers en étant vaincu lors de la bataille de Rethel le . Après la libération des princes, il se réconcilie avec Mazarin et obtient le commandement des armées royales lorsque Condé se révolte à nouveau. Après l'indécise bataille de Bléneau le , il bat l'armée espagnole commandée par Condé à la bataille du faubourg Saint-Antoine le et réoccupe Paris le , obtenant définitivement le pardon de Louis XIV. Poursuivant la lutte contre Condé et les Espagnols, il les bat à Arras le mais il est, à son tour, sévèrement battu à la bataille de Valenciennes le . Il remporte néanmoins la décisive victoire des Dunes, près de Dunkerque, le , et le traité des Pyrénées signé l'année suivante met fin à la guerre franco-espagnole.
Nommé maréchal général des camps et armées du roi le , il dirige, durant la guerre de Dévolution, l'armée française qui envahit la Flandre et s'empare de plusieurs villes.
En plein hiver il fond sur Belfort le , entre dans Mulhouse le 29. Les Impériaux sont basés à Turckheim, dans une vallée des Vosges (côté alsacien). Sa tactique consiste à surprendre l'ennemi en attaquant par la montagne. Il monte au-dessus de la ville de Thann, passe à côté du château de l'Engelburg (qui n'a pas encore été détruit par Louis XIV), et établit son camp à l'endroit encore dénommé aujourd'hui « camp Turenne ». Puis son armée longe la crête et, arrivée au-dessus du camp adverse le , déboule dans la vallée et prend l'adversaire par surprise qui est mis en fuite.
Les Impériaux sont contraints de battre en retraite et de repasser le Rhin. Louis XIV donne de nouveau à Turenne le commandement de la campagne de 1675, où il se trouve de nouveau face à Montecuccoli. Pendant deux mois, tous deux déploient leurs dons de manœuvriers. Lors de la bataille de Salzbach, enfin Turenne est sur le point d’amener son adversaire sur les positions qu’il juge souhaitables pour une bataille décisive, lorsqu'il est tué par un boulet de canon le . Raimondo Montecuccoli se serait alors écrié : « Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'Homme ! ». Selon les mémorialistes du temps, la France entière le pleure, et le peuple rassemblé sur les routes honore « le bon Monsieur de Turenne » lors du passage du convoi funèbre vers Paris[13]. Son oraison funèbre fut prononcée par Fléchier en l'église Saint-Eustache[14].
Napoléon Ier disait son admiration pour le génie militaire de Turenne, et affirmait qu'en toutes circonstances il aurait pris les mêmes décisions que lui.
Un timbre postal à l'effigie de Turenne a été émis le .
Le nom de Turenne a été donné à un cuirassé de croisière, 850 cv - 12 canons - portant pavillon de l'amiral Henri Rieunier dans l'escadre d'Amédée Courbet (lui étant à bord du Bayard, cuirassé de croisière, frère du Turenne).
un collège de Sedan est dénommé collège Turenne de Sedan (d).
Un nombre important de places, rues et avenues porte le nom du maréchal.
Iconographie
Une médaille à l'effigie de Turenne fut exécutée par le graveur Thomas Bernard en 1683. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0579).
Une autre médaille à l'effigie de Turenne, due au graveur Henri Auguste, fut frappée en 1800 à l'initiative de Lucien Bonaparte, à l'occasion du transfert des restes du maréchal aux Invalides. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 1130).
↑Suzanne d'Huart et Catherine Grodecki, « L'inventaire après décès de Turenne », Annuaire-Bulletin de la Societe de L'Histoire de France, Librairie Droz, , p. 104 (ISBN9782354070991, lire en ligne)
↑Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 6.
↑Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 22.
↑Dictionnaire des sièges et batailles, Tome 1, pages 443–444.
↑Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 38.
↑Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 40.
↑Émile Charvériat, Histoire de la guerre de trente ans, 1618-1648 : Période suédoise et période française, 1630-1648, vol. 2, É. Plon et cie, (présentation en ligne).
Le vicomte de Turenne, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 25-26(lire en ligne).
François Raguenet, Histoire du vicomte de Turenne, par l'Abbé Raguenet. Nouvelle édition plus correcte que les précédentes. Amsterdam : Vlam, 1788. [A Amsterdam, Chez Barthelemy Vlam, Libraire. 1788.], In-12°, 359, [1 (table)] p., une planche de médailles, gravée par Meunier, à déplier.
Léo Armagnac, Histoire de Turenne, maréchal de France, Tours : Mame, 1888 (lire en ligne).
Jules Roy, Turenne - Sa vie, les institutions militaires de son temps, Paris, 1896.
Mémoires du maréchal de Turenne. Tome I (1643-1653) ; Tome II (1654-1659), publiés pour la Société de l'histoire de France, d'après le manuscrit autographe... publiées par Paul Marichal, Paris, H. Laurens, 1909-1914, 2 vol. in 8°, LXVIII-379, 450 p, fac-sim.
Laurent Jalabert et Cédric Moulis (dir.), « Nouveaux regards sur Turenne, 400e anniversaire de la naissance d'Henri De La Tour d’Auvergne (1611-1675) », Actes du colloque tenu les 17 et à Sedan, publiés dans Annales de l'Est, avec le concours de la Société d'histoire et d'archéologie du Sedanais, 6e série, 61e année, 2013, 336 pages.