En échange, Darlan demande une contrepartie aux Allemands (réduction des contraintes de l'armistice : libération des prisonniers français, disparition de la ligne de démarcation et du mazout pour la flotte française), ce qui les irrite.
René Bousquet devient secrétaire général à la Police, membre du gouvernement[2].
Le retour au pouvoir de Laval coïncide avec la mise en place par les Allemands du plan de déportation des Juifs[3]. Une ordonnance allemande rend obligatoire le port de l'étoile jaune en zone occupée à partir du . Le prédécesseur de Laval, Darlan, s'était opposé à cette mesure en zone libre en mettant en avant l'opinion publique[3].
Il est marqué par une collaboration accrue, la création de la Milice et à partir de fin 1943-début 1944, l'entrée au gouvernement des ultra-collaborationnistes.
19 août 1942 : les Alliés lancent l'opération Jubilée sur la plage de Dieppe pour tester les défenses allemandes.
3 novembre 1942 : le maréchal Rommel est vaincu à la bataille d'El-Alamein, ce qui arrête l'avance italo-allemande vers le canal de Suez et sonne la retraite de l'Afrikakorps vers la Tunisie.
Le jeudi 17 août 1944, Pierre Laval, chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères, tient à Paris son dernier conseil de gouvernement avec cinq ministres[4]. Les Allemands ont accepté de réunir l'ancienne Assemblée nationale[5]. Mais les ultra-collaborationnistes, Marcel Déat et Fernand de Brinon protestent auprès des Allemands qui changent d'avis[6] : ils emmènent Laval à Belfort[7] ainsi que des restes de son gouvernement « pour assurer sa sécurité légitime » et arrêtent Édouard Herriot[8]. Les Allemands veulent maintenir un « Gouvernement français » avec l'espoir de stabiliser le front dans l'Est de la France et dans le cas d'une éventuelle reconquête[9]. Le même jeudi, à Vichy, Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué allemand, demande à Pétain d'aller en zone Nord, mais celui-ci refuse [10] et demande une formulation écrite de cette exigence[10]. Le vendredi 18, Cecil von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois.
Le samedi 19, à 11 h 30, il revient à l'hôtel du Parc, résidence du Maréchal à Vichy, accompagné du général von Neubroon qui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin »[10]. Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté[10]. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy[10]. Après avoir pris à témoin l'ambassadeur de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet et met fin au gouvernement de Laval.
Secrétaire-général au Maintien de l’ordre : Joseph Darnand[16] jusqu'au .
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Ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement : Pierre Cathala succède à Max Bonnafous et reste par ailleurs ministre des Finances et de l'Économie nationale.
Secrétaire d'État auprès du chef du gouvernement : Paul Marion
Ministre du Travail et de la Solidarité Nationale : Marcel Déat succède à Jean Bichelonne qui reste ministre de la Production industrielle et des Communications.
↑ a et bAsher Cohen, Persécutions et sauvetages, Juifs et Français sous l'occupation et sous Vichy, Cerf, 1993 (ISBN2204044911), p. 256-257.
↑André Brissaud (préface de Robert Aron), La dernière année de Vichy (1943-1944), Librairie Académique Perrin, Paris, 1965, 587 pages (ASINB0014YAW8Q), p. 504–505 :
↑Robert O. Paxton (trad. Claude Bertrand, préf. Stanley Hoffmann), La France de Vichy – 1940-1944, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », (réimpr. novembre 1999) (1re éd. 1973), 475 p. (ISBN978-2-02-039210-5), p. 382-383.
↑Henry Rousso, Pétain et la fin de la Collaboration - Sigmaringen 1944-1945, éd. Complexe, 449 pages (ISBN2-87027-138-7), p. 78.
↑Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Pétain : sa carrière, son procès », p. 41–45.
↑Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 494–499 ; l'auteur donne cette précision, p. 498–499 :
« Le maréchal tenait à entourer cette scène du maximum de publicité et à lui donner le caractère d’une arrestation violente. Mais d’un autre côté il voulait éviter les effusions de sang, aussi Neubronn fut-il informé dans la nuit par l’intermédiaire du ministre suisse [Walter Stucki], de ce qui attendait les Allemands le lendemain matin. Les issues de l’hôtel du Parc seraient verrouillées et barricadées, mais la garde du Maréchal n’opposerait pas de résistance ; les Allemands furent priés de se munir des outils nécessaires pour forcer les portes et les grilles. Ainsi fut fait. [...] »
« Par la conjonction des événements précipitant une concentration entre les mains d’un seul des pouvoirs présidentiel et gouvernemental comme le cas de figure faisant du dernier président du Conseil de la République également le premier chef du nouvel État français, la personne de Pétain se retrouve tout à la fois investie de nouvelles fonctions exécutives sans avoir été dépossédée de ses anciennes attributions gouvernementales. »
Voir en particulier la note 42, p. 16. : « Il est relevé que Laval chef du gouvernement ne porte pas pour autant le titre de président du Conseil, Pétain continue d’en être le détenteur et d’en exercer les pouvoirs afférents. Cf. à ce sujet AN 2AG 539 CC 140 B et Marc-Olivier Baruch, op. cit., p. 334-335 et 610. »