Bataille de Ko Chang

Bataille de Ko Chang
Description de l'image Koh Chang (17 janvier 1941).svg.
Informations générales
Date 16 -
Lieu Golfe de Thaïlande
Issue Victoire française décisive
Belligérants
Drapeau de l'État français État français Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Commandants
Drapeau de la France Régis Bérenger Drapeau de la Thaïlande Luang Phrom Viraphan
Forces en présence
1 croiseur
2 avisos coloniaux
2 anciens avisos
950 hommes
Total : 12 500 tonnes de tonnage
2 garde-côtes cuirassés
2 anciens garde-côtes cuirassés
2 avisos
9 torpilleurs
1 ancien torpilleur
3 petits torpilleurs
4 sous-marins
2 mouilleurs de mines
des vedettes lance-torpilles
divers navires auxiliaires
2300 hommes
Total : 16 600 tonnes de tonnage
Pertes
aucune perte 3 torpilleurs
2 garde-côtes cuirassés
~ 300 morts

Guerre franco-thaïlandaise,
Seconde Guerre mondiale

Batailles

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Coordonnées 12° 00′ 04″ nord, 102° 27′ 04″ est
Géolocalisation sur la carte : Thaïlande
(Voir situation sur carte : Thaïlande)
Bataille de Ko Chang

La bataille navale de Ko Chang se déroule le durant la guerre franco-thaïlandaise. La flotte française d'Indochine sous le commandement du capitaine de vaisseau Régis Bérenger, en représailles de l’action thailandaise sur la frontière cambodgienne de l'Indochine, prend par surprise la flotte de la marine thaï au mouillage dans la baie de Bangkok, lui infligeant de lourdes pertes.

Contexte terrestre

Le les forces thaïlandaises lancent une offensive au Laos et au Cambodge alors colonies françaises administrées par le régime de Vichy.

Le , la France lance une large contre-offensive terrestre sur les villages thaïlandais de Yang Dang Khum et de Phum Préav, où se déroulent de féroces combats.

La contre-attaque française est un échec et s’achève par une retraite, mais les Thaïlandais ne peuvent poursuivre les forces françaises, leurs chars ayant été cloués sur place par l’artillerie française.

Opération navale

Alors que la situation à terre est critique pour la France, le gouverneur général de l'Indochine, l’amiral Jean Decoux, ordonne à l'amiral Jules Terraux, commandant la marine nationale en Indochine française, d'exécuter une opération contre la marine royale thaïlandaise.

La flotte française en Indochine est alors hétéroclite[1]. Un « groupe occasionnel » est formé avec le croiseur léger Lamotte-Picquet de classe Duguay-Trouin en tant que navire amiral, les avisos coloniaux de classe Bougainville Dumont d'Urville et Amiral Charner, et les vieux avisos Marne et Tahure. Cette flotte est placée sous le commandement du capitaine de vaisseau Régis Bérenger, commandant le Lamotte-Picquet. La force française possède plusieurs hydravions : 2 Loire 130 dont l'un a été laissé à Saïgon par le Suffren pour les besoins de l'opération, 3 Potez 452 dont 2 embarqués par le Lamotte-Picquet, 3 Gourdou 832 dont 2 sont lancés par les avisos coloniaux. Bien qu'obsolètes, ces hydravions vont jouer un rôle clé dans la bataille en localisant précisément les navires thaïlandais à Koh Chang. Cinq canonnières fluviales accompagnent la flotte mais ne participeront pas au combat.

La flotte thaïlandaise est composée des deux garde-côtes cuirassés modernes Sri Ayuthia et Dhomburi construits au Japon, de dix torpilleurs dont 9 modernes de construction italienne, un ancien de construction britannique, deux avisos, un sous-marin de la classe Matchanu et deux mouilleurs de mines.

L'ordre est donné aux navires de guerre français disponibles d’attaquer dans le golfe de Thaïlande. Une reconnaissance aérienne est effectuée le 16 janvier à Satahib (pointe Est de la baie de Bangkok) et à Koh Chang par un Loire 130, un Hawk III de l’escadrille 72 de la force aérienne royale thaïlandaise l'intercepta et tira deux rafales qui manquèrent l’hydravion avant que ses mitrailleuses ne s’enraient. La petite escadre française quitte l'île de Poulo Condor le 15 janvier[1]. Elle traverse le golfe du Siam, et surprend à l'aube du 17 janvier une escadre de la flotte thaïlandaise au mouillage. Les navires thaïlandais tentent de tirer parti de la multitude d'ilots[1] qui protège la base maritime de Koh Chang, mais les unités françaises bloquent les chenaux de sortie et les pilonnent de plusieurs côtés.

À l'issue du combat qui dure un peu moins de deux heures[1], le bilan est lourd côté thaïlandais. Un tiers de sa flotte est hors de combat[1]. Les torpilleurs Chonburi, Songhkla, construits en Italie entre 1935 et 1937, sont coulés. Le garde-côte cuirassé Dhomburi est gravement touché et finit par s'échouer pour ne pas couler (il sera renfloué et servira après guerre de navire-école). Cette unité cuirassée, moderne, construite au Japon en 1938 était armée de tourelles doubles de 203 mm.

Le bilan officiel fait état de 36 hommes (dont le commandant du Thonburi) tués du côté thaïlandais, mais les chiffres réels sont probablement plus élevés, sans doute 300 hommes ont péri[1]. Plusieurs officiers japonais présents à bord des bâtiments siamois auraient également trouvé la mort dans l'affrontement[réf. nécessaire].

Une fois alertée, l’escadrille 72 dépêcha trois formations séparées de trois Hawk III à leur poursuite, alors que l’escadrille 44 fit décoller trois Vought O2U Corsair. Seuls trois Hawk III sur neuf arrivèrent en vue des navires français. Ils larguèrent leurs bombes de 250 et 50 kg sur le Lamotte-Picquet, mais ne mirent pas de coup au but. Une des bombes explosa suffisamment près du croiseur pour qu’il soit touché par des éclats. Les Corsair ne parvinrent pas non plus à toucher un bâtiment ennemi[2].

La flotte française rentre à Saïgon intacte. Elle ne déplore aucun tué, quelques blessés et seulement des dégâts légers [1].

L'historien de la marine Jacques Mordal a prétendu que la bataille de Koh Chang est la seule bataille navale livrée et gagnée au cours des deux guerres mondiales par une force navale française, sur des plans et avec des moyens exclusivement français. Cette assertion est fausse : elle omet la bataille de Dakar du 23 au 25 septembre 1940 contre les navires de la flotte britannico-gaulliste, le combat d'Antivari, au large du Monténégro, le 16 août 1914 et la bataille d'Ist.

Dans ses Mémoires de guerre, le général De Gaulle évoque « la brillante victoire navale du 17 janvier 1941 au cours de laquelle le croiseur Lamotte-Picquet et quelques avisos français ont envoyé par le fond la flotte du Siam ».

À la suite de cette victoire, le capitaine de vaisseau Régis Bérenger est promu contre-amiral.

À ce jour, cette victoire de Koh-Chang est la dernière victoire navale française de son histoire[1]. Elle a été le fait de la marine de l’État français du maréchal Pétain. On retrouve le nom de cette victoire pour quelques rues et places en Bretagne et en Vendée, et à bord de la frégate La Motte-Picquet dont la tourelle de 100mm porte le nom de Ko Chang[1].

Photos

Bibliographie

  • Anonyme, Marine-Indochine : Récit et photos de la victoire navale de Koh Chang, Indochine (numéro spécial), 1er février 1941, no 21, p. 3-8, Hanoï.
  • Jean Billiottet (ancien médecin major de l'Amiral Charner), Le combat de Koh Chang, Cercle Automobile des Officiers.
  • Pierre Gosa, Le conflit franco-thaïlandais de 1940-41 : la victoire de Koh-Chang, Paris : Nouvelles éditions latines, 2008, 172 p. : ill. (ISBN 978-2-7233-2072-6).
  • Charles Meyer, Le Conflit franco-siamois, Historia Magazine : 2e Guerre mondiale, Tallandier, 1968.
  • Contre-amiral Paul Romé, Les Oubliés du bout du monde : Journal d'un marin d'Indochine de 1939 à 1946, Éditions Danclau, Dinard, 1998.
  • Jean Sommet (capitaine de corvette), Campagnes lointaines, dans les replis du Dragon - Carnet de bord du croiseur Lamotte-Picquet, éditions L'Atelier, , 151 p. (ISBN 978-2844240019 et 2844240011) — l'auteur a été officier canonnier à bord du Lamotte-Picquet pendant la bataille de Koh Chang.
  • Jean-René Tréhard, La Victoire navale de Koh Chang vue du « Tahure » (avec photo de l'engagement prises par le quartier-maître timonier Bertin), 1996 [publié à compte d'auteur].
  • Revue Batailles hors série no 3 : Chapitre 2 : « La guerre contre la Thaïlande, Victoire navale française », 2003[3].
  • Éric Miné, Koh-Chang la victoire perdue (roman), Paris, Soukha éditions, 2010, 272 pages (ISBN 978-2-919122-45-5).
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1 508 (ISBN 2-221-08751-8).
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655).
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Étienne Taillemite et Maurice Dupont, Les Guerres navales françaises : du Moyen Âge à la guerre du Golfe, Paris, SPM, coll. « Kronos », , 392 p. (ISBN 2-901952-21-6).
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », , 537 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2847340082).
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'histoire, Rennes, Marines Éditions, , 619 p. (ISBN 978-2-35743-077-8) .
  • Lucas Di Nallo, La Bataille de Koh Chang, Bande dessinée, ARVI Editions], 2020 (ISBN 978-2-9576110-0-3)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

La bataille de Koh Chang est sujet d'une controverse : il faut noter que la version française et la version thaïlandaise divergent grandement[4]

  1. a b c d e f g h et i Pierre Journoud, « Face à la France, une victoire de Thaïs », Guerres & Histoire, no 8,‎ , p. 72.
  2. Adrien Fontanellaz, « La force aérienne royale thaïlandaise de 1912 à 1941 : De la Grande Guerre à la guerre franco-thaïlandaise », sur Militum Historia : un regard helvétique sur l'histoire militaire, (consulté le ).
  3. Georgia Dhimoilas, « Plein feu sur la bataille de Koh Chang », Gavroche Thaïlande, no 195,‎ , p. 11 (lire en ligne [PDF])
  4. Raymond Vergé, « Relation franco-siamoise : des liaisons parfois dangereuses », Gavroche Thaïlande, no 120,‎ , p. 20 (lire en ligne)