Le second gouvernement Philippe, nommé le , reprend une grande partie des membres du premier, mais quatre ministres en sont écartés. Il fera l'objet de plusieurs ajustements et remaniements. En 2020, élu maire du Havre, Édouard Philippe présente sa démission au président de la République le , qui nomme Jean Castex pour lui succéder.
L'annonce de la composition du gouvernement est traditionnellement faite depuis le perron du palais de l'Élysée. Exceptionnellement, ayant lieu en même temps que la fête de la musique le , elle s'est faite depuis les jardins ; le perron étant occupé par un orchestre colombien en l'honneur du président Juan Manuel Santos en visite diplomatique[9].
Composition initiale
Le gouvernement nommé le est composé de trente membres dont quinze femmes et quinze hommes, parmi lesquels le Premier ministre ; il comprend dix-neuf ministres et dix secrétaires d'État[10] :
Dix ministres et trois secrétaires d'État sont présentés comme étant de la « société civile ». Parmi eux :
Deux ministres et sept secrétaires d'État sont issus de La République en marche (LREM), dont six étaient auparavant membres ou proches du PS et deux de LR ;
Le , François Bayrou, ministre de la Justice et président du MoDem, et Marielle de Sarnez, ministre délégué aux Affaires européennes et vice-présidente de ce même parti, mis en cause, eux aussi, dans l'affaire des assistants parlementaires, annoncent qu'ils ne feront pas partie du nouveau gouvernement[16]. Après avoir été élue députée, Marielle de Sarnez est désignée présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale[17].
Le remaniement profond d' est marqué par un équilibre plus important entre les nominations voulues par le Président et celles voulues par le Premier ministre[18].
Comparaison avec le premier gouvernement Philippe
Changement de ministre, à portefeuille identique :
Florence Parly est nommée ministre des Armées, en remplacement de Sylvie Goulard. Elle devient ainsi la troisième femme à occuper ce poste[N 1].
Richard Ferrand est remplacé à la Cohésion des territoires par Jacques Mézard, lui-même remplacé à l'Agriculture par Stéphane Travert, proche d'Emmanuel Macron.
La délégation de ministère aux Affaires européennes est confiée à Nathalie Loiseau en remplacement de Marielle de Sarnez.
Portefeuilles enrichis ou reformulés :
Le ministère de l'Économie redevient ministère de l'Économie et des Finances.
Changement de statut :
Le ministre de la Justice perd le statut de ministre d'État.
En termes d'effectifs, avec un poste de ministre auprès d'un ministre et six secrétariats d'État créés, il y a sept postes de plus par rapport au premier gouvernement Philippe.
Remaniement du 24 novembre 2017
Le gouvernement est remanié le [19], après l'élection à la présidence du parti La République en marche de Christophe Castaner. Celui-ci perd sa fonction de porte-parole du gouvernement, mais conserve son secrétariat d'État chargé des Relations avec le Parlement.
Quant à Benjamin Griveaux, il reprend cette charge de porte-parole du gouvernement mais ne sera plus secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Pour le remplacer est nommée Delphine Gény-Stephann.
Le , Nicolas Hulot annonce sa démission du gouvernement[21]. Sa lettre de démission parvient à l’Élysée le [22] et le , il ne participe pas au conseil des ministres[23]. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux annonce que le remaniement ministériel interviendra d'ici le , pour un conseil des ministres « au complet » le lendemain[24],[25].
Le , le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, présente sa démission à Emmanuel Macron, qui la refuse[28],[29]. Gérard Collomb réaffirme pourtant son intention de démissionner de ses fonctions le même jour[30], puis de nouveau le lendemain, ce qui contraint le président de la République à entériner son départ[31],[32]. Ce dernier charge alors le Premier ministre Édouard Philippe d'assurer l'intérim avant un prochain remaniement[31].
Remaniement du 16 octobre 2018
Un remaniement ministériel a lieu le [33]. Repoussé à plusieurs reprises à la suite de la démission de Gérard Collomb, il est marqué par le refus d’un nombre important de personnalités d’intégrer le gouvernement[34],[35],[36].
Christophe Castaner est nommé ministre de l'Intérieur, ce qui met un terme à l’intérim d’Édouard Philippe, le plus long de la Ve République place Beauvau[37]. Il est remplacé aux relations avec le Parlement par Marc Fesneau, le président du groupe Modem à l'Assemblée nationale.
Deux autres parlementaires sont nommés ministres, le député AgirFranck Riester comme ministre de la Culture en remplacement de Françoise Nyssen et le sénateur socialiste Didier Guillaume comme ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation en remplacement de Stéphane Travert.
Jacqueline Gourault devient ministre de la Cohésion des territoires en remplacement de Jacques Mézard avec un portefeuille élargi aux Relations avec les collectivités territoriales. Les secrétaires d'État Sébastien Lecornu et Julien Denormandie deviennent ministres auprès de Jacqueline Gourault, respectivement chargé des Collectivités territoriales et chargé de la Ville et du Logement.
Le secrétariat d'État au Numérique, occupé par Mounir Mahjoubi, est rattaché au Ministère de l'Économie et des Finances et à celui de l'Action et des Comptes publics alors qu'il dépendait du Premier ministre auparavant.
Enfin, plusieurs membres du gouvernement voient leurs attributions élargies : Jean-Michel Blanquer à la Jeunesse ou Marlène Schiappa à la Lutte contre les discriminations[38].
Nathalie Loiseau démissionne le du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres, pour conduire la liste de la majorité présidentielle aux élections européennes. Jean-Yves Le Drian, son ancien ministre de tutelle, reprend directement ses attributions, dans l’attente de la nomination d’un successeur.
Le , après diverses révélations de Mediapart au sujet du ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy, dont notamment une sur l'utilisation de ses indemnités de mandat lorsqu'il était député, ce dernier démissionne. Il sera resté dix mois en fonction[43]. Il est remplacé quelques heures après par Élisabeth Borne, jusque là ministre chargée des Transports. Contrairement à son prédécesseur, elle n'est pas nommée ministre d'État[44].
Ajustement du 3 septembre 2019
Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye entre au gouvernement avec une appellation proche de sa fonction administrative précédente (haut-commissaire aux retraites au lieu de haut-commissaire à la réforme des retraites) et est rattaché auprès de Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé.
Mis en cause dans une affaire de cumul de revenus et de conflit d'intérêts, Jean-Paul Delevoye démissionne le [46]. Le député Laurent Pietraszewski intègre le Gouvernement le lendemain, comme secrétaire d’État chargé des retraites[47],[48].
Ajustement du 16 février 2020
À la suite du renoncement de Benjamin Griveaux à sa candidature aux municipales à Paris, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn est désignée pour le remplacer comme tête de liste. En conséquence, elle démissionne de son poste de ministre. Elle est remplacée par le député de l'IsèreOlivier Véran[49],[50],[51].
Ajustement du 19 mai 2020
En raison de la pandémie de Covid-19, Laurent Pietraszewski, déjà secrétaire d'État chargé des Retraites, est également nommé secrétaire d'État auprès de la ministre du Travail, chargé de la protection de la santé des salariés contre l'épidémie de Covid-19 le [52].
En , le gouvernement comporte dix-huit femmes sur trente-sept ministres ou secrétaires d'État. Deux femmes occupent un ministère régalien (Nicole Belloubet à la Justice, numéro deux du gouvernement, et Florence Parly aux Armées), et les trois ministres auprès d'un ministre sont des hommes.
Après le remaniement du , les femmes sont au nombre de dix-sept pour vingt hommes : 8 ministres, 0 ministres déléguées et 9 secrétaires d'État (pour 8, 3 et 8 hommes respectivement, auxquels il faut ajouter le Premier ministre).
Le , le Premier ministre a présenté la déclaration de politique générale du gouvernement, suivant l'article 49 alinéa premier de la Constitution. Édouard Philippe reçoit la confiance de l'Assemblée nationale par 370 voix pour, 67 contre et 129 abstentions[59], ce qui constitue une abstention record sous la Cinquième République[60].
Détails du vote sur la déclaration de politique générale du
Aux termes de l’alinéa 2 de l’article 49 de la Constitution, « l’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure ».
Les textes des motions sont débattus le à l’Assemblée nationale. Cependant, l’existence d’une majorité de 389 députés favorables à l’action du gouvernement rend presque impossible l’adoption des deux motions provoquées par l’affaire Benalla[61]. En effet, la motion des Républicains obtient 143 voix et celle de la gauche 74 voix. Elles ne sont donc pas adoptées[66].
Le , les groupes d’opposition de gauche à l’Assemblée nationale déposent une nouvelle motion de censure du gouvernement pour sa gestion de la crise des Gilets jaunes[67]. Pour le premier secrétaire du Parti socialisteOlivier Faure, cette motion de censure « sert à montrer qu’il y a d’autres voies possibles »[68], mais comme pour les précédentes, celle-ci a peu de chances d’être adoptée, les groupes de gauche comptant 62 membres sur 577 députés[68].
Le Gouvernement utilise l'article 49 alinéa 3 de la Constitution le et engage sa responsabilité sur le projet de loi instituant un système universel de retraite. Deux motions de censure sont alors déposées mais non adoptées. Le projet de loi est donc considéré comme adopté par l’Assemblée nationale.
En , le gouvernement décide de financer la suppression de la taxe d'habitation, une des mesures phares de la campagne d'Emmanuel Macron lors des élections présidentielles, par le déficit[76].
Cabinets ministériels
Les nominations aux postes fonctionnels du cabinet du Premier ministre paraissent au Journal officiel[77].
Les Jours relève que les cabinets ministériels sont composés de conseillers ayant travaillé sous des gouvernements à la fois de droite et de gauche, ce qui constitue une « petite révolution culturelle » : « Le nouveau pouvoir macroniste réalise la fusion des « technos » issus du hollandisme jusqu’au sarkozysme »[78].
Évaluation
Chaque mercredi en Conseil des ministres, un ou deux ministres ont la charge de s'exprimer devant le gouvernement et le président de la République sur les travaux en cours de leur ministère[79].
Au mois de , après un an d'exercice, Édouard Philippe reçoit, à la demande d'Emmanuel Macron, les différents ministres de manière individuelle, pour faire avec eux un premier bilan de l'action gouvernementale « dans le but d'améliorer l'action collective »[80]. Cette méthode avait déjà été employée sous la présidence de Nicolas Sarkozy[81].
↑ abc et dÉléa Pommiers, « Les ministres de la société civile sont-ils vraiment étrangers à la politique ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Benalla : les socialistes ne voteront pas la motion de censure LR », Europe 1, (lire en ligne)
↑« Affaire Benalla: Marine Le Pen votera les motions de censure contre le gouvernement », BFM TV, (lire en ligne)
↑« Affaire Benalla : la France insoumise "votera" la motion de censure déposée par Les Républicains, annonce Coquerel », Europe 1, (lire en ligne)
↑« Affaire Benalla : les députés rejettent les deux motions de censure », Le Monde, (lire en ligne)
↑Alexandre Boudet, « Gilets jaunes: Une motion de censure en préparation à l'Assemblée », Le HuffPost, (lire en ligne).
↑ a et b« Les députés PS, LFI et PCF vont déposer une motion de censure contre le gouvernement », Le Monde, (lire en ligne).
↑Sophie de Ravinel et Loris Boichot, « Les gauches ont déposé leur motion de censure contre le gouvernement d'Édouard Philippe », Le Figaro, (lire en ligne).