La force de dissuasion nucléaire française, aussi nommée force de frappe, désigne les systèmes d'armes nucléaires dont la France dispose dans le cadre de sa stratégie de dissuasion nucléaire. La France est l'un des neuf États qui possèdent l'arme nucléaire au début du XXIe siècle[a]. Elle est le quatrième pays à avoir développé des armes nucléaires après les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni.
Durant la guerre froide, où les stratégies de dissuasion nucléaire revêtent une importance considérable, la France adopte une posture de dissuasion nucléaire indépendante des États-Unis. Elle appuie sa crédibilité sur le principe de suffisance, également dit de dissuasion du faible au fort, selon lequel il suffit que les capacités nucléaires permettent de faire subir à un agresseur des dégâts équivalents aux dommages qu'il aurait infligés pour annihiler les bénéfices de son attaque. Cette stratégie suppose toutefois que les forces nucléaires françaises ne soient pas vulnérables à une attaque surprise et conservent ainsi une capacité de riposte, dite de seconde frappe.
Pour donner corps à cette stratégie, la France se dote d'un arsenal nucléaire important qui atteint dans les années 1990 plus de 500 armes opérationnelles disponibles, nombre équivalent à celui du Royaume-Uni, mais qui ne représente qu'un ou deux pour cent des stocks accumulés par les États-Unis ou l'Union soviétique à la même époque. Depuis la fin de la guerre froide, ce stock est régulièrement réduit : fin 2017, la France dispose de 280 têtes nucléaires déployées et de 10 à 20 autres en réserve, soit un total de 300 armes nucléaires[7],[8],[9].
La base de la doctrine française est la volonté de conférer à l’arme nucléaire un rôle fondamentalement politique. Il s’agit « d’empêcher la guerre » : l’arme nucléaire ne saurait être un moyen de coercition ou une « arme d’emploi », c’est-à-dire une arme utilisable au même titre que les autres. Il s’agit également de pouvoir affirmer, sur la scène internationale, que la France ne dépend d’aucune autre puissance pour ce qui est de sa survie.
Une directive présidentielle du demandait que les forces nucléaires fussent capables « d’infliger à l’Union soviétique une réduction notable, c’est-à-dire environ 50 %, de sa fonction économique ». Dans cette directive, Charles de Gaulle explique cet objectif : « Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu'il y eût 800 millions de Français[10]. »
Dans ses mémoires, l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing mentionne un ordre de grandeur analogue, en précisant qu’il avait retenu « comme objectif pour notre frappe stratégique la destruction de 40 % des capacités économiques de l’Union soviétique situées en deçà de l’Oural et la désorganisation de l’appareil de direction du pays[11] ».
Au début des années 1980, la capacité effective de destruction minimale était de l’ordre de 35 % de la population et de 45 % de la capacité de production industrielle de l'URSS[12].
Le , le président de la République Jacques Chirac, en déplacement sur la base de sous-marins nucléaires de l'Île-Longue, confirme (à la suite de son discours de juin 2001) que l'utilisation de l'arme nucléaire contre « les dirigeants d'États qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous » et également « à ceux qui envisageraient d'utiliser des armes de destruction massive » pourrait être envisagée. Cependant, il insiste sur le fait que l'arme nucléaire n'est pas une arme conventionnelle et que la France, dans l'optique de limiter le plus possible l'impact sur les civils, se dote de missiles ayant plus de souplesse, de flexibilité et de précision, comme le missile M51 (mer-sol) et l'ASMP (air-sol).
Dans ce discours, le président Chirac précise notamment que les intérêts vitaux de l'État, défendus par la force de frappe, comprennent notamment — les intérêts vitaux ne sont jamais définis ouvertement — les pays alliés de la France, ouvrant ainsi la voie à une défense européenne.
Le , le président Nicolas Sarkozy se fait le défenseur de la stabilité des conceptions françaises en matière de dissuasion nucléaire, qui demeure « objective » en ce sens qu'elle se positionne « tous azimuts », excluant les frappes préventives, puisqu'elle est « strictement défensive », et annonce que l'arsenal français sera réduit à un peu moins de 300 têtes[13].
En 2015, selon l'ancien chef d'État-Major des arméesHenri Bentégeat, la France a la possibilité, outre des frappes anti-cités ou contre les centres névralgiques (politiques, militaires et économiques), d'effectuer des tirs dans des endroits pratiquement sans risque pour la population ou d'utiliser l'impulsion électromagnétique[14], qui est « le mode le moins dommageable pour l'adversaire »[15]. Cette approche, qualifiée d'« ultime avertissement », permet à la fois au chef de l’État de disposer d'une option intermédiaire avant d'envisager le déclenchement du feu nucléaire sur de vrais objectifs, et de « restaurer la dissuasion » au cas où des puissances adverses auraient oublié ou n'auraient pas compris la détermination française. « S'ils n'ont pas compris que la dissuasion nucléaire permet d'atteindre le cœur de leurs intérêts vitaux, il faut le leur faire comprendre d'une manière ou d'une autre et rien ne peut mieux le faire que l'ultime avertissement », explique Henri Bentégeat lors d'une audition au Sénat[15].
Les intérêts vitaux de la France prennent, progressivement, une « dimension européenne », selon le président Emmanuel Macron en 2020. Ces propos explicitent la politique de Jacques Chirac et de François Hollande, qui sous-entendaient également durant leurs mandats que la dissuasion nucléaire pourrait protéger les pays européens alliés, mais conservent une certaine ambiguïté[16]. En cependant, il s'est attiré de vives critiques après avoir affirmé qu'il était « évident » que l'emploi par la Russie d'une arme nucléaire tactique« en Ukraine ou dans sa région » n'entrainerait pas de riposte nucléaire par la France[17],[18],[19], même si cette option, par ailleurs critiquable, n'exclut pas différents scénarios actuels ou futurs soutenant l'utilité de la force nucléaire française au profit d'autres États européens[20].
État de la force nucléaire française dans les années 2010
La physionomie de la force de dissuasion française dans les années 2010 résulte des choix structurants effectués dans les lois de programmation militaire (LPM) 1997-2002 et 2003-2008 et des évolutions apportées par les lois de programmation 2009-2014 et 2014-2019. Les programmes d'équipement des forces nucléaires s'inscrivent dans le très long terme et bénéficient de la continuité et de la cohérence qui caractérisent dans ce domaine les quatre dernières lois de programmation militaire. La réduction progressive du format opérée depuis 1995 (passage de six à quatre SNLE, réduction de trois à deux escadrons) s'accompagne de la modernisation continue des systèmes d'armes de dissuasion nucléaire[21],[22].
Les forces de dissuasion nucléaire comportent dans les années 2010 deux composantes, la force océanique stratégique (FOST) et les forces aériennes stratégiques (FAS)[23], et disposent d'un stock opérationnel de 300 têtes nucléaires[24]. Leur fonctionnement s'appuie sur des systèmes de transmissions nucléaires dédiés hautement sécurisés[25].
La FOST dispose de quatre sous-marins nucléaires de la classe Le Triomphant, sous-marins lanceurs d’engins de nouvelle génération (SNLE-NG), caractérisés notamment par une invulnérabilité et une mobilité accrues du fait de leur discrétion acoustique. Ce format à quatre bâtiments est considéré comme le minimum indispensable pour assurer, compte tenu des cycles d’entretien, la permanence à la mer d'un voire de deux bâtiments si nécessaire :
Le Téméraire, en service depuis 1999 et emportant des missiles M45 dotés de tête TN 75, est entré en refonte en 2016 pour accueillir les missiles M51 ;
Le Vigilant, en service depuis 2004, dont les missiles M45 dotés de tête TN 75 sont remplacés à la suite d'une refonte entre 2010 et 2012 par des M51 ;
Le Terrible, dernier de la série, commandé dans le cadre de la LPM 1997-2002, est entré en service opérationnel en 2010 et emporte des missiles M51 dotés de tête TN 75.
En 2018, la FOST célèbre la 500e patrouille opérationnelle effectuée depuis 1972[6].
Les études de conception du sous-marin nucléaire lanceur d'engins de troisième génération (SNLE 3G) sont lancées en 2015[27]. Elles permettront le lancement de la phase de réalisation dans le cadre de la LPM 2019-2025[28] en vue d'une première livraison en 2035[29].
Missile M51
L'évolution la plus importante des années 2010 est le déploiement à bord de ces bâtiments du nouveau missile Missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) M51. Succédant au M45, le M51-1 a une portée accrue de l'ordre de 6 000 km contre seulement 4 000 km pour son prédécesseur. Chaque SNLE de la classe Le Triomphant peut emporter seize M51. Le 4e SNLE-NG, Le Terrible, est directement équipé du M51. Les trois autres bâtiments sont adaptés au nouveau missile dans la décennie 2010, à l’occasion de leur période d’entretien majeur[22]. En 2015, dans son discours consacré à la dissuasion nucléaire, François Hollande indique que la France dispose de trois lots de seize missiles M51[24].
Le sixième tir d'essai d'un M51 effectué le depuis Le Vigilant, juste sorti de refonte[26], est un échec[31],[32]. Le septième tir d'essai du M51, effectué le depuis le centre de la DGA Essais de missiles à Biscarrosse, est un succès[33].
La version M51-2 emporte la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO). Son premier tir d'essai, le huitième d'un M51, a lieu le depuis le sous-marin Le Triomphant, revenu en service opérationnel après sa refonte réalisée de 2014 à 2016[34]. Ce tir réussi permet de qualifier opérationnellement le M51-2.
Le M51.3 est le troisième incrément de la famille du M51. Sa mise en service opérationnelle est prévue pour 2025 et il sera déployé, ensuite, sur tous les SNLE avec pour objectif d'adapter les performances du missile aux évolutions des besoins opérationnels de la prochaine décennie[35].
Tête nucléaire océanique
À partir de 2015, la nouvelle « Tête nucléaire océanique » (TNO), remplace progressivement la TN75 qui équipait déjà les M45. Sa puissance évaluée est de 100 kt contre 75 kt. Elle bénéficie aussi d'un nouveau système d'aide à la pénétration. Les missiles M45 et M51 peuvent emporter six têtes nucléaires selon la technique dite du « mirvage ». La France possède autour de 250 têtes TN75 et TNO[36].
Environnement des SNLE
La crédibilité de la dissuasion nucléaire française repose pour une large part sur l'invulnérabilité des SNLE[37]. Grâce à sa portée augmentée, le M51 y contribue en permettant d'élargir les zones de patrouille. La sûreté de la composante océanique suppose aussi la meilleure connaissance possible de ces zones ainsi qu'une maîtrise permanente des approches de la base de l'Île Longue[38] en rade de Brest. Une partie des moyens de la Marine nationale mène donc des opérations de sûreté, de soutien et d'accompagnement des SNLE[39]. C'est le cas en particulier des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) dont le renouvellement commence à se concrétiser avec la mise en service opérationnelle en 2019 du Suffren, tête de série des SNA de nouvelle génération qui remplaceront durant la décennie suivante nombre pour nombre les six SNA de la classe Rubis[40][réf. incomplète].
Composante aéroportée
La composante aéroportée comprend les Forces aériennes stratégiques (FAS) opérées par l'Armée de l'air et la Force aéronavale nucléaire (FANu) opérée par la Marine nationale. À la différence des FAS et de la FOST, mises en place respectivement en 1964 et 1971, qui assurent la posture permanente de dissuasion, la mobilisation de la FANu, créée en 1978, se fait sur décision du président de la République[41].
La composante aéroportée de la force de dissuasion française est ainsi caractérisée par F. Hollande en 2015 : « elle constitue le complément nécessaire de la composante sous-marine et se caractérise par une mobilité et une souplesse d’emploi permettant de diversifier les modes de pénétration. Mise en œuvre depuis le sol ou depuis le porte-avions, elle peut contribuer de manière plus visible à l’exercice de la dissuasion. »[24].
Les FAS tiennent en permanence depuis le la posture de dissuasion, afin d'être en mesure de répondre 24 heures sur 24 aux ordres présidentiels selon les délais, les moyens et les plans préétablis. Les FAS sont duales : par la polyvalence d'emploi des Rafale, les FAS participent aussi aux missions assurées par l'Armée de l'air, de protection du ciel français et d'intervention extérieure comme Barkhane ou Chammal[42],[43].
Dans les années 2000, la composante aéroportée reposait sur trois escadrons de Mirage 2000N de l’Armée de l’air et sur les flottilles de Super-Etendard modernisés de l’aéronavale, le missile air sol moyenne portée (ASMP) et la tête nucléaire TN 81. La composante aéroportée est entièrement renouvelée à partir de 2007 par l’entrée en service des Rafale Marine et Air, le remplacement de l’ASMP par l’ASMP amélioré (ASMP-A) et le remplacement de la TN 81 par la nouvelle tête nucléaire aéroportée (TNA). Cette transformation s'achève en 2018 avec le remplacement des derniers Mirage 2000N par des Rafale B. Sur la cinquantaine de Rafale B dont disposent les FAS, la moitié des appareils disponibles est affectée à la tenue de posture nucléaire et aux opérations conventionnelles, tandis que l'autre moitié sert à l’entraînement des équipages, à la formation et au maintien des compétences[42].
Tous les dix-huit mois, les FAS réalisent un exercice de grande ampleur avec tir réel d'un missile ASMP-A, non-équipé de sa tête nucléaire, après un très long parcours nécessitant plusieurs ravitaillements en vol afin de démontrer dans des conditions réalistes la crédibilité opérationnelle de la composante aéroportée. Ainsi, en janvier 2019, la FAS réalise un raid nucléaire depuis la Réunion vers la France : deux Rafale et leurs ravitailleurs volent d'abord à haute altitude avant de réaliser une percée à très basse altitude pour simuler un tir nucléaire, après 9 000 km, sous la protection de Mirage 2000 et en affrontant d’autres avions[44],[6].
En août 2015, l'EC 2/4 « La Fayette » reçoit à son tour un premier Rafale B sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier-Robinson. En 2018, les FAS se séparent des derniers Mirage 2000N, en service au sein de l’escadron 2/4 « La Fayette » depuis près de trente ans et sont donc entièrement équipés de Rafale. Cet escadron quitte Istres pour Saint-Dizier, où sont regroupés tous les Rafale B au sein de la 4e escadre de chasse[47],[48],[49].
Dans le cadre du plan de recréation des escadres de l'Armée de l'air, la 4e escadre de chasse a été reformée sur la BA 113 de Saint-Dizier le . Elle comprend en 2018 l'ensemble des escadrons des FAS, soit les deux escadrons de chasse 1/4 « Gascogne » et 2/4 « La Fayette », l'escadron de transformation 3/4 « Aquitaine » et l'escadron de soutien technique[50]. Elle regroupe la cinquantaine de Rafale B en dotation dans l'Armée de l'air à cette date.
Le missile « Air-Sol Moyenne Portée Amélioré » (ASMP-A) est le vecteur qui emporte l'arme nucléaire de la composante aéroportée. La mise en service opérationnelle du missile ASMP-A est prononcée en 2009 sur Mirage 2000NK3 et en 2010 sur Rafale au standard F3[52]. Ses caractéristiques exactes n'ont pas été rendues publiques. Sa portée est estimée être de l'ordre de 500 km.
En 2015, dans son discours consacré à la dissuasion nucléaire, François Hollande indique que la France dispose de 54 missiles ASMP-A[24]. La France considère que « Aucune autre force aérienne dans le monde ne dispose actuellement d'un vecteur offrant une garantie de pénétration comparable. La très grande précision de l'ASMPA offre par ailleurs la possibilité de détruire des objectifs fortement résistants et d'exécuter des frappes aux effets strictement conformes à ceux décidés par le président de la République »[53].
Le programme de rénovation à mi-vie de l’ASMPA est en cours de réalisation depuis 2016 pour traiter les obsolescences et maintenir le niveau de performance opérationnelle du missile, notamment en matière de pénétration et de précision au moins jusqu’à l’horizon 2035. La mise en service de cette version améliorée, dénommée ASMPA-R, est prévue en 2022[54],[55],[56].
Tête nucléaire TNA
La tête nucléaire TN 81 a commencé à être retirée du service en 2007 pour être remplacée par la tête nucléaire aéroportée (TNA). Elle équipe les missiles ASMP-A. La puissance maximale de cette arme thermonucléaire est de 300 kt[36].
Ravitaillement en vol
Le rayon d'action des Rafale, de l'ordre de 2 000 km, nécessite de recourir au ravitaillement en vol pour les missions stratégiques types qu'ils auraient à mener. Pour ce faire, la France dispose d'une flotte de 14 avions ravitailleurs C-135FR et KC-135R, dont le renouvellement par des modèles plus récents commence en 2017 par la livraison du premier des 12 A330-MRTT, les autres exemplaires devant être livrés avant 2025[57],[28].
Systèmes de transmissions nucléaires
Pour que le chef de l’État ait la garantie qu’il puisse mettre en œuvre à tout moment les forces nucléaires, les transmissions nucléaires sont conçues pour transmettre en permanence aux forces océaniques et aéroportées les éléments nécessaires à l’élaboration des missions, ainsi que les ordres exceptionnels[25].
Le programme d’ensemble HERMES coordonne la modernisation des différentes composantes des transmissions nucléaires :
les « réseaux d’infrastructures de transport des services » déployés à partir de 2014 dans leur version RAMSES IV ;
le système de transmission de la composante océanique, TRANSOUM, modernisé de façon échelonnée, entre 2016 et 2020[58] ;
le système de transmission de la composante aéroportée, TRANSAERO ;
le système de transmission de dernier recours SYDEREC, constitué de ballons captifs emportant des antennes à grande altitude, qui serait utilisé en cas d'indisponibilité des autres systèmes.
C'est avec l'ordonnance 45-2563, du (presque trois mois après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki), signée par le général de Gaulle, qu'est créé le commissariat à l'Énergie atomique (CEA). Cet établissement a pour mission d'effectuer des « recherches scientifiques et techniques en vue de l'utilisation de l'énergie atomique dans les divers domaines de la science, de l'industrie et de la défense nationale », mais pendant presque dix ans, faute de moyens et de volonté politique, la décision de faire la bombe est repoussée.
Après la défaite de Diên Biên Phu (début mai 1954) puis l'échec de la Communauté européenne de défense (refusé par l'Assemblée nationale le ), dont le traité interdisait à la France d'entreprendre un programme nucléaire militaire indépendant[59], le président du Conseil, Pierre Mendès France, signa le le décret instituant une Commission supérieure des applications militaires de l'énergie atomique. Le , un second arrêté créait au sein de celui-ci un Comité des explosifs nucléaires présidé par le général Jean Crépin avec comme secrétaire et rapporteur le professeur Yves Rocard, démarrant officiellement le programme nucléaire militaire français[60].
Le , Felix Gaillard annonce la décision de préparation des premières explosions atomiques françaises pour le premier trimestre de 1960. En 1959 est créée la Société d'étude et de réalisation d'engins balistiques (SEREB), le mandataire de l'État et maître d'œuvre des futurs systèmes d'armes de la Force nucléaire stratégique (FNS). La présidence en est confiée à Charles Cristofini[61]. Un an plus tard, la SEREB collabore avec les sociétés Nord-Aviation et Sud-Aviation et établit les programmes des « Études balistiques de base » (EBB), dits des « Pierres Précieuses ». Ils sont destinés à acquérir les technologies nécessaires à la réalisation de la FNS. C'est aussi en 1959 que le premier bombardier Mirage IV, construit par Dassault, est présenté en vol au général de Gaulle lors du salon du Bourget, à peine trois années après la signature du projet.
L'année 1964 marque le début de la permanence de la dissuasion nucléaire française. En effet, le 14 janvier, les Forces aériennes stratégiques sont créées[62]. En février, le premier Mirage IV et le premier avion ravitailleurBoeing C-135F arrivent dans les forces. En octobre, la première prise d'alerte par un Mirage IV, armé de la bombe AN-11, et un avion ravitailleur C-135F a lieu sur base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Le trio arme nucléaire, avion vecteur (Mirage IV) et avion de projection (ravitailleur) est alors opérationnel.
Au printemps 1966, avec neuf escadrons de quatre Mirage IV chacun, dont 12 avions en permanence en vol, l'ensemble de la 1re composante de la force de dissuasion est réalisée[63]. La France, selon la volonté du président de Gaulle, se retire alors du Commandement intégré de l'OTAN. Ce faisant elle affirme son autonomie stratégique.
Dès 1963, le gouvernement français décida la diversification des vecteurs de ses armes nucléaires pour réduire la vulnérabilité de la Force de frappe face à une attaque surprise et compenser les limites offensives des Mirages IV face à une défense aérienne toujours plus performante. Cette politique passait par la réalisation de deux nouveaux systèmes d'armes stratégiques, terrestre et naval, en complément des bombardiers :
Mais le retrait du Commandement intégré de l'OTAN en avait privé les militaires français. Aussi la diversification de l'arsenal nucléaire passait il aussi par l’acquisition de ces armes, dont le rôle dans la stratégie nationale, d'abord floue, ne sera défini que sous la présidence de François Mitterrand. Plutôt que tactiques elles seront alors nommées "pré-stratégiques" car elles auraient été utilisées comme ultime avertissement à l'ennemi, en cas d'invasion inarrêtable par des moyens conventionnels, avant les frappes stratégiques[68].
En octobre 1972, deux escadrons de Mirage IIIE de la 4e escadre de chasse de la Force aérienne tactique (FATac) se voient confier la mission nucléaire tactique avec l’arrivée de la bombe AN-52 sur la BA 116 de Luxeuil[69]. Le , deux escadrons de SEPECAT Jaguar de la 7e escadre de chasse sont déclarés officiellement nucléaires tactiques sur la BA 113 de Saint-Dizier, l'une de ses missions étaient d'ouvrir la route aux Mirage IV de la FAS en détruisant les stations radars et les sites de défense antiaérienne le long du rideau de fer. Le un cinquième escadron de quinze Jaguars rejoint la FATac sur la BA 125 d'Istres pour contrer les bases navales soviétiques établies en Afrique du Nord[70].
Le , le porte-avionsClemenceau reçoit, à la suite d'une IPER, la qualification nucléaire. Un local spécial pour l'embarquement de quatre ou cinq armes nucléaires AN-52 pouvant être utilisé par les Super-Étendard de la Marine nationale y fut aménagé[71]; entre 1980 et 1981, c'est le Foch qui est à son tour aménagé dans cette fonction pour une prise opérationnelle de service le [72],[73].
Bien que la France ne fasse plus partie du Commandement intégré de l'OTAN, elle passe une série d'accords secrets avec l’organisation militaire à la fin des années 1970 pour coordonner avec ses membres d’éventuelles frappes nucléaires tactiques. De même, à partir de cette époque, les États-Unis partagent des secrets nucléaires avec la France, tel le dispositif de sécurité et d'armement[74].
La troisième force nucléaire mondiale (années 1980)
Durant les années 1980, les SNLE deviennent la pièce maîtresse de la dissuasion française. À partir de 1983, trois d'entre eux sont constamment déployés en mer prêt à faire feu. Des programmes de modernisation des vecteurs, aériens, navals et terrestre sont lancés. À la fin de cette décennie la Force de frappe atteint son maximum avec plus de 500 ogives nucléaires réparties sur :
64 missiles, dont certains sont mirvés (M4 à partir de 1985), emportés par quatre SNLE basés à l'Île-Longue, dans la rade de Brest. Soit plus de 300 ogives pour une puissance de destruction de 44 mégatonnes en novembre 1987[76] ;
Un premier escadron d'avions Jaguar abandonne le rôle nucléaire tactique à partir du , les 2 derniers le .
Le , le Président de la République annonce le retrait anticipé des missiles Pluton dont les derniers seront retirés le . Son successeur, le missile Hadès, est déployé à partir de 1992 au sein du 15e régiment d'artillerie.
Des essais à la simulation
Le , le président Mitterrand annonce la mise en place d'un moratoire sur les essais nucléaires. Le , nouvellement élu, le président Jacques Chirac déclare que huit essais nucléaires auront lieu de septembre 1995 à janvier 1996. Ces essais ont pour but de récolter assez de données scientifiques pour simuler les futurs essais. Une vague de contestation internationale a lieu. Le , dans un communiqué, la présidence annonce, après le sixième essai (qui a eu lieu le sur l'atoll de Fangataufa en Polynésie) sur les huit prévus à l'origine, que la France met fin aux essais nucléaires. Avec ce dernier tir, c'est 210 explosions qui ont été réalisées par la France depuis l'acquisition de l'arme atomique en 1960 d'une puissance cumulée d'environ 13 mégatonnes[78].
Après cette dernière campagne de tests, la France signe le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) le et démantèle ses installations de tests dans le Pacifique. Le Parlement ratifie le TICE le , engageant ainsi la France à ne plus jamais réaliser d'essais nucléaires. Les essais sont désormais réalisés par le programme « Simulation ».
Retrait de la composante terrestre
Le , le président Chirac annonce la fermeture et le démantèlement des silos du plateau d'Albion.
Le dernier missile Hadès est démantelé le après seulement cinq années de service. Depuis cette date, la force de frappe ne dispose plus de composante terrestre.
Depuis fin 1997, les deux sites de production de matières fissiles de qualité militaire sont en cours de démantèlement (Marcoule pour le plutonium militaire, devra être achevé en 2050 et de l'usine militaire de Pierrelatte pour l'uranium hautement enrichi, fin du démantèlement en 2008).
Entre 2008 et 2011 le nouveau missile ASMPA, remplaçant de l’ASMP, à Tête nucléaire aéroportée (TNA), est livré[79].
Budget
Depuis la chute de l'Union soviétique et le changement dans la doctrine de la dissuasion nucléaire qui en a découlé, le budget du maintien de la Force de frappe a été réduit et ne représente que 21,9 % du budget de la Défense en 1995, contre 31,4 % en 1990.
Évolution des crédits de la dissuasion nucléaire de 1990 à 2018[80],[81],[82]
Année
Crédits de paiement (en milliards d'euros constants de 2015)
Part dans le budget d'équipement de la Défense (Chapitre 5[83])
En contrepartie de l'arrêt des essais nucléaires, la France lance en 1996 un programme de simulation « destiné à affiner la conception des charges nucléaires robustes, à garantir la fiabilité et la sureté des armes sur la longue durée et à maintenir l'expertise nécessaire à la pérennisation de l'arsenal »[87]. Depuis 2010, ce programme est mené pour une part en collaboration avec le Royaume-Uni[88].
Le programme comporte trois volets, placés sous la responsabilité de la Direction des applications militaires (DAM) du CEA[89] :
l'utilisation de calculateurs très puissants, dits massivement parallèles, fournis par Bull, pour modéliser le fonctionnement des armes nucléaires[90] ;
la réalisation d'expériences sous-critiques, c'est-à-dire sans dégagement d'énergie nucléaire, au moyen du Laser Mégajoule ;
des expérimentations d'architectures des armes conduites avec des outils de radiographie avec la machine Airix, considérablement améliorée avec l'installation Épure franco-britannique depuis 2014.
Les têtes TNA et TNO en service dans les années 2010 sont le produit de ce vaste programme de simulation, qui s'appuie toujours sur les résultats de la dernière campagne d'essais nucléaires de 1995-1996. En l'absence d'essais, il serait impossible de développer des armes sûres et fiables de conception entièrement nouvelle[87].
Systèmes d'armes
Tableau des systèmes d'armes nucléaires français historiques et en service[91]
a : Les Mirage 2000N, introduits en 1988, ne furent intégrés aux Forces aériennes stratégiques (FAS) qu'à partir du , auparavant ils dépendaient des Forces Aériennes Tactiques (FATac).
b : Les missiles Air Sol Moyenne Portée (ASMP) et Air Sol Moyenne Portée Amélioré (ASMPA), bien que désignés « préstratégique », sont intégrés aux FAS depuis la dissolution des FATac.
En mai 2010, Alain Juppé réaffirme sa position en faveur de la dissuasion : « Dans le Livre blanc, il est dit très clairement que notre dissuasion ne doit pas dépendre de la capacité des autres pays nucléaires et qu’il n’y a pas donc de proportionnalité dans les efforts de désarmement. La France a quand même réduit son arsenal à 300 têtes nucléaires, c’est-à-dire environ la moitié de la capacité maximale atteinte dans la période de la guerre froide. Par rapport aux 22 000 têtes des arsenaux américains et russes, il y a de la marge. C’est aussi pour cette raison que le moment n’est pas venu. Nous devons être relativement prudents sans être pour autant en arrière de la main »[108].
Lors de la campagne électorale des élections présidentielles de 2012, à l'exception des candidats d'extrême-gauche et d'Eva Joly, tous les candidats de gauche, du centre, et de droite se déclareront favorables à la dissuasion nucléaire, et ce après la visite à bord du Le Triomphant du futur président de la république François Hollande et son discours d'engagement en faveur de la dissuasion reprenant sa tribune du : « D'ores et déjà je veux réaffirmer […] la consolidation de notre dissuasion nucléaire […] le contexte international n'autorise aucune faiblesse […] Nous conserverons donc les deux composantes, aérienne et sous-marine, de notre dissuasion ». L'engagement est repris à l'encre rouge sous le no 60 du programme de François Hollande.
Un sondage réalisé en 2013 lors de début du mandat du président Hollande, par l'institut LH2 indiquera que pour 68 % des Français, soit un bond de 14 % en un an, la possession de l'arme nucléaire est un point fort de la défense[109].
Selon un rapport du Sénat il y a un consensus bien établi chez les dirigeants politiques français qui a pour objet le fait que la force nucléaire donne à la France un poids diplomatique à l’échelle mondiale[110].
Le Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP) ne contient aucune disposition visant à limiter les droits d'un État doté de l'arme nucléaire (cinq États, dont la France, sont « dotés » au sens du traité) à procéder à un essai nucléaire. Cela dit, le préambule du TNP se réfère à l'interdiction totale des essais nucléaires, ce qui explique que la France n'a adhéré au TNP qu'en 1992.
Les organisations antinucléaires françaises et internationales ont toujours critiqué les essais nucléaires. Au premier rang figure Greenpeace qui, à partir de 1972, envoya des navires perturber les tirs d'essais à Moruroa. S'ensuivirent des tentatives identiques continues, systématiquement repoussées par la Marine nationale. Cette lutte conduisit à la tragique affaire du Rainbow Warrior en juillet 1985.
La reprise d'une série de six essais nucléaires souterrains en Polynésie française, décidée le par le président Jacques Chirac, afin de valider les modèles de simulation numérique des essais, a provoqué une vague de contestation au niveau national et international. À l'issue de ces essais, achevés le , la France a signé, en mars 1996, le traité de Rarotonga, qui a créé une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, et a signé le le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, mettant ainsi un point final à la polémique. Le traité a été ratifié par la France le .
En avril 2012, à l'inverse de la France, la plupart des États détenteurs (ou potentiellement détenteurs) de l'arme atomique n'ont pas signé ce traité (Corée du Nord, Inde, Pakistan, Israël[111]), ou l'ont signé mais pas ratifié (Chine, États-Unis, Russie), ce qui l'empêche d'entrer en vigueur.
Importance technologique
Des sénateurs ont signalé l’importance des retombées technologiques issues de la recherche sur l’arme nucléaire, dans les domaines des calculateurs, de la micro-électronique, de l’optique, de la physique des particules[112]…
La France aurait produit plus de 148 630 mètres cubes de déchets nucléaires d’origine militaire depuis le milieu des années 1950, posant un problème de gestion de ces déchets[évasif][113].
Aspect juridique
Les critiques s'appuient sur l'avis consultatif de la Cour internationale de justice en 1996 qui déclare que « la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait généralement contraire aux règles du droit international applicable dans les conflits armés ». Néanmoins, dans ce même avis, la Cour précise en conclusion que « au vu de l'état actuel du droit international, ainsi que des éléments de fait dont elle dispose, la Cour ne peut cependant conclure de façon définitive que la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d'un État serait en cause »[114].
Cet avis a donné lieu à divers commentaires de juristes, publiés le dans un numéro de la Revue internationale de la Croix-Rouge consacré aux armes nucléaires[115].
Dimension économique et sociale
Enfin, les critiques portent sur la dimension économique et sociale de la force de dissuasion nucléaire, dont la modernisation s'élève à plus de 10 milliards d'euros (trois milliards pour le seul missile M51) dans le budget de défense[116]. Dans la Loi de Programmation Militaire votée par le Parlement pour les années 2014-2019, 23 milliards d'euros sont dédiés à la dissuasion parmi les 102 milliards de l'équipement de l'armée française, soit environ 20 % du total[117]
En mars 2012, un sondage Ifop/Mouvement de la paix (en partenariat avec Témoignage chrétien et L'Humanité) fait apparaître que 81 % des Français désirent que la France « s'engage dans un processus de désarmement nucléaire mondial et total » et que 64 % ne sont pas favorables à la modernisation des armes nucléaires françaises[118].
Notes et références
Notes
↑Le monde compte en 2018 neuf États qui possèdent l'arme nucléaire. Les puissances nucléaires « historiques » sont les États-Unis, la Russie (ex-Union soviétique), le Royaume-Uni, la France et la Chine, toutes les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, qui en disposent durant la guerre froide et préalablement à la signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires signé en 1968. Depuis, quatre autres États l'ont acquise : l'Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord.
Références
↑(en) R. S. Norris, « French and Chinese Nuclear Weapon Testing », Security Dialogue, vol. 27, no 1, , p. 39-54 (lire en ligne, consulté le )
↑Cité dans Général François Maurin, « La mise en place de la triade stratégique (Mirage IV, SSBS Albion, SNLE) et des chaînes de contrôle », Université de Franche-Comté – Institut Charles de Gaulle, p. 229.
↑P. Boureille, « 1960 : le projet de constitution d’une force de frappe océanique stratégique comme réponse à la menace soviétique », Revue historique des armées, mars 2004, p. 63-73.
↑Discours du président de la République française du 21 mars 2008 [lire en ligne].
↑Valensi Edouard, La dissuasion nucléaire : L'aventure nucléaire française ; Les ergots du coq, Paris, L'Harmattan, , 314 p. (ISBN978-2-343-00413-6, lire en ligne), p. 155-156.
↑Christian Bataille et [[Henri Revol|Henri Revol]], Rapport sur les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires effectués par la France entre 1960 et 1996 et éléments de comparaison avec les essais des autres puissances nucléaires, Assemblée nationale, , 248 p., p. 13.
↑Philippe WODKA-GALLIEN, ESSAI NUCLÉAIRE La force de frappe française au XXIe siècle : défis, ambitions et stratégie, Panazol, LAVAUZELLE, , 215 p. (ISBN978-2-7025-1606-5, 8 p 79).
Ministère des Armées, Loi de programmation militaire 2019-2025 : textes officiels : Rapport annexé, , 65 p. (lire en ligne)
Autres documents ou discours officiels
Sénat (République française), Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 1997 à 2002 (Rapport no 427 Session 1995-1996), (lire en ligne)
Sénat (République française), Rapport no 117 fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2003 à 2008, (lire en ligne)
(en) Hans M. Kristensen, Status of French nuclear forces, (lire en ligne [PDF]).
Léo Hamon, Le sanctuaire désenclavé ?, les Cahiers de la fondation pour les études de Défense nationale, no 23, 1982
Jacques Villain, La Force de dissuasion française, Docavia - Volume 26, Éditions Larivière, 1987
Marc Théléri, Initiation à la force de frappe française (1945-2010), Stock, 1997 (ISBN2-234-04700-5)
Bruno Tertrais, La France et la dissuasion nucléaire, La Documentation française, 2007
Jean Guisnel et Bruno Tertrais, Le Président et la Bombe, Odile Jacob, 2016.
Bruno Tertrais, La France et la dissuasion nucléaire : concept, moyens, avenir, Paris, La Documentation française, , 198 p. (ISBN978-2-11-145064-6)
(en) Bruno Tertrais (dir.), « French nuclear deterrence policy, forces and future », Recherches & documents, Fondation pour la recherche stratégique, , p. 78 (ISBN978-2-490100-17-0, ISSN1966-5156, lire en ligne [PDF], consulté le )
Philippe Wodka-Gallien, Dictionnaire de la dissuasion, Marines éditions, 2011
Pierre Castel, « Quand l'indépendance est aussi stratégique : retour sur l'actualité nucléaire », dans La Revue d'Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d'Histoire Militaire, 2018 (lire en ligne).
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