En une, dans le bandeau de tête, après La Dépêche du Midi, figure la mention « Le journal de la démocratie ». Une des anciennes devises du journal est « La Dépêche renseigne vite et bien »[3]. Il emploie environ 770 salariés[4] dont 250 journalistes professionnels et quelque 1 500 correspondants locaux de presse. Suivant l'héritage politique radical de ses origines, La Dépêche est un journal de sensibilité radicale de gauche[5].
En 2016, à la suite de la participation de Jean-Michel Baylet dans le gouvernement Manuel Valls, la nouvelle présidente est Marie-France Marchand-Baylet, ex-épouse de Jean-Michel Baylet. Après son départ du gouvernement Valls en mai 2017, Jean-Michel Baylet redevient PDG du groupe La Dépêche du Midi[réf. souhaitée].
Historique
Guerre de 1870 et socialisme
Le premier numéro de La Dépêche de Toulouse paraît le , sous le simple nom de La Dépêche, à l'initiative d'ouvriers de l'imprimerie Sirven à Toulouse, propriété de Joseph Sirven[9] (maire de Toulouse du au ).
Sa vocation au départ était de publier des dépêches de guerre pour donner des nouvelles du front aux femmes de soldats. Après la guerre de 1870, le titre survit et se développe en élargissant son domaine d'information. Il atteint 15 000 exemplaires 9 ans plus tard. En 1879, le journal est cédé au groupe de presse parisien de Le Pelletier. Ainsi est fondée la société anonyme La Dépêche et le Petit Toulousain. En 1881, trois Ariégeois, Rémy Couzinet (qui épousera plus tard Éléonore Bonnaire[10]), Alcide Gout et Rémy Sans, rachètent La Dépêche et ont l'idée de lancer une édition pour chaque département de la région[11].
En 1887, Jean Jaurès, déjà engagé politiquement, y fait ses premières armes de journaliste. Le titre de presse accueille également un autre journaliste également homme politique : Georges Clemenceau[9], avant qu'il ne rejoigne L’Aurore. Un moment antidreyfusard, le journal finit par se rallier à la cause en faveur de la révision du procès.
Du fait de ses origines et de ses plumes, La Dépêche ne cache pas son engagement dans une gauche radicale-socialiste[12]. Aussi au début du XXe siècle, des évêques considèrent comme un « péché grave » la lecture de ce titre.
Maurice Sarraut, sénateur radical de l'Aude (1869-1943), prend les rênes du journal, en devenant son directeur administratif (1909).
Bernard-Henri Sirven, fils du créateur de La Dépêche, président de l'Union syndicale des maîtres-imprimeurs de France, qui succède à son père Joseph.
Louis Braud, directeur de La Dépêche en 1914.
La salle de composition de La Dépêche, en 1905.
La salle des machines de La Dépêche, en 1905.
L'hôtel de La Dépêche, rue Bayard à Toulouse, en 1905 (siège social et imprimerie).
Entre-deux-guerres
Après la grande guerre, le directeur est Maurice Sarraut, il deviendra propriétaire du journal en 1932. Dans l'intervalle, à la suite d'une tentative d'acquisition par Maurice de Rothschild, Jean-Baptiste Chaumeil, entrepreneur en travaux publics, et maire radical-socialiste de Valence-d'Agen, entre dans le capital du groupe en 1925. Son neveu Jean Baylet y entre la même année, en est directeur administratif en 1927, puis rédacteur en chef.
La période de l'entre-deux guerres est pour La Dépêche un « âge d'or », tant pour sa diffusion que pour le prestige et la qualité de sa rédaction qui lui confèrent une influence nationale.
À partir de 1932, des Allemands antinazis en exil écrivent dans La Dépêche de Toulouse : ainsi on trouve les signatures des frères Heinrich et Thomas Mann, de Georg Bernhard ou encore de Theodor Wolff, entre autres[13].
Maurice Sarraut, qui a perdu toute influence sur le journal, est assassiné par des membres de la Milice en . Son frère, Albert Sarraut est déporté peu après. Le journal continue à paraître en défendant la politique du Maréchal Pétain[15].
Le titre est interdit de publication à la Libération, pour collaboration en 1944[16].
Après-guerre
Le titre ressort en 1947 sous le nom de La Dépêche du Midi. Il déloge alors après un conflit judiciaire le Patriote du Sud-Ouest, journal du Front national (communiste) qui avait hérité de ses locaux[17]. Reprenant sa lignée radicale et anticommuniste[18] (le PCF vient d'être exclu du gouvernement) il soutient naturellement le cabinet de Pierre Mendès France. Il s'oppose au référendum constitutionnel de 1958, soutient François Mitterrand à la présidentielle de 1965.
Jean Baylet, qui avait été directeur administratif en 1927 puis rédacteur en chef, avait entre-temps créé le quotidien La Démocratie le . Il prend la direction de La Dépêche, du jusqu'à sa mort le .
Entre 1959 et 1971, l'ancien chef de la police de Vichy René Bousquet, responsable notamment de la rafle du Vel' d'Hiv, fait partie du conseil d'administration du journal. Il anime la rédaction, aux côtés d'Évelyne Baylet, née Évelyne Isaac[19] veuve de Jean Baylet[15], qui a pris les commandes à la mort de son mari jusqu'en 1995.
Histoire récente
Jean-Michel Baylet, fils de Jean Baylet, accède au poste de directeur général adjoint de La Dépêche en 1975, et devient directeur général deux ans plus tard[5].
Le , le journal annonce qu'un second site payant va être lancé[20]. Après une phase de test dès le auprès des abonnés papier, Dépêche Premium[21], est ouvert le . Il se compose d'un fil d'information continue avec des articles multimédias exclusifs, d'une version électronique du journal consultable sur le web, les smartphones et tablettes, de suppléments numériques spéciaux et des services du Club abonnés. C'est la première fois en France qu'un journal quotidien régional tente l'aventure du payant sur internet. La Dépêche Premium remporte le prix de l'innovation des Victoires de la presse 2012 de la WAN-Ifra, remis le à Lyon à Jean-Nicolas Baylet et Philippe Rioux.[réf. nécessaire] Le site Dépêche Premium est arrêté quatre ans plus tard en .
En , après l'entrée de Jean-Michel Baylet au gouvernement et les « unes » enthousiastes de la Dépêche du Midi, plusieurs médias s'interrogent sur l'indépendance de la rédaction du journal vis-à-vis de son propriétaire[22],[23],[24].
Diffusion
Comme la plupart des journaux édités sur papier, la diffusion baisse de manière importante chaque année depuis 2000.
Diffusion quotidienne moyenne.
Source à partir de 2002 : OJD/ACPM[1],[25].
L'espace publicitaire de La Dépêche est commercialisé par une filiale du groupe, "evelyne.", structure résultant de la fusion de la régie historique O²Pub (occitane de publicité) et de Midi Media (régie du groupe Les journaux du Midi racheté en 2015), précédemment nommée "L'Agence de comm".
↑ a et bPierre Lacassagne, « Le pouvoir politique et médiatique à Toulouse de la Libération au face à face Dépêche-Baudis », Le Temps des médias, vol. 7, no 2, , p. 87 (ISSN1764-2507 et 2104-3671, DOI10.3917/tdm.007.0087, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bHervé Martin et Alain Zambeaux, La Haute-Garonne, Toulouse, éditions Privat, coll. « Encyclopédie illustrée », , 477 p. (ISBN2-7089-5811-9), p. 404
↑Claire Simon-Boidot, Notice biographique, sur Du temps des cerises au feuilles mortes.