Entré très jeune comme commandant dans l'armée anglaise, Edmond Beaufort est capturé lors de la bataille de Baugé en 1421 et restera prisonnier de Charles VII pendant dix ans. Libéré en 1431 en échange de Charles d'Artois, comte d'Eu, il retourne en Angleterre où il se met au service de Henri Beaufort, en lutte contre Humphrey de Gloucester pour le poste de régent. À la mort du duc de Bedford en 1435, c'est effectivement Henri Beaufort qui dirige l'Angleterre pour Henri VI, alors mineur. En 1436, il envoie Edmond seconder John Talbot en Normandie qui est en train de reprendre le comté à l'armée du roi de France. En 1440, il parvient tout de même à s'emparer d'Harfleur, que les Français venaient de prendre, et à ralentir l'offensive française. L'Île-de-France est entièrement reprise par les Français mais, pour le moment, la Normandie reste entre les mains des Anglais.
En 1444, William de la Pole, comte de Suffolk, négocie une trêve à Tours sur la base du statu quo. Le mariage est décidé entre Henri VI et une nièce de Charles VII, Marguerite d'Anjou, lequel se fait le . Du même coup, Suffolk remplace Henri Beaufort, qui s'est retiré, comme maître de facto de l'Angleterre. Henri VI, très influençable, lui laisse en effet les rênes du pouvoir. Edmond Beaufort, devenu comte de Somerset à la mort de son frère la même année, est nommé lieutenant de France. Il devient duc de Somerset en 1448. Son frère Jean Beaufort ayant porté le titre avant lui, il est parfois appelé le deuxième duc[1], mais le titre avait été créé une seconde fois, et il était donc le premier duc, la numérotation recommençant à zéro. [réf. nécessaire]
La trêve est rompue en 1449, et Charles VII se lance à la conquête de la Normandie que Somerset va défendre très mal. Lorsque la campagne militaire s’achève, les Anglais ont perdu plusieurs villes importantes de Basse Normandie (Coutances, Carentan, Saint-Lô, Valognes) et ont été vaincus à plusieurs reprises en Haute Normandie par l’armée française commandée par Dunois[2]. En quelques mois, il perd presque tout le comté et doit rentrer en Angleterre.
Le Parlement et le Conseil du roi ne pardonnent pas la défaite à Suffolk qui est arrêté puis exécuté. En avril 1450, Edmond Beaufort prend sa place comme conseiller du roi et favori de la reine Marguerite d'Anjou. Cette nomination est cependant contestée par Richard d'York, qui commence à s'aviser que ses droits à la Couronne d'Angleterre sont mieux fondés que ceux de Henri VI et qui se pose de plus en plus en rival. Le conflit entre les deux branches (les Lancastre et les York) est retardé par l'offensive de Charles VII en Guyenne qui se termine par une victoire française en 1453. Entre-temps, Edmond de Somerset est rentré en France afin de maintenir une présence anglaise en Normandie, mais il ne peut empêcher la chute de Caen et finalement de toute la province à l'été 1450[2].
Le , après un traumatisme psychologique (qui serait dû à la défaite de Castillon), Henri VI devient fou ; indifférent à tout ce qui l'entoure durant plus d'un an, il est incapable d'assumer ses fonctions. Richard d'York passe alors à l'action. En février 1454, il convoque un Parlement qui le nomme Lord Protecteur. Beaufort est envoyé à la Tour de Londres où il végète un an. Au début de 1455, partiellement guéri, Henri VI reprend le pouvoir et libère son ancien lieutenant.
Celui-ci, appuyé par la reine, convoque aussitôt un grand conseil « en vue de pourvoir à la sûreté du roi contre ses ennemis ». Se sentant menacé, le duc d'York lève une armée et marche sur Londres. Le 22 mai 1455, les troupes royales, commandées par Somerset, sont battues à la première bataille de St Albans, qui est également la première bataille de la Guerre des Deux-Roses. Edmond Beaufort est tué pendant le combat et le roi, blessé, est fait prisonnier. Richard d'York est le maître de l'heure.