Une fois le siège d'Orléans levé et après la bataille de Patay, l'étau anglo-bourguignon est desserré. Jeanne d'Arc convainc le dauphin Charles d’aller se faire sacrer à Reims. Cette chevauchée au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons est couronnée de succès et donne à Charles VII le trône dont il avait été évincé par le traité de Troyes.
Pour la première fois dans l'histoire de France, un roi refuse que la succession de la couronne aille à son fils ainé : Charles VI de France déchoit son fils en léguant le royaume de France à Henri V d'Angleterre par sa fille Catherine.
Charles VI mort, son fils conteste sa destitution et réclame le trône. Malgré la victoire française du à la bataille de Patay, entraînant le repli des Anglais à Paris[2],[3], le dauphin Charles VII refuse de poursuivre jusqu'à Reims aux mains des Bourguignons, reste à Sully-sur-Loire et replie son armée à Orléans pour s'y faire couronner comme le fut Louis VI[4] ; néanmoins un sacre à Reims aurait une répercussion beaucoup plus grande, car il serait vu comme un nouveau miracle, attestant de sa légitimité divine.
Après avoir initialement rencontré le Dauphin le à la Cité Royale de Loches[5], Jeanne d'Arc le rencontre à nouveau le suivant à seize heures à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire pour le convaincre de se rendre à Reims.
Le lendemain, le grand conseil du dauphin se réunit à Chateauneuf-sur-Loire et ordonne le rassemblement de l'armée à Gien.
La marche vers Reims
Le , précédée de son écuyer Jean d'Aulon qui tient en main l'étendard « Jhésus, Maria », Jeanne d'Arc entre à Gien avec son armure forgée à Tours, son blanc harnois, son épée de Fierbois, et retrouve Charles VII[6].
Le jour suivant, les 12 000 hommes de l'armée du roi sont rassemblés à Gien, pour augmenter jusqu'à 33 000 hommes combattant à cheval et 40 000 à pied[7].
L'armée française prend Bonny-sur-Loire[8], puis Saint-Fargeau.
Jeanne d'Arc casse son épée sur le dos d'une prostituée qui suivait l'armée, et deux jours plus tard, le dauphin ordonne enfin la marche vers la ville du sacre : la marche commença à Gien le .
Après 4 jours de siège, la majorité du conseil du dauphin veut lever le siège et poursuivre la route sans entrer dans la ville[19]. Le 5e jour du siège, craignant d’être pris d'assaut, Troyes capitula () mais seuls Charles VII et les principaux capitaines purent y entrer, les soldats passèrent la nuit à Saint-Phal, sous le commandement de Ambroise de Loré[20]. Gilles de Rais est l'un des chefs de l'armée qui réduit Troyes à l'obéissance[21].
Le , l'armée du dauphin quitte Troyes à la première heure pour Châlons-en-Champagne qui lui ouvre ses portes le 14 pour le laisser y passer la nuit[24].
John Radclyffe, ayant débarqué à Calais dix jours plus tôt, arrive le à Amiens et va à Rouen ou l’attend Jean de Lancastre. Samedi , au matin, Philippe le Bon quitte Paris pour retourner à Laon, pendant que l’archevêque de Reims, Renault de Chartres entre dans Reims aux mains de Guillaume seigneur de Châtillon-sur-Marne et du sir de Saveuses et que le roi dauphin arrive au château de l’archevêque de Reims[25] à Sept-Saulx (situé à 21 km de Reims). Le dauphin somme les Rémois de lui ouvrir les portes malgré leur promesse de lui résister six semaines jusqu’à l’arrivée des secours de Lancastre et de Philippe le Bon. Après les négociations et le dîner du soir, Charles VII entre et dort à Reims[26].
Ce même jour, René d'Anjou apporte l'hommage de la Lorraine et du duché de Bar au dauphin.
Le dimanche , Charles VII est sacré à Reims roi de France[27] :
il reçoit l'onction sainte des mains de l'archevêque Renault de Chartres. «Gentil Roy, ores est exécuté le plaisir de Dieu qui vouloit que je levasse le siège d'Orléans, et que je vous amenasse en ceste cité de Rheims pour recevoir vostre saint sacre, en monstrant que vous estes vray roy, et celluy auquel le royaulme de France doibt appartenir », déclara Jeanne d’Arc en rendant hommage à son roi. La cérémonie du sacre, vu les circonstances, s'est déroulée dans la simplicité ; la couronne, le sceptre, le globe, sont alors à Saint-Denis, contrôlée par les Anglais ; seuls parmi les pairs, assistent à la cérémonie les trois pairs spirituels : l'archevêque de Reims, Renault de Chartres, l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux, l'évêque de Châlons, Jean de Sarrebruck. Mais le rite essentiel est accompli : le huitième sacrement, qui fait les rois et les marque du signe sacré du pouvoir légitime, est alors conféré à Charles VII, faisant de lui le monarque légitime, représentant des Valois authentiquement désigné par Dieu, face à Jean de Lancastre, imposé par les armes ennemies et la signature irresponsable d'un roi malade.
Commémoration
Pour le cinquième centenaire de la chevauchée et dans le contexte de sa canonisation, toute une série de plaques furent inaugurées sur la route que Jeanne a suivi pour libérer Reims et sacrer le roi et marcher ensuite vers Paris.
↑Guillaume Cousinot de Montreuil, Chronique de la Pucelle ou Chronique de Cousinot, Paris, Vallet de Viréville, 1859, p. 315
↑L'armée royale, arrivée devant Troyes, les habitants refusent pendant 5 jours d'ouvrir leurs portes. La sixième, craignant que leur ville soit prise d'assaut, ils se décident à la rendre au dauphin, mais à condition que les soldats n'y séjourneront pas et qu'ils passeront la nuit en dehors des remparts ; Charles VII et les principaux capitaines pourront seuls y demeurer. Cette clause de la capitulation s'explique sans peine quand on sait les violences, les déprédations de toutes sortes, auxquelles se livraient les soldats à cette époque, même dans les villes, amies ou alliées. Charles VII confia à Ambroise de Loré le commandement en chef des troupes qui vont rester au camp. Aucune réclamation et aucun désordre ne se produisit.
« Et le lendemain tous passèrent par la dite cité en belle ordonnance, dont ceux de la ville étaient bien joyeux. »