Le diocèse de La Rochelle tient ses origines dans celui de Saintes fondé, selon la tradition, au IIIe siècle par Eutrope. Même si les récits qui relatent son existence tiennent de la légende, celui-ci est considéré comme le saint-patron du diocèse. À son époque, et dans les décennies qui suivent, les Chrétiens exercent leurs activités dans la clandestinité : en témoigne le baptistèrepaléochrétien du Douhet (fin IIIe-début IVe siècle)[1].
Vers l’an 400, les Wisigoths s’établissent à Saintes. La cité durant le haut Moyen Âge est peu connue. Des évêques comme Vivien, Trojan et Pallais (tous canonisés par l'Église catholique ultérieurement) semblent avoir eu une emprise importante sur les affaires de la cité. Vers 494-96, Clovis mène une expédition jusqu'à Saintes. Les Wisigoths sont défaits à la bataille de Vouillé en 507, permettant la domination des Francs sur la région, et la progression du christianisme. Vers 590, l'évêque de Saintes Palladius fait élever une église en l'honneur du fondateur du diocèse. C'est vers cette date que la légende d'Eutrope comme martyr semble avoir commencé[2]. À la même époque, Palladius fait élever aussi la première cathédrale Saint-Pierre.
Après des périodes de pillages par les Vikings dans la région (En 844 la ville de Saintes est attaquée par les Vikings. Elle est prise et ravagée une première fois l’année suivante, puis de nouveau en 848 par le chef vikingHasting) le diocèse connaît une période sombre : le siège épiscopal est abandonné entre 864 et 989 ; et la mort de Landri, dernier comte de Saintonge en 866 affaiblit considérablement l'importance politique de Saintes. Les édifices de la ville apparaissent comme vétustes au XIe siècle, la cathédrale n'échappant pas à un incendie à cette époque.
Aux XIIIe et XIVe siècles, le territoire diocésain est l'objet d'épreuves. Il est en effet longtemps divisé entre la France et l'Angleterre pendant la guerre de Cent Ans, et affecté par les désastres de la peste noire. Cette situation a eu pour conséquences la fortification et ou la destruction de certains édifices religieux, un déclin démographique, puis l'émigration de populations poitevines et angevines, faisant disparaître la langue occitane au profit du saintongeais moderne. En effet, à la veille du traité de Brétigny les abbayes, prieurés, couvent ou églises étaient appauvris ou ruinés[3].
Au début du XVe siècle, la cathédrale était en ruine, à tel point qu'un homme mourut après la chute des voûtes. Guy de Rochechouart entreprit ensuite la reconstruction du bâtiment, qui devait encore être achevée en 1472, lorsque Louis XI se rendit à Saintes.
Les guerres de Religion : une volonté politique de contrôler une région marquée par une vitalité du protestantisme
À partir de 1534, La Rochelle et l’Aunis devinrent un centre du calvinisme, la population s'étant convertie en masse. En 1573, la ville résiste avec succès contre le duc d'Anjou, frère de Charles IX de France, et demeure la principale forteresse des Huguenots en France.
Entre 1562 et 1598, l’Aunis et la Saintonge sont déchirées par huit guerres de Religion successives. Les églises et les abbayes sont détruites : par exemple, en 1568 la cathédrale de Saintes fut mutilée et pillée par les Huguenots avant de s'effondrer. La reconstruction a lieu dès 1585, mais l'édifice n'est élevé qu'aux deux tiers de sa hauteur initiale. De même à Saint-Jean-d'Angély, l'abbatiale gothique est détruite par les huguenots en 1568, la ville étant devenue une place forte protestante. Dans la région, les terres sont dévastées, et les pillards foisonnent dans les campagnes. De terribles épidémies déciment la population.
De même plus au nord, le diocèse de Maillezais est ruiné par les guerres de Religion. De plus, il n'a pas de cohérence géographique : le siège épiscopal a peu de rayonnement sur le diocèse. Il est donc envisagé de le déplacer. Aux hypothèses de Niort et de Fontenay-le-Comte dans les années 1620 suit celle de La Rochelle appuyée par la volonté royale d'en faire une bonne ville catholique[4].
En effet, après une proclamation d'indépendance en mai 1621, et en 1627, l'alliance de La Rochelle avec les Anglais, Louis XIII et à Richelieu ont eu la preuve que l'indépendance politique des protestants constituerait une menace pour la France. Le siège de la Rochelle ( - ), au cours duquel la population est réduite de 18 000 à 5 000 habitants, s'achève sur une capitulation mettant fin aux revendications politiques de la minorité calviniste.
À Saintes, le prieuré de Saint Eutrope et l'Abbaye aux dames fondés au XIe siècle sont définitivement fermés respectivement en 1789 et 1792. Ils s'inscrivent dans un contexte de réquisition des biens du clergé, qui sont souvent vendus comme biens nationaux.
Sanctionnée par le roi Louis XVI le , la Constitution civile du clergé est condamnée par le pape Pie VI. Les évêques Pierre-Louis de La Rochefoucauld (Saintes) et Jean-Charles de Coucy (La Rochelle) ont refusé de prêter serment, comme l'exigeait la loi.
L'arrestation de l'évêque de Saintes, Pierre-Louis de La Rochefoucauld, puis son exécution lors du massacre de la prison des Carmes en 1792, conduisent à la mise en place d'un évêque constitutionnel de 1791 à 1797. Les électeurs de Charente-Inférieure se sont réunis le et ont élu le père Isaac-Étienne Robinet, curé de Saint-Savinien-du-Port en tant qu'évêque constitutionnel. Il a fait son entrée officielle à Saintes le et a pris possession de la cathédrale le . Il a suscité les sentiments anticléricaux de la population contre les non-jurés, mais elle s'est retournée contre tout le clergé, y compris Robinet. Il démissionne le et s'installe avec son frère à Torxé, où il meurt le [5]. S'ensuit une période de vacance du siège épiscopal jusqu'en 1801.
Près de Rochefort, des prêtres qui avait refusé de ratifier la Constitution civile du clergé furent internés à partir d'avril 1794 sur trois prisons flottantes (les Deux-Associés, le Washington et le Bonhomme Ricard) dites « Pontons de Rochefort », en vue d'être déportés vers les bagnes de Guyane. La plupart des prêtres moururent du typhus et subirent des conditions de détention sévères. Ils ont été enterrés sur les îles d'Aix et Madame. Le 1er octobre1995, le pape Jean-Paul II béatifie soixante-quatre de ces prêtres et religieux dont Jean-Baptiste Souzy. L'Église catholique considère ces prêtres comme martyrs et le diocèse organise un pèlerinage annuel en leur mémoire[6].
Par la bulle Qui Christi Domini du , le pape Pie VII supprime les sièges épiscopaux de Luçon et de Saintes mais maintient celui de La Rochelle dont le diocèse couvre les départements de la Charente-Inférieure et de la Vendée. Cette situation est effective jusqu'au , où Pie VII par la bulle Paternæ caritatis rétablit le siège épiscopal de Luçon, réduisant ainsi le diocèse de La Rochelle à la seule Charente-Inférieure.
Une nouvelle dimension, de nouveaux enjeux
En 1843, des travaux de restauration dans la crypte de la basilique Saint-Eutrope de Saintes permettent la découverte d'un cénotaphe monolithe comportant l'inscription « EVTROPIVS ». L'analyse des ossements qu'il contient par les médecins Bouyer et Briault en présence de l'évêque de La Rochelle, Clément Villecourt, correspond aux écrits anciens : il s'agit des ossements attribués aux VIe et XIe siècles à Eutrope, fondateur du diocèse de Saintes[7]. La nouvelle de cette découverte attise la curiosité et fait grand bruit dans les médias de l'époque, replongeant le diocèse face à ses origines.
Par un bref apostolique du [8], le pape Pie IX autorise l'évêque Villecourt et ses successeurs à joindre à leur titre d'évêque de La Rochelle, celui d'évêque de Saintes. Clément Villecourt est à l'origine d'un renouveau catholique dans le diocèse : les paroisses sont multipliées et les établissements ecclésiastiques (institution diocésaine Notre-Dame de Recouvrance de Pons et petit séminaire de Montlieu-la-Garde) sont consolidés. Ses successeurs Jean-François Landriot, Léon-Benoit-Charles Thomas, puis Pierre-Marie-Étienne Ardin ont continué dans cette logique (restaurations, constructions, mais aussi via les discours et célébrations).
Au tournant du XXe siècle, le diocèse doit faire face à des difficultés : Edwin Bonnefoy et son successeur Jean-Auguste Eyssautier, dans le contexte de la séparation de l'Église et de l'État, voient l'institution diocésaine de Notre-Dame-de-Recouvrance faire face à des difficultés financières, et le petit séminaire de Montlieu menacé de fermeture devient un hospice de vieillards en 1906.
Le XIXe et le début du XXe siècle sont une période d'épanouissement des missionnaires, notamment :
Dans un contexte national de baisse de la pratique religieuse, le diocèse voit le nombre de prêtres et des paroisses diminuer[10]. D'une paroisse par clocher, celles-ci s'élargissent à la fin du XXe siècle à l'échelle des cantons. Afin de permettre un service religieux aux fidèles, le nombre de diacres augmente au tournant du XXIe siècle, tandis que celui des prêtres diocésains passe en dessous des 200 en 1990, et 100 en 2013. Le nombre de séminaristes pour le diocèse atteint le chiffre critique d'un seul en 2016[11]. Cependant, le diocèse fait preuve d'innovation, s'appuyant sur les laïcs, mais aussi de dialogue avec les communautés protestante et musulmane locales.
Le territoire du diocèse de La Rochelle correspond aux territoires du département de la Charente-Maritime et de la collectivité d'outre-mer de Saint-Pierre-et-Miquelon depuis le , soit une superficie de 7 106 km2. Cette configuration en fait un diocèse géographiquement éclaté sur deux continents, 4 137 kilomètres et un océan séparant La Rochelle de Saint-Pierre.
La cathédrale Saint-Louis de La Rochelle est l'église cathédrale du diocèse. Elle a succédé à la cathédrale Saint-Barthélémy-du-Grand-Temple de La Rochelle, détruite par un incendie en 1687.
Elles présentent une grande diversité architecturale, en raison de styles et de périodes de construction différentes. Dans le diocèse, de nombreux édifices témoignent de l'épanouissement, aux XIe et XIIe siècles de l'art roman saintongeais, un des grands courants artistiques français de l'art roman. Aussi, de façon plus discrète se distinguent des édifices d'art gothique, et encore plus d'art baroque ou néoclassique. Au XIXe siècle, quelques églises sont élevées de manière assez académique afin de remplacer des églises jugées vétustes. À Saint-Pierre-et-Miquelon voient le jour des édifices utilisant le bois comme matériau principal. Enfin au XXe siècle, des églises sont construites en utilisant de nouveaux matériaux et s'affranchissant des canons traditionnels.
L'église Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde.
L'église Saint-Martin de Coux.
L'église fortifiée Saint-Martin d'Esnandes.
L'église Saint-Louis de Rochefort.
L'église Notre-Dame-des-Marins de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Église Notre-Dame de Royan.
L'église Saint-Martin de Saint-Martin-de-Ré.
L'église Saint-Etienne d'Ars en Ré.
L'église Sainte-Catherine de Loix.
L'église Saint-Pierre-de-la-Tour d'Aulnay.
L'église de Corme-Royal.
L'église Notre-Dame de Courçon.
L'église Saint-Vivien d'Écoyeux.
L'église de Fontaine-d'Ozillac.
L'église de Lonzac.
L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Brouage.
L'église Saint-Cybard de Périgny.
L'église Saint-Vivien de Pons.
L'église Saint-Saturnin de Port-d'Envaux.
L'église Saint-Sauveur de La Rochelle.
L'église Saint-Fortunat de Saint-Fort-sur-Gironde.
L'église Notre-Dame de Surgères.
L'église Saint-Pierre de Marennes.
Abbayes et communautés
Abbayes historiques
Avant la création du diocèse de La Rochelle, beaucoup d'abbayes se situaient dans le diocèse de Saintes[14]. Certaines se situent aujourd'hui dans le diocèse voisin d'Angoulême. Ces abbayes, prieurés ou monastères dépendaient de différents ordres, tels les Bénédictins (surtout en Saintonge), les Augustiniens, les Cisterciens (surtout en Aunis) et les Dominicains.
L'évêché est le bâtiment utilisé comme résidence par l'évêque. La Rochelle étant devenue en 1648 siège épiscopal, et celui de Saintes ayant été supprimé définitivement en 1801, c'est dans cette ville portuaire que se situe encore aujourd'hui l'évêché. Il a longtemps accueilli les services administratifs du diocèse (dits « la Curie »), avant que ceux-ci ne soient transférés à la maison diocésaine de Saintes (ancien petit séminaire) en octobre 2019[17]. Cette dernière est alors dénommée Robert Jacquinot en hommage au missionnaire.
Le diocèse de La Rochelle a pour structure juridique l'association diocésaine, dont le siège se situe à l'évêché.
Considérant que ses successeurs ne porteraient plus d'armes personnelles, François Favreau décide en de créer un blason épiscopal qui serait porté par tous ses successeurs[19]. Celui-ci reprend les armoiries de la Saintonge et de l'Aunis, mais aussi la couronne d'épines, symbolisant Saint Louis, et une clef, symbolisant Saint Pierre, en référence aux cathédrales du diocèse.
↑Fabrice Vigier, « De Maillezais à La Rochelle : le transfert du siège épiscopal au XVIIe siècle », dans L'abbaye de Maillezais : Des moines du marais aux soldats huguenots, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-2305-0, lire en ligne), p. 417-443.
↑F. Boulard, Essor ou déclin du clergé français, Les éd. du Cerf, , tableau p. 30.
↑Claire Lesegretain, « Le bonheur tranquille des chrétiens de Charente-Maritime », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
↑« Démission de Mgr Pierre Gaschy, vicaire apostolique de Saint-Pierre et Miquelon et rattachement du territoire au diocèse de La Rochelle - Église catholique en France », Église catholique en France, (lire en ligne, consulté le ).