La bataille de Memel ou le siège de Memel (allemand : Erste Kurlandschlacht) est une offensive des forces de l'Union soviétique menée en , sur le Front de l'Est pendant la Seconde Guerre mondiale. La bataille débute lorsque l'Armée rouge lance son « opération offensive Memel » (russe : Мемельская наступательная операция), celle-ci conduit à l'encerclement des forces allemandes restantes dans la région, à savoir la Lituanie et la Lettonie, dans une petite tête de pont à Klaipėda (Memel) et son port, menant à un siège de trois mois jusqu'à leur évacuation le .
Le général soviétique Bagramian avait prévu de lancer son attaque principale dans un secteur de 19 km à l’ouest de Šiauliai. Il y concentra jusqu'à la moitié de ses effectifs dans cette zone, utilisant des techniques de diversions pour éviter toute accumulation correspondante des forces allemandes, et tentant ainsi de convaincre le commandement allemand que l'axe principal de l'attaque serait dirigé vers Riga[1].
Le , Bagramian lance une l'offensive contre la 3. Panzerarmee de Raus sur un front de soixante kilomètres, concentrant ainsi sa force de percée sur la relativement faible 551e Volksgrenadier Division[2]. Ce dernier s’effondre le premier jour et une tête de pont de 16 km est consolidée. Bagramian engage ensuite la 5e armée blindée de la Garde de Volsky dans la brèche, visant la côte au nord de Memel. Le , les positions de la 3e armée blindée allemande sont éventrées tendis que la 43e armée de Beloborodov pénètre plus au sud. En deux jours, il atteint la côte au sud de Memel, tandis que Volsky encercle la ville par le nord. Au sud, le flanc nord du 3e front biélorusse de Chernyakhovsky avance sur Tilsit. La 5e armée blindée envahit le quartier général de la 3e armée de Panzer, Raus et son état-major devant se frayer un chemin jusqu'à Memel[3].
Le , le commandant du groupe d'armées voisin, Ferdinand Schoerner, avait annoncé qu'il lancerait une attaque pour libérer Memel si les troupes pouvaient être libérées en évacuant Riga. Une décision à ce sujet a été retardée, mais la Kriegsmarine a réussi à retirer une grande partie de la garnison et de certains civils du port entre-temps[4]. Le XXVIIIe Corps allemand de Gollnick parvient à avoir une ligne de défense autour de la ville elle-même.
Le succès de l'offensive dans le secteur nord incite le commandement soviétique à autoriser le 3e front biélorusse à tenter une percée dans la région principale de la province de Prusse-Orientale. Cette opération, l'opération Gumbinnen, se heurte à une résistance extrêmement forte de la part des Allemands, ce qui provoque son interruption quelques jours après avoir été lancée.
Le siège
L’arrêt de l’opération Gumbinnen signifie que les forces soviétiques (principalement de la 43e armée) imposent un blocus terrestre aux troupes allemandes s’étant retirées à Memel. La force allemande, composée en grande partie d'éléments des divisions de Großdeutschland de la 58e division d'infanterie et de la 7e division de Panzer, est aidée par des défenses tactiques fortement renforcées, des tirs d'artillerie de navires (notamment les Lützow et Prinz Eugen) dans la Baltique et une connexion tenue avec le reste de la Prusse-Orientale sur l'isthme de Courlande. Une opération de dégagement est prévue, l’opération Geier, puis abandonnée.
Le blocus et la défense sont maintenus jusqu'en novembre, décembre et une grande partie de janvier, période au cours de laquelle les civils qui s'étaient enfuis dans la ville et les blessés de l'armée ont été évacués par voie maritime. Lors du blocus, la Großdeutschland et la 7e division de Panzer s'étaient retirées après avoir subi de lourdes pertes, et ont été remplacées par la 95e division d'infanterie, arrivée par voie maritime.
La ville est finalement abandonnée le . Le succès de l'offensive soviétique de la Prusse orientale au sud complique la position de la tête de pont et il est décidé de retirer le XXVIIIe Korps de la ville en Sambie afin de participer à la défense ; les troupes restantes des 95e et 58e divisions d'infanterie sont évacuées vers l'isthme de Courlande, où la 58e joue le rôle d'arrière-garde pour le retrait[5]. Les dernières unités allemandes organisées partent à 4 h du matin le , les unités soviétiques prenant possession du port quelques heures plus tard.
Conséquences
Memel, qui ne faisait partie de la Lituanie que de 1923 à 1939 avant d'être réincorporée à l'Allemagne, fut transféré à la RSS de Lituanie sous l'administration soviétique. En 1947, elle fut officiellement renommée sous le nom lituanien Klaipėda[6].