André Bellessort[1], né le à Laval et mort le à Paris, est un poète et essayiste français.
Biographie
Né en 1866, petit-fils d'instituteur, fils d'un professeur de collège devenu principal, il suit le parcours de son père : de 1872 à 1875 au lycée de Laval, au collège universitaire de Lannion de 1875 à 1881. De retour au lycée de Laval en 1881, il y effectue sa philosophie, puis sa seconde année de rhétorique, sous la direction d'Émile Trolliet.
Il étudie à partir de 1883 au lycée Henri-IV, où il se fait remarquer par son esprit d'indépendance[réf. nécessaire]. Après avoir échoué à deux reprises au concours d'entrée à l'École normale supérieure (1885 et 1886), il passe l'agrégation des lettres, à laquelle il est reçu 12e en 1889.
Classé au rang des « éveilleurs » par Jean-François Sirinelli dans son livre sur les khâgnes de l'entre-deux-guerres, il était connu pour son excentricité dans la tenue de ses cours. Les témoignages recueillis, de tonalité généralement positive (« le professeur dont nous n'oublierons jamais le nom est André Bellesort, [...] il nous subjuguait [...] »), sont parfois plus contrastés (un ancien élève lui reproche ses « tirades réactionnaires » et un « antisémitisme odieux »)[2]. Pour corriger des copies : d’un volumineux paquet il en extrayait une, qu’il lisait et décortiquait en classe ; les autres n’avaient qu’à en induire une critique de leur propre prose. Il préparait aussi ses traductions pour la collection « Budé » en classe, en utilisant les suggestions des meilleurs latinistes placés sous sa férule, et en comparant les traductions de ses prédécesseurs[3].
Il est évoqué dans Notre avant-guerre de Robert Brasillach, dont il fut le professeur à Louis-le-Grand dans les années 1920 : « Nous arrivions pour la plupart, persuadés qu'Edmond Rostand était un grand poète et Henry Bataille un grand dramaturge. Nous étions des provinciaux attardés. On se tromperait beaucoup en croyant que 1925 était exclusivement adonné au culte des grands hommes de la NRF, et il est sûr en tout cas que la province les ignorait. D'un geste, André Bellessort balayait ces poussières… Sans jamais en avoir l'air, il nous a appris beaucoup de choses[4]. »
Journaliste et écrivain
Sa vocation d'écrivain s'affirme en classe de rhétorique supérieure au lycée Henri-IV. Il entame alors une carrière de journaliste. Il publie aussi des romans et des poèmes de forme classique, refusant le vers libre.
Il alterne entre écriture de poèmes, essais littéraires, et récits de voyages et d'exploration. Il fut un voyageur, journaliste, professeur, critique littéraire et dramatique, notamment au Journal des débats.
Politiquement monarchiste[6], il est assez proche de l'Action française : il donne fréquemment des conférences à son Institut et figure aux banquets du Cercle Fustel de Coulanges ; il préside celui de 1936 ainsi que, la même année, une réunion du cercle en hommage à Maurras, alors emprisonné. Il est présenté comme « maurrassien et antisémite »[7].
Dans les années 1920, alors qu'il écrit pour la revue belge ou le journal Le Gaulois, il soutient diverses idées racistes, antisémites, sexistes ou homophobes[8]. En 1939 et 1940, il est invité de l'École française de Rome pour tenter un rapprochement avec le régime fasciste de Mussolini[9].
↑Son nom est parfois orthographié, par erreur, « Bellesort », par exemple dans le volume Œuvres romanesques de Selma Lagerlöf, Actes Sud, 2014, collection Thesaurus (sur la couverture comme dans les pages intérieures), où est reprise sa traduction de La Légende de Gösta Berling, initialement parue en 1926.
↑Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle : Khâgneux et Normaliens dans l'entre-deux-guerres, éditions Fayard, 1988, p. 75.
↑Stéphane Israël, Les Études et la guerre : Les Normaliens dans la tourmente (1939-1945), Éditions ENS/Rue d'Ulm/Presses de l'École normale supérieure, 2005, p. 55.