L'amisulpride (vendu sous les marques Solian, Deniban ou Amitrex) est un neuroleptique atypique. Il possède, en outre, des « propriétés antidépressives »[2] lorsqu'il est employé à faible dose (50mg par jour).
En France, il n'est pas répertorié dans la classe des antidépresseurs mais il l'est en Italie[3].
Histoire
Initialement employé comme antipsychotique atypique dans la schizophrénie et les épisodes de manie dans le trouble bipolaire, il s'est révélé posséder de « puissantes propriétés antidépressives »[2] et constituer un traitement contre la dépression, la dysthymie et l'anxiété mais uniquement lorsqu'il est employé à faible dose (50mg par jour[4] contre 400mg par jour en moyenne dans le traitement des psychoses).
Mécanisme d'action
Aux posologies habituelles, il bloque les récepteurs de la dopamine D2 et D3 et fut donc au départ principalement utilisé pour traiter les psychoses.
À l'inverse, à faible posologie, il bloque les récepteurs D2 présynaptiques de la dopamine[5],[6] et augmente ainsi la quantité de dopamine disponible dans le cerveau. Cette faculté le fait utiliser comme antidépresseur[4].
comprimés et comprimés sécables dosés à 50, 100, 200, 400mg, solution pour suspension buvable dosée à 100mg·ml-1, solution injectable dosée à 200mg/4ml
Dans au moins six études cliniques, l'amisulpride à faible dose (50mg par jour) a montré une efficacité égale ou supérieure à d'autres antidépresseurs dans la réduction des symptômes de la dépression, de la dysthymie et de l'anxiété. Ces études ont ainsi montré :
une meilleure efficacité par rapport à l'imipramine[8] (antidépresseur de référence, chef de file des tricycliques, commercialisé en France sous le nom de Tofranil)
une efficacité supérieure [9]et plus rapide[10] que celle de la sertraline (Zoloft)
l'amitriptyline (Laroxyl) mais avec beaucoup moins d'effets secondaires[11],
l'amineptine[4] (Survector, retiré du marché français en ) et avec moins d'effets secondaires également.
En outre, l'amisulpride a montré une plus grande efficacité dans la diminution de l'anxiété que la fluoxétine (résultats mesurés avec la HAM-A : amisulpride à 50 mg/jour : 63 % de répondants ; fluoxétine à 20 mg/jour : 54 % de répondants [12]).
Mises sur le marché
Il a été introduit en France par Sanofi-Aventis dans les années 1990.
Cependant, dans le cadre d'une utilisation à faibles doses comme antidépresseur, il ne semble pas exister actuellement d'étude portant sur les effets secondaires de l'amisulpride.
Dans le cadre d'un traitement adjuvant à un antidépresseur, on peut juste indiquer qu'avec d'autres neuroleptiques de seconde génération certains effets secondaires apparaissent plus fréquemment qu'avec l'utilisation d'un antidépresseur seul[13],[14].
Chez des patients âgés atteints de démence et sous traitement antipsychotique atypique, le risque d'accident vasculaire cérébral est supérieur au placebo[15].
Développement comme antiémétique
En 2010, l'amisulpride fait l'objet d'études cliniques pour évaluer son effet dans la prévention des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie anticancéreuse[16] ou par la chirurgie. Cette étude est menée par le laboratoire pharmaceutique britannique Acacia Pharma, avec une forme injectable de l'amisulpride dosée à moins de 50mg[17] développée sous le nom de code APD421[18].
↑(en) Rajnish Raj et Balwant Singh Sidhu, « Hyperprolactinaemia with amisulpride », Indian Journal of Psychiatry, vol. 50, no 1, , p. 54 (PMID19771309, DOI10.4103/0019-5545.39761, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Smeraldi E, « Amisulpride versus fluoxetine in patients with dysthymia or major depression in partial remission: a double-blind, comparative study », J Affect Disord, vol. 48, no 1, , p. 47–56 (PMID9495601, DOI10.1016/S0165-0327(97)00139-0)
↑(en) K Komossa, AM Depping, A Gaudchau, W Kissling et S Leucht, « Second-generation antipsychotics for major depressive disorder and dysthymia », Cochrane database of systematic reviews (Online), no 12, , p. CD008121 (PMID21154393)
↑GI Spielmans, MI Berman, E Linardatos, NZ Rosenlicht, A Perry et AC Tsai, « Adjunctive atypical antipsychotic treatment for major depressive disorder: a meta-analysis of depression, quality of life, and safety outcomes. », Cochrane database of systematic reviews (Online), no 3, 2013 mar 12, p. CD008121 (PMID23554581)
↑(en) Herrmann N, Lanctôt KL, « Do atypical antipsychotics cause stroke? », CNS Drugs, vol. 19, no 2, , p. 91-103. (PMID15697324)modifier