17 février : début de l'Opération Mani Pulite (Mains propres). Deux magistrats milanais, Antonio Di Pietro et Gherardo Colombo, au cours d’une enquête sur une affaire de corruption dans les marchés publics, débusque un membre du PSI, Mario Chiesa alors qu’il recevait un pot-de-vin d’un entrepreneur[3]. Chiesa reconnaît que ces pratiques sont répandues dans tous les partis politiques. Les sommes détournées sont énormes et l’enquête des juges milanais, relayée par la presse, provoque un véritable raz-de-marée judiciaire et décapite la classe politique. Le , 1 116 informations judiciaires visant 2 500 personnes sont en cours. 152 parlementaires sont impliqués, et 1 356 arrestations effectuées. Le système de corruption et de pots-de-vin ainsi découvert est baptisé Tangentopoli (de tangente, « pot-de-vin », et de poli, « ville » en grec)[6].
5-6 avril : dernières élections législatives régies par la loi électorale proportionnelle adoptée par la République à la chute du fascisme. Ce système avait permis le dualisme DC-PCI sans possibilités d’alternance. La DC dominait la vie politique depuis 1948. Le résultat des élections est un véritable tremblement de terre politique (terremoto). La DC passe en dessous de 30 % pour la première fois et le PDS (PCI depuis 1991) n’obtient que 16,5 % des voix tandis que son aile gauche, Rifondazione Comunista, obtient 5,8 %. Le PSI régresse (13,9 %) comme le MSI (5,5 %). La Ligue du Nord (Lega Nord), créée récemment par Umberto Bossi avec un programme populiste et fédéraliste, obtient 8,7 %[3],[7]. Ce bouleversement donne naissance à une démocratie de l’alternance fondée sur des coalitions.
28 juin : le socialiste Giuliano Amato, proche de Craxi, forme un gouvernement de coalition entre la Démocratie Chrétienne et le Parti Socialiste Italien[3] alors que la situation politique est particulièrement difficile : la lire a été dévaluée de 30 % devant l'aggravation de la situation économique du pays, la dette publique est énorme et représente une fois et demi la richesse nationale, l’opération Manu Pulite décapite la classe politique. Mais en dépit de ces difficultés, le gouvernement Amato réussit le 17 septembre à imposer une économie de 93 000 milliards de lires (46 milliards d’euros) dans les dépenses publiques, un programme de privatisation des grandes entreprises à participation étatique et parvient à un accord avec les syndicats sur la modération salariale[10].
21 juillet : à la suite des assassinats de Palerme, la population manifeste son indignation[11] et les dirigeants italiens, contraints d’agir, mettent la Sicile en état de siège.
13 septembre : dévaluation de la lire de 3,5 % tandis que les autres monnaies du SME sont réévaluées de 3,5 % ; le 17 septembre, la lire quitte provisoirement le SME[13].
23 octobre : le parlement approuve la loi de délégation législative. Le gouvernement se voit confier des pouvoirs spéciaux pour en vue de réduire les dépenses publiques dans quatre grands domaines de l'État : la santé, pensions, l'emploi public et les transferts aux collectivités locales[14].
16 novembre : un repenti, Tommaso Buscetta, témoigne devant la Commission parlementaire antimafia. Il met en évidence les liens entre la Mafia et le pouvoir politique, affirmant que Salvo Lima, député européen et ancien maire DC de Palerme, assassiné le 12 mars, était l’intermédiaire entre la Mafia et Giulio Andreotti[15].
23 décembre : des liens entre la Mafia et des responsables de la lutte antimafia sont dénoncés. Bruno Contrada, chef de la section sicilienne de Criminalpol, est arrêté le lendemain[16].
Économie
12 % des actifs travaillent dans le secteur primaire, 32 % dans le secondaire, 56 % dans le tertiaire. Selon le ministère du travail, 1,5 million de travailleurs ne sont pas déclarés. Un million de travailleurs exercent une double activité. 11 % de chômeurs[17].
Les dépenses publiques atteignent 55 % du PIB, les paiements d'intérêt 10,3 %, le déficit 10,2 % de la richesse nationale. La dette atteint 105 % du PIB, en dépit des hausses d'impôts successives et des tentatives de freinages des dépenses de l'État[17].
Réforme de l’emploi dans la fonction publique, axée sur l'assujettissement des contrats de travail des fonctionnaires à un statut privé, la mobilité de la main-d'œuvre dans le secteur public, une plus grande maîtrise des hausses des salaires conventionnels et une corrélation plus étroite entre l'évolution des salaires et celle de la productivité.
Réforme Amato du secteur public italien. D'importantes réformes structurelles sont mises en œuvre pour la restructuration et la modernisation de l’industrie et des services. Les entreprises publiques non rentables ou n’exerçant pas de missions de service public sont privatisées. Les sociétés de services (banques, assurances, hôtellerie, restauration, alimentation...) seront à terme totalement cédées au secteur privé. Celles restant contrôlées par l'État sont transformées en sociétés anonymes. Les règles de concurrence et de fonctionnement des entreprises publiques sont rapprochées de celles du secteur privé. Ces mesures devraient réduire à terme le poids étatique dans économie de 20 à 8 % du PIB.
↑M. Pizzigallo, Il ponte sul Mediterraneo. Le relazioni fra l'Italia e i paesi arabi rivieraschi (1989-2009), Editrice Apes, (ISBN9788872330661, présentation en ligne)
↑Mafia, justice et politique en Italie. L'affaire Andreotti dans la crise de la République (1992-2004), Kharthala, (ISBN9782811141349, présentation en ligne)