Érard de La Marck est déjà, entre autres, chanoine de Tours et prieur commendataire de Saint-Michel près de Chalon-sur-Saône lors du décès de Jean de Hornes le qui lui offre la perspective de l'épiscopat liégeois[1].
Sur le plan de la politique extérieure, après avoir d'abord recherché les bonnes grâces du roi de France, il s'allie avec l'empereur germanique Maximilien Ier du Saint-Empire. Il réussit à garantir la paix dans la principauté durant tout son règne.
En 1508, il recrute en qualité de secrétaire particulier le jeune Jérôme Aléandre, qui devait plus tard, comme nonce apostolique, s'illustrer dans la persécution des premiers protestants.
Le , Érard de La Marck reçoit les droits régaliens de l'empereur Maximilien Ier, qui confirme les privilèges de la principauté octroyés par ses prédécesseurs.
Il participe à la Diète de Worms qui, en 1521, met Luther — qu'il compare au diable en personne — au ban de l’Empire. Son rôle dans les premières manifestations de la Contre-Réforme est évident. Érard souhaite mettre de l'ordre dans les affaires de son diocèse, mais ses initiatives sont souvent ruinées par son partenaire le plus puissant, le chapitre cathédral (soixante chanoines, dotés du redoutable privilège d'exemption, formant un foyer de résistance opposé à toute idée de changement), et par le clergé secondaire (exempt lui aussi).
L'évêque s'engage très tôt dans la répression de l'hérésie protestante. Il est très dur avec les hérétiques (1528 – première exécution), et se montre implacable avec les Rivageois affamés venus se plaindre devant son palais () : il fait torturer et décapiter les meneurs et demande des excuses à genoux aux autres participants.
Il est avide de pouvoir et ne supporte pas que l'on mette son autorité en doute.
Il ne faut pas voir là la pauvreté de Liège, mais il faut davantage analyser la situation politique et économique dans laquelle la principauté se situe. Le marché est instable, au cœur d'une Europe déchirée entre plusieurs partis. Le prix du grain augmente : le prince-évêque interdit toute exportation afin d'éviter la pénurie : les dons faits aux Rivageois sont loin d'être suffisants. Ensuite, la peste fait des ravages dans les campagnes (1513). La Meuse, célèbre aussi pour sa pollution millénaire, était probablement un facteur lourd de conséquences pour les Rivageois.
Son règne est considéré comme le plus fastueux de l'histoire du pays de Liège. On lui doit notamment la reconstruction du palais des princes-évêques, ruiné par les guerres du siècle précédent (notamment par le sac de Liège par Charles le Téméraire qui détruit tout, excepté les édifices religieux) et la restauration de nombreux monuments, dont la collégiale Saint-Martin (par Paul de Ryckel). Il confia la tâche de redresser l'architecture liégeoise à son architecte favori, Arnold van Mulken et offrit à Lambert Lombard, jeune peintre liégeois fasciné par la Renaissance, un voyage en Italie pour s'inspirer des artistes italiens et rapporter ses connaissances à la principauté. Il devait aussi rapporter une collection d'œuvres d'art à la principauté pour décorer le palais, mais à la mort d'Érard, toutes les œuvres furent revendues aux Médicis.
Le , Érard, avec l'appui du nouvel empereur Charles Quint qu'il a soutenu contre François Ier pendant la campagne pour l'élection impériale, est promu cardinal mais « sa nomination restera secrète quelque temps par égard pour la France » qui considère Érard comme son « mortel ennemi ».
↑Léon-Ernest Halkin, Réforme protestante et réforme catholique au diocèse de Liège. Le cardinal de la Marck, prince-évêque de Liège (1505-1538), Liège, Vaillant-Carmanne, , 313 p..
Théodose Bouillé, Histoire de la Ville et Pays de Liège, t. 2, Liège, Guillaume Barnabé, (lire en ligne), p. 277-336.
Eugène Buchin, Le règne d'Érard de La Marck, Liège, H. Vaillant-Carmanne, (lire en ligne), p. 99-112.
Suzanne Collon-Gevaert, Érard de La Marck et le palais des princes-évêques de Liège, Liège, Vaillant-Carmanne, , 157 p.
Joseph Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège pendant le XVIe siècle, Liège, Louis Demarteau, , 698 p. (lire en ligne), « La principauté et le diocèse sous Érard de La Marck », p. 1-122.
Étienne de Gerlache, Histoire de Liège depuis César jusqu'à Maximilien de Bavière, Bruxelles, Édition M. Hayez,
Léon-Ernest Halkin, Réforme protestante et réforme catholique au diocèse de Liège. Le cardinal de la Marck, prince-évêque de Liège (1505-1538), Liège, H. Vaillant-Carmanne, , 313 p. (Prix Thérouanne de l'Académie française en 1931)
Léon-Ernest Halkin, Les conflits de juridiction entre Erard de La Marck et le chapitre cathédral de Chartres., Liège et Paris, Droz, coll. « Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège » (no LII), , 144 p. (présentation en ligne)
Ferdinand Henaux, Histoire du pays de Liège, t. II, Liège, Imprimerie J. Desoer, , 3e éd.