Les élections européennes de 2014 ont eu lieu entre le 22 et le 25 mai selon les pays, et le dimanche 25 mai 2014 en Allemagne. Ces élections étaient les premières depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui a renforcé les pouvoirs du Parlement européen et modifié la répartition des sièges entre les différents États-membres. Ainsi, les Allemands n'ont pas élu 99 députés européens comme en 2009, mais seulement 96.
Contexte
Depuis les dernières élections, quelques changements ont eu lieu dans le paysage politique allemand. Ainsi, bien qu'Angela Merkel et son parti dominent toujours la scène politique, son allié au gouvernement entre 2009 et 2013, le FDP, a connu une série d'importants revers, le laissant même sous le seuil des 5 % des voix et sans député au Bundestag lors des élections fédérales de 2013. Néanmoins, l'abaissement du seuil nécessaire pour obtenir des députés européens de 5 à 3 % des voix, semble représenter une possibilité pour le FDP de conserver une représentation, certes plus modeste, au Parlement européen.
La CDU/CSU, bien que toujours majoritaire mais privée de son allié, a donc formé une nouvelle grande coalition avec le SPD.
Enfin, les dernières élections fédérales ont également été marquées par l'apparition d'un nouveau parti, original en Allemagne car fortement eurosceptique. L'Alternative pour l'Allemagne a en effet frôlé les 5 % des voix nécessaires pour entrer au Bundestag, et semble en mesure de faire son entrée au Parlement européen[1].
Lors de ces élections, peut voter tout citoyen européen résidant en Allemagne et ayant 18 ans ou plus, le jour de l'élection. Les citoyens allemands vivant dans d'autres pays de l'Union européenne, tout comme les ressortissants de pays-membres vivant en Allemagne, doivent décider s'ils votent dans leur pays d'origine ou dans leur pays de résidence.
Campagne
Partis et candidats
Pour présenter des listes lors de ces élections, les partis et organisations politiques doivent rassembler les signatures de 4 000 électeurs. Cela ne concerne néanmoins pas les partis représentés au Bundestag et dans les Landtagen, ou ceux ayant eu au moins cinq députés au Parlement européen lors de la dernière législature. Le tableau ci-dessous présente les 25 partis ayant remplis les conditions pour se présenter aux élections[3],[4].
Die Linke a connu, au début de l'année 2014, de houleux débats lors de l'adoption de sa ligne politique en vue des élections européennes. En effet, l'aile gauche, dirigée par Sahra Wagenknecht, également vice-présidente du mouvement, a fait pression pour inclure dans le manifeste du parti un message décrivant l'Union européenne comme un « pouvoir néolibéral, militariste et en grande partie antidémocratique », donnant dès lors une image d'organisation eurosceptique au parti, et provocant les critiques de dirigeants influents, tels que Gregor Gysi, Oskar Lafontaine ou encore Petra Pau[7].
La décision de la Cour constitutionnelle de supprimer le seuil électoral pour cause d'inconstitutionnalité, permet de garantir la présence des libéraux du FDP dans la prochaine délégation allemande au Parlement européen, ainsi que celle du Parti pirate, des Électeurs libres et vraisemblablement des néo-nazis du NPD[2].
Avec une participation de 48,1 %, les Allemands se sont davantage rendus aux urnes qu'en 2009 (43,3 %), mais également qu'en 2004 (43,0 %) et en 1999 (45,2 %).
Contrairement à de nombreux pays-membres, l'Allemagne est marquée dans ces élections par une grande stabilité et par un vote majoritairement favorable aux partis pro-européens. L'Union d'Angela Merkel s'est maintenu largement en tête, bien que perdant des voix et des sièges par rapport à 2009, du fait du score plus faible de la CSU en Bavière, qui a réalisé une campagne très critique vis-à-vis de l'Europe. Les sociaux-démocrates sont en forte progression par rapport à 2009, et ont sûrement bénéficié de la candidature de leur tête de liste, Martin Schulz, à la présidence de la Commission européenne. L'Alliance 90 / Les Verts a quant à elle connu un léger recul, tout en se maintenant à la troisième place, alors que Die Linke s'est maintenue à son score de 2009.
Le FDP n'a quant à lui pas pu inversé la tendance à la baisse dans laquelle il se trouve depuis quelques années, et a même réalisé un score en dessous de celui obtenu lors des élections fédérales de 2013. Il a par ailleurs largement souffert de la concurrence de l'AfD, qui avec ses 7 % et ses sept élus, représente la principale force eurosceptique allemande.
Enfin, à la suite du changement du mode de scrutin, sept autres partis font leur entrée au Parlement européen, remportant chacun un siège. Parmi ces élus, certains ont énormément agité la presse européenne, notamment le néo-nazi Udo Voigt ainsi que le satiriste Martin Sonneborn, dont l'activité au sein de l'assemblée européenne sera sûrement largement scrutée.