Ces statistiques sont encourageantes pour les souverainistes et ils croient en la victoire du Parti québécois. Le Parti libéral du Québec est au pouvoir depuis deux mandats, soit depuis 1985, ayant remporté deux élections générales consécutives sous la direction du premier ministreRobert Bourassa. Bourassa annonce sa démission le ; le suivant, Daniel Johnson (fils) devient chef du Parti libéral, puis est assermenté premier ministre le . Johnson n'est pas très charismatique, mais tous respectent sa compétence en économie. Son père, Daniel Johnson (père), et son frère, Pierre Marc Johnson, avaient tous deux exercé les fonctions de premier ministre du Québec avant lui sous les bannières de partis différents.
Un autre parti est également dans la course lors de cette élection : l'Action démocratique du Québec. Le parti avait été officiellement fondée le par Jean Allaire et d'autres militants dissidents du Parti libéral qui avaient claqué la porte du parti après le rejet du Rapport Allaire qui réclamait le rapatriement de plusieurs champs de compétence constitutionnel. Allaire dirige le nouveau parti mais démissionne après quelques mois pour des raisons de santé. C'est Mario Dumont, ancien chef de l'aile jeunesse du Parti libéral, qui le remplace et qui mène le parti lors de la campagne électorale de 1994.
Mario Dumont incarne l'ambivalence de certains Québécois qui hésitent entre la souveraineté et le fédéralisme. Celui-ci n'a que 25 ans, mais il possède déjà une bonne expérience politique. Il adopte une plateforme populiste de conservatisme économique, prônant l'équilibre budgétaire et des réductions dans les dépenses de l'État.
Les élections de 1994 sont marqués par le choix de plusieurs journaux de ne pas donner de soutien explicite. Tant Le Soleil que La Presse font le choix de ne pas donner d'indication claire sur le parti ayant leur soutien, sachant que le dernier titre explicite son rejet du Parti québécois[6].
Contrairement aux deux élections précédentes, le Parti libéral n'obtient aucun soutien auprès des titres francophones majeurs. Parmi eux, seul Le Devoir émet un préférence (envers le Parti québécois) après avoir soutenu le Parti libéral en 1985 et 1989[3]. L'éditorial de Lise Bissonnette du lendemain émet également le souhait de voir l'Action démocratique représentée à l'Assemblée nationale[4].
Le Parti québécois de Parizeau et le Parti libéral de Johnson sont presque à égalité quant au pourcentage du vote populaire. Le Parti québécois, avec 44,75 %, devance le Parti libéral (44,40 %) par moins d'un demi-point de pourcentage. Par contre, le nombre de sièges est décisif : les péquistes remportent 77 sièges contre les 47 des libéraux, formant un gouvernement majoritaire et disposant de toute la latitude nécessaire pour déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec.
Le taux de participation lors de l'élection était de 81,6 % et 78 239 bulletins ont été rejetés. Il y avait 4 893 465 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection.
↑Gouvernement du Québec, « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
↑Louis Falardeau, « Débat : les élections n'ont pas changé d'idée », La Presse, , B4 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bLise Bissonnette, « Le Parti québécois, avec nonobstant », Le Devoir, , A6 (lire en ligne)
↑ a et bLise Bissonnette, « Le PADQ mérite une place », Le Devoir, , A6 (lire en ligne)
↑Jean-Jacques Samson, « Voter pour ou contre la souveraineté », Le Soleil, , A-10 (lire en ligne)
↑ a et bRoger D. Landry, « La responsabilité du vote de lundi », La Presse, , B2 (lire en ligne).
↑(en) « PQ victory would mean hard time », The Gazette, , B2
↑DGEQ, Rapport des résultats officiels du scrutin. Élections générales du 12 septembre 1994 et élection du 24 octobre 1994 dans la circonscription de Saint-Jean, , 947 p. (ISBN2-550-09762-9)