L'article Religion en Finlande recense l'histoire et l'actualité de la religion des 5 500 000 Finlandais.
Histoire
Préhistoire et protohistoire
Les premières installations sur le territoire finlandais remontent à 8300 av. J.-C., et l'ère préhistorique dure sur ce territoire pratiquement jusqu'au 13e siècle.
Les populations autochtones, depuis la préhistoire, au nord comme au sud, sont des Samis, peuple finno-ougrien.
La côte sud-ouest, originellement peuplée par des tribus germaniques (scandinaves), reçoit une deuxième vague migratoire de populations finno-ougriennes originaire des régions de la moyenne Volga dans l'Oural, s'installant dès les premiers siècles de l'ère chrétienne et se mélangeant aux populations germaniques formant le peuple finnois. Ces peuples, ayant effectué cette migration, sont également à l'origine du peuplement de l'Estonie voisine et de la Hongrie, d'où la parenté linguistique entre les langues finnoise, estonienne et hongroise (classées parmi les langues ouraliennes).
De ces millénaires pré-chrétiens, des croyances polythéistes, donc païennes, sont conservées dans la mythologie finnoise, dans les restes de la religion finnoise antique, entremêlée à la religion samie (encore à peine pratiquée), et à la mythologie estonienne. La mythologie nordique (scandinave) se greffe sur cet ensemble.
Un néo-paganisme contemporain cherche à revivifier et réinventer ces traditions.
Domination suédoise (XIIe – XVIIIe siècles)
Les peuples germaniques, dès l'âge du fer romain (IIe siècle), commercent avec leurs voisins ouest-européens, et éventuellement les attaquent. Puis, ils se christianisent, migrent, s'intègrent davantage : christianisme goth(en) dès la fin du IVe siècle.
Les Germains septentrionaux ou Scandinaves (de Scanie) ou Nordiques, habitués à commercer depuis très longtemps en Europe à l'époque païenne, entrent en contact avec la religion chrétienne avec les premières missions d'évangélisation dans la première moitié du VIIIe siècle, avant l'expansion viking.
Vers 822-825, la Scandinavie est déclarée terre de mission, dans la mesure où l'Occident chrétien réagit contre ce prédateur.
L'Âge des Vikings (793-1066, pour l'essentiel) se manifeste par le commerce, l'exploration, la suprématie maritime, le pillage, la colonisation. Il prend fin lorsque la Scandinavie se dote de pouvoirs monarchiques centralisateurs et que les Vikings et les Varègues se convertissent au christianisme désormais dominant.
Les Scandinaves qui acceptent la prima signatio[1] (petit baptême chrétien, profession de foi (façon kérygme), avant toute confirmation) sont autorisés à commercer.
Les Vikings sont de fait aussi des artisans de la deuxième mondialisation.
Des attaques vikings en Finlande sont connues par seulement deux inscriptions runiques en Suède, et par des passages de sagas peu fiables. Le pays est bien moins riche que les territoires chrétiens.
L'optimum climatique médiéval, ou réchauffement climatique de l'an mil, semble avoir amené une meilleure productivité agricole, une croissance démographique, et un développement du commerce, dans toute l'Europe de la mer du Nord et de la mer Baltique.
Une première évangélisation, côtière, peut avoir touché le pays dès le Xe siècle, au moins dans l'archipel des Åland, avec implantation suédoise christianisée.
Un autre élément, non scandinave à l'origine, intervient, la Hanse, au sens des réseaux de marchands de plusieurs villes du Nord de l’Allemagne, coopérant ensemble pendant le Moyen Âge pour contrôler le commerce maritime sur la mer du Nord et la mer Baltique. Cette forme d'association, comme toute guilde, s'accompagne d'équipes de mercenaires servant à protéger les intérêts des marchands.
La croissance de la ligue hanséatique a lieu dans un monde où colonisation et évangélisation vont de pair. Elle est particulièrement liée à la montée de l'ordre des chevaliers Teutoniques, au prosélytismecatholique servant de façade aux jeux de pouvoir mondiaux de l'époque (dont la puissance économique et militaire des Varègues passés à la république de Novgorod et disposant de routes commerciales intéressantes vers la mer Noire et la mer Caspienne).
L'Union des villes wendes, Wendischer Städtebund (1230) s'élargit en Association des marchands de Gotland (1240), puis en Hanse des villes (1280), et organise un espace commercial commun nord-européen, au moins jusqu'en 1500.
Jusqu'en 1809, le royaume de Suède est de Suède-Finlande, la Finlande constituant deux provinces suédoises.
Les Finlandais suédophones contemporains (300 000 environ) sont les descendants des colons d'alors.
Et le suédois est « la seconde langue nationale » du pays.
La proximité (culturelle, diplomatique, économique, militaire) du Saint-Empire romain germanique en période de Réforme protestante amène la création d'une église nationale suédoise, luthérienne, l'Église de Suède (1527).
Le roi de Suède Gustave Ier Vasa (1496-1560) l'impose dans son pays et ses dépendances, dont les provinces de Finlande.
Mikael Agricola (1510-1557), pasteur finlandais, linguiste, érudit, humaniste, théologien, est un des principaux artisans de cette conversion religieuse collective.
Il est consacré évêque d'Åbo[2] en 1554 (sans l'approbation du pape). En conséquence, il commence une réforme de l'Église finlandaise suivant la pensée luthérienne. Il traduit le Nouveau Testament (le Se Wsi Testamenti), le livre des prières, l'hymne et la messe en finnois et par le biais de ce travail fixe les règles de l'orthographe qui sont à la base de l'écriture moderne du finnois. La profondeur de ce travail est particulièrement remarquable, puisqu'il l'accomplit en seulement trois ans.
Le 17e siècle suédois est impérial, et voit localement la (seconde) christianisation des Samis en sámi.
Le 18e siècle est catastrophique : autoritarisme, grande guerre du Nord (1700-1721), famines, déplacements de populations, relative ère de liberté (en Suède), guerre de Finlande (1808-1809), et la Suède se retire de Finlande.
La population de la Finlande est estimée à 421 000 personnes en 1770, et à 863 000 en 1810.
Domination russe (19e siècle)
Dans le grand-duché de Finlande (1809-1917), relativement autonome, en union personnelle avec l'Empire russe, le catholicisme, en liturgie dominicaine (jusqu'en 1860), peut reprendre, pour une population de 3 000 catholiques déclarés en 1830.
En 1856, est créée la paroisse d'Helsinki, et sa cathédrale est terminée en 1860.
1882 voit l'expulsion de tous les prêtres allemands, et l'interdiction de tous les prêtres étrangers (jusqu'en 1912).
Le régime est suffisamment libéral pour permettre la naissance d'une revendication culturelle, d'un romantisme national, défense du finnois (par l'église, seul lieu public d'usage de la langue), revendication de "finlandicité", recherche de "finnicité", espoir de "finnicisation", mouvement fennomane .
Le pasteur luthérien, suédois-sami-finlandais, Lars Levi Læstadius (1800-1861) prêche la population sami, en sami et en finnois, et débute un mouvement piétiste, revivaliste, très apprécié en milieu lapon, et qui a beaucoup essaimé, entre autres en Amérique du Nord, le læstadianisme.
Le soulèvement de Kautokeino, ou "soulèvement sami de Guovdageaidn", parmi les éleveurs de rennes (en Norvège), en 1852, a pu y trouver une inspiration.
Indépendances (20e-21e siècles)
L'indépendance (1918) voit surtout la décroissance de la population catholique, avec le départ des familles militaires russes.
Puis le catholicisme reprend vie, se réorganise.
Religions en présence
Christianisme
Le millénaire de christianisme marque durablement la très grande majorité de la population, qui apprécie particulièrement le travail communautaire, dont les activités sociales de la diaconie.
L'orthodoxie est la plus ancienne forme de christianisme en Finlande.
Elle s'est propagée dans le sud de la Finlande et dans la population de la Carélie autour du lac Ladoga par le commerce et d'autres contacts avec l'Orient, en partie par les Varègues et la république de Novgorod (1136-1478).
La fondation de monastères dans les îles du lac Ladoga (monastère de Valaam, monastère de Konevets en 1393) a largement contribué à la propagation de la foi orthodoxe en Finlande orientale, dans la mesure où ces monastères ont été d'importants centres missionnaires.
Pendant la domination russe, à l'époque du grand-duché de Finlande (1809-1917), l'orthodoxie est associée à l'élite dirigeante du pays, même si les Finlandais ruraux, Samis et Caréliens, sont les membres les plus nombreux de l'Église orthodoxe.
L'hymnodie sait intégrer dans les offices religieux des formes musicales populaires contemporaines, comme l'heavy metal pour des "métal-messes"[4].
Autres religions
Les minorités ethniques autochtones conservent tout ou partie de leurs particularités, tout comme les minorités récentes, avec une vie religieuse communautaire, somme toute, assez semblable aux religions dominantes.
Les associations religieuses, quand elles sont déclarées et reconnues, et donc habilitées à recevoir leur part de la taxe d'église, sont autorisées à accomplir leurs rituels religieux, dont les mariages religieux.
Ces références idéologiques renvoient plus concrètement à des tendances comportementales : respect de la nature, respect des lieux considérés comme sacrés, respect de la communauté, des générations passées et de celles à venir, célébration des fêtes populaires, pratique des traditions folkloriques (dont artisanat, vêtement, musique, danse, chant, etc).
Ces croyances et pratiques sont souvent présentées et interprétées, par pratiquants ou participants, comme un retour aux racines, en dehors de toute appartenance à une association néo-païenne, et sans nationalisme culturel (au sens d'exclusivisme).
Catholicisme en Finlande (15 000 déclarés, 0,27 %), ou 6000 familles, mais potentiellement cinq à dix fois plus en 2015
Église libre de Finlande (Suomen Vapaakirkko), (14 600 adeptes, 0,26 %), fondée en 1923, regroupant les diverses Églises libres
Les divers mouvements pentecôtistes représenteraient (13 200 revendiqués, 0,24 %)
Autres christianismes, dont adventisme (3137), mormonisme (3125), baptisme (2362), méthodisme (1282), évangélisme (827), anglicanisme (200), etc
Église orthodoxe russe en Finlande, environ (2 000 membres) sont rattachés au patriarche de Moscou et de toutes les Russies et est organisée en deux paroisses à Helsinki (avec cinq églises et chapelles) : la paroisse Saint-Nicolas (établie en 1927) compte 1 500 membres dont 70 % sont citoyens finlandais, et la paroisse de l'Intercession (établie en 2004) compte 350 membres. Elle observe le calendrier julien.[réf. nécessaire]
Islam en Finlande (22 300 fidèles, 0,40 %) (100 000 estimés en 2016), pour une petite part descendants des Tatars de Crimée servant dans l'armée russe dans les années 1870-1920, pour une large part réfugiés humanitaires récents (Kosovo, Afghanistan, Irak, Somalie, etc)
La déclaration d'appartenance à une communauté religieuse est un acte volontaire obligatoire consigné, et correspond également à une taxe d'église.
La pratique est contrôlée uniquement par les personnels religieux de la confession.
La pratique est autorisée aux non déclarés.
La désinscription est également un acte volontaire consigné.
Notes et références
↑(en) « Prima signatio », sur Oxford Reference (consulté le ).