La fédération de Russie est définie comme un État laïc par la Constitution russe de 1993, qui garantit « la liberté de conscience, la liberté de religion, y compris le droit de pratiquer individuellement ou en groupe une religion ou de ne pratiquer aucune religion, de choisir librement une religion, d'avoir le droit de posséder et de diffuser des croyances religieuses et d'agir conformément à celles-ci »[2]. La loi fédérale du no 125-Ф3 « sur la liberté de conscience et sur les associations religieuse » confirme « l'égalité devant la loi indépendamment de l'attitude à l'égard de la religion ou de la conviction » [3].
Cependant, en , des corrections ont été apportées au Code pénal de la fédération de Russie pour accroître la responsabilité «sur le fait d'offenser les sentiments des croyants», quels qu'ils soient. Dans le cadre de cette modification, les montants des amendes ont été changés et la responsabilité pénale est apparue.
En Russie, il n'y a pas de chiffres officiels sur l'appartenance à des organisations religieuses. La loi interdit de déclarer officiellement l'appartenance religieuse des citoyens.
Les questionnaires de sociologie sont le seul moyen d'avoir des données sur les croyances religieuses de la population russe. Les résultats des questionnaires sont souvent controversés. Pour cette raison il est assez compliqué d'étudier les croyances religieuses de la population.
En Russie, les trois principales branches du christianisme sont représentées : l'orthodoxie, le catholicisme et le protestantisme. Cependant, il existe également des disciples de nouveaux mouvements chrétiens, de cultes et de sectes chrétiennes.
Andrew Higgins, correspondant de The Wall Street Journal, a noté qu’environ deux tiers de la population russe se considèrent comme orthodoxes, selon lui, c'est deux fois plus important qu'à la fin de l'URSS (en 1991). Higgins souligne que, selon les données des enquêtes sociologiques, la plupart des Russes voient l'Église orthodoxe russe comme une religion nationaliste. Cependant, seulement 4 % des Russes considèrent l'orthodoxie comme une source de valeurs spirituelles et morales.
L'Église orthodoxe russe est la plus grande organisation religieuse en Russie. La christianisation de la Rus' de Kiev a lieu symboliquement en 988 grâce au prince Vladimir Ier.
En 991, le Patriarcat de Constantinople crée la métropole de Kiev et de toute la Rus' : Métropolinat de Kiev.
En 1325, le siège de la métropole de Vladimir est transféré à Moscou avec maintien du titre de Kiev.
En 1448, par la déclaration d'autocéphalie de la métropole de Moscou, les primats abandonnent progressivement le titre de Kiev pour prendre celui de métropolite de Moscou et de toute la Russie.
En 1589, l'autocéphalie du Patriarcat de Moscou et de toutes les Russies est reconnue par le patriarcat de Constantinople qui l'élève au rang de patriarcat.
Aboli par Pierre le Grand en 1721, le patriarcat est restauré le () 1917.
Selon l'enquête () de VTsIOM, 75 % des Russes se considèrent comme des chrétiens orthodoxes, alors que seulement 54 % d'entre eux connaissent le contenu de la Bible. Environ 73 % des orthodoxes pratiquants respectent les coutumes religieuses et les jours fériés[5] .
Pourcentage de Russes qui vont régulièrement à l'église
Année
1991
1993
1994
1995
1996
1997
1998
2002
2003
1 ou plusieurs fois par mois
5
5
7
6
7
5
9
8
6
1 ou plusieurs fois par an
20
35
28
30
17
16
22
18
30
Moins qu'une fois par an
-
-
21
-
16
14
11
15
18
N'y sont jamais allés
65
45
43
63
60
62
55
59
46
Nombre de répondants
3000
2000
2957
1698
2404
2406
1703
2107
2107
Églises orientales anciennes
Les Églises orientales anciennes sont représentées en Russie par l'Église apostolique arménienne et l'Église assyrienne de l'Est.
Depuis le début des années 1990, l’Église catholique fonctionne librement en Russie.
L'estimation du nombre de catholiques en Russie est approximative. Dans les années 1996-1997 il y avait entre 200 000 et 500 000 catholiques en Russie.
Le nombre de protestants en Russie est estimé à 3 millions de personnes (2014). Les protestants se situent à la deuxième place juste après les orthodoxes sur une échelle de prévalence. Dans les districts fédéraux du Caucase du Nord et de la Volga, les protestants sont également inférieurs en nombre aux musulmans et, dans le district fédéral extrême-oriental, ils ont la première place.
La plus ancienne église protestante de Sarepta (Volgograd, 1772).
Le restaurationnisme chrétien, ou "primitivisme chrétien", du moins d'origine occidentale non-orthodoxe, prémillénariste, apparaît en Russie dans les années 1920 : pentecôtisme, adventisme, mormonisme.
L'évangélisme, principalement le pentecôtisme, appelé aussi "Églises de Réveil", apparaît dans les années 1980 et s'implante dans les années 1990.
L’islam est avant tout lié à l’Asie centrale, puisque 75 % des musulmans vivant sur le territoire de l’ancienne Union soviétique le pratiquent dans cette région. 15 % sont au Caucase. Le reste est concentré dans les régions de la moyenne Volga et de l’Oural, en Russie. En dehors des Azéris, les musulmans de l’ex-URSS sont majoritairement sunnites. Les révélations sur la compromission des chefs islamistes avec le pouvoir soviétique posent également un problème pour cette communauté.
En 1989, dans le cadre de l'assouplissement général des restrictions sur les religions, certaines associations religieuses musulmanes supplémentaires ont été enregistrées et certaines des mosquées qui avaient été fermées par le gouvernement ont été restituées aux communautés musulmanes. Les mollahs non officiels étaient soit autodidactes, soit formés de manière informelle par d'autres mollahs. À la fin des années 1980, l'islam non officiel a semblé se diviser en congrégations et groupes fondamentalistes mettant l'accent sur le soufisme.
Selon les experts, il y a environ 8 millions de musulmans en Russie. Selon les organisations spirituelles musulmanes il y a environ 20 millions de musulmans en Russie.
D'après les résultats d'une enquête de VTsIOM sur l'ensemble de la population russe, la proportion des personnes qui se considèrent comme des adeptes de l'islam en Russie a diminué de 7% en 2009 à 5% en 2010.
Le bouddhisme est historiquement traditionnel dans trois régions de la Russie, dont deux de Sibérie, la Bouriatie, le Touva et une du bassin de la Volga, la Kalmoukie, toutes trois avec des populations d'origine turco-mongole.
Cette religion est arrivée de Mongolie et connaît une certaine expansion à la fin des années 1980. En , lors de la visite du dalaï-lama à Moscou, on compte un million de fidèles sur le territoire de l’ex-URSS.
Selon l'Association des bouddhistes en Russie, le nombre de personnes pratiquant le bouddhisme est approximativement entre 1,5 à 2 millions.
À la fin du XVIIIe siècle, la dvoeverie (double foi ou double croyance), consiste en une religion populaire qui préserve le panthéisme slave sous une surface christianisée. Cette double pratique est appréciée des intellectuels qui tentent de délimiter le caractère distinctif de la Russie par rapport à l'Occident.
Le 17 avril 1905, par décret du tsar Nicolas II, les minorités religieuses reçoivent le droit de célébrer publiquement leurs liturgies respectives. À l'aube du XXe siècle, les philosophies et mouvements ésotériques et occultes, notamment le spiritisme, la théosophie, l'anthroposophie, l'hermétisme, le cosmisme russe et autres, se répandent, comme le roerichisme(en) ou rérikhisme.
Les Chtoundistes concernent principalement l'Ukraine.
Après la Grande Guerre patriotique (1941-1945), l'hostilité anti-religieuse reprend mais à un degré moindre.
Après la chute de Staline, on signala des poussées d'athéisme militant en 1954 puis à partir de 1959.
On estime que de 1959 à 1962 le nombre des églises ouvertes passe de 22 000 à 11 500.
En 1962 une loi restreint encore la tolérance, et un "marguillier" laïc surveille le prêtre et dissuade les fidèles de participer activement au culte.
Pendant la guerre froide (1947-1991), les Juifs soviétiques sont confrontés à un antisémitisme systématique et institutionnel ; certains secteurs du gouvernement leur sont presque entièrement interdits[6]. En 1953, le prétendu « complot des blouses blanches » accuse d'assassinats ou de tentatives d'assassinat des centaines de médecins soviétiques, presque tous juifs, alors qu'il s’agissait d’une machination montée de toutes pièces par le NKVD pour le régime stalinien[7],[8].
Jugés « cosmopolites », les Juifs sont considérés comme un « risque de sécurité » ou comme des « traîtres » potentiels. Certains sont arrêtés ou punis pour avoir osé exprimer le désir de quitter le pays pour l'Ouest. En fait, les Juifs religieux souhaitent émigrer pour vivre librement leur foi tandis que des Juifs laïcs veulent fuir l'antisémitisme suscité par les autorités soviétiques[9]. Comme les autres citoyens soviétiques, tous souffrent de l'absence de libertés civiles et de la pénurie endémique.
Des conflits armés au Caucase du Nord entre les pratiquants de l'Islam et les orthodoxes compliquent les relations interreligieuses en Russie.
Organisations religieuses en Russie post-soviétique
Avec la fin de l'athéisme d'État, s'opère une surenchère d'offre (et de demande) religieuse, principalement chrétienne évangéliste[10].
En 2010, 23 494 organisations religieuses étaient enregistrées en Russie[11] .
Repères 2020
Pour une population d'environ 145 000 000 de Russes en 2020, en tenant compte de la fiabilité variable des déclarations, des estimations mais aussi des affiliations multiples :
↑André Fontaine, Histoire de la guerre froide, tome 2, p. 67, Points Histoire, Le Seuil, 1983.
↑Jean-Jacques Marie, Les derniers complots de Staline: l'affaire des blouses blanches : 1953, Editions Complexe, (ISBN978-2-87027-475-0, lire en ligne)
↑(en) David Kowalewski, « Protest for Religious Rights in the USSR: Characteristics and Consequences », The Russian Review, vol. 39, no 4, , p. 426-441 (DOI10.2307/128810)