Le pont en 1842, en arrière-plan de la place du Pont-Neuf.
Le pont modifié de 1852
En 1852, à la suite de l'élargissement du quai de Conti, les deux arches de la rive gauche deviennent une seule arche.
Le pont était soumis à un droit de péage[4]. Ainsi, dans le roman La Rabouilleuse d'Honoré de Balzac, Philippe Bridau« faisait cirer ses bottes sur le Pont-Neuf pour les deux sous qu'il eût donnés en prenant par le pont des Arts pour gagner le Palais-Royal »[5].
En 1902, l'architecte Eugène Hénard propose de le remplacer par un pont en X, deux ponts qui se croiseraient en leur milieu au centre de la Seine[6].
Le 12 avril 1943, sous l'Occupation, le corps du général Mordacq fut retrouvé en dessous du pont des Arts. Le lendemain, la radio allemande annonce son suicide, annonce reprise par les autres journaux. Cependant, l'autopsie ainsi que le rapport de police sont censurés.
En 1976, l'inspecteur général des Ponts et Chaussées rapporte la fragilité de l'ouvrage, principalement due aux bombardements des Première et Seconde Guerres mondiales et à plusieurs collisions de bateaux en 1961 et 1970.
Le pont est fermé à la circulation en 1977 et s'effondre effectivement sur 60 mètres en 1979 lors d'un dernier choc avec une barge. Le pont est démonté en 1980 ; environ la moitié du pont — quatre arches — est récupérée par la ville de Nogent-sur-Marne. Après dix ans de stockage, la passerelle est remontée en bord de Marne, près du port de plaisance, où l'on peut la parcourir aujourd'hui[7]. Son inauguration en 1992 est présidée par Jacques Chirac.
Le pont de 1984
Le pont actuel a été reconstruit entre 1981 et 1984 « à l'identique » selon les plans de Louis Arretche, qui a diminué le nombre des arches (sept au lieu de neuf), ce qui permet leur alignement sur celles du pont Neuf, tout en reprenant l'aspect de l'ancienne passerelle. La passerelle a été inaugurée par Jacques Chirac — alors maire de Paris — le .
À la fin des années 1990, un projet de construction de passerelle piétonnière franchissant le Kamo-gawa à Kyoto, au Japon, a été développé en prenant comme modèle le pont des Arts ; il ne fut néanmoins pas mené à son terme devant l'opposition de la population[8].
Devant la polémique sur la dégradation du patrimoine engendrée par la présence de ces tonnes de cadenas (la mairie de Paris évoque 45 tonnes[12]) qui font s'effondrer les grillages[13] et potentiellement les parapets[14], et sur leur aspect jugé particulièrement inesthétique par d'autres, la mairie de Paris décide d'y mettre fin en septembre 2014. Ainsi, les grillages sont définitivement retirés le 1er juin 2015 et sont d'abord remplacés par une exposition temporaire d'œuvres de street art de Jace, eL Seed, Pantonio et Brusk[15], puis par des panneaux en verre à partir de l'automne 2015[12].
Le pont des Arts et les cadenas d'amour
Cadenas en 2014.
Cadenas sur le parapet ouest en avril 2012.
Mariés posant à côté des cadenas en mai 2014.
Grappe de cadenas en mai 2014.
Exposition temporaire de street art après le retrait des cadenas, en juin 2015.
Graffiti s'interrogeant sur la disparition des cadenas, en juin 2015.
Le pont des Arts avec les nouveaux panneaux de verre, en avril 2016.
Présence de cadenas sur la nouvelle infrastructure, en avril 2016.
Le pont et les arts
Littérature
Dans La Marche à l'étoile, roman publié en 1943, Vercors raconte la vie de Thomas Muritz, jeune Hongrois nourri de culture française, qui traverse l'Europe vers la France, qui est pour lui cette terre de justice et de liberté. Plus précisément, l'objectif du héros est de rejoindre le fameux, l'unique pont des Arts, merveille parisienne. Arrivé, après un mois de périple dans un continent tourmenté par la guerre, devant le pont, il s'enflamme pour « ce point du monde où l'on embrasse à la fois […] l'Institut, le Louvre, la Cité — et les quais aux bouquins, les Tuileries, la butte latine jusqu'au Panthéon, la Seine jusqu'à la Concorde ».
C'est sur le pont des Arts que Jean-Baptiste Clamence, le personnage principal et le narrateur du récit La Chute d'Albert Camus, entend un rire dont il n'identifie pas immédiatement la provenance mais qui aboutit à la nécessité pour lui de changer complètement de vie.
Le jour précis du centenaire de la naissance de Vercors, le 26 février 2002, une plaque commémorative a été apposée, quai de Conti, sur un des murets, celui de gauche, bordant la volée de marche par lesquelles on accède depuis ce quai au tablier. Vercors rencontrait en ce lieu symbolique du rayonnement culturel de la France dans le monde Jacques Lecompte-Boinet, chef du mouvement Ceux de la Résistance, pour lui confier des exemplaires des Éditions de Minuit (dont le premier ouvrage publié fut Le Silence de la mer) destinés au général de Gaulle.
En peinture
Jean Béraud, Un jour de vent sur le pont des Arts (vers 1880-1881), Metropolitan Museum of Art (New York).
Au printemps 1999, durant trois mois, le pont accueille une grande rétrospective en plein air de l'œuvre du sénégalaisOusmane Sow (1935-2016), révélant celle-ci au grand public ; la fréquentation de l'exposition, qui présente soixante-quinze de ses imposantes sculptures, est estimée à plus de trois millions de visiteurs[16].
2004 : Le Pont des Arts relate une histoire d'amour impossible entre deux jeunes gens qui ne se rencontrent jamais ; l'action se déroule à Paris entre 1979 et 1980, c'est-à-dire au moment de l'effondrement de la passerelle.
2010 : des épisodes de la série télévisée Gossip Girl (saison 4) sont tournés sur le pont[21].
2010 : Le long métrage Joue contre joue du réalisateur Cyrille Benvenuto a été tourné essentiellement sur le pont des Arts[22].
2010 : le long métrage LOL USA du réalisateur Lisa Azuelos, avec Miley Cyrus, a été tourné, pour une partie de quelques minutes, sur le pont des Arts[23].
2015 : dans une scène du film Toute première fois, les deux principaux protagonistes traversent le pont des Arts en voiture.
2015 : la première et la dernière scène du ballet Interlude du compositeur Jean-Paul Penin, livret de la romancière Françoise Kerymer, se passe sur le pont des Arts.
« Je suis sur le pont des Arts à Paris. D'un côté de la Seine on voit la façade harmonieuse et sobre de l'Institut, bâti vers 1670 pour être un collège. Sur l'autre rive, le Louvre, construit depuis le Moyen Âge jusqu'au dix-neuvième siècle : un sommet de l'architecture classique, splendide et équilibré. En amont on voit le haut de Notre-Dame qui n'est peut-être pas la cathédrale la plus attirante, mais sûrement la façade la plus rigoureusement intellectuelle de tout l'art gothique. Les maisons qui longent les quais du fleuve montrent aussi de façon rationnelle et humaine ce que devrait être l'architecture des villes. En face de ces maisons, sous les arbres, s'alignent les boîtes des bouquinistes où des générations d'amateurs ont donné libre cours à ce passe-temps d'homme cultivé : collectionner les livres. Depuis cent cinquante ans, les élèves des Beaux-Arts passent sur ce pont pour aller étudier les chefs-d'œuvre du Louvre ; de retour dans leurs ateliers, ils discutent et rêvent de faire quelque chose qui soit digne de la grande tradition. Et sur ce pont, depuis Henry James, combien de pèlerins venus d'Amérique se sont-ils arrêtés pour respirer le parfum d'une culture aux racines lointaines, conscients de se sentir au centre même de la civilisation. »
↑(en) Christoph Brumann, « Deconstructing the Pont des Arts : Why Kyoto Did Not Get Its Parisian Bridge », Senri ethnological studies, National Museum of Ethnology, no 62, , p. 15-24 (ISSN0387-6004).
↑Virginie Marcucci, « Quand Carrie rencontre Paris : Sex and the City de l'autre côté de l'Atlantique et du miroir », Revue française d'études américaines, Belin, no 115 « La France en Amérique », , p. 102–120 (ISBN978-2-7011-4827-4, ISSN0397-7870).
↑Anne-Charlotte de Langhe et Aude Vernuccio, « Le cinoche à la trace », Le Figaroscope, semaine du mercredi 10 au 16 avril 2013, p. 6.
Antoine Picon (dir.), L'Art de l'ingénieur constructeur, entrepreneur, inventeur, Paris, Centre Georges-Pompidou/Éditions Le Moniteur, 1997 (ISBN978-2-85850-911-9), p. 62.
Marcel Prade, Les Ponts monuments historiques, Poitiers, Librairie ancienne Brissaud, 1988 (ISBN2-902170-54-8), p. 333-334.