Les partis politiques marocains existent dans le contexte d'une monarchie constitutionnelle, la forme de gouvernement du Maroc. Depuis les années 1933, le Royaume du Maroc commence à voir apparaître ses premières structures politiques qui prendront de plus en plus de place au sein de la monarchie absolue et par la suite au sein de la monarchie constitutionnelle, en raison de la volonté d'indépendance du Protectorat français d'une part mais aussi de la reconnaissance de l'existence du multipartisme dans la vie politique marocaine d’une autre.
Lors de son indépendance en 1956, le Maroc voit un système électoral placé sous le signe du multipartisme apparaître, entraînant au fil des années la naissance de plusieurs partis politiques de droite, de gauche et religieux.
« Les partis politiques œuvrent à l'encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Ils concourent à l'expression de la volonté des électeurs et participent à l'exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l'alternance par les moyens démocratiques, dans le cadre des institutions constitutionnelles.
Leur constitution et l'exercice de leurs activités sont libres, dans le respect de la Constitution et de la loi. Il ne peut y avoir de parti unique.
L'organisation et le fonctionnement des partis politiques doivent être conformes aux principes démocratiques.
Une loi organique détermine, dans le cadre des principes énoncés au présent article, les règles relatives notamment à la constitution et aux activités des partis politiques, aux critères d'octroi du soutien financier de l'État, ainsi qu'aux modalités de contrôle de leur financement. »
Selon l'article premier de la loi no 36-04 de 2006, relative aux partis politiques[2] :
« Le parti politique est une organisation permanente et à but non lucratif, dotée de la personnalité morale, instituée en vertu d'une convention entre des personnes physiques, jouissant de leurs droits civils et politiques et partageant les mêmes principes, en vue de participer, par des voies démocratiques, à la gestion des affaires publiques. »
Histoire
La naissance des premières structures politiques marocaines
À partir des années 1912 fut installée au Maroc un protectorat français mis en place par le traité franco-marocain de Fès conclu le entre la troisième république française et le sultan Moulay Abd El Hafid qui durera jusqu'au . Durant cette période, le Maroc connaît de nombreux affrontements militaires contre le protectorat français tel que la bataille du Rif de 1921 à 1926, le soulèvement de Mouha Ou Hammou Zayani de 1932 à 1934 ou encore la révolte de Sidi Mohamed Maa Al Inin de 1932 à 1934[3].
C'est dans ce contexte d'affrontement que la première structure officielle voit le jour au Maroc en 1934, symbolisée par la Comité d'action marocaine qui est une organisation politique fondée par des jeunes intellectuels et dirigeants du mouvement national marocain.
Toujours la même année, c'est la naissance du Parti National de la Réforme. À Fès en 1937 sous la présidence de Allal El Fassi, un autre Parti national de la Réforme voit le jour dans cet esprit d'indépendance.
Durant cette période plusieurs autres partis sont créés comme le Parti Communiste Marocain (PCM) en 1943 qui sera interdit en 1952 qui reviendra en 1969 sous le nom du parti de la libération et socialisme (PLS) et qui sera légalisé en 1974 sous le nom de du Parti du Progrès et Socialisme (PPS).
Par la suite Allal El Fassi et Ahmed Balafrej créent le Parti National pour l'Isqtiqlal, connu sous le nom de Parti National qui sera interdit par la suite et dont les revendications portaient sur le caractère provisoire du statut de protectorat.
En 1944 c'est la création du parti de l'Istiqlal et plus tard en 1946 c'est la création du parti Démocratique et de l'Indépendance (PDI) pour contrer le Dahir berbère et présenter des revendications de réformes politiques et sociales aux autorités françaises du protectorat.
La reconnaissance du multipartisme au Maroc
Après l'indépendance du Maroc le , trois premier gouvernements virent le jour et furent successivement présidés par MBarek BekkaÏ et par certains des leaders politiques émanant du parti de l'Istiqlal.
Le pouvoir central promulgue un nouveau Dahir concernant les libertés publiques qui vient interdire le Parti unique.
De 1956 à 1999, pas moins de douze partis verront le jour notamment en 1958 avec le Mouvement Populaire (MP) un parti politique de droite d'idéologie berbériste par Mahjoubi Aherdane[4].
Durant cette période le Maroc connaît une bataille acharnée entre le pouvoir central et l'UNFP qui se soldera par la victoire en 1959 de Abdallah Ibrahim qui était secrétaire général du parti de l'UNFP et qui aboutira à la formation du quatrième gouvernement qui ne durera que sept mois puisque le Maroc passera à un gouvernement royal.
Les premières crises politiques après l'indépendance
Le Maroc connaît une crise politique après l'exil de plusieurs leaders politiques appartenant à l'UNFP et c'est dans ce contexte que plusieurs exilés vont former quelques partis politiques illégaux dont celui Ila Al Amame[5].
Cette crise politique pousse a l'instauration d'un état d’exception conformément à l'article 35 de la Constitution marocaine qui durera jusqu'à 1970 date a laquelle une nouvelle Constitution est élaborée donnant plus de pouvoir à l'exécutif au détriment du législatif et judiciaire.
C'est dans ce contexte que l'UNFP et le parti de l'Istiqlal s'unissent en formant une coalition contre cette révision constitutionnelle.
Cette union se soldera par la victoire du parti de l'Istiqlal face à l'UNFP aux élections et qui entraînera le départ de quelques leaders politiques socialistes modérés tels qu'Abderahim Bouaabid, El Youssfi, Abdelwahed Radi, Mohammed El Yazghi et Fathallah Oulaalou ,de l’UNFP pour former le parti politique de l’union socialiste des forces populaires (l'USFP) en 1975.
Durant cette crise, c'est aussi l'apparition de plusieurs mouvements illégaux pour certains fondés sur l'idéologie islamiste tels la Chabiba Islamia dirigée par Abdelkarim Mouti ou encore par la suite comme le Tawhid ou la Fadila. Quant aux islamistes modérés ils ont pu rejoindre un parti politique reconnu qui est le parti de la justice et développement (PJD). Cependant les partis islamistes marocains ne trouvent pas leur place ni leur légitimité car le roi est considéré comme amir al moumine c'est-à-dire le commandeur des croyants. Comme l'explique Bruno Étienne, les islamistes marocains se retrouvent « très gênés dans leur action puisqu'ils se heurtent au commandeur des croyants qui occupe déjà le terrain de l’islam[7]».
En parallèle la montée de l'islamisme radical à l'international donne naissance au mouvement islamiste non reconnu Al Adl Walihsan par le Cheik Abdessalam Yassine.
En 2002 toujours une fusion entre l'organisation de l'action démocratique et populaire (OADP), le mouvement des démocrates (MDI) et le mouvement pour la démocratie (MPD) donnent naissance au parti de la gauche socialiste unifiée (PGSU)[8].
En 2007 c'est la création de la fédération de la gauche démocratique (FGD) qui est une alliance de plusieurs partis politiques marocains dont le parti socialiste unifié, le parti de l'avant garde démocratique et socialiste, le congrès national Ittihadi et le mouvement clarté ambition courage.
Parti d'extrême gauche, constitué en 1995. Il se proclame comme la continuation du Mouvement marxiste-léniniste marocain " MMLM " et notamment de sa principale composante, l'organisation ,militant illégalement, « En avant », qui militait clandestinement.
En juin 2011, lors de son 2e congrès ordinaire, les militants ont voté à l'unanimité le changement du nom du parti en « Parti du peuple ». Cette décision sera vite abandonnée à la suite de la saisine du Tribunal administratif de Rabat par le ministère de l'Intérieur pour non-respect de la loi 36-04 relative aux partis politiques.
Jugé pour non-conformité à la loi no 36-04 relative aux partis politiques, qui interdit, dans son article 4, la fondation des partis sur une base linguistique, ethnique ou régionale[13],[14].
Créé en 2011, il s'agit d'un groupe d'une dizaine de jeunes déjà impliqués dans d'autres activités associatives et professionnelles. Il est l'une des premières extensions du mouvement du Parti pirate sur le continent africain après le Parti pirate tunisien. Il est membre du Parti pirate international.
L'histoire politique du Maroc moderne a connu la naissance de plusieurs coalitions politiques. La Koutla, fondée dans les années 1970 par le parti de l'Istiqlal, l'USFP et le PPS, en est la plus importante. Une deuxième coalition (Wifaq) naîtra à la veille des législatives de 1993 autour de trois partis de courant libéral, le Rassemblement national des indépendants, le Mouvement populaire et l'Union constitutionnelle.
↑Jean-Claude Santucci, « Le multipartisme marocain entre les contraintes d’un « pluralisme contrôlé » et les dilemmes d’un « pluripartisme autoritaire » », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, nos 111-112, , p. 63–118 (ISSN0997-1327, DOI10.4000/remmm.2864, lire en ligne, consulté le )