Militant nationaliste parmi les fondateurs du parti de l’istiqlal ,et cofondateur du syndicat Union Marocaine du Travail (UMT), et parmi les fondateurs de parti Union nationale des forces populaires (UNFP), il organise en 1937 une immense manifestation rassemblant plusieurs dizaines de milliers de marocains lors de la visite d'un ministre francais. Il est puni par le Résident Francais Charles Nogges, qui dirige le Maroc, et est exilé.
Abdellah Ibrahim dirigera le premier gouvernement du Maroc indépendant. Son programme social-démocrate est favorable aux plus pauvres et au développement du secteur public dans le domaine économique.
Il entreprend également la construction une usine de métallurgie a Jerada. Il travaille à l'évacuation de toutes les bases militaires étrangères au Maroc. En bref premier plan triennal pour le pays.
Il est démis de ses fonctions par le futur Hassan II[4].
Biographie
Parcours scolaire et universitaire
Le père d'Abdallah Ibrahim, le chérif Brahim ben Ahmed El Idrissi, formé au msid (école coranique), appartient à la classe moyenne des petits commerçants. Après son passage à l'école coranique, Abdallah Ibrahim est envoyé à dix ans à la Médersa Ben Youssef de Marrakech.
Professeur de l'enseignement supérieur, il est l'auteur de plusieurs ouvrages. Sa réflexion a porté sur les causes profondes de cette histoire manquée (notamment Résistance face aux tempêtes) :
Révolution de l’esprit, un premier ouvrage philosophique.
Feuilles de la scène militante, un corpus d'articles de presse.
Par la force de la parole et de l'intelligence, un essai sur la poésie.
Résistance face aux tempêtes est une réflexion sur l'histoire du Maroc dans sa longue durée, aujourd'hui considéré comme un classique.
L'Islam à l'horizon 2000 est une projection prémonitoire sur la ferveur pour l'islamisme politique.
Parcours politique
Pendant le protectorat français
Abdallah Ibrahim est un homme politique et une figure du mouvement national, le courant politique qui incarne l'indépendance du royaume dans le cadre du protectorat français au Maroc, et est emprisonné à seize ans pour menées nationalistes. En 1936, il est membre du conseil national du parti national, tout en étant engagé syndicalement.
Le , lors de la visite d’un sous-ministre français à qui le Résident général veut montrer les réussites du protectorat, il organise une manifestation rassemblant des dizaines de milliers de déshérités afin de montrer le "vrai visage" du Maroc colonial[4]. En 1937, il est exilé à Taroudant dans le cadre de la répression du résident Noguès.
Alors que le protectorat français au Maroc a officiellement pris fin le , Abdallah Ibrahim continue d'exercer ses fonctions dans le premier gouvernement Bekkaï. Malgré des compromis et des différends avec certains ministres, il applique un programme social-démocrate favorable aux déshérités, au développement du secteur public dans le domaine économique et travaille à l'évacuation des bases militaires étrangères implantées au Maroc. Pourtant, il est démis de ses fonctions par son ennemi personnel, le futur Hassan II, après avoir cherché à expulser un officier américain nommé au cabinet du ministre de l’intérieur[4].
En 1959, il approuve la création d'une nouvelle formation politique, l'Union nationale des forces populaires (UNFP), avec entre autres Mehdi Ben Barka et Abderrahim Bouabid. Lors du deuxième congrès de l'UNFP, il en est élu le secrétaire général. L'UNFP connait des divergences entre ses dirigeants. La rupture se concrétise lors du congrès extraordinaire de 1975 où l'aile majoritaire constitue l'Union socialiste des forces populaires, dont Abderrahim Bouabid est élu Premier Secrétaire. Ce changement de nom est jugé nécessaire pour éliminer tout amalgame avec l'ancien UNFP, dont Abdallah Ibrahim reste secrétaire général. Il met en veilleuse ses activités politiques et refuse à partir de 1976 de se présenter aux différentes élections organisées au Maroc.
Citations
« Il est le père spirituel du syndicalisme au Maroc », Albert Ayache, Le mouvement syndical au Maroc[6].
« Ce qui distinguait Abdallah Ibrahim, c'est qu'il était un patriote avant d'être membre d'un parti. Il était d'une haute moralité », témoigne le professeur et académicien du Royaume Abdelhadi Boutaleb dans L’Économiste du .
« Abdellah Ibrahim en est venu à personnifier cette figure du juste qui par sa seule existence, sans chercher ni honneurs ni visibilité, constituait un rappel constant des valeurs. L'adieu à l'homme arrivé au terme de sa vie, fait, par contraste avec l'époque, encore davantage vibrer cette exigence ». Mohamed Jibril (journaliste)[7].
« La probité en deuil : La disparition de Moulay Abdallah Ibrahim laisse un grand vide dans ce pays qu’il a tant servi avec un dévouement exemplaire, la ferveur du militant au moment de la colonisation et une rare probité en tant qu’un des tout premiers Premiers Ministres du Maroc indépendant. Une rigueur intellectuelle et une conscience politique d’un homme qui défendait la dignité de ses concitoyens et ses concitoyennes avec une inébranlable conviction »[8].
Bilal Mousjid et Imad Stitou, « Hassan II vs Abdellah Ibrahim : Histoire d'un coup d'État royal », Telquel, Casablanca, no 743, 9-15 décembre 2016, p. 36-45 (lire en ligne [PDF])
Pierre Vermeren, Histoire du Maroc depuis l'indépendance, Paris, Ed. La Découverte, (ISBN9782707137395)