Le Parti social-démocrate d'Autriche (en allemand : Sozialdemokratische Partei Österreichs, abrégé en SPÖ) est un parti politique autrichien de centre gauche. Il a été fondé par Victor Adler en 1889 sous le nom de Parti ouvrier social-démocrate (en allemand : Sozialdemokratische Arbeiterpartei, SDAP).
Les autres figures emblématiques du parti avant 1914 sont Otto Bauer et Karl Renner. Dans les années 1920, Mihály Bíró met son talent de graphiste au service du parti[2].
En 1934, dans le cadre de la guerre civile autrichienne, il change de nom et devient le Parti socialiste d'Autriche (en allemand : Sozialistische Partei Österreichs, SPÖ). C'est en 1991, sous la présidence du chancelierFranz Vranitzky, que le parti adopte son nom actuel.
Histoire du parti
Après la dislocation de l’Empire austro-hongrois (1918), le Parti social-démocrate soutient un temps l'idée d'une union avec Berlin afin de constituer une grande république allemande démocratique, reprenant ainsi un projet révolutionnaire de 1848. Les vainqueurs de la guerre ne l'entendent pas ainsi et fixent les frontières de l'Autriche. Dans les années de l'entre-deux-guerres, l'austro-marxisme, conservant ses particularités face à la social-démocratie allemande - coupable d'avoir réprimé dans le sang l'insurrection spartakiste de 1919 - et au communisme soviétique, envisage la création d'une nouvelle internationale visant à rapprocher les différents courants du socialisme. La tentative n'aboutit cependant pas[3]. Les plus à gauche des sociaux-démocrates, comme Max Adler, misent sur les Conseils ouvriers qui se sont développés dans toute l'Europe centrale en 1918-1919, notamment à Vienne[3].
Le SDAP est le plus implanté des partis sociaux-démocrates européens. Dans les années 1920, 15 % environ des Autrichiens sont encartés dans une association liée au parti. En 1929, il compte 720 000 adhérents. Cette implantation est toutefois inégale : presque hégémonique auprès de la classe ouvrière, le SDAP ne peut en revanche rivaliser avec les conservateurs dans les campagnes et dans les petites villes. La crise économique des années 1930, qui provoque fermeture d'usines et hausse du chômage, affaiblit le mouvement ouvrier et avec lui le SDAP. En 1930, ses effectifs sont en recul à 650 000 militants[3].
De 1919 à février 1934, les sociaux-démocrates dirigent sans discontinuité la municipalité de Vienne, laquelle acquiert son surnom de « Vienne la rouge ». La municipalité développe une politique ambitieuse, avec notamment un vaste programme de constructions de logements ouvriers qui comprend 60 000 logements sociaux communautaires. De plus, des soins médicaux gratuits sont mis en place et une imposition proportionnelle aux revenus est instaurée, ainsi que des impôts sur le luxe. La culture est nettement mise en avant : l’« Arbeiterbildung » (la formation et culture ouvrière) règne en maître, et la ville abrite de nombreux intellectuels et artistes réputés internationalement. De nombreux cinémas et théâtres subventionnées par la municipalité ouvrent leurs portes, et le sport se démocratise. Cette expérience socialiste, soutenue par certains intellectuels renommés comme Otto Neurath et Sigmund Freud, inspire également un violent dégout dans les milieux conservateurs. La presse qualifie volontiers Vienne la rouge de « création juive » aux mains du « bolchevisme »[3],[4],[5].
En 1934, le Parti chrétien-social, la formation dominante à droite, renverse le système démocratique et instaure un régime inspiré du fascisme. Les sociaux-démocrates et communistes lui opposent une résistance armée mais celle-ci est rapidement écrasée[3].
Cette même année, le parti arrive en tête des législatives mais perd sa majorité absolue. Fred Sinowatz remplace alors Kreisky et forme une alliance avec le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ). En 1986, malgré son passé controversé dans la Wehrmacht et les attaques répétées de Sinowatz, le conservateur Kurt Waldheim est élu Président fédéral. Le chancelier démissionne et se voit remplacé par Franz Vranitzky, qui doit mettre fin à l'alliance avec les libéraux et convoquer des législatives anticipées à la suite de l'élection de l'ultra-nationaliste Jörg Haider à la tête du FPÖ. À l'issue de ce scrutin, Vranitzky reforme la grande coalition avec l'ÖVP. Celle-ci est maintenue après la démission de Vranitzky en 1997 et son remplacement de Viktor Klima.
En 1999, le SPÖ arrive, une nouvelle fois, en tête des élections législatives, mais l'ÖVP, dirigé par le vice-chancelier Wolfgang Schüssel et arrivé troisième, s'allie avec le FPÖ ultra-nationaliste d'Haider, qui a décroché la deuxième place. Le chancelier Klima est remplacé, l'année suivante, par Alfred Gusenbauer à la présidence du parti. Lors des législatives anticipées de 2002, le SPÖ, progressant de trois points et quatre sièges, se classe deuxième derrière l'ÖVP, qui reconduit cependant sa coalition avec les nationalistes, désormais très affaibli.
En 2004 et pour la première fois depuis 1965, le candidat social-démocrate à l'élection présidentielle, Heinz Fischer, remporte l'élection présidentielle en battant Benita Ferrero-Waldner, candidate de l'ÖVP, par 52,4 % des voix.
L'alliance SPÖ-ÖVP (qui dispose de 134 sièges sur 183 au Conseil national) éclate finalement le , à la suite des dissensions sur la politique européenne (« C'est fini » déclare ainsi le vice-chancelier et ministre des Finances, Wilhelm Molterer, président de l'ÖVP). Des élections anticipées sont alors convoquées le .
Le 8 août précédent, le populaire ministre des Transports, de l'Innovation et de la Technologie, Werner Faymann, est élu président du SPÖ et tête de liste des sociaux-démocrates pour le scrutin à venir. Le 28 septembre, le parti arrive en tête mais subit de lourdes pertes (29,26 % et 57 députés). Le 9 octobre suivant, Faymann est désigné comme candidat à la chancellerie par le Président Heinz Fischer et chargé de former un nouveau gouvernement.
À la suite des élections régionales de 2015, le SPÖ brise une ligne rouge établie 30 ans plus tôt lors de la dernière coalition entre les deux partis, en s'alliant localement avec le parti d'extrême droite FPÖ afin d'obtenir une majorité. Dans la ville d'Oberwart, les élus SPÖ et FPÖ siègent ainsi dans le même groupe[6] tandis que le Landeshauptmann de BurgenlandHans Niessl constitue une coalition rouge-bleue. En 2017, le SPÖ envisage d'étendre cette alliance avec le FPÖ au niveau national[7].
Le , Faymann démissionne de la chancellerie et de la présidence du parti. Le bourgmestre de Vienne Michael Häupl lui succède provisoirement dans cette responsabilité avant que Christian Kern.
Le SPÖ a participé à vingt-trois gouvernements fédéraux sur vingt-six, et en a dirigé douze. Il a occupé la chancellerie pendant trente ans consécutifs (1970-2000), un record inégalé en Autriche. Par ailleurs et hormis Alfred Gusenbauer, tous les chanceliers sociaux-démocrates ont participé aux gouvernements de leurs prédécesseurs :