Le musée se tourne entièrement vers la colline de l'Acropole par plusieurs moyens : baies vitrées et larges fenêtres - pour une contemplation optimale de ce magnifique chef-d'œuvre de l'humanité[2].
Bâtiments
Ancien musée sur l'Acropole
Lorsque les forces ottomanes évacuèrent définitivement Athènes et sa forteresse, l'Acropole, en 1833, le gouvernement grec envisagea la construction d'un musée de l'Acropole sur l'Acropole même. En 1863, il fut décidé de l'installer au sud-est du rocher sacré. La première pierre fut posée le [3]. Le bâtiment fut construit entre 1865 et 1874 par l'architecte Panagís Kálkos(en).
À la suite des fouilles intenses sur l'Acropole par le professeur Panayiótis Kavvadías à la fin du XIXe siècle, il s'avéra que le bâtiment, avec ses 800 m2 était insuffisant. Mais, il fallut attendre après la Seconde Guerre mondiale pour la destruction du bâtiment et une reconstruction pour une réouverture par tranches entre 1956 et 1961[3],[4], avec des collections réorganisées par l'archéologue Ioánnis Miliádis(en).
Dès les années 1970, le musée sur l'Acropole montra ses limites. Le Premier ministre de l'époque, Konstantínos Karamanlís décida la construction d'un nouveau bâtiment dans le quartier de Makriyánni, au sud de l'Acropole à 280 m de là[3],[5].
Nouveau musée
La construction du nouveau musée fut décidée dès . Un premier concours d'architecture fut lancé entre 1976 et 1979, sans succès. En 1989, Mélina Mercouri relança le projet, dans le cadre de sa campagne pour le retour des marbres du Parthénon en Grèce. Le concours international fut remporté par les architectes italiens Manfredi Nicoletti et Lucio Passarelli mais la construction fut annulée lorsqu'un complexe urbain allant de la période archaïque aux débuts de l'Athènes chrétienne fut découvert sur le site du futur musée[3].
En 2000, l'Organisme pour la construction du nouveau musée de l'Acropole relança un appel d'offres dans le cadre de l'Union européenne. La construction du nouveau bâtiment fut confiée aux architectes suisse Bernard Tschumi et grec Michael Photiadis. Elle a commencé en , a coûté 130 millions d'euros et a utilisé 16 000 m2 de marbre et 4 390 m2 de plaques de verre pour fournir le plus possible de lumière naturelle. Le musée qui devait ouvrir en 2007, a finalement été inauguré le . Il a une surface de 25 000 m2, dont 14 000 m2 d'exposition, soit dix fois plus que l'ancien musée. Il peut ainsi exposer de nombreux objets qui jusque-là étaient stockés dans des réserves. Il est aussi entouré de 7 000 m2 d'espaces verts. Construit sur pilotis, le musée préserve et intègre un site archéologique récemment mis au jour. La répartition des piliers est dictée en fonction de l'emplacement des vestiges. L'objectif pour le ministre de la Culture Antónis Samarás est d'accueillir 10 000 visiteurs par jour et deux millions par an[3],[5].
Le bâtiment, de sa construction à sa muséographie, a suscité la polémique. Le journal I Kathimeriní a tenu une longue consultation en ligne. Les posts des internautes ont été très critiques principalement contre la taille du bâtiment, son architecture ultra-moderne dans un quartier néoclassique dont une partie a dû être rasée, le fait que le projet ait été confié à un architecte non grec ou le fait que l'architecture vole parfois la vedette aux objets exposés comme dans la salle des sculptures archaïques. Une des principales controverses est la destruction programmée de deux immeubles art déco et néoclassique situés dans la ligne de vue entre le restaurant du musée et l'Acropole. Ils ont été déclassés par le ministère de la culture avant que la décision ne soit portée devant la Cour de cassation, la Cour suprême qui n'a pas encore rendu sa décision. Bernard Tschumi a affirmé que son projet ne prévoyait pas la destruction des immeubles adjacents[5].
En , pour son deuxième anniversaire, le bilan du musée est mitigé. Le musée est un des rares à ne pas subir les difficultés qui touchent tous les musées dépendant du ministère de la Culture (personnel, entretien, financement, etc). Le nombre de visiteurs est en diminution : de deux millions de visiteurs lors de sa première année d'existence, la fréquentation est tombée à 1,3 million la deuxième année. De plus, les recettes ne sont pas celles attendues : 40 % des entrées sont des entrées gratuites (au total, les entrées rapportent un peu plus de 4 millions d'euros[8]) et le musée a besoin des recettes des boutiques, des cafés et du restaurant pour se maintenir à flot. La charge salariale de ses 200 employés se situe entre quatre et cinq millions d'euros par an[9].
En , à l'occasion du dixième anniversaire du musée, les vestiges du quartier antique situés sous le musée sont ouverts à la visite[10].
Le tableau ci-dessous présente le nombre de visiteurs gratuits et payants par année et par mois. La deuxième colonne indique le nombre total de visiteurs annuels. Source : Autorité hellénique de la statistique (ELSTAT), juin 2023.
Le tableau ci-dessous présente les recettes par année et par mois en euros (€). La deuxième colonne indique les recettes totales annuelles. Source : Autorité hellénique de la statistique (ELSTAT), mars 2021.
Total
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
2009
546 855
fermé
fermé
fermé
fermé
fermé
gratuit
gratuit
gratuit
168 640
145 691
124 784
107 740
2010
4 034 145
281 959
234 234
273 753
338 170
386 802
407 318
450 619
441 656
462 707
401 297
202 890
152 740
2011
3 577 611
169 602
151 303
203 863
304 945
384 931
433 132
454 652
446 891
430 573
296 714
172 497
128 508
2012
2 703 109
107 454
89 446
141 126
193 290
267 275
313 734
361 948
368 202
355 300
253 392
147 709
104 233
2013
2 941 483
97 493
93 948
154 956
207 067
280 470
357 503
384 751
417 345
369 070
321 230
149 170
108 480
2014
3 883 438
111 822
110 931
176 351
263 580
394 126
454 966
530 310
545 355
514 137
411 398
210 331
160 131
2015
4 136 424
142 415
141 949
209 456
325 215
463 748
519 150
566 406
545 958
517 057
384 299
180 284
140 487
2016
3 869 894
139 564
141 212
218 774
270 149
370 898
446 519
527 949
498 592
491 054
380 813
209 041
175 329
2017
4 554 029
150 592
144 770
210 531
342 299
443 916
557 255
636 461
608 158
567 180
460 120
244 708
188 039
2018
5 190 935
163 241
169 774
292 510
404 916
537 343
623 408
685 709
647 568
614 448
539 988
295 540
216 490
2019
9 379 505
186 962
209 334
291 899
941 150
1 034 250
1 268 755
1 273 810
1 331 685
1 278 925
1 031 560
298 516
232 659
2020
1 292 628
199 209
224 690
65 979
fermé
fermé
17 780
157 780
272 095
186 470
160 540
8 085
fermé
La question du retour des « marbres d'Elgin »
L'un des objectifs de Mélina Mercouri était d'obtenir le retour des marbres du Parthénon – les « marbres d'Elgin » – actuellement au British Museum de Londres depuis que Lord Elgin les a enlevés du monument au tout début du XIXe siècle et pour lesquels une salle a été prévue dans le nouveau musée[11]. L'Association internationale pour la réunification des sculptures du Parthénon a écrit au musée britannique pour demander le retour des marbres, maintenant que la Grèce dispose d'un lieu adapté pour les accueillir. Ce dernier, par la voix de son porte-parole Hannah Boulton, a précisé que le lieu d'exposition n'avait jamais été un problème, mais que les marbres faisaient partie intégrante de sa collection. Cependant, le British Museum ne serait pas opposé à l'idée de les prêter au musée d'Athènes, pour une période limitée dans le temps. En échange, la Grèce reconnaîtrait définitivement qu'ils appartiennent au Royaume-Uni, ce qu'elle se refuse à faire[5]. Pour l'instant, il n'y a que des moulages en plâtre des marbres d'Elgin.
Collections
La forme du musée sur pilotis a permis de conserver et de présenter une partie des ruines antiques qui se trouvent sur le site. Une partie du quartier de la ville des IVe siècle au VIIe siècle est ainsi visible.
La montée vers le premier étage présente divers objets venant des sanctuaires qui se trouvaient sur et autour de l'Acropole. Le premier étage en montant est consacré aux périodes mycénienne, géométrique, archaïque et sévère.
Le troisième étage est intégralement réservé au Parthénon. Il est organisé en rectangle, sur le modèle du temple. Ainsi, les métopes, frises et frontons sont visibles par le visiteur exactement comme ils étaient à l'origine. Toutes les parties qui se trouvent dans d'autres musées ont été remplacées par des copies.
On appelle « Perserschutt » un dépôt de statues brisées, découvert au sud-est de l'Érechthéion et fouillé au cours des années 1860-1880. Ces sculptures, pour la plupart incomplètes, étaient rangées avec soin et respect, probablement issues de la destruction des monuments de l'Acropole par les Perses en 480 av. J.-C.[12]
Le Moschophore (ou Moscophore, ou Moschophoros) est un kouros de style archaïque portant sur ses épaules un jeune veau destiné au sacrifice.
Statue en calcaire, trouvée en 1864 sur l'acropole d'Athènes, brisée par les Perses en 480. Il manque le bas du visage, les mains et le bas des jambes.
Statue archaïque, fragmentaire, trouvée lors du creusement des fondations de l'ancien musée de l'Acropole.
Le torse et les fragments du cheval ont d'abord été trouvés en 1867. Ils sont désormais conservés et exposés au nouveau musée de l'Acropole.
Puis ce fut la découverte de la tête, en 1877, acquise par le collectionneur français Georges Rampin, qui en fit don au musée du Louvre, où elle se trouve toujours.
Fragments du fronton du temple archaïque dit Hécatompédon « temple de cent pieds », situé sur l'acropole d'Athènes, à l'emplacement du Parthénon actuel et démoli en 490 av. J.-C. , après la victoire de Marathon. À cette place se sont donc succédé trois temples : l'Hécatompédon (avant 490), puis le très éphémère Préparthénon (de 490 à 480 av. J.-C., inachevé), enfin le Parthénon.
Monstre à triple corps et queue de serpent.
Le premier monstre apporte l'eau, le second, le feu et le troisième, l'air.
Fronton archaïque de petite taille, figurant la réception d'Héraclès par Zeus et Héra.
Éléments brisés d'un fronton archaïque, découverts en 1888 à l'est du Parthénon. Ce fronton peut appartenir au premier temple dit « Hécatompédon » ou à un autre bâtiment annexe.
Éléments brisés d'un fronton archaïque, découverts en 1888 au sud du Parthénon. La scène mythologique représente peut-être le meurtre de Troilos, fils de Priam, par Achille. Ce fronton a pu appartenir au premier Érechthéion, siège de l'olivier sacré, dont les rameaux figurent sur les plaques, à gauche.
Trois statues ornent le fronton : un homme et une femme très fragmentaires, tournés vers la droite, et une troisième statue, féminine, très bien conservée, vêtue d'un chiton (tunique) rouge et d'un himation (manteau) bleu. Les traits du visage (yeux, nez, oreilles) sont agrandis et les cheveux descendent en longues tresses noires. Elle porte une coiffure bleue en forme de disque, de style archaïque. Hauteur : 80 cm
Sur les six Caryatides (ou Cariatides), quatre sont complètes ; la cinquième, au second plan à droite, est un assemblage de fragments. La deuxième à gauche, manquante, est au British Museum.
Partie d'un visage féminin avec des yeux incrustés. Offrande votive du IVe siècle av. J.-C., probablement du sculpteur Praxias, insérée dans la niche d'un pilier du sanctuaire d'Asclépios.
Yeux, oreille, sein, jambe, avec inscriptions votives.
Temple d'Asclépios, Athènes.
IVe siècle av. J.-C.
Services aux visiteurs
Le musée dispose d'un café au rez-de-chaussée, avec vue sur les ruines archéologiques sous le bâtiment et d'un restaurant au deuxième étage sur une terrasse de 700 m2 avec vue sur l'Acropole. Il y a également deux boutiques : au rez-de-chaussée et au deuxième étage. Cette dernière est aussi la librairie du musée. Le deuxième étage est réservé aux services aux visiteurs : en plus du restaurant et de la boutique-librairie, on y trouve un salon VIP et une médiathèque[5].
(en) Robin Barber, Greece. Blue Guide., A & C Black, Londres, 1987. (ISBN0393303721)
Maria S. Brouskari, Musée de l'Acropole : catalogue descriptif (traduit par Vanna Hadjimichali), Édition de la Banque Commerciale de Grèce, Athènes, 1974, 200 p., 248 p. de pl.
Georges Dontas, L'Acropole et son musée, Clio, Athènes, 1987 (1re éd. 1979), 135 p.
Georges S. Dontas (dir.), Les portraits attiques au musée de l'Acropole, Académie d'Athènes, Athènes, 2004, 117 p. + 82 p. de pl. (ISBN960-404-043-X)
(el) Stamatía Eleutherátou (dir.), To Mouseío kai ē anaskaphḗ : eurḗmata apó ton chṓro anégersēs tou néou Mouseíou tēs Akrópolēs, Ekdosē tou Organismoú Anégersēs Néou Mouseíou Akrópolēs, Athènes, 2006, 167 p. (ISBN960-89280-0-1) (présentation des trouvailles faites sur le site du nouveau musée)
Hélène Frantzi, L'Acropole et le musée, Ed. Thera, C. Voutsas, Athènes, 1977, 30 p. + 69 p. de pl.
(fr) Frédéric Edelmann, « Le Musée de l'Acropole, bouleversant et maudit. À Athènes, le bâtiment conçu par Bernard Tschumi doit ouvrir le . Sans les frises détenues par Londres », Le Monde, , p. 25.