La place Omónia (en grec moderne : Πλατεία Ομονοίας / Platía Omonías, « place de la Concorde », parfois simplement Ομόνοια / Omónia) est une des principales places d'Athènes. En dessous se trouve la station du métro d'Athènes appelée Omónia, nom qui souvent désigne aussi l'ensemble du quartier.
Histoire
En 1832, le Comité administratif de Grèce(en) confia aux architectes Eduard Schaubert et Stamátios Kleánthis l'aménagement de la nouvelle ville d'Athènes[1]. En 1833, les premiers plans prévirent l'érection du palais royal et de ministères à l'emplacement de la place actuelle[2],[3], mais le projet n'aboutit pas[4]. Reprenant les dessins de Schaubert et Kleánthis, Leo von Klenze envisagea en 1834 l'érection de la cathédrale d'Athènes à cet endroit. L'architecte allemand Ludwig Lange proposa lui des plans pour la construction d'une imposante église du Sauveur, mais le coût exorbitant eut raison du projet[5]. Malgré la décision en 1835 de construire le palais royal plus au sud-est, selon les plans de Friedrich Wilhelm von Gärtner[6], la place aménagée en 1846 prit le nom de place du palais avant d'être renommée place Othon, puis, à la destitution du roi en 1862, place Omónia[7],[8].
À la différence de la place Sýntagma, qui s'imposa dès sa création comme un lieu central de divertissement, les fonctions récréatives de la place Omónia ne furent reconnues qu'à la fin du XIXe siècle[9]. La zone est reliée au système d'égouts de la ville en 1866[10] et le tramway fit son apparition sur la place en 1882[11]. En 1895, le chemin de fer du Pirée à Thissío fut prolongé jusqu'à Omónia grâce à une voie souterraine. Dès 1904, les trains à traction vapeur furent remplacés par des trains électriques[11]. La place fut goudronnée l'année suivante[12] et reliée à l'éclairage public électrique en 1910[11].
La mise en service d'une nouvelle station en 1930, à l'aplomb de la place, conduisit au réaménagement des lieux. La végétation fut entièrement supprimée et des colonnes surmontées de sculptures de sept Muses furent aménagées. Cependant, ces installations ne durèrent pas, et seules les bases des colonnes servant à l'aération de la station souterraine persistèrent dans les années 1940. Une décennie plus tard, la physionomie des lieux commença à évoluer avec l'érection de bâtiments élevés autour de la place[13]. En 1954, d'importants aménagements furent mis en œuvre dans le but de créer des espaces commerciaux souterrains[2]. Le tramway ayant été arrêté, un rond-point fut aménagé en 1957[13] ainsi qu'un bassin central trois ans plus tard[2].
En 2020, la place rénovée est inaugurée. Une imposante fontaine cerclée de pelouse, qui rappelle quelque peu l'atmosphère de la place dans les années 1960, a été financée par des dons privés[2],[17]. Longtemps délaissés, lieux de rassemblement de personnes marginalisées[18], la place et le quartier alentour connaissent depuis quelques années un regain d'intérêt de la part de promoteurs cherchant à investir dans l'hôtellerie et le commerce[2].
Bâtiments remarquables
Au sud de la place Omónia, à l'embranchement de la rue Athinás, figurent les anciens hôtels Bágkeion et Alexandre le Grand, construits par Ernst Ziller dans les années 1880 et laissés à l'abandon depuis les années 1960[19]. Sur le côté nord prennent place le grand magasin Hondos-Centre et l'ancien café Néon, représenté sur deux toiles(en) du peintre grec Yannis Tsarouchis[20].
L'évolution de la place en images
En 1890 : d'importants îlots de végétation sont visibles.
En 1932 : la place est désormais minérale et accueille le tramway.
En 1990 : le Coureur occupe le centre du bassin et du rond-point végétalisé.
En 2011 : le Pentacycle (gauche), avec l'hôtel Bágkeion (arrière gauche) et l'hôtel Alexandre le Grand en face.
En 2020 : la nouvelle fontaine devant le magasin Hondos-Centre.
↑(en) Zeynep Çelik, Diane Favro et Richard Ingersoll, Streets: Critical Perspectives on Public Space, University of California Press, , 294 p. (ISBN978-0-520-20528-4, lire en ligne), p. 117 et 118.
↑(en) Jörg Knieling et Frank Othengrafen, Cities in Crisis: Socio-spatial impacts of the economic crisis in Southern European cities, Londres, Routledge, , 364 p. (ISBN978-1-317-53277-4, lire en ligne), p. 128.
Myrto Dimitropoulou, Athènes au XIXe siècle : de la bourgade à la capitale (thèse de doctorat en histoire de l'université Lumière Lyon 2), Lyon, , 313 p. (lire en ligne).
Christophe Catsaros, « Athènes : la nouvelle place Omonia manque de concorde », Urbanisme, no 346, , p. 59–61 (ISSN0042-1014).