L'Histoire est une revue mensuelle de vulgarisation consacrée à l'histoire. La revue publie des articles et des dossiers auxquels participent des historiens.
des analyses sur le monde actuel à la lumière de l’histoire ;
ainsi que les travaux et débats au sein de la communauté des historiens.
Elle se situe à mi-chemin entre les publications réservées aux spécialistes et les revues de vulgarisation, ou encore, entre les Annales et Historia[5].
Le premier numéro de L’Histoire sort en kiosques le avec des signatures prestigieuses :
La revue a notamment publié entre 1987 et 1998 une quinzaine de numéros spéciaux couvrant un grand nombre de thèmes de l’histoire contemporaine de la Révolution française au général De Gaulle. Les analyses publiées couvrent toutes les époques. Citons des articles de synthèse sur les élites sous l’Ancien Régime : « Qu’est ce que la noblesse ? » (décembre 1995) ou « Les mandarins de la Chine impériale » (février 1992). Le magazine s’intéresse entre autres sujets aux finances royales, point faible de la monarchie qui fut la cause directe de la Révolution : « La chute de la maison Jacques Cœur » (), « Sully : un baroudeur aux finances » (février 1990), ou encore « l’affaire Fouquet ».
En phase avec l’actualité politique, L’Histoire a publié des dossiers sur l’immigration () et sur les nationalités de l’Europe de l’Est (), « La laïcité a gagné mais elle a changé de sens » (juillet-).
La publication accorde une grande attention à la société et aux mœurs, y compris dans l’Europe préchrétienne, en diffusant dans ses analyses des idées neuves. Mentionnons par exemple « Les amours [masculines] grecques : le rite et le plaisir » (), « Pères et fils adoptifs à Rome » (), « La Grande Peste noire : Tout a changé en Occident » () ou encore « Les villes fortifiées de la guerre de Cent Ans » ().
Un hors-série a été créé en 1998, « Les Collections de L’Histoire », qui offre des synthèses sur une grande variété de sujets. Il est constitué majoritairement de rééditions d'articles de « L'Histoire » revus et mis à jour ainsi que de quelques articles inédits. 3 numéros ont paru annuellement de 1998 à 2000, puis 4 à partir de 2001. En 2010, ce hors-série a été réintitulé « L'Histoire : les Collections ».
Le magazine a publié pour ses 30 ans en un numéro spécial qui fait une rétrospective des événements survenus dans le monde et des avancées de la discipline au cours de cette période. Y sont également abordés les défis à venir pour l’histoire et les historiens.
Jean-Noël Jeanneney aborde le bouleversement provoqué par Internet en mentionnant les différentes problématiques de ce média : Le vrac de l’information, la vitesse de navigation qui ne doit pas nuire à la réflexion, la variété qui ne doit pas être mise en danger par la concentration des opérateurs ni par le classement des supports en fonction de leur fréquentation. Il doute de la possibilité d’établir la vérité sur le seul principe de la correction collective des erreurs par les utilisateurs. Il réaffirme le rôle indispensable de validation exercé par les comités de rédaction et de sélection dans les publications scientifiques.
Pierre Assouline parle de dépasser le cadre de l’histoire de France tant au niveau du choix des sujets d’étude qu’au niveau de l’amplitude du champ couvert par les analyses. Le magazine consacre ainsi des numéros spéciaux au Japon (2008), à la Russie (2009), à Al Andalus et au Brésil (2011) ou encore à l'Éthiopie (2017).
Dans l'optique d'une plus grande vulgarisation de la connaissance historique vers le grand public, L'Histoire a entrepris d'éditer régulièrement un atlas historique : Atlas des Amériques (2012), Atlas de France (2013), Atlas des mondes Asiatiques (2014), Atlas des Afriques (2016).
Arnaud Senelier note qu'« au fil des ans », « une certaine ligne politique ou métapolitique est discernable » dans les numéros ; la revue s'oppose ainsi « aux thèses de la Nouvelle Droite, aux fables du négationnisme, de même qu'à l'histoire sainte du mouvement communiste »[7].
Pour l'historien Gérard Noiriel, qui s'exprime ainsi en 2005, L'Histoire a perdu son statut de « revue de vulgarisation de haut niveau » et souligne que « la dimension savante de sa démarche initiale a quasiment disparu ». Remarquant qu'« on ne trouve plus dans L’Histoire la liste des cours du Collège de France, mais les programmes de la télévision », il ajoute : « la plupart des numéros sont en rapport direct avec l’actualité, et la posture normative du journalisme intellectuel s’est imposée au détriment de la compréhension scientifique[8] ».
L'association Acrimed a critiqué le numéro spécial daté de : « D’abord, tout le champ des études historiques tourne autour du magazine lui-même, de ses collaborateurs et des initiatives qu’il soutient. Ensuite, les débats historiques se résument aux positions des membres de la rédaction ou de ceux qui en sont proches, la critique de ces positions étant à peine évoquée ou d’emblée disqualifiée[9] ». Selon cet article, L'Histoire a une nette préférence pour des historiens tels que François Furet et Stéphane Courtois, connus pour leurs positions anticommunistes voire antimarxistes. Les thèses des historiens marxisants, tels Michel Vovelle ou Albert Soboul, y sont peu représentées. Acrimed dénonce une discrimination se traduisant par un refus du débat, par exemple au sujet de la présentation de la controverse lancée par la publication en 1997 du Livre noir du communisme : l'association affirme que l'historien censé critiquer une thèse est juge et partie, ce qui poserait problème du point de vue de la recherche scientifique[9]. Enfin, Acrimed considère qu'à l'instar d'autres journaux du groupe auquel il appartient, le magazine produit un « discours libéral[10],[11] ».
Par ailleurs, Acrimed relève que dans un numéro hors-série paru en , à la veille de l'élection présidentielle, et intitulé La grande querelle : l'histoire de la France, L'Histoire consacre quatre pages à un entretien avec Emmanuel Macron, seul candidat à se voir ouvrir les pages de la revue pour qu'« il témoigne ici à quel point sa conception de l'histoire participe de sa vision de la France[12]. » L'association souligne que Sciences et Avenir, autre publication appartenant à Claude Perdriel, soutien affiché de Macron, a également publié à la même époque un entretien avec cet unique candidat[13].
Diffusion
Ci-dessous, la diffusion payée de L'Histoire (source : OJD, site Office de justification de la diffusion)
↑Historien et qui est en 1978 directeur littéraire aux éditions du Seuil.
↑« Claude Perdriel seul propriétaire de « Historia », « L’Histoire », « Le Magazine littéraire » et « La Recherche » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bMichel Jamet, La Presse périodique en France, Armand Colin, , p. 89.
↑Christian Coiffier, « « Promesse tenue ». José Garanger et le retour au Vanuatu des objets de la sépulture de Roy Mata », Journal de la Société des Océanistes, no 128, , p. 15–24 (ISSN0300-953x, DOI10.4000/jso.5841, lire en ligne, consulté le )
Stéphane Grand-Chavin (dir. Philippe Levillain), Le Développement de L'Histoire : rencontre entre l'édition, l'Université et le journalisme (mémoire de diplôme d'études approfondies en histoire), Paris, Institut d'études politiques de Paris, .
Laurène Pain-Prado (dir. Bernard Bruneteau), La Question de l'histoire grand public : étude comparée de deux magazines d'histoire : Historia et L'Histoire, 2004-2008, université Grenoble-II, 2010 (mémoire de master 2 en histoire) (lire en ligne).
Arnaud Senelier, « Histoire (L') », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN978-2-02-099205-3), p. 710-711.