Football aux Jeux olympiques d'été de 1948Football aux Jeux olympiques d'été de 1948
Navigation Le tournoi de football des Jeux olympiques de 1948, organisés à Londres comme en 1908, est la septième édition officielle du tournoi olympique de football, reconnue en tant que telle par la FIFA, mais neuvième édition en comptant les deux premiers tournois officialisés rétrospectivement par le CIO. La compétition, uniquement masculine, se déroule du 26 juillet au et est organisé par l'Association olympique britannique (British Olympic Association) ainsi que par la Fédération anglaise de football (The Football Association). Les matchs, tous à élimination directe, sont joués dans onze stades à Londres, Portsmouth et Brighton. Dans le contexte de l'Après-guerre, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, aucune installation sportive nouvelle n’est construite pour ces Jeux qui se déroulent dans une ville fortement touchée par le Blitz et en pleine reconstruction. Le football constitue l'un des dix-sept sports officiels des Jeux olympiques d'été de 1948. Bien que vingt-trois équipes soient inscrites pour le tournoi, seules dix-huit y participent effectivement. L’Inde, la Corée du Sud et l’Afghanistan participent pour la première fois aux Jeux olympiques. L’Italie, tenante du titre, et la Suède sont favorites. La compétition voit l’Italie être éliminée en quart de finale par le Danemark. La Suède remporte son premier titre olympique en battant en finale la Yougoslavie et avec sept buts, le Danois John Hansen et le Suédois Gunnar Nordahl terminent meilleurs buteurs de la compétition. La médaille de bronze est remportée par le Danemark. Ce tournoi est la première compétition internationale importante de football de l'après-guerre. Le public britannique, très enthousiaste, accorde sa sympathie à l'équipe d'Inde, ancien Raj britannique, dont la particularité est de jouer pieds nus. Il s’agit aussi de la dernière épreuve olympique de football remportée par une équipe d'Europe occidentale, avant la domination des pays du bloc de l’Est de 1952 à 1980. Contexte et préparationContexteLa Coupe du monde de 1938[1], organisée en France, est la dernière compétition mondiale avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale même si cette compétition ainsi que la Coupe internationale 1936-1938[2] avaient déjà été impactées par le forfait des Autrichiens en raison de l'Anschluss (annexion de l'Autriche par l’Allemagne en 1938). La Coupe du monde 1938 est remportée par l'Italie de Mussolini, déjà titrée en 1934[3] et également championne olympique en 1936[4],[5]. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met entre parenthèses le football en Europe et dans le monde. Seule l'Amérique du Sud, loin des théâtres de combat, voit le maintien des compétitions, notamment de la Copa América, avec plusieurs éditions (1941[6], 1942, 1945[7], 1946[8] et 1947[9], remportées par l'Argentine à l'exception de l'édition 1942[10] remportée par l'Uruguay). En Europe, quelques matchs amicaux sont organisés entre pays de l'Axe (Allemagne, Slovaquie[11], Hongrie, Roumanie, Croatie, Italie, Bohême-Moravie) et pays neutres (Espagne, Portugal, Suisse[12] et Suède) entre 1939 et 1945, reconnus par la FIFA comme des matchs internationaux. Après 1945, l'Europe est en reconstruction et des matchs amicaux sont à nouveau organisés. Du fait des sanctions internationales envers les vaincus[13], l'Allemagne et le Japon sont notamment interdit de toute rencontre internationale[note 2]. Progressivement, les compétitions internationales existantes reprennent :
Le tournoi de football aux Jeux olympiques de 1948 se déroule donc dans un contexte de reconstruction politique et footballistique. Équipes participantesAu départ, vingt-trois équipes sont inscrites pour ce tournoi. On remarque l'absence notamment du Japon et l'Allemagne, tous les deux quarts-de-finalistes en 1936, qui ne sont pas autorisés à disputer les Jeux olympiques[13]. Pour des facilités d'organisation, la compétition débute par le tour préliminaire trois jours avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Le tirage au sort est effectué à Zurich[note 6], le . Après le tirage, cinq équipes se désistent (le Pakistan, Israël, la Pologne, la Birmanie et la Hongrie[15]) et seules dix-huit équipes restent en lice pour participer[16]. La Suède figure parmi les principaux favoris : en dépit d'une défaite quatre buts à deux en amical contre l'Angleterre à Highbury[17], les Suédois impressionnent en effet les observateurs anglais. Les entraînements intensifs combinés à un programme de coaching font de l'équipe des fameux ailiers Rosén et Liedholm[18] une sélection en forme pour les Jeux de Londres.
Entre parenthèses, le nombre de participations aux Jeux olympiques. Préparation des équipesLa Grande-Bretagne, pays organisateur, se prépare en disputant plusieurs matchs en 1948[19] : tout d'abord, en affrontant le 28 février à Portsmouth le club écossais de première division Queen's Park Football Club, qu'elle bat sur le score de quatre buts à zéro grâce à un triplé de Bill Amor. Le 8 mai, pour définir les joueurs britanniques, un match entre deux sélections britanniques, appelées Team A et Team B est joué à Blackpool. Jugé terne[20], il se solde par une victoire de la Team A sur le score de trois buts à un. Elle connaît ensuite deux défaites le 20 juin contre les Pays-Bas à Amsterdam (défaite deux buts à un) et le 20 juillet contre le club suisse FC Bâle à Bâle (défaite trois buts à deux). Enfin cinq jours plus tard au stade Malakoff de Nantes, la Grande-Bretagne bat l'équipe de France olympique sur le score de trois buts à deux. L'Inde, nouvellement indépendante[note 10], sélectionne dix-sept joueurs le 7 mai puis part dès le 6 juin pour son ancienne métropole, le Royaume-Uni[21]. Sur place, elle affronte diverses équipes de faible niveau (A Department Store XI, Metropolitan Police FC, Pinner FC, Hayes FC et Alexandra FC), qu'elle domine dont une victoire quinze buts à zéro contre A Department Store XI, le 13 juillet. Du 10 février au 4 avril, dans le but de repérer des joueurs, le sélectionneur de la Chine Lee Wai Tong assiste, essentiellement à Hong Kong mais aussi à Saïgon et à Macao, à une série de matchs entre des équipes de Hong Kong, Shanghai, Manille, Java, Saïgon, Macao, etc. La sélection finale, composée de joueurs de l’ethnie Han à travers l'Asie de l'Est (Hong Kong, Shanghai, Singapour[note 11] et Penang), est fixée le 6 avril. Du au 17 juillet, elle réalise une grande tournée en Asie du Sud-Est et en Inde (Manille, Bangkok, Saïgon, Jakarta, Singapour, Bandung, Makassar, Surabaya et Calcutta) pour se préparer. Peu après l'arrivée de l'équipe au Royaume-Uni, elle affronte à deux reprises en amical à Londres la sélection olympique américaine, qu'elle bat les 23 (5-2) et 25 juillet (3-2)[22]. La Corée du Sud dispute un match remporté cinq buts à un le 6 juillet contre Hong Kong et à Hong Kong, mais ne joue après aucun match ni en Asie ni en Europe durant son voyage, ni en Angleterre après son arrivée[18]. Quant à l’Égypte, elle connait malheureusement une épidémie durant sa préparation[18]. Pour chaque équipe présente, un terrain d'entraînement est alloué pour une demi-journée. Ainsi, au total, dix terrains d'entraînement sont mis à disposition par les organisateurs[18]. Stades retenus
Les stades utilisés sont ceux de clubs professionnels qui prêtent les infrastructures durant la compétition[réf. nécessaire].
Arbitres retenusLes arbitres officiant pour cette compétition sont désignés par la FIFA. Ils viennent tous d'Europe. Beaucoup d'arbitres officient pour la première dans une compétition majeure et internationale. Seuls trois arbitres ont dirigé des finales de compétitions nationales majeures par le passé : le Yougoslave Lemešić, qui a dirigé la finale de la Coupe de Yougoslavie 1947-1948 et les deux Français Sdez et la Salle.Victor Sdez a arbitré les finales de la Coupe de France 1942-1943[24]. Charles de la Salle, quant à lui, a arbitré la finale de la Coupe de France 1939-1940[25]. De plus, les deux Français ont été juges de touche lors de la Coupe du monde 1938 (pour Sdez Tchécoslovaquie-Pays-Bas 3-0 a.p[26] et Suède-Cuba 8-0[27] ; pour la Salle Hongrie-Indes orientales néerlandaises 6-0[28] et Brésil-Tchécoslovaquie 1-1 a.p.[29].). Tournoi olympiqueTableau final
Tour préliminaireMatchs originellement prévusQuatorze équipes sur les vingt trois engagées sont tirées au sort pour disputer le tour préliminaire (sept matchs planifiés). Mais les forfaits du Pakistan et de la Birmanie, ainsi que ceux de trois équipes devant débuter au tour suivant, entrainement l'annulation de plusieurs matchs et rend nécessaire la réorganisation du tableau. Les matchs Chine-Turquie, Égypte-Danemark et Suède-Autriche sont ainsi déplacés au tour suivant, en huitièmes de finale[15], le tour préliminaire ne concerne alors plus que quatre équipes et seuls deux des matchs prévus à ce stade ont donc lieu.
Matchs disputésSeuls deux matchs initialement prévus sont joués.
Pour sa seconde participation aux Jeux olympiques, l'Irlande retrouve les Pays-Bas comme lors des quarts de finale en 1924[42]. Elle ne peut rien face à l'efficacité des Néerlandais Wilkes — qui inscrit un doublé — et celle de Roosenburg (un but), malgré le but de Brendan O'Kelly. Le Luxembourg participe pour la cinquième fois consécutive aux Jeux olympiques. Quant à l'Afghanistan, il participe à sa première et unique compétition mondiale. Lors de ce match, les Luxembourgeois réalisent le meilleur match, au niveau de l'efficacité, de leur sélection, en inscrivant six buts et en n'encaissant aucun (ce qui constitue, à ce jour, la plus large victoire de l'histoire de la sélection du Grand-duché). Il s'agit aussi de la première victoire aux Jeux olympiques. Huitièmes de finaleMatchs originellement prévusLa Pologne, la Hongrie et Israël qui font partie des neuf équipes exemptées de tour préliminaire et doivent commencer le tournoi en huitième de finale déclarent forfait[16]. Ces forfaits s'ajoutant à ceux du tour préliminaire, une nouvelle planification du tableau est nécessaire.
Matchs disputésEn raison des nombreux forfaits (tour préliminaire et huitièmes de finale), les matchs sont réorganisés. Il n'y a plus que deux rencontres à disputer en tour préliminaire (qualifications du Luxembourg contre l'Afghanistan 6 à 0 et des Pays-Bas contre l'Irlande 3 à 1). Les huitièmes de finales sont joués le 31 juillet et le 2 août.
La rencontre entre l'équipe de Yougoslavie et l'équipe du Luxembourg commence à l'avantage des Luxembourgeois, puisque ceux-ci mènent 1-0 à la mi-temps[43]. Le CIO indique que les Yougoslaves posent le jeu[18] et que les Luxembourgeois jouent un football attractif mais sans vitesse[18]. Ce sont les Yougoslaves qui s'imposent, 6-1 après un retour remarquable. Le CIO précise, dans son rapport, que les Égyptiens ne sont pas habitués à jouer sur terrain humide, ce qui expliquerait leur défaite face au Danemark de Kaj Hansen[18]. Le match entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas est la seconde et dernière confrontation entre les deux équipes, la précédente ayant eu lieu lors des Jeux olympiques de 1908, remportée par la Grande-Bretagne sur le score de 4-0[44]. Le match est très serré, puisqu'il y a 3-3 à l'issue du temps réglementaire. À la 111e minute, un but de l'attaquant de Bradford Park Avenue FC, Harry McIlvenny, permet à la Grande-Bretagne de se qualifier. L'équipe d'Inde, composée avec beaucoup de joueurs venus du Bengale, joue son premier match officiel le contre l'équipe de France olympique. Cette sélection indienne surprend en ne s'inclinant que deux buts à un face à la France, manquant notamment deux penaltys (un est tiré au-dessus, le second est arrêté par le gardien français Rouxel). Le fait que les Indiens jouent au football pieds nus[18],[note 14], y compris dans le cadre d'une compétition internationale, a été considéré comme original et surprenant par l'opinion publique et nombre d'anecdotes ont fleuri autour de ce détail. Par exemple, lors d'une réception au palais de Buckingham, le roi George VI aurait demandé à Manna de retrousser le bas de son pantalon pour vérifier si ses jambes étaient en acier[45]. Pour sa quatrième participation consécutive aux Jeux olympiques, la Turquie affronte pour la première fois la Chine, qui a déjà participé à l'olympiade précédente[46]. Grâce à un doublé de Kılıç et des buts de Saygun et de Küçükandonyadis, la Turquie s'impose et passe pour la première fois le premier tour. Le match entre les équipes de Suède et d'Autriche se déroule au White Hart Lane, sur un terrain gorgé d'eau[47]. Dès le début du match, la Suède mène au score grâce à un doublé de Gunnar Nordahl. Les Autrichiens jouent physiquement et de manière rugueuse en seconde mi-temps, ce qui entraîne des avertissements : celui du Suédois Rosengren et celui de l'Autrichien Ocwirk mais surtout l'expulsion à la 65e minute du défenseur droit autrichien Kowanz[48]. Rosen profite de cette supériorité numérique pour élargir l'écart. Pour sa première participation à une compétition internationale, la Corée du Sud surprend le Mexique, qui a déjà participé à l'édition 1928, sans succès. Le CIO décrit les Mexicains comme de « faux paresseux »[18]. Comme aux Jeux olympiques de 1936, l'Italie entame la compétition face aux États-Unis. Le sélectionneur Pozzo utilise le même système de jeu (le WM) que lors des Coupes du monde de 1934 et 1938[18]. Au cours de ce match, l'Italien Giovannini est averti et Pernigo réalise un quadruplé. Le rapport du CIO stipule que les Américains manquent de cohésion[18]. Néanmoins, le journal italien Il Calcio Illustrato écrit que l'opposition américaine a été faible mais que les Italiens « ont des raisons d'espérer face aux Danois[49] », même si la sélection danoise est composée de joueurs confirmés. Il s'agit de la plus large victoire de l'histoire de la sélection italienne. Quarts de finale
Le CIO précise que les Turcs sont jugés trop lents et ont des difficultés à jouer sur les terrains anglais[18]. Au cours du match contre la Yougoslavie, le milieu de terrain Eken et l'attaquant Gülesin sont exclus respectivement à la quatre-vingtième minute et à la quatre-vingt-cinquième minute de jeu. La dernière confrontation face à une sélection asiatique (le Japon lors des Jeux olympiques de 1936) est restée dans les mémoires des Suédois (défaite 3-2[50]). Afin d'éviter une nouvelle déconvenue face à la Corée, la Suède se montre plus offensive et gagne facilement douze buts à zéro : cela constitue encore aujourd’hui la pire défaite de la sélection sud-coréenne et la plus large victoire de la sélection suédoise. Sur le terrain glissant, les Coréens n’arrivent pas à garder l’équilibre et à maîtriser le ballon anglais qui est trop lourd[47],[51]. Après l'avoir battue au stade Malakoff de Nantes sur le score de trois buts à deux dans le cadre de la préparation à ces Jeux[19], la Grande-Bretagne retrouve la France. Elle s'impose à domicile un but à zéro grâce au but du joueur de Darlington FC Hardisty inscrit à la vingt-neuvième minute. Pour l’Italie, contrairement au tour précédent, le deuxième tour se joue face à un adversaire d'un calibre très différent des États-Unis, le Danemark. La sélection italienne étudiante[note 15] est éliminée cinq buts à trois par le Danemark. Le CIO stipule que ce match est le meilleur match du tournoi[18], mais que les Italiens sont trop portés sur l'attaque et négligent la défense[18]. Le journal italien Il Calcio Illustrato (it) dit que Pernigo inscrit un très beau but, sans en donner des détails[52]. Demi-finales
Lors de la première demi-finale, le Danemark mène dès la troisième minute par l'intermédiaire de Seebach, mais en vingt-cinq minutes, la Suède donne une autre tournure au match, inscrivant quatre buts (deux doublés de Carlsson et de Rosén). Le Danemark réduit l’écart à la soixante-quinzième minute par J. Hansen[47]. Cependant le premier des deux buts de Carlsson qui permet à la Suède d’égaliser est marqué de manière inhabituelle : un joueur suédois[note 16] se trouve en position de hors-jeu après plusieurs changements de possession rapides puis sort même du terrain en courant dans le dos du gardien danois et en rentrant dans le but ; quelques secondes plus tard, Carlsson marque de la tête et le ballon va directement vers ce joueur suédois préalablement hors-jeu, alors debout dans les cages danoises. Le but est accordé, malgré la confusion[53],[54]. Devant quarante mille spectateurs, cette seconde demi-finale est la première confrontation entre les sélections yougoslave et britannique. La Yougoslavie attaque d'entrée. Dès la dix-neuvième minute, le meilleur buteur du championnat yougoslave en 1945, Bobek, ouvre le score, mais une minute plus tard, le Gallois Frank Donovan (en) égalise (il est encore le seul Gallois à avoir marqué un but aux Jeux olympiques)[19]. Égalisation de courte durée puisque le meilleur buteur des championnats 1946-1947 et 1947-1948, Wölfl, inscrit le second but pour la Yougoslavie. Au retour de la mi-temps, le Yougoslave Mitić inscrit le troisième but, celui de la victoire[note 17]. La Yougoslavie se qualifie ainsi pour sa première finale de son histoire dans une compétition internationale. Match pour la médaille de bronze
Comme en 1908[55] et en 1912[56], la Grande-Bretagne retrouve le Danemark. Lors des deux confrontations en finale des Olympiades, la Grande-Bretagne l'avait emporté. Lors de cette petite finale, La Grande-Bretagne ouvre le score rapidement par l'intermédiaire d'Aitken. Mais la puissance de l’attaque danoise lui permet d'inscrire cinq buts grâce aux meilleurs buteurs des championnats danois 1946, J. Sørensen, et 1948, J. Hansen, et au doublé de Præst. En face, seuls Hardisty et Amor parviennent à marquer mais cela est insuffisant pour conquérir la médaille de bronze. Le CIO compare le jeu des Danois au football professionnel anglais[18]. Finale
Première finale olympique retransmise à la télévision, elle est considérée comme un des matchs les plus brutaux pour la Suède. Deux versions s'opposent : du côté des Yougoslaves, les Suédois auraient été aidés par l'arbitre pour remporter le match, les qualifiant de gangsters et de fascistes[47] ; du côté des Suédois, les Yougoslaves auraient beaucoup joué des coudes (pour preuve : Gunnar Nordahl est couvert de bleus et Brozović et Zl. Čajkovski ont été avertis au cours de ce match). Le troisième but suédois est un penalty de Gren inscrit à la soixante-septième minute, en prenant à contre-pied le gardien yougoslave Lovrić[47]. La médaille d'or de la Suède est d'abord célébrée au champagne dans le pub Harrow Tavern, près de Wembley ; puis par la population suédoise à l’arrivée en bateau des joueurs à Göteborg où déjeunera l’équipe. Le roi de Suède Gustave V télégraphie : « Bra gjort! » (« Bravo ! » en français)[47]. Podium et médaillés
Dirigés par le sélectionneur suédois Rudolf Kock[47] et entraînés par le britannique George Raynor[47], les footballeurs suédois Sune Andersson, Henry Carlsson, Gunnar Gren, Börje Leander, Nils Liedholm, Torsten Lindberg, Erik Nilsson, Bertil Nordahl, Gunnar Nordahl, Knut Nordahl, Kjell Rosén et Birger Rosengren remportent la médaille d'or[57],[58], ils ont tous joué les quatre matchs sauf Knut Nordahl qui n’a joué que le premier tour et la finale et Börje Leander qui l’a remplacé pour le quart de finale et la demi-finale. Quant aux joueurs suédois n’ayant joué aucun match (Pär Bengtsson, Rune Emanuelsson, Egon Jönsson, Stellan Nilsson, Stig Nyström et Kalle Svensson)[59], ils ne sont pas médaillés d'or. Il s'agit de l'une des seize médailles d'or et l'une des quarante-quatre médailles récoltées par la Suède lors de cette olympiade. La médaille d'argent de la Yougoslavie est l'une des deux médailles remportées à Londres[note 18]. Pour le Danemark, il s'agit d'une des vingt médailles remportées lors de ces Jeux olympiques. Le CIO compare les jeux des Suédois et des Danois au football professionnel anglais[18]. Le jeu de la Yougoslavie est comparé à celui du Dynamo Moscou[18]. Plusieurs joueurs suédois participeront aux coupes du monde 1950 et 1958, terminant respectivement troisième et finaliste. StatistiquesButs marquésAvec une moyenne de 5,7 buts par matchs, le tournoi olympique de 1948 se classe parmi les plus prolifiques en buts de l'histoire des Jeux[60]. Le Suédois et joueur de l'IFK Norrköping Gunnar Nordahl et le Danois et joueur du BK Frem terminent meilleurs buteurs de la compétition avec sept buts. Le tableau suivant indique le classement des buteurs de la compétition :
Autres buteurs
Classement finalÀ l’origine, les équipes ayant participé à ces Jeux olympiques ne sont pas classées. Cependant, la FIFA établit rétroactivement un classement final de chaque édition des Jeux olympiques d’avant 1988[note 26]. Le classement pour le tournoi 1948 est basé sur la progression lors de la compétition, la différence de buts du dernier match joué puis enfin sur le nombre de buts marqués[62] :
Cette olympiade voit la première participation de la Corée du Sud, de l'Inde et de l'Afghanistan. La Suède, la Yougoslavie et la Turquie réalisent leur meilleure performance durant le tournoi. Les matchs joués dans cette compétition sont officiellement reconnus par la FIFA et sont comptabilisés comme tels pour toutes les sélections, sauf pour la France, qui a envoyé une sélection olympique, et la Grande-Bretagne qui n’a qu’une équipe olympique. Concernant l'Italie, les matchs sont reconnus par la FIFA mais la sélection italienne est une sélection étudiante et non une sélection A[52]. Aspects socio-économiquesÉléments économiques et financiersCouverture médiatiqueEngouement populaire et affluencesLe joueur britannique Angus Carmichael (en) se souvient du fort engouement populaire engendré par les Jeux olympiques d'été de 1948 et l'épreuve de football. Ainsi, il affirme plus tard « jamais je n'ai entendu de rugissement comme celui qui retentit quand nous marchions dans le stade. C'était plutôt merveilleux » en faisant référence à la cérémonie d'ouverture des Jeux[63]. Toutefois, le football n'est pas l'épreuve-reine des JO de 1948, et le public s'emballe bien plus volontiers pour les épreuves d'athlétisme que pour le tournoi de football[64]. Bilan du tournoiBilanPour la Suède, cette compétition a permis de mettre en avant le trio Gre-No-Li, composé des attaquants Gunnar Gren, Gunnar Nordahl et de Nils Liedholm, qui fera notamment le bonheur du Milan AC dans les années 1950[65]. La sélection suédoise confirme son titre olympique en terminant troisième de la coupe du monde de 1950 derrière l'Uruguay et le Brésil[66], puis remporte la médaille de bronze lors de l’olympiade suivante[67]. Même si elle échoue en phase éliminatoire de la coupe du monde 1954 et qu'elle est absente des Jeux de 1956, la Suède brille à nouveau en coupe du monde en 1958[68], en terminant finaliste à domicile. D’ailleurs, certains des joueurs champions olympiques en 1948 jouent la finale du mondial contre le Brésil (K. Svensson, Gren et Liedholm, qui marque un but en finale). Le sélectionneur anglais George Raynor dirige la sélection lors de la finale en 1958, comme en 1948. Il s’agit aussi de la dernière compétition du sélectionneur italien Vittorio Pozzo, qui devient ensuite journaliste à La Stampa et reconnaîtra les corps des victimes de la tragédie de Superga en 1949. Pour la Yougoslavie, il s’agit de la première des quatre finales olympiques entre 1948 et 1960[69]. En coupe du monde, elle ne connait cependant pas la même réussite durant cette période, ne faisant pas mieux que quart de finaliste en 1950, 1954 et 1958. Une première expérience pour de nombreuses équipesBien que qualifiée pour la coupe du monde 1950, l’Inde déclare forfait. Contrairement à la rumeur qui circule selon laquelle cela venait de l’obligation de jouer avec des chaussures, alors que beaucoup de footballeurs indiens jouaient pieds nus, ou des coûts du déplacement jusqu’au Brésil, la raison du refus de la Fédération indienne de football aurait été plutôt le souhait de se concentrer sur les Jeux olympiques, le manque de temps de préparation et des désaccords internes sur la sélection de l’équipe sont aussi évoqués[70]. Les États-Unis, éliminés en huitièmes de finale, sont présents à la coupe du monde 1950 deux ans plus tard avec plusieurs joueurs qui ont perdu contre l’Italie. Walter Bahr qui était titulaire contre l’Italie a été le passeur décisif sur le but permettant de battre l’Angleterre (1-0). Évolutions tactiquesNotes et référencesNotes
Références
Bibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
AnnexesLiens externes
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