La commanderie de Bure, fondée entre 1120 et 1133, constitue la première commanderie templière de Bourgogne avant de devenir une commanderie hospitalière.
La chapelle, en partie transformée, existe toujours et sert d'église paroissiale. S'y trouvent, entre autres, deux pierres tombales : une tombe templière, en forme de trapèze avec une croix du temple et un manche de pic, une équerre et un outil que Michel Miguet pense être un niveau[2]. La deuxième pierre tombale, d'époque hospitalière, est celle de Guillaume de Fougerolles, mort le , il était commandeur de Bure, et probablement neveu de Ferri de Fougerolles, prieur de Champagne. Il est représenté en armure, dans une attitude de prière[3]. La commanderie jouxte l'église qui en ferme le quadrilatère au nord[4]. Les autres bâtiments, ruinés depuis 60 ans, font l'objet de restauration depuis 2006[5].
La commanderie a été en grande partie rebâtie aux débuts du XVIe siècle par Jacques Aymer[6], commandeur hospitalier de Bure et prieur de Champagne de 1513 à 1528. Les vestiges actuels sont en très mauvais état car, en 1958, le propriétaire a profité de l'absence de classement de l'abbaye proprement dite pour rechercher le trésor des Templiers à la dynamite. Les nouveaux propriétaires s'attachent à leur restauration[7] et l'association « Les amis de la commanderie de Bure-les-Templiers » a été créée en 2009[n 1]. Un site Internet a été mis en place[7]. En 2010, de gros travaux sont entrepris par la commune pour la restauration de l'église[8].
Historique
La date de création de Bure fait débat : « Elle est sous la protection des sires de Grancey dès 1127 » d'après D. Marie[9]. Mignard et Lavirotte[10] parlent de Chartes de 1120 et 1127. Michel Miguet[11] ainsi qu'Alain Demurger[12] et Jean Richard[13] datent sa fondation de 1133 d'après une charte de l'évêque de Langres. Mais d'après J.M. Roger « Elle fut fondée au plus tard en 1120 par Païen de Bure » et le pancarte de 1133 n'est que le rappel de la donation plus ancienne de Paien de Bure[14].
Il n'en reste pas moins que c'est une commanderie fondée dans les débuts du Temple, et qui eut une grande importance : elle est le siège d'une baillie dont dépendent de nombreuses maisons. Jean-Marc Roger, dans sa thèse sur le grand prieuré de Champagne[15] répertorie dans la publication des pièces du procès par Michelet[16] dix-neuf frères du Temple dont le pseudonyme est « de Bure ». Ce qui montre bien l'importance de cette maison. Même quand il n'est plus commandeur de Bure, Hugues de Pairaud participe dans plusieurs actes à la gestion de la Commanderie, entre autres en 1299[17].
Les sires de Grancey ont protégé la maison de Bure. Un ancien seigneur de Grancey, Eudes Ier, y est Templier. Dans un procès non daté, mais de la fin de la période templière, les Templiers se plaignent à « la dame de Grancey, leur garde »[18]. Les condamnés par les Templiers de Bure étaient remis à la justice du seigneur de Grancey pour exécuter les peines. Une borne, située à la limite du territoire de Bures délimitait l'endroit où les condamnés étaient remis.
À partir de la dévolution aux Hospitaliers, au plus tard en 1314, l'expansion de l'abbaye est terminée[19]. Le changement de mode de gestion du faire valoir direct au bail à terme confié à un fermier amodiataire pendant la Guerre de cent ans entraîne même un lent déclin des possessions[20]. Celui-ci est aggravé par la décision de Philippe II le Hardi de supprimer le servage à Bure[21], privant ainsi les exploitants d'une main d'œuvre bon marché. Ce n'est qu'à partir du XVIe siècle que les commanderies des Hospitaliers retrouvent de l'intérêt peu avant de passer sous le régime de la commende[22].
Maître de la baillie de Bures et d'Épailly (1265-1267) décembre 1265: « freres Martins, maîtres de Bures et d'Espaillé » avril-mai 1267: « frere Martin, commandeour de Bures et d'Espaillé »[25]
Commandeur de la baillie de Bures et de La Romagne (1270)[25] Commandeur du passage et de Bure (1274)[29] Commandeur de la baillie de Bures et tenant lieu de commandeur de la province de France pour frère Jean le François (mars 1279).[25] Commandeur du passage (c.1280/81) Commandeur des maisons de la chevalerie du Temple en la baillie de Bure (1284)
Sous les Hospitaliers Bure devient une chambre priorale du grand prieuré de Champagne ; elle n'a, depuis le milieu du XIVe siècle, généralement pas de commandeur particulier[30].
↑Hugues de Pairaud indique avoir été reçu à Lyon en 1263 en présence d'Henri de Dole et Dominique de Dijon désigne ce même Henri comme celui qui l'a reçu à Dijon vers 1261/62. Les deux sans indiquer son titre ou son rang à ce moment-là.
Louis Berthoumeau, Du vol et de sa répression en Bourgogne sous l'ancien droit et chartes de l'abbaye Saint-Étienne de Dijon de 1260 à 1270, Université de Dijon - Faculté de droit, (lire en ligne)
E.G Léonard, Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317), constitué par le marquis d'Albon et conservé à la Bibliothèque nationale suivie d'un tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs, E. Champion, , xv-259.
Delphine Marie, Les Templiers dans le diocèse de Langres : des moines entrepreneurs aux XIIe et XIIIe siècles, Langres, D. Guéniot, , 189 p. (ISBN2-87825-260-8, BNF39160551)
Michel Miguet, Les Templiers en Bourgogne, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, , 152 p. (ISBN978-2-84479-138-2, BNF42111395)
Michel Miguet, Templiers et Hospitaliers de Bures : histoire et rayonnement d'une commanderie bourguignonne, Langres, éditions Dominique Guéniot, , 133 p. (ISBN978-2-87825-507-2, BNF42697075)
Jean Richard, « Les Templiers et les Hospitaliers en Bourgogne et en Champagne méridionale (XIIe – XIIIe siècles) », dans Josef Fleckenstein, Manfred Hellmann, Die geistlichen Ritterorden Europas, Sigmaringen, J. Thorbecke, , 429 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
Jean-Marc Roger, Le prieuré de Champagne des Chevaliers de Rhodes : Thèse de paris IV 2001, Université Paris-Sorbonne, , 2000 p., p. 289
Abbé Roussel Les Templiers du diocèse de Langres à l'époque de leur suppression Revue de Champagne et de Brie, juin 1884
M. Mignard, « Statistique des possessions de la milice du Temple en Bourgogne », Congrès archéologique de France : Séances générales tenues à Dijon en 1852, no 19, , p. 208, lire en ligne sur Gallica
César Lavirotte, « Mémoire statistique sur les établissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne », Congrès archéologique de France : Séances générales tenues à Dijon en 1852, no 19, , p. 235, lire en ligne sur Gallica