Le prince était arrivé de Calais, et, en attendant le rapide pour Cologne, se promenait sur un quai de la gare du Nord avec un aide de camp. Au moment où le prince montait dans la berline, un jeune belge de quinze ans, Jean-Baptiste Sipido, fendit la foule des curieux et tira deux coups de révolver. L'agresseur fut rapidement maîtrisé.
Le prince n'a paru nullement ému de l'incident ; il a fait signe qu'il n'avait rien et a demandé si le revolver était chargé. Sur la réponse affirmative, il a prié, en souriant, qu'on ne soit pas trop sévère pour le coupable.
France, économie : le Parlement vote la loi de finances. L'article 33 introduit le régime de l'autonomie financière pour les colonies.
États-Unis, politique : adoption, par le Congrès, du Foraker Act, sur le statut de Porto Rico qui met fin au régime militaire. Le président des États-Unis nomme un gouverneur et un conseil exécutif. Une chambre basse, composée de trente-cinq membres, est créée.
Deux beaux discours, unanimement applaudis, qui sont, en quelque sorte, le prologue officiel de l'exposition de 1900 et qui forment la synthèse éloquente des efforts de la France entière depuis dix ans, ont été prononcés par le président de la RépubliqueÉmile Loubet et le ministre du Commerce, inaugurant cette grandiose Fête de la Paix dont rien n'a troublé une seule minute le triomphant épanouissement et qu'un temps superbe a favorisée jusqu'au dernier moment. Dès 13 heures, les 13 000 invités commencent à envahir la salle des Fêtes de 90 mètres de diamètre, dont l'acoustique est remarquable.
Une fête de la lumière : l'illumination totale du Trocadero représentait 70 000 becs de gaz. Puis ce sont les pavillons de la guerre, du Mexique, de la Suède, de Monaco, de l'Allemagne, de la Norvège, de la Belgique, d'où tombent les ovations unanimes aux cris de Vive Loubet. En sortant du pont Alexandre-III, on peut contempler le Grand Palais et le palais des beaux-arts. <<L'ensemble de l'exposition est fort avancé; jamais inauguration n'a été plus près de la fin absolue de tous les travaux et dans quinze jours tout sera achevé. La vérité est là.>>
Edition / presse : lors de l'Exposition universelle, cinq linotypes, fabriquées par la société Linotype française, créée en 1899, réalisent l'édition quotidienne du New York Times. Cette machine à composer mécanique produisant des lignes justifiées fondues constitue un grand progrès technique et économique; elle sera rapidement commercialisée.
Sport, cyclisme : la cinquième édition de la classique Paris-Roubaix est remportée par le Français Émile Bouhours, les 262 km en 7 h 10 min 30 s, qui devance le vainqueur de la première édition en 1896, l'Allemand Josef Fischer, et le Français Maurice Garin. Celui-ci, qui avait remporté l'épreuve en 1897 et 1898, effectue les six tours de la piste de Roubaix à pied, tenant son vélo à la main, pour protester contre les organisateurs.
Chine, politique : le gouvernement impérial refuse de se plier aux exigences présentées par les puissances étrangères à la suite de la révolte des Boxers.
Dans l'après-midi, aux portes de l'Exposition universelle, s'est produit un accident lamentable : une passerelle en construction, destinée à relier, par-dessus l'avenue de Suffren, l'exposition à l'attraction du Grand Globe céleste[2], édifié de l'autre côté de l'avenue, s'est effondrée sous son propre poids, causant la mort de neuf personnes. Un entrepreneur, qui n'avait pas été chargé des travaux, a déclaré :« Le ciment armé, matériau dont se composait le tablier de la passerelle, a été inventé en Autriche. On n'a pas tardé à l'employer en Belgique. Il y a un an et demi environ qu'il a été importé en France. J'estime qu'on ne sait pas encore s'en servir convenablement. ». Cet accident a amené le gouvernement de l'époque à juger utile de s'intéresser à ce nouveau matériau et à essayer d'en définir les règles d'usage. À cet effet, la Commission du ciment armé, est créée par l'arrêté ministériel du .