Dans l'Église latine, régie par le code de droit canonique, l'archevêque est un prélat qui bénéficie, en vertu d'anciens privilèges attachés à son diocèse ou d'une décision pontificale, d'une dignité supérieure à celle d'un évêque.
Archevêque et archidiocèse
En principe, l'archevêque est l'ordinaire d'une Église particulière appelée archidiocèse. L'ordinaire d'un archidiocèse est dit archevêque ex officio, titre qu'il conservera après son départ.
Un archevêque peut aussi n'être l'ordinaire que d'un simple diocèse ou d'une autre Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque ad personam.
Un archevêque peut n'être l'ordinaire d'aucune Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque titulaire.
Archevêque métropolitain
En principe, l'office de métropolitain est joint au siège archiépiscopal de sorte que l'archevêque qui est l'ordinaire d'un archidiocèse est le métropolitain d'une province ecclésiastique.
La grande majorité des archevêques catholiques sont aussi métropolitains, c'est-à-dire à la tête d'une province ecclésiastique.
L'archevêque détient, d'une part la juridiction spirituelle sur son diocèse que l'on appelle ainsi un archidiocèse, et d'autre part, un certain droit de regard sur les évêques de sa province. Son rôle est essentiellement d'organiser la coopération entre les diocèses, mais il n'a pas d'autorité à proprement parler sur les diocèses de sa province autres que le sien (appelés diocèses suffragants).
Les archevêques métropolitains portent le pallium.
Archevêque non métropolitain
Il existe des archidiocèses auquel l'office de métropolitain n'est pas joint. Au , leur nombre était de quarante-huit[1]. Un tel archidiocèse est dit archidiocèse non métropolitain et l'archevêque qui en est l'ordinaire est dit archevêque non métropolitain.
Archevêque non métropolitain suffragant
Cette section adopte un point de vue français et doit être internationalisée (janvier 2024).
Certains archidiocèses non métropolitains sont suffragants d'un archidiocèse métropolitain ; l'archevêque d'un tel archidiocèse est dit archevêque suffragant. Il s'agit en général de sièges autrefois métropolitains ayant perdu ce privilège au profit d'une autre ville voisine devenue plus importante, et à qui l'on conserve cependant la dignité archiépiscopale.
D'autres archidiocèses non métropolitains ne sont suffragants d'aucun métropolitain ; l'archevêque qui est l'ordinaire d'un tel archidiocèse est dit archevêque exempt ou sujet immédiat du Saint-Siège. Cette situation résulte toujours d'une particularité historique ; c'est le cas, par exemple, de :
l'archidiocèse de Monaco. La Sacrée Congrégation consistoriale érige l'abbaye territoriale des Saints-Nicolas-et-Benoît, avec juridiction sur toute la principauté de Monaco, par le décret Pastoris aeterni du . Vingt ans plus tard, Léon XIII érige l'abbaye en évêché dépendant directement de Rome, par la bulle pontificale Quemadmodum Sollicitus Pastor du . Enfin, par la bulleApostolica haec du — dont la forme est celle d'un traité international —, le pape Jean-Paul II élève le siège épiscopal de Monaco à la dignité d'archevêché en compensation de la renonciation du Prince au droit de patronat et de collation. L'archevêque de Monaco siège à la Conférence des évêques de France.
l'archidiocèse de Vaduz, au Liechtenstein. Il est créé par le pape Jean-Paul II par le bref Ad satius consulendum du pour régler un conflit interne au diocèse de Coire en Suisse. Son territoire correspond désormais à celui de la principauté. L'archevêque de Vaduz siège à la Conférence des évêques de Suisse.
Monaco ou le Liechtenstein peuvent aussi être jugés trop petits (malgré leur caractère souverain) pour justifier la création d'une province ecclésiastique, tout en voyant ainsi reconnaître au siège de leur capitale un caractère national.
Cette section adopte un point de vue français et doit être internationalisée (janvier 2024).
Certains archevêques métropolitains jouissent également du titre de primat, qui leur garantit une juridiction théorique sur plusieurs provinces. Les autres primaties provinciales ne sont plus portées depuis les années -, à l'exception en France des titres suivants qui restent uniquement honorifiques (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :
primat de Normandie, attribué aux archevêques de Rouen. Un arrêt du Conseil du confirme le titre et interdit à l'archevêque de Lyon d'intervenir dans son ressort. L'archevêque de Rouen revendiquait la juridiction sur les nouveaux diocèses d'Amérique du Nord, avant que Rome ne mît fin à cette prétention.
primat de Lorraine, attribué aux évêques de Nancy (qui n'ont néanmoins pas le rang d'archevêques). Le bref apostolique du les autorise à accoler à leur titre celui d'évêque de Toul, le titre de primat leur ayant initialement été attribué en .
primat d'Aquitaine : l'archevêque de Bordeaux, de (par Clément V) à . Les conséquences de ce titre honorifique sont visibles dans la cinquième rangée de houppes du blason épiscopal de Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux depuis .
Il existe également en France les titres historiques suivants, correspondant au territoire actuel des provinces ecclésiastiques :
D'autres titres historiques français ont existé, mais les diocèses auxquels ils correspondaient ne sont plus les archidiocèses métropolitains d'une province ecclésiastique :
primat des Sept Provinces, ou « primat des primats » : la bulle du pape Calixte II du accorde à l'archevêque de Vienne la primatie sur sept provinces : Vienne, Bourges, Bordeaux, Auch, Narbonne, Aix-en-Provence et Embrun. L'archidiocèse de Vienne est supprimé en . Le territoire de Vienne est devenu une zone interdiocésaine de à , puis la ville de Vienne est intégrée avec des paroisses dans le diocèse de Grenoble.
Archevêque patriarche
Deux archevêques métropolitains jouissent encore du titre de patriarche, purement honorifique (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :
Enfin, les archevêques ou évêques titulaires sont des prélats pourvus de la dignité épiscopale, mais n'ayant aucune juridiction diocésaine. Cette dignité est toujours accordée aux nonces apostoliques, ainsi qu'à des membres de la Curie romaine, qui jouissent ainsi d'une plus grande stabilité en cas de changement de pape.
Archevêque-évêque
L'on appelle « archevêque-évêque » :
un archevêque ex officio ou titulaire déplacé ensuite à un siège seulement épiscopal :
Marcel Lefebvre, archevêque de Dakar () puis archevêque-évêque de Tulle () ;
Philippe Ballot, archevêque de Chambéry () puis archevêque-évêque de Metz ().
un évêque promu archevêque ad personam :
Joan-Enric Vives i Sicília, évêque d'Urgell et coprince d'Andorre () puis archevêque-évêque d'Urgell () à titre personnel.
un évêque pressenti vainement pour un siège archiépiscopal, pour l'en dédommager :
Étienne Antoine Boulogne, évêque de Troyes (), pressenti pour Vienne () puis archevêque-évêque de Troyes (-).
La communion anglicane compte quarante provinces ecclésiastiques, la plupart comptant un ou plusieurs archevêques, et six petites églises rattachées différemment. Chacune de ces provinces ou églises est autonome. Les sièges les plus connus sont ceux de l'Église d'Angleterre, Canterbury (chef spirituel de l'Église d'Angleterre et de la communion anglicane) et York. Ces deux archevêques sont des « pairs spirituels » (spiritual peers) et donc membres de la Chambre des lords britannique.
Dans les églises luthériennes
Relevant généralement du système presbytérien synodal, les églises luthériennes ont conservé certaines des formes héritées du système épiscopalien et certaines ont des archevêques. C'est le cas en Suède, en Finlande, en Lituanie et en Allemagne où l'église luthérienne est non seulement l'héritière directe des structures catholiques d'avant la Réforme mais aussi suffisamment nombreuse pour avoir deux niveaux hiérarchiques.
Un archevêque suédois célèbre est Lars Olof Jonathan Söderblom, qui s'est illustré dans le domaine de l’œcuménisme. C'est à Uppsala que se trouve le siège du seul archevêque de l'Église de Suède.
Dans l'Église orthodoxe
Dans les Églises orthodoxes, à l’origine, l'archevêque était l'évêque qui présidait les conciles de sa province, synonyme de métropolitain. Dans la pratique orthodoxe actuelle, le mot a plusieurs usages distincts :
Usage grec : titre porté par un évêque qui est aussi primat (Chypre, Grèce, Crète). Les patriarches sont aussi appelés archevêques de la ville où est situé leur siège épiscopal, tandis que tous les autres évêques titulaires sont métropolites.
Usage russe : titre porté par un évêque titulaire qui a reçu une distinction honorifique intermédiaire entre le rang des simples évêques et celui des métropolites.
Usage roumain : il se conforme à la signification originelle du mot.