L'église Saint-Sépulcre est une collégialegothique du XVe siècle dans le cœur historique de la vieille ville d'Abbeville. Les vitraux d'Alfred Manessier y attirent particulièrement les visiteurs.
Historique
Une fondation médiévale
À la fin du XIe siècle, le comte Guy Ier de Ponthieu rassembla les chevaliers du Nord de la France, avant qu'ils ne partent en croisade, à Abbeville où Godefroy de Bouillon les passa en revue. La tradition rapporte que l'église Saint-Sépulcre aurait été fondée sur les lieux mêmes du rassemblement des croisés[1].
De la fondation de cette église, on ne sait pratiquement rien, puisque aucun document ne mentionne la date de sa construction. On ne trouve aucune mention de l'église avant 1206. De plus, aucune trace des XIe siècle ou XIIe siècle n'est visible dans l'édifice. Ce n'est qu'en 1332 que l'église Saint-Sépulcre fut mentionnée dans le Livre rouge de l'Échevinage, sans en donner de description[1].
En septembre 1792, c'est dans l'église Saint-Sépulcre que se déroula l'élection des députés du district d'Abbeville à la Convention nationale.
En 1863, étant donné le très mauvais état de l'église, d'importants travaux de restauration furent entrepris. Le clocher et le transept furent rebâtis en style néo-gothique en 1864. Elle fut classée monument historique, en 1907[2].
Les destructions de la Seconde Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, Abbeville subit des bombardements, l'église Saint-Sépulcre ne fut pas touchée, mais des impacts proches firent éclater les vitraux. Le , la municipalité décida de réparer les dégâts subis par les églises Saint-Jacques et Saint-Sépulcre, ce qui coûta au total 181 Francs à la commune[3]. En mai 1940, Abbeville subit un violent bombardement de la Luftwaffe, l'église Saint-Sépulcre fut durement touchée, les voûtes s'effondrèrent ainsi que certains murs. Les vitraux furent brisés par le souffle provoqué par la chute des bombes[1].
La restauration de la fin du XXe siècle
La restauration du bâtiment ne fut entreprise que dans les années 1970. En 1982, l'inspecteur des monuments historiques, François Enaud, proposa à Alfred Manessier, peintre ayant passé son enfance à Abbeville, la création de vitraux pour l'église.
Le dimanche , Alfred Manessier inaugura les trois premiers vitraux qui ornent le chœur de l'église[4]. L'ensemble quasi achevé des vitraux fut inauguré le . En 2012, le clocher fut doté d'une toiture remplaçant la toiture provisoire installée après 1945.
Vitraux
Les verrières de l'église Saint-Sépulcre ont été réalisées à la fin du XXe siècle. Elles constituent, à elles seules, l'élément le plus notable de l'édifice.
Sur une commande de l'inspecteur général des monuments historiques, tous les cartons des vitraux ont été dessinés par Alfred Manessier (1911-1993), pendant cinq ans, de 1988 à 1993. L'artiste conçut son œuvre de trente-et-un vitraux à partir du thème de la victoire de la vie sur la mort, la Passion et la Résurrection[5].
Les verrières ont été réalisées par l'Atelier Lorin de Chartres. Les vitraux furent posés par Gérard Hermet et ses compagnons, en présence d'Alfred Manessier.
Ils sont constitués de milliers de formes dont les couleurs changent selon l'exposition de l'édifice. Ils attirent presque 11 000 visiteurs par an[5].
Les verrières doivent se lire de la manière suivante :
les trois vitraux de la chapelle sud évoquent la Cène, le blé dans le premier vitrail symbolise le pain, la vigne dans le troisième, le vin. Au centre le grand vitrail évoque l'annonce de la Pentecôte;
Em. Delignières et H. Macqueron, « Abbeville monuments religieux (Eglise Saint-Sépulcre) » in La Picardie historique et monumentale, tome III, arrondissement d'Abbeville, Amiens, Yvert et Tellier, Paris, A. Picard et fils, 1904-1906 - Lire sur Gallica.
Abbé Lefèvre, Essai sur l'église de Saint-Sépulcre, Amiens, Lenoël-Hérouard, 1872.
Ernest Prarond, L'Église du Saint-Sépulcre d'Abbeville, Paris, Dumoulin, 1872.