Abbaye Saint-Martin de Laon

Abbaye Saint-Martin de Laon
Image illustrative de l’article Abbaye Saint-Martin de Laon
Vue de l'abbaye au XVIIe siècle
Présentation
Culte Catholicisme
Dédicataire Saint Martin
Type Abbaye
Rattachement Prémontrés
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Protection Logo monument historique Classé MH (1862, Abbatiale)[1]
Logo monument historique Inscrit MH (1926, Abbaye)[2]
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Département Aisne
Ville Laon
Coordonnées 49° 33′ 46″ nord, 3° 36′ 42″ est
Géolocalisation sur la carte : Aisne
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Abbaye Saint-Martin de Laon
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Abbaye Saint-Martin de Laon

L'église abbatiale Saint-Martin de Laon actuelle a été construite au XIIe siècle en dehors des murs de la cité.

Historique

Les origines carolingiennes de l'abbaye sont obscures.

Julia Fritsch, conservatrice du patrimoine, chef du service à compétence nationale par intérim du musée du Moyen Âge, thermes et hôtel de Cluny, à Paris écrit que sur le site d'une ancienne collégiale carolingienne l'évêque de Laon, Barthélemy de Jur, a installé Norbert de Xanten en 1119 pour ramener les chanoines au respect des règles canoniales. Devant l'échec de cette opération, Nobert de Xanten avec quelques compagnons a fondé l'ordre des prémontrés en 1121. L'évêque a expulsé les chanoines et les a remplacé par douze chanoines réguliers de l'abbaye de Prémontré en 1124[3].

Cette abbaye fait partie des primarii inter pares de l'ordre des Prémontrés avec Cuizy et Florette. L'abbaye aurait compté cinq cents frères en 1136 ce qui a nécessité d'augmenter les dimensions de l'église pour les recevoir lors de l'office qu'ils devaient faire ensemble au moins une fois par jour[4].

La construction de l'église par les prémontrés commence par la nef à deux niveaux et les bas-côté, bâtis entre 1135 et 1150, couverts par une charpente apparente, et se terminant sur un transept bas. Elle se poursuit par le chÅ“ur voûté réalisé entre 1150 et 1160. Des niches d'autels sont ensuite ajoutés dans la deuxième travée du chÅ“ur. Les voûtes de la nef et des collatéraux sont édifiées entre 1190 et 1200. La construction des voûtes de la nef a nécessité d'ajouter à chaque pile un colonne flanquée de deux colonnettes baguées pour recevoir l'arc-doubleau et les ogives. La reprise de la poussée supplémentaire des voûtes a demandé des arcs-boutants plus importants. Au niveau du transept, la reprise de la poussée des voûtes a entraîné un surhaussement. La façade du bras sud du transept est élevée. La construction se poursuit par les tours situées au niveau de la dernière travée des bas-côtés, à la liaison avec le transept, jusqu'à la fin du XIIIe siècle ; les flèches qui les surmontaient sont descendues en 1737.

La façade occidentale est plus tardive. Elle est parfois attribuée au XIVe siècle. Sa construction n'a débuté que vers 1270. Un élément permet de confirmer cette datation, c'est l'arrivée à l'abbaye d'une importante relique de saint Laurent, vers 1230. Son martyre est représenté sur le tympan du portail nord de la façade[5].

En 1340, L'abbé Jean de Bruyères a reçu l'ordre de fortifier son monastère pour le protéger contre d'éventuels assaillants.

En 1728, Joseph Étienne de La Fare a obtenu le un brevet du roi l'autorisation, après l'accord de l'abbé de Prémontré et des religieux de Saint-Martin, de poursuivre auprès du pape la réunion de l'abbaye Saint-Martin à l'évêché de Laon. L'accord de la cour de Rome est rapidement obtenu, mais la mort de Benoît XIII nécessita d'attendre l'élection du nouveau pape. Clément XII élu, il a donné ses bulles conformément à ce qui avait été décidé par son prédécesseur le . Le pape éteint le titre d'abbé régulier de Saint-Martin et incorpore l'abbaye à l'évêché de Laon avec la manse abbatiale mains à la charge d'augmenter les annates de l'évêché de Laon de 1 500 florins d'or et qu'il sera payé annuellement et à perpétuité 6 000 livres par l'évêque de Laon et ses successeurs au collège de l'ordre de Prémontré à Paris. Les bulles sont alors publiées à Laon par l'official de Reims, le . L'évêque de Laon a pris possession de l'abbaye le lendemain. Le roi a approuvé l'extinction de l'abbaye Saint-Martin par lettres-patentes et son incorporation à la manse épiscopale en mai 1731. Elles sont enregistrées par le parlement de Paris le [6].

Modification des bâtiments

Est aussi construit un palais abbatial et un pavillon situé dans le jardin appelé le vide-bouteilles. Ils sont construits pour Nicolas Lesaige entre 1616 et 1621. Une autre campagne de reconstruction est débutée en 1736 par les architectes Charles et Nicolas Bonhomme, la date jadis portée sur l'aile était autour de la cour de la Communauté  ; la tour nord-est de l'église est reconstruite en 1740. Mais en 1754, seule l'aile est avec son grand escalier du dortoir est achevée ; les ailes nord et ouest ainsi que les galeries du cloître sont reconstruites de 1779 à 1788.

Patrimoine

Le premier abbé, Gautier, a ramené de Byzance un fragment de la Croix. L'abbaye possédait un os de saint Barthélemy dans un bras d'argent, un os de saint Norbert[7] et le bras gauche de saint Laurent volé par un chanoine régulier du nom de Thomas dans le monastère prémontré Sainte-Croix situé en Hongrie, vers 1230. Cette relique est reçue à Laon par l'évêque Anselme de Mauny[8]. Elle est abrité dans une châsse fabriquée sur ordre d'Anselme, évêque de Laon[9]. Dès 1243, l'évêque Garnier a promulgué des indulgences pendant l'octave de Saint Laurent. Cette relique acquit vite une grande renommée et attirait des pèlerins. C'est aussi en son nom que fut ouverte une foire qui attirait une foule nombreuse, qui avait lieu le . En 1523, par accord royal, elle fut déplacée au premier lundi de janvier et durait alors six jours. Elle faisait partie des trois foires de la ville (Sainte-Face, st-Thomas et st-Laurent). Ces foires ont été suspendues pendant les exactions qui se déroulèrent de 1589 à 1594 par les affidés de la Ligue. Le pèlerinage disparut sous la Révolution et les foires au cours du XIXe siècle[10].

Révolution française

Après la Révolution française, l'église devient paroissiale et les autres bâtiments, aménagés par l'ingénieur Duroché, accueillirent l'hôtel-Dieu en 1810. En 1944, un bombardement détruisit tous les bâtiments entourant la cour de la " Communauté ", les ailes ouest et nord, mettant ainsi au jour les pignons médiévaux du cellier et du réfectoire[11].

Utilisation actuelle

Aujourd'hui l'emprise de l'abbaye accueille l'hôpital de Laon et il existe une médiathèque dans le cloître. L'église est devenue paroissiale.

Notes et références

  1. ↑ Notice no PA00115719, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. ↑ Notice no PA00115706, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. ↑ Julia Fritsch 1980, p. 68
  4. ↑ Fritsch 1990, p. 395
  5. ↑ Julia Fritsch 1980, p. 68, 78
  6. ↑ Gomart 1868, p. 164-166
  7. ↑ Anne Wagner, « Reliques et mémoire Â», dans La mémoire à l'Å“uvre, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. Â« Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté Â» (no 925), , 385 p. (ISBN 978-2-84867476-6, lire en ligne), p. 19-33
  8. ↑ Martinet 1979, p. 62-63
  9. ↑ L'Eleu, Mémoires pour servir à l'histoire de Laon depuis l'an 304 jusqu'en 1732, TI, p. 840.
  10. ↑ Jean Marquiset in Almanach Matot-Braine de la Marne, de l'Aisne et des Ardennes, 56e année, 1914, Reims, p. 299.
  11. ↑ L'église abbatiale Saint-Martin de Laon

Annexes

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Bibliographie

  • C. Gomart, « Notice sur l'abbaye de St-Martin de Laon (de l'ordre de Prémontré) Â», Bulletin de la Société académique de Laon (1866-1967, 1867-1868), Laon, Société académique de Laon, t. XVIII,‎ , p. 121-166 (lire en ligne)
  • L. Broche, « Laon. Église Saint-Martin Â», dans Congrès archéologique de France. 78e session. Reims. 1911, t. 1. Guide de visite, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 225-239
  • Suzanne Martinet, « La relique de saint Laurent Â», Mémoires, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, t. XXIV,‎ , p. 62-68 (lire en ligne)
  • Suzanne Martinet, « François Colinet, dernier Prémontré de Saint-Martin Â», Mémoires, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, t. XXIV,‎ , p. 69-76 (lire en ligne)
  • Julia Fritsch, « Quelques remarques sur l’architecture de l'église Saint-Martin à Laon Â», Mémoires, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, t. XXV,‎ , p. 67-81 (lire en ligne)
  • Julia Fritsch, « Laon : L'église abbatiale Saint-Martin Â», dans Congrès archéologique de France. 148e session. Aisne. 1990, t. II, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 395-412

Articles connexes

Liens externes