Lors du dernier discours public de Miguel de Unamuno, alors député et recteur de l'université de Salamanque, donné dans l'amphithéâtre de cette institution, en zone franquiste[1], le (le « Jour de la race espagnole »), l'écrivain se lance dans une réaction improvisée à une attaque au pouvoir dictatorial en place sur le rejet des Catalans et des Basques et surtout sur la tournure indigne, « incivile », que prend la guerre :
« Le général Millán-Astray est un invalide [comme le sont hélas beaucoup trop d'Espagnols aujourd'hui]. Tout comme l’était Cervantès. […] Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès [qui] éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. Le général Millán-Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute – qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le
donne inconsciemment à entendre. […][2],[3]. »
Il termine son discours par une phrase restée célèbre : « vous vaincrez, mais vous ne convaincrez pas » (Venceréis, pero no convenceréis)[2],[4].
L'évêque de Salamanque Enrique Plá y Deniel, pourtant catalan, et le général José Millán-Astray, fondateur de la Légion espagnole en 1920, tous deux partisans de Franco, assistent à la réunion, qui se termine de façon très tendue, l'épouse de Franco intervenant elle-même pour mener Unamuno dehors et ainsi le protéger des militaires[2]. Le discours d'Unamuno est interrompu de plusieurs exclamations restées célèbres de Millán-Astray : « ¡Mueran los intelectuales! » ou, selon les versions, « ¡Muera la inteligencia! », ainsi que « ¡Viva la muerte! »[5].
Notes et références
↑(es) Luis Enrique Rodríguez, San Pedro Bezares, Historia de la Universidad de Salamanca, vol. 1 : Trayectoria histórica e instituciones vinculadas, Universidad de Salamanca, 2002, p. 275-6 (extrait en ligne).
↑(es) Carlos Rojas, Muera la inteligencia! Viva la muerte! Salamanca, 1936, Unamuno y Millán Astray frente a frente, Planeta, 1995, 293 p., (ISBN978-8408014690).
↑(es) Rafael Núñez Florencio, « Encontronazo en Salamanca: “Venceréis pero no convenceréis” », La Aventura de la Historia, 2014, no 184, p. 37 (ISSN1579-427X).
(es) Peset Mariano, « Unamuno, rector de Salamanca », in: Bulletin hispanique, tome 104, no 2, 2002. p. 883-904. DOI : 10.3406/hispa.2002.5138 (Texte intégral).
(es) Hugh Thomas, La guerra civil española, Ruedo Iberico, 1967, 783 pages, [traduction en français : La guerre d'Espagne, Robert Laffont, 2009, 1026 pages] (extrait en ligne).