Le tassili n’Ajjer (en berbère : tasili n Ajer, en tifinagh : ⵜⴰⵙⵉⵍⵉ ⵏ ⴰⵣⴶⵔ, Tasili n Azjer ; en arabe : طاسيلي ناجر) est un massif de montagnes situé au centre du Sahara, dans le Sud-Est de l'Algérie et dont la frange orientale se trouve en territoire libyen.
Géographie
Situation, topographie
Ce haut plateau aride se trouve à plus de 1 000 mètres d'altitude et s'étend sur 670 km du nord-ouest au sud-est et 200 km environ du nord-est au sud-ouest, soit une superficie de près de 72 000 km2[1]. Sur toute sa surface se dressent des formations rocheuses créées par l'érosion, émergeant des dunes de sable, qui évoquent de loin les ruines de villes antiques. Illizi se trouve au pied du versant nord et Djanet en bordure du versant sud-ouest.
Le tassili n’Ajjer culmine à 2 158 mètres d'altitude à l'Adrar Afao et émerge en hautes falaises à 1 500 mètres en moyenne au-dessus des ergs de Mourzouq et d'Oubari à l'est et d'Admer dans le Ténéré au sud[2]. Au nord, ce haut plateau se perd dans les dunes d'Issaouane et de Bourharet.
Le relief du tassili n’Ajjer est particulièrement tourmenté : les immenses plaines rocheuses qui laissent parfois la place à des « forêts » de monolithes sont creusées d’akbas (trous dans les escarpements qui ne sont accessibles qu'à pied ou à dos de dromadaire) et de multiples failles et canyons recelant parfois une guelta alimentée par les rares et violents orages qui ravinent le désert tous les deux ou trois ans[2].
Le massif est habité par les Touaregs du groupe Kel Ajjer. Sa ville principale est Djanet, une petite oasis située en bordure occidentale de la région.
Géologie
Le tassili n’Ajjer est constitué de grès, formé par les importants dépôts sédimentaires superposées de vase et de sable solidifiés issus de l'érosion partielle des montagnes cristallines du Paléozoïque (de -541 à -252,2 millions d'années) et déposés par les océans du Mésozoïque (de -252,2 à -66 Ma) qui couvraient la totalité de l'actuel Sahara. Puis, le socle des grès stratifiés a été rejeté en périphérie par l'irruption du massif du Hoggar[2]. De fortes variations climatiques et hydriques ont ensuite raviné, érodé et façonné la roche voici quelque 4 millions d'années.
Pendant des millions d'années, le sol du tassili n’Ajjer a été raviné par les eaux. Puis, quand la sécheresse s'installa, les vents chargés de grains de sable usèrent et sculptèrent ces grès meubles. Les rares pluies, les exceptionnelles crues, demeurent une cause d'érosion importante, car nul couvert végétal ne retient les eaux qui creusent les roches. Les températures sont une autre cause de l'érosion : la différence entre la nuit et le jour est parfois de cinquante degrés et les roches éclatent littéralement par l'effet de ces variations brutales jusqu'à devenir poussière de sable (phénomène qu'on appelle la cryoclastie ou gélifraction).
Faune et flore
Entre 17 000 et 12 000 ans avant le présent, le tassili n’Ajjer était recouvert d'une végétation verdoyante, qui évolua progressivement vers la savane, puis la steppe de type sahelien, avant de devenir un désert il y a 7 000 ans avant le présent[4]. Il en demeure quelques espèces-reliques comme des myrtes à proximité des trous d'eau et des cyprès du Tassili (tarout) dont il subsiste une centaine de spécimens près de Tamrit[2]. De cette époque subsistent également le mouflon à manchettes et quelques survivants d'une faune aquatique jadis variée : des poissons dans certaines gueltas, des crevettes dans l'oasis de Djanet et même des crocodiles, découverts en 1924 : les crocodiles de l'Imhirou[2].
↑Jean-Loïc Le Quellec, Des martiens au Sahara : chroniques d'archéologie romantique, Actes Sud, coll. « Errance », 2009 (ISBN978-2742782758)
↑Guy Jacques, Les Saharas cachés : une méharée imaginaire, Société des écrivains, 2015 (ASINB00SCKH7JC), page 190.
↑Les reproductions des peintures ont été réalisées en 1956 et 1957 par Henri Lhote et son équipe dans le massif d'Aouanrhet, à proximité de l'oasis de Djanet et du plateau de Jabbaren, dans le Sud de l'Algérie : H. Lhote, Op. cit., pp. 88 et 252 sur le site du musée de l'Homme : Algérie : Mémoire de pierre.