Signes extérieurs de richesses détonne quelque peu dans le répertoire de Johnny Hallyday, peu enclin aux thèmes politiques...
Il y a toutefois quelques précédents, notamment avec la période Philippe Labro (1970 - 1971), durant laquelle Hallyday enregistre plusieurs titres engagés, C'est écrit sur les murs, Poème sur la 7e (album Vie), Flagrant délit, L'Autre Moitié[1] (album Flagrant délit). Ou encore, en 1981, Monsieur Paul (album En pièces détachées), où (sur un texte de Didier Barbelivien), il invective le dit Monsieur Paul, symbolisant l'homme politique toutes tendances confondues, pour lui dire son désintérêt pour la parole politicienne (discours qu'il compare à du chant en playback, dont le locuteur « confond les paroles et la musique ».
Il y aura aussi (en 1984 - album Drôle de métier), Génération banlieue écrit par le journaliste Serge Loupien, qui dénonce le mal-vivre des jeunes des banlieues et anticipe l'avènement des violences urbaines (« mon avenir il est tout tracé, Une cage à Fleury ou en béton armé, C'est sûr qu'un soir ça va péter, C'est sûr qu'un soir ça va cogner, [...], Ma banlieue va exploser »).
En studio à Nashville, durant les mêmes séances d'enregistrements[3], Johnny Hallyday « enfonçant le clou », enregistre un second titre dans la « même veine », J'ai perdu la tête sur lequel il se gausse cette fois de la mise en place du carnet de change, limitant à 2 000 francs par an la somme que chaque touriste français peut emporter à l'étranger[4],[5] (la chanson reste inédite jusqu'en 1993) :
« ... Quand j'entends c' que j'entends, J' vois c' que je vois, La folie me guette, J'ai perdu la tête, J'ai vu à la télé, Un mec qui veut mon bien, Froidement déclarer "Pour les vacances tintin", [...], Et puis ma p'tite amie, Qui n' comprend jamais rien, Me dit "partons Johnny pour un pays lointain", [...], Oh ! Mon dieu qu'elle est bête, J'ai dit "t'as rien compris, on reste ici", [...], On ira demain, Chez ton vieux parrain, Là du côté de Romorantin, [...], La folie me guette, j'ai perdu la tête »
Le 45 tours Pour ceux qui s'aiment (sur lequel Signes extérieurs de richesse est en face B) se classe n°13 des ventes en France[7] et s’écoule à plus de 250 000 exemplaires[8].
↑Avec ses yeux-là, Johnny Hallyday et Amanda Sthers, éditions Plon, 2013, p. 122, citation : « En 1971, j'ai composé une musique sur laquelle Labro m'a écrit un texte génial, L'Autre Moitié, où je demande aux mecs riches d'aller de l'autre côté du périphérique, vers les banlieues, pour voir les clandestins qui crèvent la dalle. »
↑ a et bDaniel Lesueur, L'Argus Johnny Hallyday, discographie et cotations, 2003, éditions Alternatives, p. 139
↑Jean-Marc Daniel, Le Gâchis français, 2015, éditions Tallandier, citation : « La seconde mesure est la création du carnet de change. Celui-ci limite les dépenses des Français désireux de se rendre à l'étranger, à 2 000 francs pour toute l'année. »
↑Livret du CD Philips 512487-2, n°25 de l'intégrale CD parue en 1993.