Les services express métropolitains (SEM), services express régionaux métropolitains (SERM) ou RER métropolitains sont des projets avant tout ferroviaires visant à développer une offre comparable à celle d'un transport urbain autour d'une dizaine de grandes métropolesfrançaises. Ils doivent en outre s'appuyer sur les cars express et le vélo, et peuvent avoir un volet relatif au covoiturage. Ces services express métropolitains, issus d'un rapport de la SNCF de 2020 doivent favoriser les déplacements en train, dans l'optique d'en doubler la part d'ici à 2030, pour notamment décarboner les transports et offrir plus d'alternatives à l'automobile.
Contexte et historique
Ouvert en 1977, le RER d'Île-de-France est le premier service cadencé et régulier mis en service en France. D'autre collectivités ont ensuite lancé des études (comme Toulouse, Lille ou Lyon) pour mettre en place un réseau de RER dans leur agglomération, sans que ces études ne débouchent sur une réalisation. En 2017, l'association ASTUS[N 1] lance une réflexion sur la faisabilité technique d'un RER traversant à l'échelle de l'aire métropolitaine strasbourgeoise, avec l'étude d'un étudiant de la Faculté de géographie et d'aménagement de Strasbourg[1],[2],[3],[4]. Il faut attendre la fin des années 2010 pour voir Bordeaux annoncer officiellement le lancement du RER Bordelais à partir de 2021[5].
Dans la foulée, la SNCF en 2020 publie un rapport (commandé par Élisabeth Borne, alors ministre des Transports), préconisant le développement de « Services Express Métropolitains »[6]. Ce terme (plutôt que « RER ») insiste sur la distinction entre le RER d'Île-de-France et les autres réseaux potentiels en France. En effet, le RER d'Île-de-France est jugé par ce rapport comme modèle spécifique à l'Île-de-France de par la puissance financière de cette région, la forte densité de sa population, et la densité de ses infrastructures. Ce rapport incite les autres métropoles à lancer de rapides études, pour lancer de premiers travaux dès 2023 et ainsi disposer de premiers réseaux à horizon 2030. Ainsi Strasbourg, Bordeaux et Lille, qui avaient déjà lancé des études dans ce sens, intègrent le programme de ces services express métropolitains, dans un premier temps sans l'appellation officielle de SEM, car ayant pour la plupart déjà opté pour le nom de « Réseau Express Métropolitain » (REM).
Le 27 novembre 2022, Emmanuel Macron annonce dans une vidéo vouloir développer une dizaine de RER métropolitains dans les grandes agglomérations françaises, sans les citer[7]. Début 2023, Olivier Razemon anticipe qu'aucun contrôle ne sera effectué dans les zones à faibles émissionsmobilité (ZFE-m). Mais les ZFE sont éminemment utiles pour faire avancer l'idée de RER métropolitain[8]. Pour Jean Coldefy, expert chez ATEC-ITS France, les RER métropolitains doivent aussi intégrer les transports routiers (autocars, covoiturage...), en particulier quand ils maximisent les économies de CO2 tout en épargnant les finances publiques[9]. L'Assemblée nationale, a adopté (16 juin 2023) une proposition de loi sur les services express régionaux métropolitains (SERM) ou « RER métropolitains » (proposition des députés, soutenue par le Gouvernement)[10].
Le 24 septembre 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce que treize projets de RER métropolitains seront retenus et seront en partie financés par l’État. Dans un premier temps, 700 millions d'euros seront alloués pour la poursuite des études. Eu égard à la situation de disette financière de l'État en 2024 et au coût trop élevé du réseau ferroviaire, le ministre des transports François Durovray entend développer les autocars express, « beaucoup moins coûteux et plus rapide à mettre en place que les RER métropolitains »[11] (voir Transports en France : financement des transports en commun). Les treize métropoles retenues dans un premier temps pourront être rejointes par d'autres ultérieurement, dont les projets ne sont pas encore suffisamment avancés[12],[Carto 1].
Les enjeux du fret ferroviaire sont également pris en compte[14].
Le 27 juin 2024, le ministère de la transition écologique (chargé des transports) annonce dans un communiqué de presse la labélisation officielle SERM, permettant des financement d'Etat, de 15 projets (contre les 13 initialement annoncés), mais annonce que d'autres projets seront rapidement labélisés également dans une seconde vague. Ainsi les dossiers de Bordeaux, Chambéry, Clermont‑Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Mulhouse, Nantes, Rouen, Saint‑Etienne, Strasbourg, Toulouse, et Tours sont retenus, tandis que ceux de Avignon, Marseille (Aix), Nice (et Cannes), Orléans, Toulon et projets Basco-landais (Saint-Sébastien à Dax), "Côte d’opale" et Franco-Suisse (Mulhouse-Bâle) restent à l'étude[17],[18].
Pour le Haut Conseil pour le climat, la politique des transports est encore trop souvent menée par « projets », et pas suffisamment élaborée de façon systémique. En ce sens, les SERM traduisent un changement de paradigme prometteur, grâce à une offre intermodale autorisant un bon chaînage des déplacements ainsi qu'à une billettique et à une information des voyageurs intégrées[19],[20].
Caractéristiques
La mise en place de ces services express métropolitains est prévue pour être progressive et permettre une montée en puissance des réseaux, au sein du système de transport métropolitain et national, en offrant un haut niveau de service (au moins un train toutes les demi-heures) tous les jours, en heure creuse comme en heure de pointe avec une plage horaire pouvant aller au-delà de 6-21h en semaine et pouvant aller jusqu'à minuit les vendredis et samedis. Les points d'arrêts devraient être desservis systématiquement, régulièrement répartis en zone urbaine dense, et espacés de quelques kilomètres seulement ailleurs. En heure de pointe, la fréquence devrait être renforcé (au quart d'heure par exemple) et ne pas descendre en dessous d'un train par demi-heure en heure creuse pour créer de la demande. Il s'agit là du même principe mis en application en Suisse pour le plan Rail 2000. Pour ne pas saturer les gares principales, le principe de la diamétralisation des lignes est préconisé (comme pour le RER à Paris).
Le matériel roulant devra être à la fois capacitaire, avec une forte capacité d'accélération et de rapidité pour desservir de nombreux arrêts[21].
Projet de seconde ligne nord/sud reliant Thiviers au Buisson, dans le cadre du développement d'un éventuel RER Périgord-Limousin. Projet porté par des associations locales et des collectivités territoriales[24].
Études de faisabilité en cours[30]. Projet de SEM non intégré au plan de financement de l'Etat. Projet co-financé principalement par la Région et l'agglomération du Pays Basque.
3 lignes :
Irun/Hendaye ↔ Dax via Bayonne
Bayonne ↔ Pau
Bayonne ↔ Saint-Jean-Pied-de-Port
Projet confirmé en décembre 2023 et annonce du calendrier en 3 phases[31] :
1re phase : optimisation du réseau existant, augmentation des fréquences ; poursuite des études
2e phase : achat de nouvelles rames et modernisation du réseau pour augmenter les fréquences et création de trois nouveaux points d'arrêt à Bidart, Tarnos et Lahonce. Fréquence d'un train toutes les demi-heures par sens déployée
3e phase : prolongement de la première ligne jusqu'à San Sébastian pour proposer un véritable service trans-national
Réseau pouvant s'appuyer en tout ou partie par des trams-trains, 2 lignes existantes déjà[32].
Augmentation de l'offre ferroviaire de 65% sur l'étoile nantaise et création d'une halte ferroviaire pour desservir l'aéroport nantais.
Premier accord de financement dans le cadre du Contrat Etat-Région 2023-2023 : 94 millions d'€ prévus pour la réalisation de ce RER[33].
Un représentant des syndicats de cheminots prévient que les collègues détachés ou autres nouveaux arrivants « ne suffiront pas pour tenir le plan de transport 2023 » dans le Grand Est, notamment avec la mise en place du Réseau express métropolitain strasbourgeois[35],[36].
À l'étude
Les projets qui suivent sont les autres projets mis en avant dans le rapport sur les SEM. Ils ont des niveaux d'avancement différents, par défaut, lorsque la mention « À l'étude » est inscrite, cela signifie que le projet en est à l'état de discussion entre SNCF Réseau et la métropole concernée à la suite du rapport. Lorsqu'une étude a en plus été commandité directement par la métropole, une précision sur le type des études est apportée.
Les projets sont triés par ordre d'avancement (les plus avancés en premier) puis par ordre alphabétique.
Études de faisabilité en cours[40]. Coût estimé[Quand ?] : de 6 à 7 Mds. Un groupement (groupement d'intérêt public, probablement) est en 2023 préparé par la SGP et SNCF Réseau pour assurer la maîtrise d'ouvrage "politique" du projet, son plan de financement, la concertation et les procédures, tout en coordonnant les maîtres d'ouvrage "techniques". En 2022, un comité de pilotage a identifé des axes d'investissements, dont pour des voies nouvelles entre Lille et Hénin-Beaumont, sur ou à proximité des lignes existantes de l'étoile ferroviaire[10].
Étude de faisabilité commandée par la métropole à la SNCF[42]. L'intégration tarifaire pour les détenteurs d'un abonnement au Réseau Astuce dès janvier 2024 est une première étape importante.
Études de faisabilité en cours[43], coût estimé en 2022 à environ 500 M€ pour la branche nord (début des travaux en 2024, en lien avec la LGV[44]), et à environ 700 M€ à 1000 M€ pour le reste du réseau.
Le projet est officiellement lancé en novembre 2023[45].
la création d'une nouvelle ligne vers Ouistreham en utilisant en partie des lignes affectées au fret sur le port[47].
Dans un premier temps, la Région Normandie propose l’aménagement d'un terminus à Bayeux, estimé à 12,5 millions d’euros, puis éventuellement l'ouverture de haltes à Carpiquet, Beaulieu et Mondeville[47]. Intégrée depuis 2022 à la liste officielle des SEM[48].
D'autres projets de réseaux comparable aux SEM existent et sont portés la plupart du temps par des collectifs ou des collectivités territoriales. Là encore, les états d'avancement diffèrent. Le rapport incitait toutes les agglomérations qui le souhaitait à engager des études pour développer l'offre ferroviaire, y compris celles non cités dans le rapport.
Projet porté par un collectif comprenant de nombreuses collectivités territoriales dont le Département de la Haute-Vienne, sur l'étoile ferroviaire de Limoges[51]
Projet d'abord porté par des associations locales puis défendu par des collectivités territoriales. Projet finalement retenu par la Région Nouvelle Aquitaine qui va financer les premières études de faisabilité[53].
Ligne devant relier Tonnay-Charente à Marans et nécessiterait la création d'une dizaine de haltes, en particulier sur la section La Rochelle/Marans[54].
Relation Lunel/Sète dont la hausse de service est en vigueur depuis décembre 2020. Une augmentation des fréquences notamment en heure creuse est à l'étude[56].
Des élus locaux du Morbihan relancent l'idée d'un RER entre Lorient et Vannes voire entre Quimperlé et Redon pour désengorger les routes du département[57],[58].
Projet de développement de l'Écotrain entre Guéret et Felletin pour impulser une nouvelle dynamique sur cette ligne. 7 à 8 aller/retours sont prévus au lancement de ce projet[59].
Christian Broucaret, « Le projet de service express métropolitain bordelais confronté aux nouveaux choix de la Métropole », Transports urbains, no 139, , p. 17–20 (ISSN0397-6521, DOI10.3917/turb.139.0017, lire en ligne).