Hübner est sans conteste le plus énigmatique des joueurs de haut niveau des années 1970 et 1980. Son parcours est atypique car il ne considérait pas les échecs comme une profession ou une occupation à plein temps. Son intérêt principal était orienté vers la philologie, l'étude des langues finno-ougriennes et particulièrement du finnois. Il parle plusieurs langues et officie occasionnellement en qualité de traducteur.
La papyrologie fait aussi partie de ses domaines d'activité et il en obtint un doctorat de l'Université de Cologne en 1976.
Il publia aussi des ouvrages sur l'œuvre de Kafka et Salinger.
Il est réputé pour sa discrétion vis-à-vis des médias.
Carrière aux échecs
Débuts
Son père lui enseigna les règles du jeu quand il avait cinq ans. En 1957, il l'inscrivit au club Eisenbahnschachverein Turm Köln avec lequel il participa en 1961 au championnat d'Allemagne par équipes. Puis le jeune Hübner devint champion d'Allemagne junior en 1963 et 1964.
Champion d'Allemagne
Il n'éprouvait pas une grande motivation pour l'obtention du titre de champion d'Allemagne. Il le remporta cependant à deux reprises : en 1967, champion d'Allemagne à seize ans, ex æquo avec Hans Besser et en 1999 quand il occupa seul la première place.
Après sa qualification à Palma de Majorque, il rencontra en quart de finale Tigran Petrossian à Séville en 1971. La salle où se jouait le match donnait sur une avenue où avaient lieu des travaux d'aménagement. Hübner avait protesté à plusieurs reprises contre le bruit qui gênait sa concentration. Petrossian n'éprouvait pas ce genre de tracas, puisqu'il souffrait de surdité et qu'il lui suffisait de débrancher son appareil auditif. À la suite d'une série de six nulles, le Soviétique remporta la 7e partie et Hübner abandonna immédiatement le match (-1 =6).
1973 et 1976 : cinquième des tournois interzonaux
Le tournoi interzonal de Leningrad en 1973 ne lui ouvrit pas les portes des matchs des candidats. Il y termina à la 5e-6e place (+6 -3 =8).
En 1976 à Bienne, il termina ½ point derrière les joueurs qui allaient disputer un match de barrage pour la qualification aux matchs des candidats. Il occupa à la 5e-7e place (+6 -2 =11).
1979-1980 : finaliste des candidats
À Rio de Janeiro en 1979, il partagea la 1e-3e place (+7 -1 =9) et se qualifia pour la suite de la course au titre.
En 1980, il domina András Adorján en quart de finale (+2 -1 =7), puis Lajos Portisch en demi-finale (+2 =9).
En finale, il rencontra Viktor Kortchnoï à Merano. Après six parties, Hübner menait d'un point (+2 -1 =3), mais, au cours de la 7e partie, dans une finale équilibrée, il ne vit pas la possibilité d'une fourchette du cavalier adverse, perdit une tour et dut abandonner. Choqué par cette défaite, il perdit aussi la 8e. Il abandonna le match après l'ajournement des 9e et 10e parties qui demeurèrent inachevées, laissant ainsi Kortchnoï aller défier Anatoli Karpov.
1983 : quart de finale des candidats contre Smyslov
Il n'eut pas besoin de disputer un des trois tournois interzonaux de 1982 car son statut de finaliste des matchs des candidats du cycle précédent le qualifiait automatiquement pour les matchs du cycle 1981 - 1984.
En 1983, Hübner rencontra Vassili Smyslov en quart de finale. Les dix parties du match s'achevèrent par une égalité (+1 -1 =8 pour chaque joueur). Après deux prolongations (=2 et =2), le départage s'opéra par tirage au sort avec une roulette de casino[1]. Le hasard ne fut pas favorable à Hübner et il dut quitter la compétition.
1985 à 1993
Hübner ne fut pas qualifié pour les tournois interzonaux de 1985. En 1987, il était invité pour le tournoi interzonal de Subotica, mais il refusa d'y participer.
Il parvint à nouveau à se qualifier pour le tournoi des candidats en 1990 lors du tournoi interzonal de Manille organisé en système suisse où il marqua 8 sur 12 (il finit à la 5e-11e place ex æquo). En 1991, il fut éliminé par Jan Timman dès le premier tour (huitième de finale) des matchs des candidats (-2 =5).
Il occupa la 31e place du tournoi interzonal FIDE de Bienne en 1993 en marquant 7 sur 13 et ne put se qualifier.
Succès dans les tournois internationaux
Robert Hübner participa à de très grands tournois internationaux :
covainqueur à Munich en 1979, championnat international de RFA : 1er-4e, ex æquo avec Spassky, Andersson et Balachov ;
Lors de la coupe du monde GMA en 1988-1989, il finit neuvième du classement général, ex æquo avec Jan Timman (il fut cinquième à Belfort 1988 et à Barcelone 1989).
Compétitions par équipes
Olympiades
Il participa à six éditions de cette épreuve pour la RFA[2].
1972 : Skopje : 15 / 18 (+12 =6, 83,3 %) - médaille d'or et performance Elo de 2 741. Ce fut au cours du match contre l'URSS qu'il infligea à Tigran Petrossian la seule défaite qu'il ait subie en dix olympiades.
Au début des années 1990, il exprima l'idée que les joueurs d'échecs possédaient des droits d'auteur sur les parties qu'ils jouaient et que, de ce fait, elles ne pouvaient être publiées sans leur autorisation. En 1994, la section juridique de la Fédération allemande dirigée par Wolfgang Unzicker estima que ce droit ne pouvait être reconnu, car les deux protagonistes d'une partie n'avaient pas de but commun et a priori, mais divergent et a posteriori. Cette décision fut confirmée en 1995 par le Bundestag. Ce droit est cependant controversé et n'est pas non plus reconnu par la Fédération internationale des échecs[3].
Auteur de livres d'échecs, il a notamment donné son nom à une variante de la défense nimzo-indienne. Il a aussi évolué dans le club d'Evry Grand Roque en France.
En juillet 2005, il pointait à la 65e place mondiale avec un classement Elo de 2 636. Il joua à l'OSC Baden-Baden entre 2001 et 2007. Il joue depuis des compétitions par club en Allemagne, Suisse, Finlande et au Luxembourg .
C'est son remarquable sens stratégique qui a valu à Hubner d'être parfois appelé le Capablanca allemand[4].
Hübner a également pratiqué le xiangqi, participant à plusieurs tournois européens en Hollande et en Allemagne. Il participa en particulier au championnat d'Europe en 1987 ; championnat dont il termina cinquième et premier européen, remportant ainsi le titre de champion d'Europe[6].