Le quartier peut être subdivisé en deux zones, d'une part Brochant/La Fourche/Guy Môquet au sud, et d'autre part Bessières au nord.
Histoire
Avant 1860
L'origine du nom Épinettes pourrait venir des ronces présentes sur les terres à l'origine, ou d'un cépage de pinot blanc, l’épinette blanche[3]. Selon cette dernière hypothèse, le quartier abritait des vignes de ce cépage. La première mention du nom est notée en 1693 dans un contrat d'échange de terres[4]. Des domaines de chasse royaux sont indiqués dans le secteur de l'actuel quartier des Épinettes[N 1] sur le plan de Roussel, dessiné en 1730 : remise des Épinettes, remise du Chiendant et remise du Fond ou des Batignolles[5].
Les Épinettes ont longtemps été un hameau, partie intégrante du village des Batignolles (alors encore dans la commune de Clichy créée à la Révolution), tout en conservant une forte dimension agricole et cynégétique[6]. Quand le village des Batignolles et celui, voisin, de Monceau, très proches de Paris et qui commencent à se développer plus fortement, sont séparés de Clichy en 1830 pour former la nouvelle commune des Batignolles-Monceau, le hameau des Épinettes est naturellement intégré dans cette nouvelle commune. Il se développe lentement comme village lui aussi encore à dominante agricole.
La loi du [7] dissout la commune des Batignolles-Monceau, son territoire étant presque totalement annexé dans Paris (y compris les fortifications et une partie de la zone inconstructible au-delà). Les Batignolles, Monceau et les Épinettes sont regroupés dans 17e arrondissement de Paris avec le quartier plus ancien des Ternes. Une petite partie des Épinettes située à l'est de l'avenue de Saint-Ouen est toutefois rattachée au 18e arrondissement. La partie située entre la route de la Révolte (actuelle avenue Victor-Hugo à Clichy) et l'enceinte de Thiers est réintégrée à la commune de Clichy[N 2]. Une petite partie alors non construite au sud de la commune de Saint-Ouen, mais à l'intérieur des fortifications, est également intégrée au nouveau quartier administratif des Épinettes, créé le [2].
Depuis l'annexion à Paris en 1860
Le quartier des Épinettes ne se construit fortement qu’à partir des années 1850. La cité des Fleurs voit alors le jour. Le lotissement de la majorité du quartier a lieu dans les années 1860, avec la construction de nombreux immeubles haussmanniens lors du rattachement à la commune de Paris. Le quartier est habité par une population plus ouvrière, le quartier devenant à dominante industrielle, avec l'implantation des usines Goüin (devenues Société de construction des Batignolles, ancêtres de Spie Batignolles), aujourd'hui disparues, entre l'avenue de Clichy et les actuelles rue Boulay et rue Émile-Level, les Verreries pharmaceutiques Léon Warin (rue Ballagny et impasse Compoint), jouxtant la fabrique du malletier Moynat, rue Balagny, actuelle rue Guy-Môquet.
Les industries quittent les Épinettes dans la première moitié du XXe siècle pendant que des logements les remplacent. Quartier alors populaire, il voit passer des personnages de gauche ou d'extrême gauche[8], comme le futur dirigeant du Vietnam communisteHô Chi Minh, le député communiste Prosper Môquet ou son fils Guy Môquet. Le POUM en exil s'installa également impasse Compoint. Le quartier est habité par des employés ou des ouvriers qualifiés jusque dans les années 1960-1970, comme l'illustre par exemple le film Antoine et Antoinette de Jacques Becker en 1947.
Déclassée par la loi du , l'enceinte de Thiers est progressivement détruite dans les années 1920. Le secteur au nord du boulevard Bessières s'urbanise alors. À l'emplacement des fortifications et de la Zone qui les précédaient sont construits des habitations à bon marché (HBM) et des équipements sportifs. Après la Seconde Guerre mondiale, le secteur de la porte Pouchet est l'objet d'un projet urbain. La tour Bois-le-Prêtre est ainsi construite entre 1959 et 1961. En septembre-, la section porte de Saint-Ouen – porte d'Asnières du boulevard périphérique de Paris est ouverte à la circulation.
Progressivement, les classes populaires sont remplacées par des classes moyennes dans les années 1970 et 1980. Pascale Bessy-Pietri (INSEE) classe ainsi le quartier en 1988 comme « quartier des classes moyennes tertiaires[9] ». Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot notent ensuite dans Sociologie de Paris que le quartier s'est « embourgeoisé » et que le pourcentage de cadres et de professions intermédiaires est passé de 29,3 à 54,3 % entre 1954 et 1999[10].
XXIe siècle
Avec le renchérissement du prix des logements dans la capitale, le quartier accueille davantage de cadres et professions libérales, notamment dans le sud, près des stations de métro La Fourche, Brochant et Guy Môquet, le phénomène restant plus limité dans le nord (Bessières)[11]. Le quartier connait ainsi une hausse marquée de ses prix immobiliers depuis une dizaine d'années : les prix au mètre carré ont crû de + 90 % entre début 2006 et le premier trimestre 2017, contre + 46 % pour Paris en moyenne[12],[13].
La rue Pierre-Rebière, située entre le boulevard des Maréchaux et le boulevard périphérique et entre la porte Pouchet et la porte de Clichy, présente également un intérêt architectural après avoir été entièrement rénovée[21]. Dans le cadre du même projet urbain, la tour Bois-le-Prêtre a été restaurée.
Paul Brousse (1844-1912), médecin et homme politique français du XIXe siècle.
La féministe Maria Deraismes (1828-1894) résida avenue de Clichy[22], et une statue en sa mémoire se trouve au square des Épinettes, à proximité de l'avenue de Saint-Ouen.
↑Cette partie résiduelle, déjà coupée en deux par la ligne ferroviaire de Paris Saint-Lazare sera elle-même scindée lorsque Levallois-Perret se séparera de Clichy le long de cette ligne en 1868.
↑ a et bDécret du 3 novembre 1859 qui fixe les dénominations des vingt arrondissements municipaux de la ville de Paris, dans le Bulletin des lois [lire en ligne].
↑Roussel, Paris, ses fauxbourgs et ses environs où se trouve le détail des villages, châteaux, grands chemins pavez et autres, des hauteurs, bois, vignes, terres et prez, levez géométriquement, feuille 2 Montmartre et La Chapelle sur Gallica.