C'est à la hauteur du pont du Port-à-l'Anglais qu'étaient récupérées les boules de Moulins, moyen de transport fluvial du courrier inventé en 1870 pour rétablir les communications avec Paris interrompues depuis le début du siège de la capitale par les Prussiens[1].
Origine du nom
L'origine du nom est dû à la famille Langlois, serfs affranchis en 1280 par une charte de Notre-Dame-de-Paris qui développent, sur leur propriété, une ferme et un port sur la Seine et dont les bateaux transportent voyageurs, marchandises et bétail d'une rive à l'autre[2],[3].
Par suite d'une altération, le port-à-Langlois est devenu le port-à-l'Anglois, puis le port-à-l'Anglais[4].
Un premier projet de pont est lancé en 1896. Les plans du pont (initialement cantilever) changent plusieurs fois et les financements font défaut. En 1912, un concours est lancé sans contrainte sur le type de pont à construire. Dix projets sont présentés. Le projet retenu est celui présenté par Ferdinand Arnodin[Notes 1]. Le pont est inspiré du système des ponts suspendus rigides inventé par le polytechnicien Albert Gisclard : les câbles et les pièces de fonderie forment un système rigide et indéformable de polygones[5].
Ferdinand Arnodin (qui possède l'exclusivité sur la construction des ponts Gisclard[5]) a présenté un ouvrage divisé en trois travées : l'une, centrale de 132 m de portée, et deux latérales de 56 m (ou 57,130,58[5]). Il présente par conséquent deux piles et deux culées avec des massifs d'ancrage pour les câbles de suspension. Les piles sont fondées à l'air comprimé. Elles ont une largeur de 7,50 m au niveau des fondations. Elles se prolongent chacune par deux pylônes métalliques de 26 m de hauteur environ, supportant les chariots sur lesquels s'accrochent les câbles. Le prix de ce projet demandé par les Établissements Ferdinand Arnodin est de 1 370 000 francs, de beaucoup inférieur à celui demandé par les autres constructeurs[6].
Le projet initial est modifié suivant les remarques de la commission des marchés, comprenant des ingénieurs des ponts et chaussées et des architectes[5].
En 1914, les travaux commencent sous la surveillance de l'inspecteur des ponts et chaussées Mayer. Ils sont interrompus par la Première Guerre mondiale. Les travaux sont repris en 1921 et terminés en 1928 sous le contrôle des ingénieurs en chef des ponts et chaussées Levaillant et Chalon[7].
Développement et entretien
Le pont est endommagé lors de la Seconde Guerre mondiale, et réparé en 1946. La suspente est modifiée à cette occasion. Entre 1970 et 1980, une réfection totale du pont est entreprise. Les carrefours d'accès au pont sont réaménagés en 1973[5].
Dans les années 1980, des travaux d'étanchéité et de remise en peinture sont effectués. En 2016, un budget de 3,4 millions d'euros est consacré à la réhabilitation du pont, dont les parties métalliques usées par l'érosion[8],[9]. En 2019, un nouveau système d'éclairage est installé, visant à mettre en valeur l'architecture du pont la nuit[10].
Présentation technique
Il mesure 250 m de long sans les ancrages, selon trois travées en acier de 58, 130 et 57 m. Les deux piles sont construites dans l'axe des bajoyers des deux écluses du barrage afin de ne pas gêner la circulation des bateaux. Les deux pylônes en béton de 26 m de haut sont édifiés en forme d'arc de triomphe afin de donner à l'ensemble un aspect moins industriel[5].
L'endroit est mentionné comme un lieu de baignade populaire dans les années 1920 par Louis Aragon dans Aurélien : « Ah, - dit-il, - au printemps il y a la Seine... Port-à-l'Anglais... Tu n'as jamais été à Port-à-l'Anglais... C'est avant Paris, ça fait qu'on se dit que c'est plus propre... Tu prends le tram... »[11].
Notes et références
Notes
↑Après sa mort en 1924, ses successeurs MM. Georges Arnodin et Gaston Leinekugel Le Cocq, ses fils et gendre, reprennent la société familiale.
H. Verrière, Pont suspendu sur la Seine, à Vitry. Construction d'une nouvelle route dans la banlieue sud-est de Paris, p. 150-154, Le Génie civil, no 1671, (lire en ligne), planche XII
Didier Leinekugel Le Cocq, Ingénieurs des ponts: l'histoire de la famille Arnodin-Leinekugel Le Cocq de 1872 à 2002, p. 224-239, La Vie du rail, 2010 (ISBN9782918758099)
Bernard Marrey, Les ponts modernes 20e siècle, p. 109, Picard éditeur, Paris, 1995 (ISBN2-7084-0484-9)