Les matériaux utilisés pour faire de la musique sont extrêmement variés. Sans parler du corps humain (utilisation de la bouche, des mains, des pieds…) les matériaux peuvent être d'origines végétales, animales, minérales, métalliques, plastiques…
Les instruments anciens étaient réalisées avec un seul ou quelques matériaux assemblés. Des cailloux pour frapper, des os ou des tiges pour des flûtes, du bois pour des arcs musicaux et des rhombes… Par la suite, les assemblages sont devenus de plus en plus complexes. Par exemple, les accordéons nécessitent pour leur fabrication de très nombreux matériaux : les deux caisses sont généralement en bois peint ou recouvert de celluloïd, le soufflet en carton et en peaux, les sommiers en bois ou en aluminium, les anches en acier fixées sur de l'aluminium ou du duralium, les touches en plastique parfois recouvertes de nacre.
Les noms des familles d'instruments peuvent être trompeurs : la famille des bois comprend aussi de nombreux instruments en métal (flûtes en maillechort, lamelles des harmonicas) ou en plastique (pipeaux) et la famille des cuivres comprend aussi des instruments en bois (cor des Alpes en épicéa, didjeridoo en eucalyptus). En effet, c'est la manière de produire les vibrations qui détermine le classement des instruments dans ces familles. Pour les cuivres, le son provient de la vibration des lèvres ; pour les instruments de la famille des bois le son provient de la vibration engendrée par le souffle arrivant sur un angle ou par la vibration d'une anche libre. En outre, pour de nombreux instruments tels que les bois, les cuivres ainsi que les cordes, la justesse du son n'est pas liée à la matière de l'instrument mais surtout à sa longueur et à sa forme. Pour les cordes, la tension joue aussi un rôle prépondérant. Les sons produits par les idiophones proviennent des vibrations des matériaux durs percutés : bois (xylophone, castagnettes...), métaux (métallophone, vibraphone, glockenspiel)…minéraux, plastiques...Enfin pour de nombreux instruments les sons produits sont amplifiés par des résonateurs, différents types de caisses de résonance et des amplificateurs.
Végétaux
L'utilisation de plantes pour émettre des sons ou fabriquer des instruments capables de produire des sons variés est très ancienne et présente dans toutes les civilisations[3].
Elle va d'instruments très simples faits avec un brin d'herbe, une pelure d'oignon, des légumes[4], ou un morceau de bois entaillé, jusqu'à des instruments de haute qualité fabriqués avec des bois rares tels que le pernambouc utilisé pour les archets des instruments à cordes frottées[5], ainsi que d'autres bois anciens voire précieux[6], éventuellement collés, enduits, ou traités avec des substances d'origine végétale.
La plupart des différentes parties des plantes ont été utilisées. Surtout le bois (xylème) pour faire des tuyaux comme pour la plupart des instruments de la famille des bois : le cornet à bouquin, le serpent, la clarinette et le hautbois, le cor anglais[7] ainsi que le basson, fait en érable ou en palissandre. Le bois sert à fabriquer différents instruments à percussion comme les castagnettes...Le bois sert aussi à fabriquer des manches ou des caisses de résonance comme pour les teponaztlis avec un tronc d'arbre évidé et fendu sur sa longueur qui était joué par les Mexicas et les Mayas. Mais aussi le liège (phloème) pour faire des isolants, les tiges fibreuses pour faire des liens, les fruits creux et durs comme pour les calebasses, certaines feuilles (vibrantes) et des graines sculptées mais surtout les tiges creuses pour faire de nombreux modèles de flûtes, des chalumeaux, des shengs (ou orgues à bouche).
Les plantes utilisées appartiennent à de très nombreux genres et espèces végétales que l'on peut aussi classer selon la manière de produire les sons : instruments à vent, à cordes, à percussion, autres[8].
Les arcs musicaux fabriqués avec une simple branche d'arbre sont parmi les instruments de musique les plus anciens. Les hommes préhistoriques en jouaient et de nombreuses peuplades d'Afrique en jouent encore. Certains, comme les berimbaus sont joués au Brésil ; ils sont fabriqués avec du beriba ou rollinier (Annona mucosa), arbre dur de la famille des Annonacées. Dans le cas du Kpaniglo, instrument à trois cordes joué par les Baoulés, la caisse est en fromager (Ceiba pentandra).
Les qualités sonores sont particulièrement importantes et dépendent de l'espèce végétale, de la dureté du bois et de son élasticité, mais aussi de son vieillissement, de sa préparation, des vernis et des colles utilisés.
Pour les caisses de tambours des bois divers sont utilisés pour les tablas, les congas de différentes tailles, les bongos, les quintos, les tumbas à Cuba et les cajons (caisses parallélépipédiques sur lesquelles le joueur s'assoit) au Pérou. Pour l'atabaque c'est en cèdre (Cedrus), en jacaranda ou en acajou (Swietenia macrophylla) que le long fût conique est fabriqué. Pour la caisse des dholaks c'est le bois de Sesham (Dalbergia sissoo) ou le manguier (Mangifera indicaqui) est utilisé. Le bendir joué par les berbères en Afrique du Nord a un cadre en micocoulier (Celtis). Pour le mridangam, et les différents tambours, comme le rabana, utilisés pour les cérémonies et les danses telles que la « Magul Bera » au Sri Lanka c'est le bois dur et jaune du jacquier (Artocarpus heterophyllus) qui est utilisé[13]. Lee bombolongs sont des tambours à fente fabriqués chez les Diolas avec un tronc de Khaya senegalensis (acajou du Sénégal)[14]. Les kongos utilisent du ngom-ngoma ou nsaga-nsanga (Ricinodendron heudelotii) pour fabriquer différents tambours. À Vanuatu, de grands tambours à fente verticaux ou horizontaux sont sculptés avec des têtes ; ils sont en arbre à pain (Artocarpus altilis) ou en kohu Intsia bijuga. Les tambours biñjun jun baparame sont fait avec le bois du rônier (Borassus flabellifer) chez les Bédiks[14].
Il y a aussi les manches de divers instruments, et les cadres et sommiers des pianos et orgues… Les claves ou « clapi claps », les castagnettes et les cliquettes sont réalisés avec des bois très durs. Pour remplacer les bois devenus trop rares et chers d'autres bois de moins bonne qualité sont utilisés comme le tweneboa (Cordia platythyrsa) et le mahogany (Swietenia mahagoni) pour faire des caisses de tambours tels que les djembes. Enfin il est facile de réaliser un sifflet avec une petite branche de sureau (Sambucus) évidée[15]. Le padouk (Pterocarpus) est utilisé pour les claviers des marimbas en Amérique Centrale et du Sud.
Les tiges de bambous sont également utilisées pour faire les mailloches ou les marteaux des différents instruments de musique à cordes frappées tels que les yangqins.
Pour faire certaines flûtes, dès l'Antiquité, les tiges de buis pouvaient être utilisées comme pour certains aulos ou pour l'aboès, le hautbois traditionnel du Couserans en Ariège[18].
Pour le bâton de pluie, certains cactus sont utilisés. En Indonésie les guimbardes traditionnelles sont en bambou. La canne de Provence (Arundo donax) est utilisée pour fabriquer les anches simples ou doubles des divers instruments à vent[19],[20]. Pour le mvett, sorte de harpe, c'est le palmier raphia qui est généralement utilisé.
Les tiges de cannes à sucre sont utilisées pour des instruments tels que le kayamb joué dans les Mascareignes.
Les rhizomes
Pour faire des colorants utilisés en particulier mélangés à des vernis sur les instruments à cordes on utilise des rhizomes de garance (Rubia tinctorum). Selon les origines des plantes et leur mode de préparation on peut obtenir des couleurs entre le rouge et le brun plus ou moins foncé[21].
Les fruits
Un sifflet avec la noisette (Corylus), dévorée de l'intérieur par le balanin en soufflant avec une paille devant le trou. De même avec la noix et le noyau d'abricot[15]. En Côte d'Ivoire les fillettes fabriquent des sortes de hochets doubles en évidant des fruits durs et en mettant à l'intérieur des graines pour faire des Abôloumans[22]. Les fruits d'Albizia lebbeck et de Crotalaria retusa qui agitées émettent des sons dus aux mouvement des graines dans les gousses[23]. Les calebasses (Lagenaria siceraria) pour faire des caisses de résonance de nombreux instruments : balafon (Mali), Kora (Mali), oporo (Kenya), güiro (Cuba et Porto Rico), le xalam / ngoni (luth), le goje (violon traditionnel), les tambûrs et les sitars en Inde[24]. Ils servent également de résonateurs sous les lames du balafon (marimba ouest-africain) ou balangi (un type de balafon sierra-léonais). La calebasse est également utilisée dans la fabrication des instruments de musique shegureh (un hochet pour femmes sierra léonais). Parfois, les grosses calebasses sont simplement creusées, séchées et utilisées comme instruments de percussion, en particulier par les Peuls, les Songhaï, et les Haoussas. On peut citer également l’utilisation dans la fabrication des berimbau, maracas, sanza, sitar, oporo, tambours d'eau, entre autres.... Certaines courges et les noix de coco (Cocos nucifera) sont également utilisées pour faire des caisses de résonances notamment pour le erhu en Chine.
Pour faire des bruits, les enfants Toba-Pilagá font éclater les fruits de Physalis pubescens var. hygrophila (Mart.) Dunal. Lorsque ces fruits sont recouverts par le calice gonflé, ils le placent sur la paume de la main et le frappe avec l’autre main[25].
Les feuilles de diverses poacées comme le chiendent, l'ivraie, le millet, le roseau, le bambou, vibrent si elles sont tendues entre les deux pouces et que l'on souffle dans l'interstice[17]. 0n utilise aussi les feuilles de lierre[32]. Les tiges des feuilles de certains palmiers servent de cadre pour des arcs musicaux comme le villu joué au Kerala. Avec Magnolia grandiflora on peut fabriquer la « sonaille » en liant les pétioles d'une vingtaine de feuilles avec une ficelle. En laissant trainer par terre puis en secouant et agitant ce collier on produit différentes sonorités[17].
Les fibres de plantes telles que le coton (Gossypium), notamment pour le binzasara composé de nombreux morceaux de bois liés par des cordons en coton, le chanvre (Cannabis sativa) pour faire des cordes, comme pour certains tambours et tambourins, et les différents rotins élaborés à partir de Daemonorops et de Calamus pour faire différents types de cordes pour des arcs musicaux et de liens, comme pour l’angklung qui est un instrument de musique indonésien composé de deux à quatre tubes de bambou attachés avec des cordes en rotin[34]. Le raphia pour lier des tiges de bambous comme pour l'adjalin, instrument à cordes pincées du Bénin. Les fibres de vacoa sont utilisées pour faire des bourses pour des arcs musicaux comme le bobre en Afrique et à La Réunion.
Enfin le carton étant fabriqué à partir de diverses fibres végétales (coton, lin, chanvre,...) est utilisé dans divers instruments de musique et notamment pour les bigophones.
La résine pour faire des enduits : la colophane et la poix, obtenues à partir de résineux du genre Pinus (Pinaceae), utilisées en particulier pour les archets d'instruments de musique à cordes frottées. La térébenthine extrite également des pins pour des peintures diverses et pour la fabrication de la popote utilisée pour l'entretien de nombreux instruments de musique à cordes[21]. Le dammar, résine naturelle utilisé pour faire des vernis utilisés sur des instruments de musique extraite à partir d'arbres poussant en Indonésie tels que Shorea et Hopea (Diptérocarpaceae)[21]. Le « mastic en larme » issu du pistachier lentisque (Anacardiaceae) pour la confection de vernis souples et brillants[21]. Le copal, vernis réalisé à partir de résines d'arbres tels que Protium copal (Burseraceae) en Amérique centrale et Hymenaea verrucosa (Fabaceae)[21].
La farine de certaines céréales produite à partir de grains, qui mélangée à du fer pour faire une pâte, nommée « suru » sert à faire une pastille noire, la « shyahi », des tablas…
Les champignons
Afin d'améliorer la sonorité du bois d'épicéa des caisses de résonance des instruments à cordes, on favorise l'attaque par Physisporinus vitreus, le polypore vitreux, un champignon qui forme une pourriture blanche. Pour les tables d'harmonie on utilise le Acer pseudoplatanus, le sycomore, traité par Xylaria longipes, le xylaire à long pied[35].
Animaux
Les os
Les plus anciens instruments de musique attestés sont des flûtes à encoches en os à embouchure de type quena. Une flûte aurignacienne en tibia de vautour (famille des Accipitridés) de plus de 35 000 ans a été trouvée dans le sud-ouest de l'Allemagne[36]. Dans la mesure où ces flûtes sont déjà techniquement évoluées et si on se base sur la prise en main complexe des quenas modernes, elles impliquent très certainement un savoir-faire musical bien antérieur[37]. Dans différents lieux des morceaux de flûtes en os ont été trouvés sur des sites du paléolithique supérieur et du néolithique, flûtes en os de cygnes (Cygnus), et d'autres oiseaux ainsi que des flûtes de Pan. Des crânes humains (Homo) étaient utilisés comme instruments à percussion[16]. Des sifflets pour flûtes étaient fabriqués dans des phalanges de rennes (Rangifer taranduss). Aujourd'hui c'est encore un os d'aile d'aigle (Accipitridés) qui est utilisé pour le cığırtma, sorte de flûte turque.
Des os sculptés étaient utilisés pour fabriquer des touches de pianos ou les sillets des instruments à corde.
Des racloirs en os étaient utilisés pour produire des sons. Au Pérou et au Mexique, le quijada est une mâchoire d'âne (Equus asinus) que l'on gratte ou que l'on frappe.
Les cornes
Les cornes provenant de divers animaux ont servi et servent encore à faire de nombreux instruments à vent ainsi que divers accessoires. Les chophar sont en cornes de bélier (Ovis aries) ou de grand koudou (Tragelaphus strepsiceros). L'oporo avec une corne d'antilope (famille des Antilopidae) enchâssée dans une calebasse au Kenya. L'alboka basque réalisé avec deux cornes différentes pour l'embouchure et le pavillon. Pour le birbynėlituanien, le pavillon est réalisé avec une corne de vache (Bos taurus)[38].
Les peaux
Les peaux de chèvre (Capra hircus) pour les tambours tels que le davul ou tapan joués en Europe orientale et au Moyen-Orient, ainsi que pour les tambourins. Pour les nombreux tambours utilisés au Sri Lanka notamment pour le « Magul Bera » , les peaux de chèvres permettent d'obtenir de sons plus aigus que les peux de vache placées sur la deuxième face qui produisent un son plus mat[13]. Les peaux de chèvres sont aussi principalement utilisées pour les binioù kozh bretons et les cornemuses écossaises avec leurs nombreuses variantes en peaux de chien (Canis lupus familiaris), de vache (Bos taurus), de mouton (Ovis aries) ou de dromadaire (Camelus dromedarius) pour les guembris au Maroc et les tablas en Inde et au Pakistan, de singe macaque (Macaca sp.) autrefois pour les petits tambours au Sri Lanka[13], de cochon (Sus domesticus) ou de castor (Castor fiber) ou (Castor canadensis) pour le banjo, cuir pour couvrir les serpents, les cornets à bouquin et divers instruments[39], peaux de cerfs pour les ektaras, peau de buffle pour faire des plectres et peau de biche pour le premier damphu mythique joué par les tamangs au Népal[40], peaux de python ( famille des Pythonidae) et pour le erhu chinois à deux cordes, peaux de lézards (Dibamidés) pour l'endongo en Ouganda[41] ou le dotara au Bengladesh, peaux de poissons ou peaux de lapins (Oryctolagus cuniculus) pour faire des colles à bois, cuirs pour faire des tampons d'instruments de la famille des bois ; et peaux diverses pour les extrémités des baguettes de marteaux en bambous pour les instruments de musique à cordes frappées tels que les yangqins.
Les coquilles des mollusques
Les conques de plusieurs espèces de gastéropodes marins percées pour faire une embouchure, telles que la conque appartenant à l'espèce Charonia lampas , un mollusque que l'on trouve encore aujourd'hui dans le golfe de Gascogne, le long de la côte occidentale de la France et de la côte septentrionale de l'Espagne s'avère être un instrument à vent. Il s'agit de la première trompette en coquillage du Paléolithique jamais identifiée. L'objet date de l'époque où la grotte peinte des Pyrénées a été occupée pour la première fois par des hommes du Magdalénien, il y a 18 000 ans[42]. les lambis (Lobatus gigas) aux Antilles, mais avec de très nombreuses autres dénominations selon les pays sont utilisées lors de cérémonies religieuses, mais aussi pour donner l'alarme et maintenant notamment par des joueurs de jazz[43]. De nombreux petits coquillages sont utilisés pour faire des sistres. De la nacre sert à décorer les touches de certains accordéons.
Les carapaces
Les carapaces des tatous (Cingulata) pour faire autrefois des concheras, sortes de mandolines au Mexique[44] et les caisses de résonances des charangos en Bolivie[45]. Les carapaces de tortues pour certains instruments à cordes et leurs écailles pour sculpter différents accessoires comme les plectres.
Les boyaux
Les boyaux de nombreux animaux ont été utilisés pour fabriquer les cordes de divers instruments. Ceux de moutons en particulier pour les violons, violoncelles, harpes et ceux de porcs ont été utilisés davantage auparavant. Les cordes produisant les sons les plus graves sont toutefois généralement recouvertes de métaux enroulés en surface tels que l'argent, l'aluminium[46].
Les sabots
Les sabots séchés des lamas (Lama glama) et des alpagas (Vicugna pacos) pour les chajchas instrument à percussion des Andes et les sabots de chèvres sont utilisés pour faire des sonnailles.
L'ivoire
L'ivoire de mammouths (Mammuthus) puis d'éléphants (Loxodonta) pour certains cors comme l'olifant, les touches des pianos, l'embouchure d'instruments à vent et de nombreux accessoires de différents instruments comme les sillets…
Le feutre utilisé notamment pour les marteaux des pianos est généralement fabriqué avec des poils de différents animaux (castors, moutons, chameaux…).
Les soies
Les soies de sangliers (Sus scrofa) pour les sautereaux des clavecins.
La soie
La soie produite par le ver à soie (Bombyx du mûrier) est utilisée pour certaines cordes des Kamânches ou dans le passé des pipas en Chine.
La cire d'abeille
Mélange de cire et de propolis produit par des abeilles sauvages (Anthophila) en Australie utilisé autour de l'embouchure des didjeridoos pour faciliter la respiration circulaire nécessaire[48].
Des membranes d'oothèques d'araignées (Araneae) pour donner de la vibration aux sons des calebasses des « ncegeles » (sortes de xylophones équipés de calebasses pour augmenter leur résonance) utilisées pat les communautés Sénoufos au Mali, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire[50].
Minéraux
Les pierres
Toutes sortes de pierres étaient probablement utilisées depuis des millénaires pour faire des sons puis pour toutes sortes de lithophones. Les sons peuvent être produits en par grattages, par percutions, par frictions ou par entrechocs[17].
La calcite des stalactites et des stalagmites étaient utilisées par les hommes préhistoriques dans les cavernes ou les « pierres à voix », pierres polies cylindriques d'environ 80 à 100 cm de long frappées avec des maillets[51].
De petits cailloux ou des morceaux de lave durcie pour sonoriser les bâtons de pluies et les maracas.
Le bianqing est un carillon chinois composé de pierres plates, en forme de L, de différentes tailles frappées avec un maillet.
Le schiste qui compose les ardoises est réduit en poudre qui ajoutée à de la gomme-laque (produit d'origine animale) avec un peu de cire déposé sur une base de coton (végétale) pour fabriquer des disques 78 tours.
Le talc
Du talc, qui est du silicate d'aluminium (Mg3Si4O10(OH)2), peut être utilisé comme lubrifiants pour mieux faire tourner les chevilles afin de tendre les cordes des instruments tels que les violons.
Le (blanc de Meudon) sorte de craie (faite de carbonate de calcium (CaCO3) pour la fabrication de la popote utilisée par les luthiers pour l'entretien des instruments de musique à cordes.
De très nombreux accessoires sont souvent métalliques : cordes pour pianos et guitares, anches pour les saxophones[Quoi ?], lamelles pour les harmonicas, les accordéons, les guimbardes, les diapasons, les clés de réglage et frettes pour la tension des instruments à cordes, pédales pour les pianos et les harpes…
Mais le plus souvent il s'agit d'alliages de deux ou plusieurs métaux :
Le maillechort
Le maillechort est un alliage de cuivre, de nickel et de zinc qui offre une bonne résistance à la corrosion, et qui est utilisé pour la plupart des flûtes traversières d'entrée de gamme[55] et certains cuivres.
L'acier (à base de fer et d'un peu de carbone) pour les cordes de guitare, de pianos et de harpes, la scie musicale, les diapasons, les (cuillères), les lames ou les lamelles vibrantes des harmonicas, des guimbardes, des accordéons et les pans faits de bidons transformés en tambours à multiples facettes. Ce métal est aussi utilisé pour fabriquer différentes sortes de cloches parfois de petites dimensions que l'on joue en les tenant par la main comme les apituas et les agogôs en Afrique puis au Brésil. Les singulators », sortes de guitares fabriquées à partir de l'acier provenant de vielles voitures recyclées par (en) Charlie Nothing aux États-Unis. Pour les cabasas, au Brésil ou à Cuba, des chaines de billes d'acier sont enroulées autour d'un cylindre en bois.
La fonte
La fonte à base de fer et de plus de 2 % de carbone pour les cadres des pianos.
La magnétite
La magnétite, alliage composé principalement d'oxydes de fer est utilisé pour fabriquer les "klangoliven" , qui émettent des bruits de chocs rapides lorsqu'on les lancent en l'air.
Les alliages complexes
L'ashtadhatu composé de huit métaux (or, argent, cuivre, zinc, plomb, étain, fer et mercure) pour des clochettes rituelles en Inde.
Les bols tibétains en bronze ou en laiton mais dont certains sont composés de sept métaux (or, argent, étain, cuivre, fer, plomb et mercure).
Un alliage d'étain et de plomb et le plus souvent de zinc et de cuivre pour les tuyaux d'orgue.
Le B8 comprenant 8 % d'étain ou encore le B20 pour les cymbales.
Les métaux purs principalement utilisés sont :
Le cuivre
Le cuivre pour de nombreux instruments à vent mais aussi pour gainer les cordes en acier des pianos afin de les alourdir pour obtenir des notes plus graves.
L'argent
L'argent et l'or pour la tête et le corps de certaines flûtes traversières mais aussi pour faire des revêtements ou des plaquages de divers instruments. Ces plaquages sont réalisés pour l'esthétique et pour la conservation. Ils peuvent être fait avec un alliage de métaux. Pour les instruments de musique le plaquage or 14 k est fréquent[55].
Le plomb pour le tambour d'océan dans lequel des billes de plomb roulent dans un cadre pour imiter le bruit de l'océan[56].
Le fer
Le fer pour faire différents types de lamellophones comme les mbiras (orgues à pouce) dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, des fûts de tambours, caisses claires, surdos et repinique au Brésil, pour le hang (ou handpan). Au Cap-vert pour faire les ferrinhos (barres de fer frottées). Mais aussi le fer mélangé à de la farine pour faire une pâte, nommée « suru » servant à faire une pastille noire, la « shyahi », des tablas…
Le nylon pour les cordes de guitare et de divers instruments à cordes…
L'ébonite et l'ébonol
L'ébonite (matériau dur résultant de la vulcanisation du caoutchouc avec une forte proportion de soufre) pour les becs de clarinettes et de saxophones. L'ébonol qui se substitue à l'ébène (Diospyros sp.) pour divers instruments à cordes et à vent ; et plus particulièrement pour les touches sans frettes des guitares électriques[57]. Il est plus facile à travailler que l'ébène et n'a pas de fils.
Le kevlar en remplacement des peaux pour faire des tambours comme les djembes en Afrique et les dohols dans de nombreux pays asiatiques.
Le Gore-tex
Le Gore-Tex pour les poches de certaines cornemuses en plus des peaux de bêtes.
La bakélite
La bakélite, les polycarbonates, le Delrin, les acétates et d'autres matières plastiques pour de nombreux accessoires tels que les plectres et les mediators, les anches de clarinette, de saxophone et de cornemuse en remplacement du roseau, les corps ou des pièces complémentaires de divers instruments (chevilles, chevalets, touches de pianos, ornements…).
Des matières plastiques telles que la résine ABS, le plexiglas (Twaalfhoven) ou l'ivoirine pour les pipeaux, les flûtes à bec et de très nombreux jouets servant d'instruments de musiques pour les enfants…
Pour les corps de clarinette, les industriels ont utilisé également des matériaux synthétiques brevetés faciles à usiner comme le Resonite, le Resotone avant de se tourner vers l'ABS.
Autres
L'eau
L'eau (H2O) : en frappant une surface d'eau comme la musique des eaux du Vanuatu[59]. Différents modèles d'hydraulophones permettent de faire de la musique sur le même principe que des instruments de la famille des bois. Les tambours d'eauidiophones ou membranophones utilisés pour des cérémonies, fabriqués avec des calebasses évidées, dont l'une est remplie, et joués généralement par des femmes dans différents pays d'Afrique de l'Ouest mais aussi traditionnellement par des tribus indiennes sous différents noms en Amérique, ou encore en bois évidés avec ou sans membranes dans différents pays et qui produisent des sons assez sourds[60]. Le jaltarang indien pour lequel sont utilisés de nombreux bols de porcelaine remplis d'eau qui permettent de composer des mélodies variées.
Les ordinateurs sont maintenant souvent utilisés pour créer de nouvelles musiques de manière dirigée par l'homme mais aussi de manière aléatoire comme dans la musique stochastique
Divers autres matériaux
D'autres matériaux déjà cités ou complémentaires sont nécessaires pour fabriquer d'autres matériels tels que les haut-parleur et les casques, les cartes son, les consoles de mixage et les claviers MIDI utilisés pour amplifier les sons produits par les innombrables instruments de musique,...
Notes et références
↑Joël Dugot, « Le bois dans la facture des instruments de musique en Europe, XVIe et XVIIe siècles », dans Stéphane Vaiedelich et Sandie Le Conte, Le bois : instrument du patrimoine musical (actes de la journée d’étude du 29 mai 2009, musée de la Musique), Paris, Cité de la musique, (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
↑Noëlle Dorion, « Tambourins et galoubets : fondements du folklore provençal », Jardins de France, vol. Du sol au la : de la plante à la mélodie, no 660, (lire en ligne).
↑ a et bDoudou Diop, Adjaratou Oumar Sall, Xavier Sadikhou, « Instruments de musique traditionnelle chez les Diolas et les Bédiks du Sénégal », La Garance voyageuse, no 116 Plantes et musique, , p. 10-12
↑ abcd et eBenoit Cordonnier, « La garance des luthiers », La garance voyageuse, no 116, , p. 41
↑Rencontre annuelle du Comité international des musées et collections d’instruments de musique, CIMCIM 2011 – Musée royal de l'Afrique central, Ignace de Keyser, Tervuren, 2012, p. 29
↑(en)Mario E. Aguilar, The Rituals of Kindness: The Influence of the Danza Azteca Tradition of Central Mexico on Chicano-Mexcoehuani Identity and Sacred Space (thèse), (lire en ligne)
↑Baumann et Max Peter, Review of Bolivie: Charangos et guitarrillas du Norte Potosi : Yearbook for Traditional Music, , p. 200–201
↑(en) Mary Riemer-Weller et Peter Cooke, The Grove Dictionary of Musical Instruments. Waterdrum, vol. 5, New York, Oxford University Press, , 3800 p.
↑Nicolas Six, « Comment le synthétiseur Moog a étendu le domaine de la musique », Le Monde, (lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
Iris Brémaud et Nelly Poidevin, « Approches culturelles et mécaniques dans le choix des bois en facture : cas des archets anciens », dans Michèle Castellengo et Hugues Genevois, La musique et ses instruments (actes du Congrès interdisciplinaire de musicologie CIM09, tenu à Paris du 26 au 29 octobre 2009), Sampzon, éditions Delatour France, coll. « Collection Pensée Musicale », (ISBN978-2-7521-0159-4, ISSN2105-908X, OCLC840381611, BNF43662095, HALhal-00808357, S2CID163834503, SUDOC17214115X, lire en ligne).