Membre de l'Institut
Commandeur de la légion d'honneur
Grand Prix Louis Néel de la SPF
Prix Yves Roccard de la SFP
Médaille de l’Innovation du CNRS
Médaille d’Argent du CNRS
Prix Helmholtz-Rayleigh de la Société Américaine d'Acoustique
Ian Donald Medal of the International Society of Ultrasound in Obstetrics and Gynecology
Rayleigh Award de la société IEEE Ultrasonics
Edwin H. Land Medal de la Société Américaine d’Optique
Mathias Fink, né le à Grenoble est un physicien français, spécialiste de la physique des ondes en milieu complexe et de ses applications en imagerie biomédicale, en thérapie et dans le domaine des télécommunications. Il est professeur à l'ESPCI Paris sur la chaire George Charpak, fondateur et ancien directeur de l'Institut Langevin « Ondes & Images », membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies et il a été titulaire de la chaire d'innovation technologique du Collège de France.
Biographie
Mathias Fink est le fils de Ignace Fink, directeur du Cojasor, œuvre sociale juive de 1945 à 1990 et d'Olga Kaplan[1].
Avec son équipe, Mathias Fink a été à l'origine de plusieurs inventions : les miroirs à retournement temporel, l’imagerie ultrasonore ultrarapide, l’élastographie transitoire (transient elastography) l’élastographie par ondes de cisaillement (Shear Wave Elastography) et plus récemment les surfaces intelligentes reconfigurables pour contrôler les ondes électromagnétiques (RIS - Reconfigurable Intelligent Surface). Ces inventions ont de nombreuses applications, dans le domaine de l’imagerie médicale, de la thérapie, de la domotique et des télécommunications.
En 1987, en exploitant les symétries de l’équation des ondes, Mathias Fink a proposé le concept de « miroirs à retournement temporel » qui permet de faire revivre à une onde sa vie passée dans les milieux les plus complexes[5],[6]. Avec son équipe, il a réalisé de tels miroirs pour différents types d’ondes (sonores, ultrasonores, sismiques, électromagnétiques, et vagues) et il a testé expérimentalement leur efficacité dans les milieux de propagation les plus variés. Un résultat important de cette recherche a été de montrer que, plus le milieu de propagation est complexe, plus il est facile de faire revivre à une onde sa vie passée. La complexité devient un atout et une unique antenne à « retournement temporel », immergée dans un milieu diffusant ou réverbérant, permet de focaliser une onde sur une tache dont la dimension ne dépend plus de la taille de l’antenne. Ces miroirs trouvent de nombreuses applications en médecine (imagerie médicale, lithotritie, thérapie du cerveau), pour la détection sous-marine, la sismologie, le contrôle non-destructif, les télécommunications électromagnétiques à haut débit et pour la domotique. Dernièrement, avec son collègue Emmanuel Fort, il a introduit le concept de « Miroir Temporel Instantané » qui permet de concevoir des « matériaux variant en temps » aux propriétés étonnantes[7].
Imagerie Ultrasonore Ultrarapide et Imagerie médicale multi-ondes
Avec son équipe, Mathias Fink a mis au point en 1997 le premier échographe ultrasonore ultra-rapide (10 000 images par seconde) fonctionnant sur le principe du retournement temporel[8]. Avec une telle cadence d’images, il a montré qu’on pouvait observer les ondes de cisaillement de basse fréquence qui se propagent dans les tissus et en déduire une image de l’élasticité des tissus avec une résolution millimétrique. Il a introduit le concept d’imagerie multi-ondes où une onde (les ultrasons) sert à observer la propagation d’une autre onde (ici les ondes de cisaillement). Il a aussi introduit les concepts de « Transient Elastography » et de « Shear Wave Elastography». Ces recherches se sont concrétisées par la commercialisation de deux appareils très innovants : le Fibroscan et l’Aixplorer par deux des sociétés issues de son laboratoire : Echosens et Supersonic Imagine.
Ces méthodes sont aujourd’hui utilisées en routine pour la détection de nombreux types de cancer (sein, thyroïde foie, prostate), pour le diagnostic des maladies cardiovasculaires, des maladies du foie, des pathologies musculosquelettiques[9]... Une autre application de l’imagerie ultrarapide ultrasonore initiée par Mathias Fink et son équipe est de permettre une imagerie des flux sanguins avec une sensibilité telle qu’on peut suivre l’activité cérébrale d'un patient ou d'un petit animal avec une très bonne résolution temporelle et spatiale.
Super-résolution
Mathias Fink et son équipe ont montré qu’en utilisant le principe du retournement temporel dans certains métamatériaux, on peut focaliser des ondes électromagnétiques, ou des ondes acoustiques, sur des taches focales de dimension bien plus petite que la limite de diffraction (avec une résolution typique d'un trentième de longueur d'onde), c’est le concept de « Resonant Metalens »[10],[11].
Imagerie des milieux diffusants
Mathias Fink et son équipe ont exploré l’approche « retournement temporel » en imagerie, et ils ont introduit les concepts de retournement temporel itératif et d’opérateur de retournement temporel qui sont à la base de nouvelles approches pour imager les milieux hétérogènes complexes. C’est le concept d’imagerie matricielle où on mesure à partir d’un réseau d’antennes « la matrice de réflexion » d’un milieu diffusant dont la « décomposition en valeurs singulières », permet d’obtenir une image du milieu sans aucune aberration[12],[13]. C’est un domaine dont les applications concernent aussi bien l’imagerie ultrasonore que la microscopie optique. Un autre aspect des méthodes matricielles en milieu diffusant introduit par son équipe utilise la mesure de « la matrice de transmission »[14] d’un milieu afin de corriger son effet. Avec cette technique ils ont montré qu’on pouvait voir à travers un milieu diffusant opaque[15].
Surfaces Intelligentes (RIS Reconfigurable Intelligent Surface) et Télécommunications
Mathias Fink et son collègue Geoffroy Lerosey ont été à l’origine en 2013 de l’invention des « miroirs intelligents » qu’ils ont développés pour les ondes électromagnétiques qui sont aujourd’hui appelés RIS (reconfigurable intelligent surface) et qui permettent de contrôler le champ électromagnétique dans des environnements complexes comme un bâtiment ou une ville afin d’optimiser les transmissions entre des stations de base et les utilisateurs[16],[17]. Ce concept est désormais étudié par de nombreux laboratoires et a été sélectionné comme une des pistes principales pour le développement de la 6G. (Création en 2015 de la société Greenerwave[18]).
Innovation technologique
Mathias Fink a toujours entretenu des liens étroits avec les milieux industriels, médicaux et aéronautiques[19]. Il a notamment travaillé avec la Snecma pour les applications du retournement temporel au contrôle non destructif, avec Philips dans le domaine médical puis plus récemment avec la DGA sur le contrôle des ondes électromagnétiques et avec France Télécom et Huawei dans le domaine des télécommunications.
Il est le président du conseil scientifique du groupe Safran, et a été consultant scientifique d'ExxonMobil, de Schlumberger et de Philips.
Ses recherches ont donné lieu à la création de sept startups développant les applications du retournement temporel, de l’imagerie multi-ondes et des surfaces intelligentes telles qu'Echosens[20], SuperSonic Imagine[21], Cardiawave[22] et Austral Diagnostics dans le domaine médical Time Reversal Communications et Greenerwave en télécommunications[18] et Sensitive Object[23] en domotique, qui emploient en tout plus de 500 personnes.
Lauréat du Prix Gaz de France (2002) de l'Académie des sciences, du prix Rayleigh‐Helmholtz (2006) de la société américaine d'acoustique[31], du Prix Foucault (1995), du Grand Prix Louis Néel (2008)[32] et du Prix Yves Rocard (2011)[33] de la Société française de physique avec Mickael Tanter, Jacques Souquet et Jérémy Bercoff[34], du Rayleigh Award, (2012) de la société IEEE Ultrasonics[35], de la Ian Donald Medal for Technical Development (2012) of the International Society of Ultrasound in Obstetrics and Gynecology[36], de la Edwin H. Land Medal (2014) de la Société Américaine d’Optique[37] et du Prix Charpak-Dubousset (2018)[38] de l’Académie Nationale de Médecine.
Publications
Renversement du temps, ondes et innovation, Fayard, 2009 (ISBN9782213644134)
↑(en) Vincent Bacot, Matthieu Labousse, Antonin Eddi, Mathias Fink et Emmanuel Fort, « Time reversal and holography with spacetime transformations », Nature Physics, vol. 12, no 10, , p. 972–977 (ISSN1745-2481, DOI10.1038/nphys3810, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Claire Prada et Mathias Fink, « Eigenmodes of the time reversal operator: A solution to selective focusing in multiple-target media », Wave Motion, vol. 20, no 2, , p. 151–163 (ISSN0165-2125, DOI10.1016/0165-2125(94)90039-6, lire en ligne, consulté le )
↑William Lambert, Laura A. Cobus, Mathieu Couade, Mathias Fink et Alexandre Aubry, « Reflection Matrix Approach for Quantitative Imaging of Scattering Media », Physical Review X, vol. 10, no 2, , p. 021048 (DOI10.1103/PhysRevX.10.021048, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Nadège Kaina, Matthieu Dupré, Geoffroy Lerosey et Mathias Fink, « Shaping complex microwave fields in reverberating media with binary tunable metasurfaces », Scientific Reports, vol. 4, no 1, , p. 6693 (ISSN2045-2322, PMID25331498, PMCIDPMC4204066, DOI10.1038/srep06693, lire en ligne, consulté le )
↑Marco Di Renzo, Merouane Debbah, Dinh-Thuy Phan-Huy et Alessio Zappone, « Smart radio environments empowered by reconfigurable AI meta-surfaces: an idea whose time has come », EURASIP Journal on Wireless Communications and Networking, vol. 2019, no 1, , p. 129 (ISSN1687-1499, DOI10.1186/s13638-019-1438-9, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en-US) « About us », sur Greenerwave (consulté le )
↑« 2012 Rayleigh Award of the IEEE Ultrasonics, Ferroelectrics, and Frequency Control Society Mathias Fink », IEEE Transactions on Ultrasonics, Ferroelectrics, and Frequency Control, vol. 60, no 7, , p. 1283–1283 (ISSN1525-8955, DOI10.1109/TUFFC.2013.2699, lire en ligne, consulté le )
↑(en) « 22 nd World Congress on Ultrasound in Obstetrics and Gynecology, 9–13 September 2012, Copenhagen, Denmark: presentations and awards », Ultrasound in Obstetrics & Gynecology, vol. 41, no 1, , p. 114–120 (ISSN0960-7692 et 1469-0705, DOI10.1002/uog.12355, lire en ligne, consulté le )