Elle fut d'abord titrée « Mademoiselle de Charolais », mais en absence de fille du duc d'Orléans, elle porta le titre de « Mademoiselle » jusqu'en 1726. Elle le perdit puis le reprit en 1728 à la mort de Louise-Marie d'Orléans, décédée alors âgée d'un an seulement. Son père mourut brutalement le 4 mars 1710, passant en carrosse sur le pont Neuf.
Mariage
Un temps pressentie pour épouser son cousin Louis-Auguste de Bourbon, prince de Dombes, fils du duc du Maine, elle refusa, de meme qu'un éventuel mariage avec le duc d'Orléans, quoique la duchesse d'Orléans jugeât cette alliance trop peu prestigieuse. Louise-Anne préféra rester célibataire et mener une vie libre, voire passablement dissolue, son château de La Muette devenant alors un lieu de fêtes galantes et de débauche.
Parmi ses nombreux amants, elle fut la maîtresse du duc de Richelieu[1] dans la période suivant la conspiration de Cellamare, dans laquelle le duc avait été impliqué, tout comme sa tante la duchesse du Maine. Elle aimait à recevoir ses mandats nue, sous un vêtement de moine cordelier, habit qu'elle pouvait ôter plus rapidement qu'une robe de cour. Elle inspira à Voltaire, ami du duc de Richelieu ces quelques vers :
Frère ange de Charolois
Dis nous par quelle aventure
Le cordon de Saint François
Sert à Vénus de ceinture
Peu soucieuse du scandale[2], mais désireuse de jouer un rôle politique, elle détourna son cousin Louis XV, de quinze ans son cadet, de ses devoirs conjugaux et chercha à le pourvoir en maîtresses[3], si bien que le comte d'Argenson l'appela « la maquerelle royale ». C'est notamment, selon tout vraisemblance, par son entremise que la comtesse de Mailly, femme effacée, devient la première maîtresse puis première favorite de Louis XV.
Fortune
Louise-Anne possédait plusieurs domaines. En 1735, elle achète l'hôtel de Rothelin-Charolais, qui devient son hôtel particulier parisien. En 1740, elle vendit la terre de Vallery où tous les membres de la famille Condé avaient été inhumés. Elle possédait divers châteaux comme celui d'Athis en banlieue parisienne. Elle vendit les terres de Charolais au roi et obtint celles de Palaiseau, ce qui augmenta encore sa fortune et son patrimoine immobilier.
Gaston Duchesne : Mademoiselle de Charolais, Procureuse du Roi. D'après des notes d'archives et les Mémoires de l'époque (Paris, H. Daragon), 1909.
Jacques Levron et Élisabeth Talandier : Mademoiselle de Charolais : la scandaleuse petite-fille de Louis XIV (Paris, Perrin), 2003.
Paul Rival : Fantaisies amoureuses du Duc de Richelieu (Paris, Hachette, p. 192-207), 1959.
Notes
↑Le duc de Richelieu avait dû se battre deux fois en duel pour attirer son regard. Les deux amants se rencontraient à la porte des Cordeliers. La princesse Palatine rapporte « le duc de Richelieu a fait peindre toutes ses maîtresses revêtues des costumes de divers ordres religieux. Mlle de Charolais est peinte en récolette et on la dit parfaitement ressemblante » (cité par Jeffares, 2004, p. 15)
↑Mathieu Marin, Saint-Simon, Barbier, le duc de Luynes nous décrivent ses aventures
↑« afin de l'empêcher [disait-elle] de vivre plus longtemps en bourgeois »