Né de parents tous deux au service du roi, il devient ingénieur-géographe comme son père et participe à la guerre d'indépendance américaine. Colonel en 1778, il passe dans la Garde nationale puis remplit les fonctions de chef d'état-major sous divers généraux, le plus notable étant Napoléon Bonaparte. Berthier participe sous ses ordres aux campagnes d'Italie puis d'Égypte et soutient le coup d'État du 18 Brumaire. Sous le Consulat, il reçoit le portefeuille du ministère de la Guerre qu'il conserve jusqu'en 1807. Lors de l'instauration du régime impérial en 1804, Napoléon l'élève à la dignité de maréchal d'Empire puis le fait prince souverain de Neuchâtel et Valangin en 1806.
En qualité de major général de la Grande Armée — l'équivalent de la fonction de chef d'état-major —, Berthier participe à toutes les campagnes de l'Empire : il s'y révèle comme un officier de talent, doté d'une grande capacité de travail et d'une compréhension intuitive des intentions de l'Empereur, dont il est l'un des principaux collaborateurs. Il n'exerce toutefois que rarement un commandement sur le champ de bataille, où il se montre piètre stratège, comme au début de la campagne d'Autriche en 1809. Fait prince de Wagram et colonel général des Suisses la même année, il reste aux côtés de l'Empereur jusqu'à l'abdication de ce dernier en 1814. Il se rallie alors à Louis XVIII qui le fait pair de France. Rentré dans sa famille à Bamberg, il y meurt défenestré, dans des circonstances mal éclaircies, le .
Sa mort, survenue peu avant la bataille de Waterloo, affecte Napoléon qui dira de lui : « Nul autre n'eût pu le remplacer »[1].
Louis-Alexandre est l'aîné des quatre fils qui survivent à leur père. Tous embrassent l'état militaire. Les deux plus âgés, César Berthier et Victor Léopold Berthier, sont généraux de division et le plus jeune, issu d'un second mariage, Joseph-Alexandre Berthier, 1er vicomte Berthier (1821) est maréchal de camp.
Bonaparte l’emmène en Égypte, toujours comme chef d’état-major[4]. Berthier revient en France avec son chef pour préparer le coup d'État du 18 Brumaire. Durant le Consulat, Bonaparte l'emploie comme ministre de la Guerre.
L'Empire
Berthier fait partie de la promotion de maréchaux de 1804, et est nommé Grand veneur la même année. Comblé de faveurs, il obtient la principauté de Neuchâtel en 1806[5], occupée en son nom et celui de l'Empereur par le général Nicolas-Charles Oudinot (il ne s'y rendra toutefois jamais, et qu'il rétrocède à la Restauration au royaume de Prusse). Il est ensuite nommé vice-connétable de l'Empire en 1807, et enfin prince de Wagram en 1809.
Il fait toutes les campagnes de Napoléon comme major général de l'armée[8]. À Marengo, Austerlitz et Iéna, il remplit avec le plus grand zèle les importantes fonctions de chef d'état-major[9], et contribue puissamment, en 1809, à la victoire de Wagram. Il représente Napoléon, à Vienne, au mariage avec Marie-Louise. Durant la campagne de Russie, il tente de convaincre Napoléon de ne pas poursuivre vers Moscou. Il donne alors sa démission et est disgracié. Enfin, durant la campagne de France, il est blessé d'un coup de lance sur la tête au combat de Brienne le .
Il se réfugie ensuite dans son château à Bamberg en Bavière près de son beau-père et y meurt peu après son arrivée, le , en tombant de la fenêtre du troisième étage pendant un accès de fièvre chaude. D'autres sources évoquent un suicide ou encore un assassinat perpétré par des hommes masqués, demeurés depuis inconnus[10]. Son décès précède de quelques jours la bataille de Waterloo, où l'absence de cet excellent chef d'état-major se fait cruellement sentir pour l'empereur Napoléon[11]. Soult, qui le remplace, est en effet largement inférieur à la tâche qui lui est confiée, endossant une part des responsabilités dans la défaite face aux Anglo-Prussiens.
Ministre de la Guerre Vice-connétable de l'Empire Grand-veneur de la Couronne Colonel général des Suisses Prince régnant de Neuchâtel et de Valangin (1806-1814)
Berthier, le "Maréchal de l'ombre" était indispensable à Napoléon. Il avait une compréhension intuitive des ordres de l'Empereur et les transmettait mieux que quiconque. Sa mort, survenue peu avant la bataille de Waterloo, affecta Napoléon :
« Nul autre n'eût pu le remplacer. »
Son remplaçant, le maréchal Soult, ne se montre pas à la hauteur de sa tâche. La défaite de Waterloo est donc au moins en partie due à l'absence de Berthier.
S'il a les qualités d'un remarquable chef d'état-major, il se révélera incapable de diriger seul une armée, comme le démontre le catastrophique début de la campagne de 1809, avant que Napoléon n'arrive. Choyé par l'Empereur, il use de son pouvoir au détriment d'autres maréchaux (André Masséna) ou généraux, comme Antoine de Jomini, qui finit par préférer passer aux Russes en 1813.
Il rédige des relations de la Campagne d'Égypte (1800) et de la Bataille de Marengo (1804), et laisse des Mémoires qui sont publiées en 1826.
Chevalier (reçu en 1788, par M. de Berthier, lieutenant-colonel d'infanterie. (Registre de l'Ordre, de 1781 à 1791.) Nous présumons que c'était son père, dont les titres sont établis ainsi dans l'État militaire de 1788., puis,
Un fonds d'archives concernant Louis Alexandre Berthier est conservé aux Archives de l'État de Neuchâtel et référencé dans le portail des archives neuchâteloises[13]. Il contient plus de 2 000 pièces inventoriées en 1895-1896 par Albert Dufourcq[14]. Le fonds comporte principalement la correspondance envoyée et reçue par le prince en rapport avec les affaires générales de la Principauté de Neuchâtel ou des affaires particulières. De nombreux documents concernent l'état des finances et des comptes de l'État, les questions fiscales, la monnaie, ainsi que les questions économiques comme la saisie des marchandises anglaises, la situation de l'industrie neuchâteloise, les besoins en travaux publics, etc. Il faut aussi relever la présence de mémoires retraçant l'histoire de la Principauté et de ses institutions.
↑Il sait rendre leur collaboration fructueuse par son abnégation complète, se tenant toujours en réserve au deuxième rang ; sa modestie, sa discrétion séduisirent Bonaparte, qui l’utilise à la fois comme agenda vivant pour diriger son bureau et comme technicien des cartes capable de traduire les conceptions du chef. Berthier se montre cependant toujours incapable de rédiger les ordres du jour et les proclamations pompeuses.
↑Berthier y tombe amoureux de Madame Visconti. Ne supportant plus les protestations de l’opinion publique contre les exactions françaises, il remet son commandement à Masséna et rejoint la femme de ses rêves.
↑Berthier est en Égypte à la tête de ceux qu'on appelle la faction des amoureux. Quand le général en chef est sur le point d'appareiller de Toulon, Berthier accourt de Paris en poste, voyageant jour et nuit, pour lui dire qu'il est malade et qu'il ne peut le suivre, bien qu'il soit son chef d'état-major. Le général en chef n'y fait seulement pas attention. Berthier n'est plus aux pieds de celle qui l'a dépêché : aussi s'embarque-t-il ; mais, arrivé en Égypte, ses souvenirs lui reviennent. Il demande et obtient de retourner en France ; il prend congé de Napoléon, lui fait ses adieux ; mais il revient bientôt après, fondant en larmes, disant qu'il ne veut pas, après tout, se déshonorer, ni séparer sa vie de celle de son général…
↑Où il ne mettra jamais les pieds bien qu'il anoblit à ce titre les banquiers Neuflize et Mallet. Cf. Courvoisier, Jean, Le maréchal Berthier et sa principauté (1806-1814), Neuchâtel : Société d’histoire et d’archéologie, 1959.
↑À la suite de ce mariage avec une Bavaroise, il est surnommé Berbav.
↑« Berthier a une grande activité et il est d'un caractère indécis, peu propre à commander en chef, mais possédant toutes les qualités d'un bon chef d'état-major. Il connait bien la carte, est rompu à présenter avec simplicité les mouvements les plus composés d'une armée » (Montholon, tome III).
↑À Sainte-Hélène, Napoléon se montre dur pour Berthier. Citons le Mémorial :
Note du jeudi 16 novembre 1815 :
« c’est que Berthier, après tout, n’est pas sans talents, mais ses talents, son mérite, sont spéciaux et techniques (…) l’Empereur ; je suis loin de renier sa personne et mes sentiments ; mais ses talents, son mérite, sont spéciaux et techniques, et hors de là sans nul esprit quelconque, et puis si faible. »
mais, plus loin :
« Voilà quel était le mérite de spécial de Berthier ; il est des plus grands et des plus précieux pour moi, observe l’Empereur ; nul autre n’eût pu le remplacer. »
L'Empereur, dans ses campagnes, a Berthier dans sa voiture. C'était pendant la route, que l'Empereur, parcourant les livres d'ordres et les états de situation, arrête ses plans et ordonne ses manœuvres. Berthier exécute les ordres et les différents détails avec une régularité, une précision et une promptitude admirables. (Las Cases, tome Ier).
↑C. Mullié affirme qu'il a persécuté les sociétés secrètes, dans sa petite principauté de Neufchâtel. Elles s'en vengent, comme se vengent les sociétés secrètes.
↑Napoléon dira : « Si j’avais eu Berthier, je n’aurais pas eu ce malheur ».
↑Alexandre Mazas et Théodore Anne, Histoire de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis : depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, vol. 2, Firmin Didot frères, fils et Cie, , 2e éd. (lire en ligne).
Général Derrecagaix, Le maréchal Berthier, prince de Wagram et de Neuchâtel, Paris, 1904-1905.
Jean Courvoisier, Le maréchal Berthier et sa principauté de Neuchâtel, Neuchâtel, 1959.
Jérôme Ziseniss, Berthier, frère d'armes de Napoléon, Paris, 1985.
François Lalliard, La fortune des Wagram, de Napoléon à Proust, Perrin, Paris, 2002.
Bachelin, Auguste, Alexandre Berthier, prince et duc souverain de Neuchâtel, prince de Wagram, maréchal de France : la Principauté de Neuchâtel (1806-1814) et le bataillon de Neuchâtel : notice historique, chez S. Delachaux, Neuchâtel, 1863.
Hulot, Frédéric, Le maréchal Berthier, Pygmalion, Paris, 2007.
Jéquier, Hugues, « Le prince Berthier et les chevrons », dans Musée neuchâtelois. - Neuchâtel. - 1951, p. 97-104.
Jéquier, Hugues, « Le prince Berthier et les chevrons », dans Archives héraldiques suisses. - 1952, no 1, p. 1-6.
Borel, Frédéric-Guillaume, "Neuchâtel sous le prince Berthier : le blocus continental et le bataillon des Canaris, 1806 à 1814" Neuchâtel, H. Messeiller, 1898.
Favier Franck, Berthier, l'ombre de Napoléon, Perrin, Paris , 2015.