La Couronne de fer, selon la tradition, contient le long de sa surface intérieure un cercle de fer obtenu à partir l'un des clous utilisés lors de la Crucifixion du Christ, d'où le nom de la Couronne de fer. Le clou, par la suite, avait été introduit en Italie par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, qui s'était distingué lui-même à plusieurs reprises non seulement comme un fervent chrétien, mais aussi comme un chercheur de grandes reliques (il avait également trouvé la Sainte-Croix).
Le lien sacramental de la couronne de fer est un symbole de la consécration royale de droit divin. Elle conférait un pouvoir particulier émanant des sacres séculaires opérés par cette couronne, et avec l'approbation du pape, qui légitimait une prise de possession réelle de la Lombardie à son porteur. Ce sera l'une des raisons de son usage par Napoléon, les empereurs d'Autriche et enfin les derniers rois d'Italie qui en feront une couronne nationale.
C'est la Couronne de fer qui sera le symbole constitutif du nouvel ordre de chevalerie, en l'occurrence l'ordre de la Couronne d'Italie, institué par Victor-Emmanuel II (ordre conçu comme successeur de la Couronne de fer napoléonienne, continué en outre par les empereurs autrichiens jusqu'en 1918 au titre de leurs revendications sur leurs anciennes possessions italiennes).
Création de l'Ordre
« Afin d'assurer, par des témoignages d'honneur, une digne récompense aux services rendus à la couronne, tant dans la carrière des armes que dans celle de l'administration, de la magistrature, des lettres et des arts, », Napoléon Ierroi d'Italie (couronné le 26 mai sous « le Duomo de Milan »), institue, par le statut constitutionnel du , « un ordre sous la dénomination d'"Ordre de la Couronne de Fer" ».
Le VIII précise que : "Les Rois d'Italie seront grands maîtres de cet Ordre. Néanmoins, l'empereur et roi Napoléon, en sa qualité de fondateur, en conservera, sa vie durant, le titre et les fonctions, dont ils ne jouiront qu'après lui"[2].
L'ordre tient son nom de l'antique Couronne de fer de Lombardie, reliquaire, puisque le cercle de fer qui se trouve en son sein est réputé avoir été forgé à partir d'un des clous de la Passion, prélevé de la Vraie Croix sur laquelle a été crucifié Jésus-Christ. Elle est l'un des plus forts symboles de la royauté italienne depuis le Moyen Âge
Le grand conseil d'administration de l'ordre est composé des grands dignitaires et présidé par le grand maître. Tandis qu’un chancelier et un trésorier de l'ordre sont choisis parmi les dignitaires, un maître de cérémonies l'est parmi les commandeurs et deux aides de cérémonies parmi les chevaliers.
L'ordre a été initialement réparti en trois catégories [3]. L'institution sera composée, au plus, de :
20 dignitaires, grands-croix ;
100 commandeurs ;
500 chevaliers.
Lors de la création, l'Empereur tint à ce que « deux cents places de chevaliers, vingt-cinq de commandeurs et cinq de dignitaires, soient affectées spécialement, pour la première formation, aux officiers et soldats français qui ont pris une part glorieuse aux batailles dont le succès a le plus contribué à la formation du royaume. »Le prince de la maison du grand-maître, les princes des maisons étrangères et les autres étrangers auxquels les décorations de l'ordre seront accordées, ne comptent pas dans ce contingent.
Par décret impérial du 19 novembre 1807, quinze dignitaires, cinquante commandeurs et trois cents chevaliers sont ajoutés au nombre des membres de l'ordre de la Couronne de fer
C'est le grand-maître qui nomme à toutes les places de l'ordre : les commandeurs sont choisis parmi les chevaliers, et les dignitaires parmi les commandeurs (en conséquence, et pour la première formation, tous les membres de l'ordre furent nommés chevaliers).
Chaque année, au jour de l'Ascension, les places vacantes sont pourvues. Tous les chevaliers, commandeurs et dignitaires se réuniront ledit jour en chapitre général dans l'église métropolitaine de Milan. Les nouveaux chevaliers y prêtent serment[4] et il est procédé à leur réception, conformément au cérémonial qui est réglé[5].
Les membres de l'ordre jouissent d'un traitement annuel :
Cette pension est prélevée du fonds constitué par la dotation de l'ordre sur le Monte Napoleone(it), d'un revenu de 400 000 livres de Milan. Il est en outre réservé sur le revenu de cette dotation une somme annuelle de 100 000 livres pour les pensions extraordinaires que le grand-maître juge à propos d'accorder à des chevaliers, commandeurs ou dignitaires (ces pensions sont à vie).
Insigne et ruban
La décoration de l'Ordre avait été décidée statutairement par le décret de 1805 :
« La décoration de l'ordre consistera dans la représentation de la couronne lombarde, autour de laquelle seront écrits ces mots : « Dieu me l'a donnée, gare à qui y touchera. » Cette décoration sera suspendue à un ruban de couleur orange, avec lisière verte. »
L'insigne consistait en une médaille où l'aigle napoléonien est posé au-dessus de la Couronne de Fer, sur laquelle était inscrite la devise« Dieu me l'a donnée, gare à qui la touchera » (en français ou en italien selon la nationalité du récipiendaire), (reprenant la célèbre phrase prononcée par Napoléon lui-même lors de son sacre à Milan). La Couronne de fer, était surmontée de six pointes, dont le centre, d'émail bleu, arborait le profil de Napoléon en or.
Les pointes de la couronne furent plus tard pommetées.
Cette décoration était suspendue à un ruban, dans « sa version française », « orange[1] liseré de vert ». La couleur correspond symboliquement à l'or impérial, qui a été adopté par la version autrichienne[1].
Décoration et plaque de dignitaire de l'ordre royal de la Couronne de fer ayant appartenu à Antonio Codronchi
Insigne de chevalier, en argent émaillé (2e type à boules, modèle napoléonien)[6]
Il était ainsi décidé du port des insignes de chaque grade :
Dignitaires : port de la décoration en or, au cou et en baudrier, de l'épaule droite à la hanche gauche, ainsi que d'une étoile à huit pointes à prendre sur la poitrine gauche ;
Commandeurs : port de l'insigne en or accompagné d'une rosace, attaché au côté gauche de la boutonnière ;
Chevaliers : port de l'insigne en argent, attaché de la même manière.
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Capitaine Koechlin, Les ordres de la couronne de fer et de la couronne d'Italie : (1805-1905), Plon-Nourrit et Cie, , 122 p. (lire en ligne) ;
Notes et références
↑ ab et cRecherche détaillée et documentée au sujet de la couleur du ruban de l'ordre sur : « l'Empereur », « zitocland.forumpro.fr », Le mystère du ruban de la couronne de fer... (consulté le ).
↑Jean Tulard (dir.) (préf. Général d'armées Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de la Légion d'honneur), La Berlin de Napoléon : Le mystère du butin de Waterloo, [Michel], 2012 (1re éd. 2012), 277 × 207 mm, 312 p. (ISBN978-2-226-20813-2), cf p. 174-177, entrée intitulée « Ordre de la Couronne de fer » par Anne de Chefdebien.
↑Le fichier manuscrit des membres de l'ordre de la Couronne de fer se trouve au musée de la Légion d'honneur selon la note (35) du site Napoleon.org[1].
↑Le serment des chevaliers est conçu en ces termes :
« Je jure de me dévouer à la défense du roi, de la couronne et de l'intégrité du royaume d'Italie, et à la gloire de son fondateur. »
↑L'éloge historique de ceux des membres morts pendant l'année, sera prononcé dans cette solennité. L'orateur y fait l'histoire des nouveaux services qu'ils auront rendus depuis leur nomination, et rappellera les principes sur lesquels l'ordre est fondé, et les circonstances qui ont précédé sa fondation.